Pierre de Versailles (~1380–1446)
- Pierre de Versailles (1380?-1446) (Alfred Coville, 1932)
Chronologie
~1380
-
Naissance. Il est issu d’une famille noble,
sans doute à la famille des seigneurs de Versailles, seigneurs en partie de Vémars, près de Luzarches
(Coville) ; frère aîné de Guy de Versailles, chanoine de Tours et auteur d’un traité en faveur de Jeanne d’Arc en amont de sa réhabilitation.Sa date de naissance n’est pas connue mais estimée d’après son cursus à l’Université de Paris : bachelier
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en 1405,sententiarum
en 1407, licencié en 1411. Ce qui donne régressivement : maître-ès-art vers 1401 ; entrée à la Faculté des arts vers 1395, naissance vers 1380. 1395
(15 ans)-
Université de Paris.
Il réside au collège de Saint-Denis.
- 1395-1401: Faculté des arts : il devient maître-ès-art vers 1401 (21 ans).
- 1401-1413 : Faculté de théologie: il est reçu :
- bachelier en 1405 (25 ans) ;
- licencié vers 1412 (32 ans).
- docteur vers 1413 (33 ans).
Les dates d’obtention de grades ne sont pas connues ; des documents le donnent encore bachelier en mai 1412, et déjà docteur fin novembre 1413.
1446
(66 ans)- 11 nov.Il décède et est enterré le lendemain dans la cathédrale de Meaux.
Références
- Denifle, Chartularium Universitatis Parisiensis, (4 vol. 1889-1897)
T. IV, p. 108 :
Supplicationes magistrorum nationis Normannie in Universitate Parisiensi. [...] Jordano Morini, presb. Rothomagens. dioc., ex nobili genere procreato, mag. in art. in vicesinio anno sui magistratus, et bac formato in theol. Parisius in quarto anno sui bacalariatus [de beneficio ad collat. monast. Fiscannens.]. [...] Celeber fuit magister Universitatis. Ambassiator regis ad Concil. Constant. An. 1417 petiit canon. eccl. Aurelianens. (ibid., n° 104, fol. 84b), an. 1415 can. Bajac., et litigabat etiam an. 1422 (Arch. nat. Paris., X1a 63, fol. 365b). An. 1429 saltem in curia Rom. ut decanus facult. theol. studii almæ Urbis morabutur (Suppl. Mart. V, n° 228, fol. 3b). An. 1432 episcopatum Silvanect. recusavit. Circa an. 1442 (in Arsen. ms. 1228, fol. 451b, perperam dicitur, an. 1430) defunctus est, et Gerardus Macheti ad Petrum de Versaliis, episc. Meldens., scribit :
Migravit ab hoc seculo unus patrum nostrorum, mag. Jordanus Morini, luminare magnum theologorum. Vivat cum beatis.
(Epp., fol. 36b). Vid. etiam Delisle, Cab. des mss., II, p. 191.Note sur Jordan Morin (prêtre du diocèse de Rouen). [...] À l’occasion de sa mort Gérard Machet écrivit à Pierre de Versailles, évêque de Meaux :
Un des pères de notre ordre, le maître Jordan Morin, grande lumière des théologiens, a quitté ce monde. Qu’il vive parmi les bienheureux.
(Correspondance, fol. 36b). Voir également Delisle, Cabinet des manuscrits, II, p. 191.T. IV, p. 224 :
1940. Licentiati in facultate theologiæ. An. 1411, Parisiis. Petrus de Versaliis, de Collegio S. Dionysii. Note : Omittitur in m[anu]s[crip]to, et ponitur fol. 15 inter illos, qui solum inter 1413 et 1421 licentiam receperunt. Ast perperam. Nam an. 1413, Novemb. 30, jam ut magister theol[ogiæ] affertur (vid. infra), proindenque ante an. 1413, Nativit., licentiatus est. Cum in m[anu]s[crip]to dicatur :
incepit 1405, et fecit 2m cursum et Sentent. 1407
, ut Johannes Broust an. 1411 licentiatus est, quo anno etiam Joh. Michælis, cum quo semper affertur, licentiam recepit. P. Versaliis, dioec. Paris. et e nobili genere ex utroque parente procreatus (Suppl. Mart. V, n° 106, fol. 281b), regis Caroli ad Concil. Constant. ambassiator et prior S. Petri de Calvomonte fuit (ms. lat. 14851, fol. 57b). An. 1418, April. 19, prioratum S. Salvatoris in Rua, Viennens. dioec., petivit (Suppl. Mart. V, n° 106, fol. 281b); 1420, Jul. 3, factus est abbas Talmundens. Lucionens. dioec. (Arch. Vat., XII, 121, p. 131; omnino incertum in Gall. christ., II, 1424); an. 1429, Decemb. 9, abbas S. Martialis Lemovicens. (ibid., p. 245); an. 1432, Martii 31, episc. Dignens. (ibid., p. 271); an. 1439, Septemb. 25, translatus ad sedem Meldens. (Oblig. n° 66, fol. 41b), ad quem plures epp. Gerardi Macheti. Petri epist. ad Johann. Jouvenel de corrupto statu Franciæ ap. Martène, Thes. nov. anecd., I, 1723. Apud Martinum Porée (ms. lat. 14851, fol. 57b) uthostis publicus Johannis ducis Burgundie et notorius inimicus et omnium fidelium servitorum ejusdem
designatur.1940. Licenciés en théologie. (Paris, 1411.) [...] Pierre de Versailles, du Collège de Saint-Denis. [Note] : Omis dans le manuscrit et placé au feuillet 15, parmi ceux qui ne reçurent leur licence qu’entre 1413 et 1421. À tort, car le 30 novembre 1413, il est donné comme maître en théologie (voir ci-dessous), ce qui implique qu’il reçut sa licence avant la Nativité 1413. Le manuscrit rapporte :
qu’il commença en 1405, et termina son 2nd cours de Sentences en 1407
; et qu’il reçut sa licence en même temps que Jean Broust et Jean Michel, licenciés en 1411. Pierre de Versailles, du diocèse de Paris et de noble lignée des deux côtés (Suppl. Mart. V, n° 106, fol. 281b), ambassadeur du roi Charles au Concile de Constance et prieur de Saint-Pierre de Chaumont (ms. lat. 14851, fol. 57b). Le 19 avril 1418, il sollicita le prieuré de Saint-Sauveur-en-Rue, diocèse de Vienne (Suppl. Mart. V, n° 106, fol. 281b) ; le 3 juillet 1420, il fut fait abbé de Talmont, diocèse de Luçon (Arch. Vat., XII, 121, p. 131 ; information rejetée par le Gall. christ., II, 1424) ; le 9 décembre 1429, évêque de Digne (ibid., p. 271) ; le 31 mars 1432, évêque de Limoges (ibid., p. 245) ; le 25 septembre 1439, transféré au siège de Meaux (Oblig. n° 66, fol. 41b) ; il existe plusieurs lettres de Pierre adressées à Gérard Machet et à Jean Jouvenel, sur l’état corrompu de la France (Martène, Thesaurus novus anecdotorum, I, 1723). Martin Porée (ms. lat. 14851, fol. 57b) parle de lui commeennemi public du duc Jean de Bourgogne et ennemi notoire et serviteur de tous les fidèles de ce dernier
.Note : Alfred Coville rejette la date de 1411 pour la licence, ainsi déduite par Denifle ;
des documents certains le déclarent encore bachelier formé en janvier et mai 1412
.T. IV, p. 271 :
2000. Concilium fidei Parisiis. — Prima sessio in camera officialatus Paris. Coram Johanne Tuderti, licent. in legibus, officiali Parisiens., et Gerardi episc. Paris. commissario super criminibus et delictis in civitate et dioec. Paris. commissis et committendis, ut etiam in causis fidei et hæresim sapientibus, [...] (1413, Novemb. 30, Parisiis.) [...] Maîtres délibérant : [...] (Magistri theologiæ) Johannes de Gersonno [...] Girardus Macheti [...] Petrus de Versaillis, O. S. B., de collegio S. Dionysii.
2000. Concile de la foi à Paris (30 novembre 1413).— Première session dans la chambre de l’officialité de Paris. En présence de Jean de Todi, licencié en droit, official de Paris, et de Gérard [de Montaigu], évêque de Paris, commissaire pour les crimes et délits commis et à commettre dans la ville et le diocèse de Paris, ainsi que pour les affaires de foi et d’hérésie, ... Maîtres délibérant : Maîtres en théologie (18 au total dont): Jean Gerson (1er), Gérard Machet (12e) et Pierre de Versailles (18e).
Actes similaires : 2001 (4 déc. 1413) ; 2003 (19 déc.-5 janv. 1414) 2012 (12-19 féb. : il vote
pour
).T. IV, p. 343 :
2104. (1418, Maii 29, Junii 12, Parisiis.) — Maii 29 Burgundi, ducibus Guidone de Bar et Johanne de Villiers domino de Insula-Adam, Parisiorum civitate potiti sunt (nuntius hujus facti Junii 3, et fortasse jam antea, ad exultantem ducem Burgundiæ venit); Carolus delphinus aufugit. Junii 12 Parisiis 1500 homines interfecti fuerunt (Aug. 20 iterum multi trucidati sunt, ita ut tam Jun. 12 quam Aug. 20 plus quam 3500 perierint), inter quos 4 episcopi (Ebroicens., Lexoviens., Silvanectens., Constantiens.), magistri theol. Benedictus Gentiani et (Guillelmus Cholet) Ord. Carmel., mag. medicinæ Joh. Casson, doctor decret. Wernerus Berrey, mag. Joh. de Londa Normann., mag. Joh. de Monsterolio. Eodem tempore et postea plurimi magistri Parisios reliquerunt, inter quos inimici ducis Burgundiæ et Carolo delphino adhærentes magistri in theol. Gerardus Macheti, Petrus de Versaliis, Jordanus Morini, Johannes Lambert, Guillelmus Aymerici, O. Præd., Johannes Raffanelli, O. Min., aliique (An. 1429 legitimus rex Carolus corona horum magistrorum aliorumque apud Pictavos circumfundebatur) ; ipse Johannes Gerson cancellarius Concilio Constantiensi peracto Parisios non reversus est.
2014. (Paris, du 29 mai au 12 juin 1418). — Le 29 mai, les capitaines bourguignons, Guy de Bar et Jean de Villiers s’emparèrent de la ville de Paris (le messager apporta la nouvelle le 3 juin, peut-être avant, au duc de Bourgogne, qui exulta) ; le dauphin Charles s’enfuit. Le 12 juin, 1500 personnes furent tuées à Paris (et de nombreuses autres le 20 août, portant le bilan total à plus de 3500 victimes), dont 4 évêques (d’Évreux, de Lisieux, de Séez et de Coutances), le théologien maître Benoît Gentien et Guillaume Cholet de l’Ordre des Carmes, le médecin maître Jean Casson, le docteur en droit Werner Berrey, maître Jean de Londa, de Normandie et maître Jean de Montreuil. Pendant cette période et par la suite, de nombreux maîtres durent quitter Paris, dont nombreux ennemis du duc de Bourgogne ou partisans du dauphin Charles, notamment les maîtres en théologie Gérard Machet, Pierre de Versailles, Jordan Morin, Jean Lambert, Guillaume Aymeric, de l’Ordre des Prêcheurs, Jean Raffanelli, de l’Ordre des Mineurs, et d’autres (en 1429, le roi légitime Charles était entouré de la couronne de ces maîtres et d’autres à Poitiers) ; le chancelier du Concile de Constance, Jean Gerson, n’est pas retourné à Paris après la fin du concile (le 29 mai 1418, le 12 juin, à Paris).
T. IV, p. 351 :
2113. (1418, Octob. 6, Parisiis.) — Carolis VI reprobat quæcumque in Concilio Constantiensi adversus mag. Joh. Parvi ducemque Burgundiæ gesta, dicta, proposita atque petita fuerint per magistros Johannem Gersonem, Jordanum Morini, Guillelmum Pulchrinepotis, Petrum de Versaliis et Johannem Campani; ea præter et contra mentem suam processisse. Dat. Parisius sub nostro magno sigillo die sexta mensis Octobris. anno Dom. milles. CCCC XVIII°, et regni nostri XXXIX°.
Ab inclitis nostre stirpis auctoribus
.2113. (Paris, 6 octobre 1418) — Charles VI désapprouve tout ce qui a été fait, dit, proposé et demandé contre Me Jean Petit et contre le duc de Bourgogne, lors du Concile de Constance, par les maîtres Jean Gerson, Jordan Morin, Guillaume Beauneveu, Pierre de Versailles et Jean Campani ; cela fut fait et dit contre sa volonté. Donné à Paris sous notre grand sceau le 6 octobre 1418, et de notre règne le 39e.
T. IV, p. 510 :
Universitas Parisiensis et Johanna d’Arc. (Continet numos 2369-2390.) — Huc pervenimus quo Universitas Paris. adversata est præclaræ illi virgini, quæ semper cœlestis exemplar castitatis, inter tot regiæ curiæ militarisque vitæ pericula, manebit, eo magis quod ea sancta virtus tunc in dies declinabat, necnon unici roboris atque vigoris super humanum fastigium elati archetypum, quo vigore id perfecit quod nulla unquam mulier vel apud veteres vel apud recentiores aggredi ausa sit. Sic facta est scutum regiæ potestatis tum desperatæ, et corda Francorum ad legitimum regem secum attraxit, ut hostes tamdiu victores e regno expellerent.
510. L’Université de Paris et Jeanne d’Arc. (Nos 2369 à 2390.) — Nous arrivons à la période où l’Université de Paris s’opposa à l’illustre vierge. Celle-ci demeura un modèle de chasteté céleste, même environnée de tous les périls d’une vie militaire ou à la cour, à une époque où la sainte vertu déclinait de jour en jour, ainsi que l’archétype d’une force unique et d’une vigueur surhumaine, qui lui permirent d’accomplir ce que nulle autre femme, ni parmi les anciens ni parmi les modernes, n’avait jamais osé entreprendre. Ainsi, devenant le bouclier d’un pouvoir royal désespéré, elle rallia le cœurs des Français autour de leur roi légitime, et chassa l’ennemi qui depuis si longtemps triomphait du royaume.