Bonaventure-Théodore Poüan (1839–1910)

Naissance à Tours de Bonaventure-Henri-Théodore-Dominique, fils de Pierre-Marie Poüan, 35 ans, cordonnier, et de Madeleine-Émélie Bansard, 27 ans (Archives d’Indre-et-Loire).

Le couple Poüan, marié à Tours le 4 mai 1832 aura (au moins) 8 enfants : — Pierre-Auguste (5 déc. 1833), — Cécile-Victorine (22 nov. 1834), — Charles-Auguste (10 nov. 1835, mort le 9 juin 1837 à 19 mois), — Marie-Gertrude-Émilie (20 juin 1837, morte le 22 sept. 1837 à 3 mois), — Bonaventure-Théodore (1839), — Jacques-Marie-Édouard-Augustin (19 juil. 1840) — Marie-Pauline-Victorine (9 fév. 1843) et — Tiburce-Martin-Victor (14 avril 1852).

Décès de sa mère, qui allait avoir 40 ans, moins d’un mois après la naissance de son dernier fils.

L’année suivante, son père épouse Catherine Marchandeau (29 ans), de qui naîtra un fils, Pierre-Gatien-Marie Poüan (1854-1912).

Il est ordonné prêtre et obtient un doctorat en théologie.

Il s’en va étudier le droit canon en Belgique, à l’Université Catholique de Louvain (1,100 étudiants de 23 nationalités), et obtient successivement les grades suivant (Annuaire de l’UCL, 1872) :

• bachelier (25 mai 1871) ;
• licencié (6 juillet 1872) ;
• docteur (8 juillet 1874).

Sa thèse de doctorat (De seminario clericorum) porte sur la constitution canonique des grands séminaires fixée au Concile de Trente (Le Monde, 15 juillet 1874).

Un jeune ecclésiastique du diocèse de Tours, M. l’abbé Poüan, vient d’être reçu à Louvain docteur en droit canon. M. Poüan est le premier prêtre français que Louvain a élevé au grade de docteur et, comme docteur en droit canon, il est le dixième depuis la fondation de la nouvelle université. M^gr l’évêque de Tours [Félix-Pierre Fruchaud], invité à la cérémonie de réception par M^gr Namèche, recteur de Louvain, a délégué pour le remplacer M. le chanoine Janvier et le curé-doyen de l’Île-Bouchard. — (Journal des villes et des campagnes, 3 août 1874.)

Il est nommé professeur de droit canon de la faculté de droit de l’Université catholique d’Angers, et directeur de l’internat Saint-Maurice.

Deux cours, l’un de droit naturel, par M^gr Sauvé, Recteur de l’Université, l’autre de droit canonique, par M. l’abbé Poüan, docteur en Théologie et en droit canonique, y sont annexés. Il est fait en outre chaque semaine, deux conférences préparatoires aux examens pour les étudiants de chaque année. M. l’abbé Poüan a fondé exclusivement pour les internats, des examens de quinzaine. — (La Gazette de Château-Gontier, 16 mai 1878)

L’Université catholique d’Angers venait d’être fondée par l’évêque d’Angers M^gr Freppel, le 1^er août, au lendemain de la loi Laboulaye du 12 juillet instaurant la liberté de l’enseignement supérieur.

Il est nommé promoteur de la foi dans la cause de canonisation de Léon Papin Dupont (1797-1876).

Le grand séminaire a été désigné pour lieu des séances. Dans une petite chapelle de cet établissement se tiendront les réunions qui auront pour but l’interrogatoire et l’audition des témoins. La première séance a eu lieu samedi 6 octobre. — (Journal des villes et des campagnes, 18 octobre 1883.)

Il est à Rome où il prêche l’Avent à l’église Saint-Louis des Français (Journal des villes et des campagnes, 2 février 1884).

À son retour il reprend l’audition des témoins dans la cause de Léon Papin Dupont (L’Univers, 8 février 1884).

Il démissionne de la Société archéologique de Touraine en temps que membre titulaire (et est remplacé par Léon Lhuillier) (Bulletin de la Société séance du 25 mars) ; et obtient d’y être réintégré comme membre correspondant (séance du 22 décembre).

En 1890, la Société se plaindra de n’avoir pas accès aux vestiges de l’amphithéâtre gallo-romain découverts à l’occasion des fouilles pratiquées par l’abbé Poüan (Bulletin de la Société séance du 25 juin 1890).

L’abbé Louis-Auguste Bossebœuf (33 ans, également membre de la Société archéologique), nouveau secrétaire du cardinal-archevêque de Tours M^gr Meignan, souhaite publier ses considérations sur le Syllabus de Pie IX (1864) : Le Syllabus sans parti pris. Il soumet son manuscrit à l’archevêque, qui le fait examiner par Poüan, son chanoine théologal, lequel, après avoir prescrit quelques corrections, donne son approbation (août 1885). Le livre reçoit son imprimatur et paraît à Paris (1 vol. in-12, 380 pages) ; un an plus tard, il est condamné par un décret de la Congrégation de l’Index (14 décembre 1886).

L’Univers, 25 décembre 1886 rapporte l’affaire et publie les lettres : d’approbation de Poüan (27 août 1885) ; de soumission de Bossebœuf à sa mise à l’Index (21 décembre). — Autre article dans La Gironde, 28 décembre 1886.

L’abbé Bossebœuf, tout aussi féru d’histoire, était membre correspondant de la Société archéologique de Touraine depuis 1880, et en sera président de 1895 à 1900.

Publication d’une biographie du père jésuite Alexandre Roze (1815-1883), missionnaire en Chine (1836-1851) puis curé de l’église Notre-Dame-la-Riche de Tours : Monsieur Alexandre Roze (Tours, Mazereau, 1886, 420 p.)

Publication d’une Vie de la Vénérable Mère Marie Poussepin (Tours, Mame, 1894, 600 p. avec gravure), suivie quelques mois plus tard d’une version pour enfants (Tours, Mame, 1894, 450 p. avec portrait).

Publication de son volumineux mémoire apologétique sur le Le saint cardinal Hélie de Bourdeille (Neuville-sous-Montreuil, 2 vol. in-4° de 385 et 480 pages).

Le but affiché est de fournir les matériaux nécessaires pour permettre la reprise (et la conclusion) de la cause de canonisation du cardinal de Bourdeilles (à qui Charles VII commanda un mémoire sur Jeanne d’Arc, 1453, en vue de sa réhabilitation).

Lire l'Analyse de la consultation d’Hélie de Bourdeille sur le procès de Jeanne d’Arc, par Poüan.

Ses recherches prirent des années : il nous apprend lui-même qu’en 1894 il échangeait déjà avec l’official de la Sacrée Congrégation des Rites (institution alors chargée des procès de canonisation), afin de retrouver l’information canonique effectuée à Tours en 1527 (Mémoires, p. 302). La publication du Mémoire historique (1900) est finalement précédée de celle des Preuves et éclaircissements (1897), recueil de l’ensemble des pièces rassemblées, pour bonne part inédites et retranscrites directement d’après les manuscrits originaux trouvés dans les bibliothèques nationales que dans les archives de la famille Bourdeilles.

Il publie deux imposants ouvrages, avant de se retirer de la vie publique :

• Une vie de la Très Honorée Mère Marie de Sainte Victoire Houette (Fribourg, Suisse, 1903, 2 vol. de 694 et 233 pages) ;
• Une suite à la vie de la Vénérable Mère Marie Poussepin (Bar-le-Duc, 1903-1904, 2 vol. de 600 et 640 pages).