U. Chevalier  : L’abjuration de Jeanne d’Arc (1902)

Texte intégral

Présentation
de l’éditeur (2025)

1.
Genèse du mémoire : la béatification de Jeanne d’Arc suspendue à la question de l’abjuration

En 1894 Léon XIII déclarait Jeanne vénérable et ouvrait son procès de béatification. Mgr Touchet, évêque d’Orléans, fut chargé du procès sur l’héroïcité des vertus, qu’il instruisit dans on diocèse en 1897 et qu’il remit à la Congrégation des rites la même année. Début 1901, le cardinal Parocchi, rapporteur de la cause, fit savoir à Mgr Touchet que l’examen buttait sur la question de l’abjuration au cimetière de Saint-Ouen. Car si Jeanne a effectivement signé la formule qui figure au Procès, il faudra conclure qu’elle a manqué d’héroïsme ; ce qui contraindrait à abandonner sa béatification.

Courant avril, l’évêque d’Orléans rassembla à nouveau son conseil, notamment le père Ayroles, auteur d’une somme considérable (la Vraie Jeanne d’Arc, 5 vol. 1890-1902) et principal témoin du procès de 1897, ainsi que le chanoine Dunand auteur d’une Histoire complète de Jeanne d’Arc en 1898. Enfin, début janvier 1902, il sollicita le chanoine Chevalier, spécialiste des sources historiques, afin de rédiger une synthèse des connaissances et des positions. C’est la présente étude critique sur l’Abjuration de Jeanne d’Arc.

Ce travail fut lu lors du Congrès annuel des Sociétés savantes à la Sorbonne (le 1er avril 1902), puis publié dans la revue de l’Université catholique à Lyon (dans les numéros de juin et juillet 1902), avant d’être tiré à part à Paris par l’éditeur Picard. Il contribua à dissiper les doutes de la Congrégation des rites, puisque le 17 novembre 1903 celle-ci rendit au pape un avis favorable. Le 6 janvier 1904, Pie X signa le décret confirmant l’héroïcité des vertus de Jeanne d’Arc.

2.
Méthode et conclusions

En 1877, Ulysse Chevalier publiait son Répertoire des sources du moyen âge, une œuvre monumentale d’érudition qui, à la manière d’un dictionnaire, répertorie de manière détaillée les auteurs et leurs écrits sur tous les sujets historiques. Cet ouvrage devint rapidement l’outil indispensable des médiévistes. Le chanoine applique dans son étude sur l’Abjuration de Jeanne d’Arc une méthode similaire : il récapitule de façon systématique et chronologique les événements de la vie de Jeanne d’Arc, en accompagnant chacun d’eux de notes précisant les sources contemporaines ainsi que les travaux et opinions des principaux historiens.

Au sujet de l’abjuration de Jeanne, ses conclusions sont claires : 1° la formule insérée dans le Procès n’est pas celle qu’on lui a lue et qu’elle a signée ; 2° celle qu’elle signa n’était pas canoniquement valide ; 3° en signant elle a contrevenu à ses voix, mais son acte manqua des conditions essentielles de connaissance et de volonté.

3.
Controverse avec le père Ayroles

Au début de son étude, Chevalier a jugé nécessaire de dénigrer l’œuvre du père Ayroles (note 5 de la p. 7) :

Par les dimensions de ses cinq volumes [de la Vraie Jeanne d’Arc], cet ouvrage pourrait faire l’illusion d’être la plus ample histoire de Jeanne d’Arc : il n’en est rien. C’est un chaos de mémoires, de réflexions et de controverses contre la libre-pensée.

L’intéressé fut piqué ; d’autant que l’attaque émanait d’un confrère en religion et s’était déroulée devant un auditoire plutôt hostile à ses idées. Ayroles accusa Chevalier de rechercher l’approbation de l’école critique, celle qui qualifie de récit fantaisiste de larges pans de la tradition catholique. Il lui répondit l’année suivante, défendant et justifiant ses positions dans une publication intitulée : Réponse à quelques critiques, annexée à la Table analytique de la Vraie Jeanne d’Arc (1903).

À propos
de cette édition

Le texte et la pagination suivent ceux de l’édition séparée.

L’abjuration de Jeanne d’Arc au cimetière de Saint-Ouen et l’authenticité de sa formule. Étude critique par le chanoine Ulysse Chevalier, correspondant de l’Institut. Paris, Alphonse Picard et fils, libraires, 82 rue Bonaparte, 1902.

Imprimatur : Lugduni, die Ia junii 1902, P. Dadolle, vic. gen. [Lyon, le 1er juin 1902, Pierre Dadolle, vicaire général.]

Afin de rendre la lecture et l’utilisation de la table des matières plus aisées, les huit parties du texte ont été subdivisées en sections, avec l’ajout de titres et sous-titres.

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