Maurice Bouchor (1855–1929)
- La Première Vision de Jeanne d’Arc, un acte en vers, pour jeunes filles (1900)
Chronologie
1855
- 16 nov.
Naissance à Paris de Maurice-Victor Bouchor, d’Adolphe Bouchor (médecin de 48 ans, né à Marseille d’un père négociant maritime) et de son épouse Nathalie-Delphine Pas de Beaulieu (34 ans, née à Port-Louis, île Maurice, d’un père capitaine de vaisseaux de commerce).
Les Bouchor s’était mariés à Port-Louis en 1848 où Adolphe pratiquait. Il y eurent une première fille, Blanche-Isabelle (1849-1853) qui décéda peu après leur installation à Paris. Naquirent ensuite le futur peintre Joseph-Félix (1853) puis Maurice (1855).
Il est baptisé le 2 juin de l’année suivante à l’église de la Madeleine.
1862
(6 ans)- 1862–1866
Les frères Bouchor sont scolarisés au collège Sainte-Barbe.
Ils y font la connaissance de Jean Richepin, Paul Bourget, Eugène Bataille (alias Arthur Sapeck).
1866
(10 ans)- 1866–1873
Maurice poursuit ses études au lycée de Vanves (sud de Paris), puis au lycée Louis-le-Grand.
À treize ans, en quatrième à Louis-le-Grand, il obtient le premier prix de thème latin au Concours général des lycées et collèges de Paris et Versailles (Le Public, 10 août 1869, Retronews).
1870
(14 ans)- 5 sep.Décès à Paris de son père, à l’âge de 63 ans, en son domicile du 3 rue de la Paix.
1873
(17 ans)-
Il obtient son baccalauréat ès-lettres.
La même année, ses premiers poèmes paraissent dans l’éphémère revue du poète Émile Blémont, la Renaissance littéraire et artistique, (à partir du numéro du 22 février, Gallica).
1874
(18 ans)-
Avec Jean Richepin et Raoul Ponchon (auxquels se joignaient également Paul Bourget et Émile Goudeau), ils fondent le groupe des Vivants, un cénacle poétique.
Ponchon, Bouchor, Richepin étaient si étroitement unis que leurs noms s’amalgamaient et contondaient fraternellement leurs syllabes. Ponchon, c’était Ponchin ; Bouchor, Bouchon et Richepin — qui s’étant sacré Roi des Truands s’agrafait un bracelet porte-bonheur au poignet gauche — s’intitulait Richepor ! — (Le Figaro, 26 janvier 1929, Retronews)
- mar.
1876
(20 ans)- mai
Publication d’un second recueil :
- Les Poèmes de l’amour et de la mer (Paris, Charpentier, 323 p., Google Books)
Quelques années plus tard (fin 1881, début 1882), le jeune Claude Debussy, tout juste âgé de 19 ans, mettra en musique (piano et voix) le poème : Non, les baisers d’amour n’éveillent point les morts.
1880
(24 ans)-
De sa relation avec Emma Perné (de sept ans son aînée, fille d’un marchand de bière originaire de Calais), naissent deux enfants : Madeleine (23 août 1881) et Jean (17 septembre 1882), lequel suivra la carrière de son père.
1888
(32 ans)- mai 1888–jan. 1894
Bouchor, Richepin et Ponchon sont les principaux soutiens du Petit théâtre des Marionnettes d’Henri Signoret, à qui ils fournissent des pièces et prêtent leur voix.
La représentation. (La Petite Revue, 1892.)La manœuvre des marionnettes. (La Petite Revue, 1892.)La lecture des rôles dans la Légende de Sainte Cécile
.(La Petite Revue, 1892.) 1889
(34 ans)- 31 déc.Il est nommé chevalier de la Légion d’honneur par le ministère de l’Instruction publique (Archives nationales).
1890
(34 ans)- 9 oct.
Il épouse Emma à Freneuse, Seine-Maritime (Archives de la Seine-Maritime). Entre autres témoins, son frère Joseph-Félix et son ami d’enfance Jean Richepin.
Joseph-Félix avait élu domicile quelques années plus tôt dans cette paisible bourgade de 500 âmes au bord de la Seine à mi-distance entre Paris et Rouen.
1894
(38 ans)-
Le ministère de l’Instruction publique, qui a remplacé l’instruction religieuse par l’enseignement de la morale, organise un concours pour la composition d’un Recueil de chants à l’usage des écoles primaires. Julien Tiersot, du Conservatoire de musique, a sélectionné quarante mélodies traditionnelles que les candidats poètes doivent agrémenter de paroles.
Fin mars, Bouchor a composé une quarantaine de chansons.
Fin décembre, il remporte le concours, et le prix de 500 fr (Le Rappel, 7 décembre 1894, Retronews).
1895
(39 ans)- jun.La Comédie-Française joue son Conte de Noël (un acte en vers), dont l’action se passe au moyen âge. La pièce sera joué chaque Noël pendant plusieurs années (au moins jusqu’à 1901).
- oct.
Parution de :
- Chants Populaires pour les Écoles, poésie de Maurice Bouchor, mélodies recueillies et notées par Julien Tiersot (Paris, Hachette, 1895, 82 p., 2 fr. 50, Archive), la Marseillaise suivi de 37 chansons.
1897
(41 ans)-
Il compose la pièce pour jeunes filles : La Première Vision de Jeanne d’Arc (un acte en vers), jouée pour la première fois en avril 1897 à Nancy, salle Poirel, devant un public composé d’enfants des écoles, de parents, de maîtres et de maîtresses. Le rôle de Jeanne y est tenu par sa fille Madeleine, 15 ans.
La représentation fit grande impression. Depuis, elle a été représentée aux écoles normales de jeunes filles de Rouen, Saint-Brieuc, Blois... — (Le Volume, 21 octobre 1899, Retronews).
1900
(44 ans)-
Parution de :
- La Première Vision de Jeanne d’Arc (Paris, Flammarion, 1900, 91 p.).
L’ouvrage est dédié
aux institutrices laïques de France
:Vous êtes, mesdames, les modestes ouvrières de cette grande œuvre. Si les attaques les plus haineuses, les plus perfides, les plus lâches, ne vous sont point épargnées, c’est en raison même de la part très active que vous y prenez journellement. Ceux qui, avec une aveugle fureur, combattent l’esprit de la Révolution française ne vous pardonneront jamais le bien que vous faites en éclairant les intelligences aux seules lumières de la raison, en touchant les cœurs sans nul autre secours que celui de la bonté.
1906
(50 ans)- oct.
Publication du recueil :
- Théâtre pour les jeunes filles (Paris, Armand Colin, 1 vol. in-18, 292 p.).
Il contient cinq pièces : Nausicaa, La Première Vision de Jeanne d’Arc, Le Mariage de Papillonne ; La Belle au Bois Dormant ; Cendrillon; au prix de 3,50 fr. (broché) ou 4,50 fr (relié toile). Les partitions peuvent être achetées séparément ; celle de la Première Vision est à 2 fr. L’ouvrage sera régulièrement réédité (7e édition en 1928).
1912
(56 ans)- 7 mar.Décès à Paris de sa mère, à l’âge de 91 ans.
1929
(73 ans)- 17 jan.Maurice Bouchor décède à Paris et est inhumé au cimetière de Montmartre.
Références
- Le Figaro, 28 mars 1894, Retronews :
Indiscrétions littéraires. Un concours intéressant et d’un genre nouveau vient d’être ouvert, à la direction de l’enseignement primaire, par M. Ferdinand Buisson [directeur de l’Enseignement primaire]. Il s’agirait de créer, à l’usage de nos petites écoles, un recueil de chants populaires qui puissent être enseignés facilement aux enfants, et remplacer à la fois, dans la vie scolaire de chaque jour, l’instruction religieuse, aujourd’hui bannie de nos écoles, et ce froid enseignement
civique
que les petits Manuels de Paul Bert avaient mis pour un temps à la mode et dont les plus fervents de nos pédagogues laïques commencent à constater la désolante sécheresse...Le chant choral est très usité dans les écoles primaires du Nord, de la Suisse, des États-Unis où on a depuis longtemps compris que l’enseignement moral ne saurait mieux s’insinuer dans des âmes d’enfants que sous cette poétique forme de la chanson qui sait parer de couleurs attrayantes l’exercice des plus austères vertus !
Une Commission spéciale a donc, sous la direction de M. Julien Tiersot, sous-bibliothécaire au Conservatoire de musique, procédé à l’inventaire des mélodies populaires de nos provinces ; puis elle a fait un choix des quarante meilleures de ces mélodies, et invité les poètes français à y adapter des paroles, à l’usage de nos enfants.
Or, les anciens habitués du défunt Théâtre des marionnettes apprendront avec plaisir que le poète de Noël et de Tobie a pris part à ce concours (qui sera jugé dans quelques semaines), et qu’après deux mois du travail le plus consciencieux, Maurice Bouchor vient de terminer son petit recueil de chants populaires, dont quelques-uns sont de purs bijoux.
Ou nous nous trompons fort, ou M. Buisson n’aura pas à chercher bien loin ni bien longtemps le vainquèur de son concours...
- Sur le Petit théâtre des Marionnettes :
- 31 janvier 1894 : dernière (Le Gaulois, 31 janvier 1894, Retronews) :
Les marionnettes du Petit-Théâtre ont fait, hier soir, leurs adieux au public. Les voix des poètes, de Richepin, de Bouchor, de Ponchon et de leurs amis, ne prêteront plus à leurs lèvres immobiles les vers harmonieux. Elles ont représenté les Mystères d’Eleusis pour la dernière fois. La vogue, à Paris, est une chose qui s’expie. Les marionnettes avaient passé par ces fourches caudines : la vogue, toujours éphémère.
- 31 janvier 1894 : dernière (Le Gaulois, 31 janvier 1894, Retronews) :
- Sur son Conte de Noël :
- Ernest Dupuy, Poètes et critiques, 1913, p. 39, Gallica :
À quelque point de vue que l’on se place, l’année 1895 est une date dans la vie de Maurice Bouchor. C’est l’époque où, pour la première fois, il tourna vers l’école son regard de poète et de penseur. Un concours avait été ouvert par la Correspondance générale de l’instruction primaire, pour la composition d’un Recueil de chants à l’usage des écoles primaires de France. Dans quelques pages d’une grande noblesse, Félix Pécaut, le maître inoubliable, avait défini par avance l’esprit du recueil qui devait être couronné. Le lauréat de ce concours fut Maurice Bouchor. Qui ne connaît aujourd’hui ces chants devenus populaires ?
- Albert Feuillerat, Paul Bourget, histoire d’un esprit sous la IIIe République, 1937, Gallica :
Le café Tabourey, cependant, demeurait son endroit de prédilection et dans la salle du premier étage Bourget et ses amis Bouchor et Richepin, un soir de l’année 1874, fondèrent, dans un moment d’enthousiasme, le groupe des Vivants qui devait apporter la formule génératrice de chefs-d’œuvre.