A. Vallet de Viriville  : Nouvelles recherches sur la famille et sur le nom de Jeanne d’Arc (1854)

Texte intégral

Nouvelles recherches
sur la famille et sur le nom de
Jeanne Darc
dite la Pucelle d’Orléans
accompagnées de tableaux généalogiques et de documents inédits

par

Auguste Vallet de Viriville

(1854)

Éditions Ars&litteræ © 2025

Avant-propos

5Les diverses publications consacrées de notre temps au souvenir de Jeanne Darc n’ont point épuisé l’intérêt qu’inspirera toujours ce personnage. Les excellents travaux de M. J. Quicherat ont, il est vrai, renouvelé sur certains points et paraissent avoir à peu près fixé, dans leur ensemble, les notions historiques sur lesquelles repose la biographie de la Pucelle. Toutefois, indépendamment des desiderata1 que ces publications mêmes ont eu pour effet de signaler, chaque jour, pour ainsi dire, amène la découverte de quelque document propre à augmenter la lumière, qui s’est faite si lentement, autour de cette admirable figure.

J’ai commencé depuis longtemps, sur cette femme célèbre, une série de recherches, que n’ont point découragées les ouvrages remarquables auxquels il vient d’être fait allusion. Le mémoire qu’on va lire forme une partie de ce cercle d’études. J’indiquerai, dans une liste ci-après insérée, les autres points sur lesquels se sont principalement portées mes investigations. Ce programme de recherches nouvelles pourra s’étendre et se compléter avec l’aide d’un favorable accueil.

  1. Nouvelles recherches sur la famille et sur le nom, etc. Paris, Dumoulin, 1854, in-8.
  2. Jeanne Darc d’après les dernières recherches : sa vie, sa mémoire. (Dans la Revue de Paris des 15 juillet et 1er août 1854.)
  3. Conjectures historiques au sujet d’un extrait de la chambre des comptes, relatif à Jean Darc, arpenteur du roi. (En préparation ; voy. ci-après page 10, n° 3, et page 43.)
  4. Documents inédits concernant le privilège de Domremy la Pucelle. (Bulletin de la Société de l’histoire de France, numéro 6, juin 1854, pages 103 et suivantes.)
  5. 6Texte restitué de deux diplômes de Charles VII relatifs à la Pucelle. (Dans la Bibliothèque de l’École des Chartes, 3e série, tome V, page 271 et suivantes.)
  6. Notice d’une statuette en bronze du XVe siècle représentant la Pucelle d’Orléans. Publiée avec gravure dans l’Illustration2 du 15 juillet 1854, page 48.
  7. Notice historique sur l’ancien monument de la Pucelle à Orléans. (En préparation.)
  8. Recherches iconographiques sur Jeanne Darc, revue critique des portraits ou œuvres d’art faits à sa ressemblance. (En préparation.)
  9. Recueil de documents inédits, rares, ou peu connus, relatifs à la Pucelle d’Orléans.
  10. Nouvel essai bibliographique sur les écrivains qui ont traité de Jeanne Darc.

Ces deux derniers articles doivent former un volume de la Collection elzévirienne que publie M. Jannet libraire.

7Nouvelles recherches
sur la famille et le nom de Jeanne d’Arc

J’ai publié, il y a près de quinze ans, dans le Journal de l’Institut historique3, un premier travail sur le sujet qui me fait de nouveau prendre la plume. Le but de ma dissertation était seulement de démontrer qu’il convient d’écrire le nom patronymique de la Pucelle sous cette forme : Darc, et non d’Arc, selon la commune habitude. Mes observations ont été accueillies avec quelque faveur, et divers historiens du premier rang, tels que MM. Michelet4 et Henri Martin5, ont adopté la conclusion à laquelle elles tendaient. D’autres savants, parmi lesquels je puis citer notamment MM. de Haldat du Lys6, Pierre Clément7 et Henri Lepage8, ont joint à ces suffrages l’exemple de leur adhésion, qui se propage à l’étranger9. En relisant aujourd’hui cet essai d’un commençant, je crois avoir, dès lors, obéi au sentiment et à l’amour du vrai, dont je suis toujours animé. Je ne me fais toutefois aucune illusion sur l’imperfection de cet opuscule. Cette conviction et le succès même qu’a obtenu ma requête, m’imposent à mes propres yeux le devoir de la mieux justifier. C’est ce que je vais tenter dans les lignes qui vont suivre, en prenant du reste la question d’un point de vue plus général et plus étendu.

Section I.
De la famille de Jeanne Darc

L’histoire est de nos jours parfaitement fixée sur l’origine au moins immédiate de la Pucelle. Son père, nommé Jacques (Jacobus) au baptême, et vulgairement appelé Jacob, exerçait à Domremy l’état de laboureur. Un de ses descendants, Charles du Lis, nous apprend, dans l’ouvrage composé et plusieurs fois10 édité 8par lui sur le passé de sa famille, que Jacques Darc était né à Séfonds11 près de Montirandel, ou Montier-en-Der. Jeanne eut pour mère en légitime mariage Isabelle ou Zabillet Romée. Celle-ci était native, selon le même auteur, du village de Vouthon12 situé à une demi-lieue de Domremy, et dut à cette origine d’être appelée par divers écrivains Isabelle Vouton, ou de Vouton, de Baultheur, Vauteur, Vautour et même Gautier13. Le village de Domremy forme encore aujourd’hui un simple hameau, ou annexe de la commune de Greux. Il en était de même au XVe siècle. En 1429, ce village avait pour seigneur Pierre de Bourlemont, gentilhomme champenois. Domremy était mi-parti quant à la souveraineté : une portion du territoire et des habitants, à laquelle appartenait la famille Darc, relevait directement du roi de France et ressortissait à la prévôté d’Andelot, bailliage de Chaumont, comté de Champagne. L’autre ne relevait qu’indirectement de la couronne et dépendait de la prévôté ou châtellenie de Gondrecourt, qui ressortissait au duché de Bar14.

Il paraît que les populations de ces contrées entrèrent tardivement en possession de la liberté civile. Domremy et Greux ne figurent pas au nombre des communes, ou mieux des communautés soit urbaines, soit rurales, dont on connaisse les chartes d’affranchissement. Les plus favorisées de ces petites corporations civiles (et nous admettons que Domremy en était là au XVe siècle) se composaient toujours, vis-à-vis des seigneurs, de vilains ou hommes de pôte (in potestate), mais avec des adoucissements et des abonnements quelconques. Ainsi, d’une part, la communauté, comme corporation civile, et d’une autre part, les individus qui la composaient, particulièrement, possédaient et cultivaient des portions de terre qui leur appartenaient en propre et dont ils pouvaient jouir et disposer. Les uns et les autres néanmoins étaient tenus à divers services ou actes de main-d’œuvre et à des redevances, comme sujets ou vassaux envers les seigneurs du fonds15. Les lettres d’anoblissement octroyées par le roi Charles VII à la Pucelle et à Jacques, Isabelle, Jacquemin, Jean et Pierre, ses père, mère et frères, leur assurent la jouissance des privilèges nobiliaires,

nonobstant, dit l’acte, qu’ils ne soient pas nés de race noble et même que peut-être ils soient d’autre condition que de condition libre16.

D’un autre côté, les 9dépositions des témoins entendus en 1456, lors de l’enquête faite à Domremy qui précéda la réhabilitation, nous représentent Jeanne Darc employée dans son enfance à garder tantôt les bestiaux qui appartenaient en propre à son père, et tantôt, à tour de rôle pour son père, ceux qui composaient le troupeau de la commune17. La famille possédait aussi une maisonnette avec jardin. Mais toutes ces petites ressources réunies ne les faisaient pas bien riches18, étant assez nombreux et par un temps d’aussi déplorables calamités. En un mot, comme le dit avec beaucoup de sens, dans son langage gaulois, l’un des plus anciens historiens de la Pucelle,

c’étoient de fort gens de bien, craignant et aimant Dieu, mais qui avoient peu de moyens et vivoient d’un peu de labourage et de bestial qu’ils nourrissoient19.

Telle était leur situation, lorsque les exploits de Jeanne vinrent transformer cette modeste existence, en immortalisant leur commun souvenir. La famille et toute sa parenté fut anoblie en 1429, avec cette clause, remarquée comme inouïe par les jurisconsultes20, que les femmes, aussi bien que les hommes, non-seulement acquéraient la noblesse en vertu du privilège, mais la transmettaient à leurs époux et enfants, à perpétuité. Catherine, sœur cadette de Jeanne, était déjà morte selon toute apparence, car elle ne figure pas dans l’énumération portée au diplôme royal. Son père et son frère aîné, appelés Jacques, ne vécurent que peu de temps après la fin tragique de l’héroïne et succombèrent à leur douleur. Isabelle Romée, au contraire, poursuivit le cours d’une robuste vie pour pleurer sa fille, pour demander justice, et ne mourut (en 1458) qu’après l’avoir obtenue, autant du moins qu’il dépendit alors d’elle et des hommes. Aveline Romée, tante maternelle de Jeanne, s’allia à un parti noble et lui donna lignée. Des deux derniers frères de la Pucelle, l’un, Jean, devint prévôt de Vaucouleurs, bailli de Vermandois, capitaine de Chartres, etc. ; l’autre, Pierre, fut fait chevalier. Pierre et Jean donnèrent également origine à deux branches nobiliaires, dont les mâles paraissent s’être éteints à peu près simultanément, vers le milieu du XVIIe siècle, mais qui, par les femmes, se ramifièrent et se multiplièrent pour ainsi dire à l’infini. Bien qu’alliée, çà et là, surtout du côté féminin, à quelques vieilles races de chevalerie et d’épée, la postérité des collatéraux de la Pucelle se maintint dans les rangs secondaires de la noblesse et de la magistrature. Elle n’occupa point les grandes charges et disparut trop tôt pour 10avoir fait des preuves devant les Cherin et les d’Hozier21. Aussi la généalogie complète et spéciale de cette famille n’a-t-elle jamais été imprimée. Cependant une curiosité vraiment historique s’attache à connaître à travers la suite des temps les héritiers de ce sang illustre. Nous aurons particulièrement à nous appuyer de diverses notions qui se rapportent à leur filiation. On nous saura donc gré de réunir et de publier ici les principaux éléments de cette généalogie22.

Aperçu généalogique
de la famille de Jeanne Darc

§a.
Origine

J. Darc, drapier à Troyes
✝ 1375

Nicolas Darc
✝ avant 1414.

Femme  : Jeanne N.
✝ avant 1436 (remariée à Durand Laxart  ?)

Jacques Darc
✝ en 1431 ou 1432.

Femme  : Isabelle Romée
✝ 1458
(Voyez § f.)

Jean Darc
Il fut arpenteur du roi en 1436.

Jacquemin Darc
✝ vers 1432. Sans postérité.

Jean du LisDarc, prévôt de Vaucouleurs, etc.
Vivait encore en 1468

Pierre du LisDarc, chevalier, etc.
✝ 1449.

Jeanne la Pucelle
✝ 1431.

Catherine
Morte sans postérité.

11§b.
Postérité de Jean (voyez n° 5)

Jean Darc ou du Lis

Claude du Lis, procureur fiscal de Domrémy
✝ vers 1502.

Sans postérité de Nicole Thiesselin sa femme.

Étienne ou Thévenin du Lis ;

Femme  : N. de Séraumont

Marguerite du Lis, mariée vers 1468 à Antoine du Bonnet ;

Elle vivait vers 1501.

Claude du Lis, curé de Domremy, poète latin
✝1550.

Didier du Lis, gendarme du grand duc de Guise ;
✝ v. 1551.

Femme : Nicole de Brissey.

Didon du Lis, vve Thévenin Thierrely en 1552 ;

Sans postérité.

Antoine du Lis, commissaire d’artillerie
✝ avant 1596.

Femme : Isabeau Albert

François du Lis, chevalier de Malte ;
✝ 1580.

Femme : Nicole de Brissey.

Jean-Jacques du Lis, écuyer des gardes du duc de Lorraine
✝ 1616.

Femme : N de L’Espine

Les mâles s’éteignirent au XVIIe siècle. De cette branche alliée aux Naves de Lorraine, aux Massis de Bourgogne, sont issus les de Picart d’Arbamont, famille des Vosges éteinte en 1812 et les de Haldat de Lorraine qui subsistent encore.

12§c.
Postérité de Pierre (n° 6)

Pierre Darc ou du Lis

Femme : Jeanne de Proville

Jean du Lis, l’aîné, sr de Villers, etc.
✝ 1501.

Femme, 1456 : Macée de Vésines.

Jean du Lis, le jeune, échevin d’Arras
✝ 1492.

Femme : Anne de Villebrème.

Hallouis ou Helvide du Lis, née v. 1455,
✝ 1536 ;

mariée 1467, à Étienne Hordal
(Voyez § d.).

Catherine du Lis ;

mariée à François de Villebrème
(Voyez § e.).

Jean du Lis, dit le Picard ;

mariée à Paris vers 1515.

Michel du Lis, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi Henri II ;

✝ à Paris en 1562.

Charles du Lis, né vers 1559, avocat général en la cour des aides, etc.
✝ vers 1630.

Femme : Catherine de Cailly.

Luc du Lis, né v. 1560, secrétaire du roi, etc.

marié à Louise Collier, vve du Vivier.

Il vivait en 1628.

Jacqueline du Lis, née vers 1561 ;

Vve Chanterel, en 1613, sans postérité.

Charles du Lis, né en 1585, principal du collège de Boissy (célibataire)
✝ le 26 juillet 1629.

N. du Lis ;

marié après 1628 à N. de Cailly.

Françoise du Lis ;

mariée à Louis Quatrehommes, père Louis Quatrehommes, tous deux conseillers en la cour des aides.

Catherine du Lis ;

mariée à Richard de Pichon, trésorier de Guyenne, père de François et Valentine, carme et carmélite à Bordeaux.

13§d.
Postérité d’Hallouys (n° 20)

Hallouys ou Helvide du Lis ;

Étienne Hordal, gentilhomme champenois23.

De ce mariage sont provenus les Hordal, alliés eux-mêmes aux maisons lorraines des noms de Lelièvre, Henry, de Gratas, Pagel, Royer, Noël, Odam et aux familles parisiennes nommées Mariette, Malingre, de Breban, du Vinet et Pinguet.

§e.
Postérité de Catherine (n° 21)

Catherine du Lis ;

François de Villebresme, gentilhomme du Blaisois.

Marie de Villebresme ;

mariée vers 1500 à Jacques Le Fournier, financier normand.

De cette alliance sont issus les Le Fournier de Tournebu, les Boullenc, les du Chemin, les Le Verrier, les Ribaut, les Troismonts et autres familles normandes.

14§f.
Ligne maternelle (v. n° 2)

Isabelle Romée, de Vouton, mère de la Pucelle.

Jean, dit de Vouton ;

Femme : Marguerite Conil.

Aveline Romée ;

épousa Jean de Voyseul.

Nicole Romée, dit de Vouton, religieux de l’abbaye de Cheminon, aumônier de la Pucelle.

Marguerite de Vouton ;

mariée à Pierre de Perthes.

Ce mariage a produit les alliances Voyseul, Lassois, Le Royer, d’Ourches et autres de la province de Lorraine.

De cette alliance sont provenues celles des Leclerc, Blanchart, Margugn, Drouet, Deschiens, Jacobé, Lefèvre, Le Bègue, Vinot, en Champagne.

Section II.
Du nom patronymique et des ancêtres de Jeanne Darc

§1
De l’usage des noms propres au moyen âge

Dans l’état actuel de nos habitudes et de nos lois, les noms sont à la fois un moyen usuel et authentique de désigner les individus et les familles. Toute personne en naissant est pourvue d’un état civil, et le législateur a multiplié avec une sollicitude spéciale les garanties propres à assurer l’exactitude, la sincérité, la conservation des actes qui en font foi24. Mais cet état de choses ne date, comme on voit, que d’une époque très récente, et il en était tout autrement dans le passé. Les Germains, ancêtres, parmi nous, des races nobles, ne connaissaient que le nom individuel. Les Romains, au contraire, avaient un appareil compliqué de noms, prénoms et surnoms. Ce dernier système, comme la plupart des institutions civiles, s’imposa progressivement des vaincus aux vainqueurs, mais avec de sensibles modifications. Sous l’empire du christianisme, le nom propre devint celui que le fidèle recevait au baptême. Ce nom régna longtemps sans partage ; il règne encore aujourd’hui, au sein de la société chrétienne, dans les actes émanés des membres de la hiérarchie ecclésiastique et dans les actes émanés des souverains. Cependant peu à peu le besoin de distinguer et de suivre les filiations, donna lieu à l’emploi de nouvelles ressources. Du XIIe au XIIIe siècle, le blason, devenant une science régulière, commença de perpétuer, à l’aide de signes fixes et héréditaires, le symbole propre à chaque famille de gentilshommes. Un progrès analogue se manifesta vers le même temps par l’organe de la langue vulgaire et 15pour les rangs inférieurs de la société. Les vilains ou paysans, et surtout les bourgeois, élevés et émancipés dans leur condition politique et sociale, transmirent insensiblement à leur postérité, avec le pécule qu’ils leur laissaient, le surnom qu’ils avaient porté. L’immense majorité de nos noms de famille ou patronymiques d’aujourd’hui, n’ont point d’autre origine.

Toutefois, dans le principe et pendant longtemps, la coutume, la tradition, et par conséquent l’arbitraire, furent les seules lois qui présidèrent à cette transmission.

Autrefois, — dit le savant de La Roque, — on changeait de nom sans aucune solennité… Mais comme cette licence a sans doute produit beaucoup d’abus en certains cas, le roi Henri II y remédia par une ordonnance donnée à Amboise le 26 mars avant Pasques 1555. Par l’article 19 de cet édit, défenses sont faites à toutes personnes de changer leurs noms et leurs armes sans avoir obtenu à cet effet de lettres de dispense et permission du prince, sous peine de mille livres d’amende25.

Le premier règlement connu pour assurer la constatation régulière des noms et des naissances, consiste dans un statut synodal de Séez, en date de 1524. Ce statut ordonne aux curés du diocèse ou à leurs vicaires, sous peine de cinquante sous tournois d’amende, de tenir à l’avenir un registre convenable, où ils inscriront les naissances des enfants nouveau-nés, l’année et le jour de leur baptême, ainsi que les noms desdits enfants et de leur père, mère, parrains et marraines26. François Ier, par son édit célèbre du mois d’août 1539, touchant le fait de la justice, généralisa cette mesure, sous l’autorité de son pouvoir royal. Il prescrivit en outre que les chapitres, couvents et cures seraient tenus

mettre les dits registres par chacun an par devers le greffe du prochain siège du baillif ou séneschal royal, pour y estre fidèlement gardés et y avoir recours quand mestier et besoin sera27.

En 1578, ces mesures étaient encore appliquées généralement avec peu d’exactitude, car le roi Henri III, par son ordonnance datée de cette année, en renouvela la prescription,

pour éviter les preuves par tesmoings que l’on est souvent contraint faire en justice touchant les naissances, etc.

Nous ajouterons qu’au temps où vécut la Pucelle, l’usage des noms de famille fixes et héréditaires était encore peu répandu dans les villages, parmi des paysans et surtout pour désigner, au sein de la vie familière, une jeune fille obscurément adonnée à des occupations agricoles et domestiques.

§2
Des diverses dénominations qui ont successivement servi à désigner Jeanne d’Arc et sa famille

Les textes innombrables qui, depuis le XVe siècle, nous ont transmis la mention et le souvenir de la Pucelle, offrent entre eux, sur ce point spécial, une remarquable 16variété. Il en est résulté diverses confusions ou obscurités, qu’il importe aujourd’hui d’éclaircir. Nous avons donc commencé par relever, de siècle en siècle, les principaux documents qui contiennent cette mention, et nous devons tout d’abord placer le tableau de ces extraits sous les yeux du lecteur. Nous les diviserons en deux classes : textes manuscrits, textes imprimés ; et chacune de ces deux classes se développera elle-même, suivant l’ordre chronologique.

Textes manuscrits

Lettres patentes

N° 1. — 1429, juillet 31. Lettres patentes qui exemptent d’impôts les habitants de Greux et de Domremy. (Expédition authentique à la direction générale des Archives de l’Empire, dossier H, 1535, 2.)

Charles… sçavoir faisons… en faveur et à la requeste de nostre bien amée Jehanne la Pucelle28

N° 2. — 1429, décembre. Lettres d’anoblissement de la famille. (Expédition authentique, même dépôt ; K, 63, n° 9.)

Carolus… celebri ministerio Puellæ Joannæ Darc de Dompremeyo… præfatam Puellam, Jacobum Darc, dicti loci de Dompremeyo, patrem, Isabellam ejus uxorem, matrem, Jacqueminum et Johannem Darc et Petrum Prerelo29, fratres… nobilitavimus, etc.30

N° 3. — Autre expédition ou copie du même acte, insérée, en 1550, dans les registres du trésor des chartes. (Mêmes archives, reg. n° 260, pièce n° 306.)

Puellæ Johannæ Day de Dompremeyo… præfatam Puellam, Jacobum DayIsabellamJacqueminum et Johannem Day et Petrum, etc.

1431. Procès de condamnation

(D’après l’un des manuscrits originaux conservé à la Bibliothèque impériale, n° 5965 latin31.)

N° 4. — Préambule du procès (folio 1).

Incipit processus in causa fidei contra quondam quandam mulierem Johannam, vulgariter dictam la Pucelle… Placuit superne providentie mulierem quandam Johannam nomine, que vulguo Puella nuncupatur

N° 5. — Lettre des docteurs de Paris sur la prise de la Pucelle (même ms., f° 2 v°) :

Celle femme dicte la Pucelle ;

Et f° 3 v° :

Ceste femme qui se dit la Pucelle.

N° 6. — Lettres du vicaire de l’inquisition (f° 4 v°) :

Certaine femme nommée Jehanne, que les adversaires de ce royaume appellent la Pucelle.

17N° 7. — Sommation de l’évêque de Beauvais au duc de Bourgogne (f° 5) :

Celle femme que l’on nomme communément Jehanne la Pucelle.

N° 8. — Lettres du roi Henri VI, du 3 janvier (f° 7) :

Une femme qui se fait appeler Jehanne la Pucelle.

N° 9. — Exploit de citation à comparaître (f° 11) :

quedam mulier vulgariter dicta Johanna la Pucelle… ipsa Johanna… dicta Johanna.

N° 10. — Premier interrogatoire (du 21 février, f° 17 v°, 18).

Interrogata fuit de nomine et cognomine ipsius… Respondit quod in partibus suis vocabatur Johanneta et postquam venit in Franciam vocata est Johanna. De cognomine autem suo dicebat se nescire. Item respondit quod pater vocabatur Jacobus Darc, mater vero Ysabellis.

N° 11. — Confrontation ou récolement dans sa prison le 24 mars suivant (f° 60) :

… dixit quod erat cognominata Darc seu Rommée et quod in partibus suis filiæ portabant cognomen matris.

N° 12. — Articles ou acte d’accusation (f° 64 v°) :

verum est quod dicta rea fuit et est oriunda in villa de Grus, patre Jacobo Darc, matre Isabella ejus uxore.

N° 13. — Cédule d’abjuration transcrite f° 149-150.

Je Jehanne, communément appelée la Pucelle… ; ainsi signée à la fin : Jeanne ✠.

N° 14. — Sentence définitive de condamnation (f° 50 v°) :

Te Johannam, vulgariter dictam la Pucelle.

Lettres écrites par ordre et au nom de Jeanne d’Arc en 1429

N° 15. — Aux Anglais le mardi de la semaine sainte (ms. 5955, f° 76).

Roy d’Angleterre… rendez à la Pucelle… de par Dieu et la Pucelle… La Pucelle vous prie et requiert.

La lettre n’est pas signée.

N° 16. — Aux habitants de Troyes le 4 juillet (ms. de la Bibliothèque impériale supplément français, n° 1515, 2, tome I)32.

Très chiers et bons amis, Jehanne la Pucelle vous mande, etc.

Non signée.

N° 17. — Au comte d’Armagnac le 22 août ; (ms. 5965, f° 78).

Comte d’Armagnac, mon très chier et bon ami, Jehanne la Pucelle vous fait sçavoir…

Non signée.

N° 18. — Lettre originale33 conservée aux archives de l’hôtel-de-ville de Riom, signée en autographe :

Jehanne.

1455-1456. Procès de réhabilitation34

N° 19. — Préface des écritures des notaires (f° 1).

Ad preces et instantiam… viduæ Ysabellis Darc ac Johannis et Petri fratrum defunctæ quondam Johannæ Darc dictæ vulgariter la Pucelle.

18N° 20. — Rescrit du pape Caliste III, en date de 1455 (f° 3).

Exhibita… pro parte dilectorum filiorum Petri et Johannis dictorum Darc, laïcorum, ac dilectæ in Christo filiæ Ysabellis, matris eorumdem… petitio continebat quod… quondam Johanna Darc, soror Petri et Johannis, ac filia Ysabellis, etc.

N° 21. — Procuration en cour d’église des requérants (en 1455 ; f° 5).

Personaliter constituti Ysabellis Darc… mater… dominus Petrus Darc miles frater… Johannes Darc… frater quondam Johannæ Darc vulgariter dictæ la Pucelle de Dompremey sur Meize.

Ces désignations se renouvellent, à chaque page, dans le cours des écritures. Les suivantes méritent d’être particularisées.

N° 22. — Enquête à Domremy (fol. 50 et suivants) :

Articuli pro informationibus faciendis in patria originis defunctæ Johannetæ vulgariter la Pucelle appellatæ, ad requestam honorabilis viri Johannis dicti Dalie35 prepositi laïci de Vallis-Colore…

Les témoins déposent tous unanimement :

vocabatur ejus pater Jacobus Darc et ejus mater Ysabelleta (Zabillet).

Les enquêtes à Orléans, Paris et Rouen :

Johanna la Pucelle ; Johanna vulgariter dicta la PucelleJohanna DarcPetrus et Johannes Darc.

Chroniqueurs contemporains : 1° Français, 2° Flamands ou Bourguignons

N° 23. — Parceval de Cagny, Jean Chartier, Guillaume Gruel, le doyen de Saint-Thibaut (de Metz), Journal du siège, Monstrelet, G. Chastelain, Lefebvre de Saint-Remy, Jean de Wavrin, le greffier de Brabant, Clément de Fauquemberg, Journal de Paris, etc.36 :

Jehenne… Jehanne… Dame Jehanne… La Pucelle.

N° 24. — Le hérault Berry, Chronique de Charles VII, d’après le ms. du roi 9676, 1, A, Bibliothèque impériale37, non paginé, sous la date de 1429 :

Celluy an en ce mesme temps de karesme arriva une jeune fille nommée Jehanne du Liz la Pucelle.

19N° 25. — Le même texte, d’après les manuscrits de la même bibliothèque, 8415, B ; 8415, C ; 9671, 5, 5 ; 9676, 3, 3 ; Sorbonne 435 ; Notre-Dame 137 et d’autres :

Une jeune fille nommée Jehanne la Pucelle.

N° 26. — La chronique de la Pucelle, compilée vers 1470 ; d’après les mss. de Godefroy, bibliothèque de l’Institut, volume n° 245, f° 59 :

Une jeune fille… fille de Jacques Darc et d’IsabeauJehanne la Pucelle.

N° 27. — Le greffier d’Albi (cartulaire n°4, à l’hôtel-de-ville d’Albi) :

La Piuzela.

Auteurs contemporains étrangers

N° 28. — Walter Bower, écossais (1441), auteur du Scotichronicon :

JoannaPuella… consilio la Pucelle

(Voy. Quicherat, Procès, t. IV, p. 478.)

N° 29. — Thomas Wyrcester, anglais, (vers 1470) :

Quædam mulier vocata Pucelle de Dieu.

(Ibidem, p. 475). Voyez plus loin la chronique de Caxton, 1480, réimprimée en 1528.

N° 30. — Eberhard de Windecken, allemand, d’après le ms. de Munich, publié par M. Gœrres et reproduit par M. Quicherat, Procès, t. IV, p. 485 :

Die Magd ;… die Jung-frau.

N° 31. — Théodore de Leliis, jurisconsulte italien, auteur d’un mémoire extrajudiciaire, composé vers 1455, d’après un ms. du Vatican, reproduit par M. Quicherat, Procès, t. II, page 22, et t. V, p. 426.

Summarium tocius processus habiti contra Janetam vulgo dictam la Pulcela

Écrivains postérieurs à la génération de la Pucelle

N° 32. — Inscription tracée vers 1500 sur le dernier feuillet du manuscrit d’Urfé, Bibliothèque impériale, supplément latin, n° 1383 :

Hic est finis libri absolutionis Johanne Darc, dicte vulgariter la Pucelle.

N° 33. — Autre inscription datée et qui sert de titre au manuscrit, supplément français n° 350, 11, de la Bibliothèque impériale :

Le procès de la Pucelle de France, 1501.

N° 34. — L’Abréviateur du procès, qui écrivait vers 1500 le ms. 411 de la bibliothèque d’Orléans :

La Pucelle.

N° 35.Les Hardiesses des rois de France, ms. de, 1516, Bibl. imp., sup. franç., n° 191 :

la Pucelle.

N° 36. — Guill. Postel, démonstration très claire, etc., ms. autographe daté de 1563, Bibl. imp. 7965, 2, f° 125.

Quelle chose feust la Pucelle lorraine Jehanne Darc ou38 Day, dicte de Vaucouleurs.

N° 37. — Lettres patentes du 25 octobre 1612, enregistrées à la cour des Aides39 le 31 décembre 1612, pour augmentation d’armes aux armoiries de Messieurs 20du Lys, de la ligne de la pucelle d’Orléans. Expédition ou reproduction authentique dressée le 15 janvier 1779 et faisant partie des archives de cette cour. À la direction générale des Archives, à Paris, section judiciaire, pièce Z, 308.

Jeanne Darc vulgairement appelée la pucelle d’OrléansJehan Darc, dit du Lis, prévost de Vaucouleurs… Pierre Darc aussy dès lors surnommé du Lis… retenant les armes du nom et de leur ancienne famille DarcJehanne Darc dite la Pucelle d’Orléans, etc.

N° 38.Histoire de la pucelle d’Orléans, par Edmond Richer, en date de 1628, ms. de la Bibliothèque impériale, Fontanieu, supplément français, n° 4907, f° 8 :

Ceste fille nasquit à Domremy, etc… Son père avait à nom Jacques Darc et sa mère Isabeau Romée40.

Textes imprimés

1480. Caxton, The cronicles of England, etc. Reproduction de la chronique de Wyrcester (voyez ci-dessus n° 29 et ci-après n° 46).

N° 39. — 1495. Robert Gaguin, Annales, liv. X, édition princeps in-8°, f° lxxxiv verso ; de même éditions de 1500 et 1521 :

Erat… Johanna, quæ patre Jacobo Darco, matre Isabella… genita… Puellæ appellationem obtinuit.

N° 40. — Le même ouvrage, traduit en français sous ce titre : les grandes croniques, etc., et la mer des histoires ou le mirouer historial. Paris 1514, f° clvij v°, ainsi que dans les éditions qui suivirent de 1515 à 1538 :

Jehanne engendrée de Jaques Darc son père et Ysabel sa mère, etc…

N° 41. — 1497. Ph. Foresti Bergomensis De claris sceletis que (selectis) mulieribus, etc… Ferrare, in-folio, chap. CLVIJ, f° cxliiij.

Ce chapitre est intitulé :

De Janna gallica Pulcella, optima juvencula.

Fin du XVe siècle : chronique d’Alvaro de Luna. Voy. ci-après n° 98.

N° 42. — 1500. Le mirouer des femmes vertueuses,… ensemble l’histoire admirable de Jehanne la Pucelle ; Paris, in-8° gothique.

N° 43. — 1509. J.-B. Fulgoze, De dictis, factis que memorabilibus, etc., collectanea. Milan in-f°, liv. III, chap. 2, de fortitudine, feuillet K, 5 :

Virgo gallica Joanna nomine quam Pullicellam vocaverunt… Jacobo arco41 patre, etc…42.

21N° 44. — 1521. Ravisius Textor, de Memorabilibus et claris mulieribus, etc… Paris, in-folio, au feuillet 189, v° :

Puella gallica.

N° 45. — Vers 1524, Jean Bouchet, Annales d’Aquitaine, in-folio, édition princeps, sans lieu ni date, f° xxxij, v°. Éditions de 1524, 1540, gothiques ; 1545, 1547, 1557 et 1644, lettres rondes :

Jehanne… nommée la Pucelle… son père nommé Jacques Dart, Ysabel sa mère.

N° 46. — 1528. The cronicles of England with the fruyte of times ; London, Winkin de Worde, in-f°, part. VII, f° clij, v°, colonne 2 :

A mayde whiche they named la Pucelle de Dieu.

(Voy. ci-dessus, n° 29).

N° 47. — 1547. Jean du Tillet, évêque de Meaux, Chronicon de regibus Francorum, etc. (ap. Hordal, heroïnæ nobilissimæ, etc., p. 135).

Joanna Puella armata… Puella…

Le même ouvrage traduit en français. Rouen, 1549, in-8°, f° lxxxvj :

Une pucelle en armes appelée Jehannela Pucelle.

N° 48. — 1548. G. du Bellay, Instruction sur le faict de la guerre ; Paris, in-folio, p. 56 :

Jehanne la Pucelle.

N° 49. — 1549. Richard de Wassebourg (de Verdun), Antiquités de la Gaule Belgique. Paris, in-folio, liv. VII, f° cccc, lxxij verso :

Une Pucelle nommée Jehanne.

N° 50. — 1553. G. Postel. Les très merveilleuses victoires des femmes du nouveau monde, etc. Paris, in-24, p. 15 et passim.

Jehanne de Vaucouleurs… Jeanne la Pucelle.

(Voyez ci-dessus, n° 36.)

N° 51. — 1554. J.-B. Egnatii de exemplis illustrium virorum, etc. Venise, in-4°, I. III, chap. II, de Joanna virgine Gallica, page 85 :

Joanna nomine, Pullicella a Gallis cognomento dicta.

N° 52. — 1560. Micqueau (alias Miguel), pédagogue à Orléans… Jo.-Lod. Micquelli Aureliæ urbis, etc. obsidio. Paris et Orléans, in-12, passim :

Joanna Lotharinga virgo ou virago.

N° 53. — 1562. La historia de la Ponzella Dorleans y sus grandes hechos, etc. Burgos, in-4°.

N° 54. — 1573. Belleforest. Les chroniques de Nicoles Gilles, revues par —, Paris, in-folio, p. 347 verso :

La Pucelle… le père de laquelle se nomme Jacques Dare et sa mère Isabrau

(Voyez n° 59.)

N° 55. — 1576. Du Haillan, historiographe de France. Histoire de France, Paris, in-folio, p. 1144 :

Une jeune fille… nommée Jeanne, fille de Jacques Darc et d’une femme nommée Isabeau.

N° 56. — 1576 et années suivantes, trois opuscules de Léon Tripault, savoir :

Histoire et discours au vray du siège d’Orléans, etc. Édition princeps, Orléans 1576, pet. in-4°.

Dans un sonnet anonyme placé à la fin du cahier A :

Jeanne d’Arc ;

Page 11, (Chronique du siège) :

Une jeune pucelle nommée Jeanne

Joannæ Darciæ obsidionis aurelianæ res gestæ, etc. — Les faicts, pourtraict et jugement de Jeanne Darc, dicte la Pucelle d’Orléans, 1583, in-12.

22En tête, avertissement : Jeanne d’Arc, deux fois dans une page. Dans le reste de l’opuscule : en latin Darcia, en français Darc.

3° Les deux ouvrages précédents, réunis avec additions sous ce titre : Histoire et discours au vray, etc. Orléans, 1606, pet. in-8°, passim :

En latin, toujours Darcia ; en français, tantôt d’Arc et tantôt Darc, quelquefois dans la même page.

Ces variantes arbitraires se retrouvent également dans les éditions subséquentes de ce livret : 1611, 1619, 1621, 1622.

N° 57. — 1577. Holinshed (Raphaell), The last volume (tome II) of the chronicles of England, etc., in-f°, page 121 :

JoneJoan la Pusell de Dieu.

N° 58. — 1579. N. Vignier, Sommaire de l’histoire des François, in-fol., p. 369.

Une pucelle nommée JeanneLa Pucelle

N° 59. — 1579. Belleforest, Grandes Annales, etc., in-fol., t. II, f. 1079, v°.

Une pucelle nommé Jeanne Darc.

N° 60. — 1580. J. Nagerel (chanoine de Rouen), Description du pays et duché de Normandie, Rouen, in-8°, appendice :

ensuite le livre de la Pucelle

(Bbij) :

Jeanne, fille de Jaques Taré.

N° 61. — 1580. Jean du Tillet (greffier), recueil, etc., des roys de France. Paris, Jacques du Puys, in-f° et de même pour les éditions suivantes.

Dans la Chronique des rois, au règne de Charles VII :

Jehanne Darc dicte la pucelle d’OrléansJacques Darc, Pierre Darc.

Dans le Recueil des Traités et à la table des matières au mot Jehanne :

D’Arcd’Arc.

1580-1581. Voyage de Montaigne. (Voy. n° 97).

N° 62. — 1581. Jean Barnet (le père Fronton du duc), Histoire tragique de la pucelle de Dom-Remy, aultrement d’Orléans. Nancy, in-4°, au feuillet signé A2 :

Jeanne d’Arc, vulgairement appeléela Pucelle de Domremy, aultrement d’Orléans.

N° 63. — 1584. Les vrais pourtraicts et vies des hommes illustres, etc., par A. Thevet ; Paris, Kervert, 1584, in-f°, f. 279, v°.

Une jeune fille, appelée Jeanne, natifve du village d’Ampreme… fille de Jaques d’Art.

P. 281 :

Les Anglois prindrent occasion de rendre exécrable cette pucelle d’ArcLa Pucelle… Jeanne d’ArcJeanne la Pucelle.

N° 64. — 1584. Pontus Heuterus ; Rerum Burgundicarum libri sex, Antverp.

Nullo quam Joannæ nota nomine.

N° 65. — 1592, Mariana (Jean), De rebus Hispaniæ… Tolède, in-f° (exemplaire O 52 de la Bibl. imp., p. 959) :

Joanna Puella nata patre Jacobo Durcio ; (sic pour Darcio).

N° 66. — 1596 à 1723, Estienne Pasquier, les Recherches de la France. Première édition, in-f°, 1596, feuillet 259 verso :

Jeanne d’ArcJacques d’Arc.

Deuxième édition, revue et corrigée par l’auteur, Paris, 1611, in-4°, pages 555 et 561, et toutes les éditions suivantes, 1621, 1633, 1643, 1665, 1723 :

Jeanne Darc, Jacques DarcDarc.

N° 67. — 1599. Jean de Serres, inventaire général de l’histoire de France, Paris, Saugrain, 8 vol. in-16, t. IV, p. 108 :

23Jane d’ArcJaques d’Arc.

N° 68. — 1600. Virey Sr des Graviers : Tragédie de Jeanne d’Arques, dite la pucelle d’Orléans, natifve du village d’Empremy, etc., Rouen, in-12.

Dans la pièce, elle est appelée La Pucelle.

N° 69. — 1606, 1612. Portrait en taille-douce, par Léonard Gautier ; in-8. 1006, la légende gravée porte : Jeanne Darc… dite la pucelle d’Orléans. Le même, amplifié, 1612, in-4°, Johanna Darc Aurelianensis Puella vulgo nuncupata.

N° 70. — 1609. Pierre Grégoire, de Republica ; Lyon, in-folio. Page 208 :

Johanna puella Jacobo D’Aï, orta ;

Page 209 (lettres d’anoblissement) :

Joanna D’Aï à Donoremeyo.

N° 71. — 1610-1628. Charles du Lis43, auteur des ouvrages suivants :

  1. De l’extraction et parenté de la Pucelle, etc., 1610, in-4° ;
  2. Discours sommaire des nom, armes, etc., de la Pucelle ; Paris, 1612, in-12 ;
  3. Inscriptions pour les statues du roy Charles VII et de la Pucelle ; etc. Paris et Orléans, 1613, 17 pages in-4° ;
  4. Recueil d’inscriptions, suivi du traité sommaire tant du nom et des armes, etc., Paris, 1628, in-45. (Le Le chapitre II, page 6, de ce dernier ouvrage est intitulé : Quel est le nom au vray de la Pucelle et de ses parents ?

Darc

N° 72. — 1611. P. Opmeer (hollandais), Opus chronologicum orbis universi ; Antverpiæ ; 2 vol. in-f°, tome I. À la table :

Joanna Publa ;

Page 411 :

puella nomine Joanna… patre Jacobo Darto et matre Isabella…

N° 73. — 1612. Jean Masson, archidiacre de Bayeux, Histoire mémorable de la vie de Jeanne d’Arc, appelée la Pucelle d’Orléans ; Paris, in-8o (dédié au magistrat d’Orléans.)

Jacques d’Arcd’Arc.

N° 74. — 1612. Jean Hordal44, Heroïnæ nobilissimæ Joanna Darc… historia ; Pont-à-Mousson, in-4.

Au feuillet signé + 2 v° (vers latins d’un contemporain) et passim :

Jana Darcia ;

P. 252 (vers français signés Richard) :

Jeanne Darc

P. 8 du texte de Hordal :

Petro Darc,

Et page 12 :

Jacobo Darcio.

N° 75. — 1617. André Duchesne, œuvres d’Alain Chartier, in-4°, page 830 :

Il est certain que ceste fille, vulgairement dite la Pucelle d’Orléans, s’appeloit Jeanne Darc en son vray nom.

N° 76. — 1622, Pierre Aubert, Histoire ou recueil des gestes des roys de France, in-4°, page 228 :

Jeanne d’Arc appelée la Pucelle.

N° 77. — 1623, Shakespeare. Mr W. Shakeepeare’s comedies, histories and tragedies, published according to the true original copies. London, Jaggard et Blount, in-folio ; the first part of Henry the Sixth (édition princeps de cette partie) ; acte Ier, p. 98 ; acte III, p. 107 ; et passim.

Joane Puzel, Puzell, PucellJoane de (pour the) puzel.

Le même ouvrage, éditions modernes (voy. Ed. Baudry, 1835, in-8°, p. 393, à la liste des personnages) :

Joan la Pucelle, commonly called Joan of Arc.

N° 78. — 1631. Du Breton, Histoire du siège d’Orléans et de la Pucelle Jeane, mise en nostre langue par le sieur — ; Paris, in-8, page 106 :

24Jeane… fille de… Jacques Tart.

N° 79. — 1638. P. Frizon, Gallia purpurata, in-folio, page 487 :

Joanna Darcia.

N° 80. — 1638. Scipion Dupleix, Histoire générale de France, in-folio, tome II, page 791 :

Jane d’ArqJacques d’Arq.

N° 81. — 1645. Fr. Lemaire, Histoire et antiquitez de la ville et duché d’Orléans, Orléans, in-4°, page 286.

Une jeune fille nommée Jeanne, fille d’un laboureur nommé Jacques d’Arc.

N° 82. — 1646. Mézeray, Histoire de France, in-folio, tome II, page 11 :

Son nom estoit Jeanne ; ses père et mère Jacques d’Arcq, laboureur, et Isabeau Gautier.

N° 83. — 1647. Les frères Sainte-Marthe, Histoire de la maison de France, in-folio, tome I, page 638.

Jeanne d’Arc.

N° 84. — 1657. Histoire généalogique des comtes de Ponthieu, etc… (par le père Ignace, né Jacques Samson) ; in-folio, pages 475, 526 :

Jeanne d’ArcJacques d’ArcIsabeau d’ArcPierre et Jean d’Arc

Le même, page 527 (texte de la sentence de réhabilitation) :

Isabellis DarcJoannis DarcJoanna Darc.

N° 85. — 1661. Denis Godefroy, Histoire de Charles VII, etc., in-folio, passim. Indépendamment des textes qu’il reproduit presque exclusivement, lorsqu’il parle comme éditeur, il écrit tantôt Day, tantôt Darc et tantôt d’Arc.

N° 86. — 1669. La Colombière, Science historique, in-folio, page 210 :

Jeanne Dark.

N° 87. — 1670. Du Boulay, Historia universitatis parisiensis, in-folio, tome V, page 384 :

Jana Darcia, virgo lotharingia… Jacobo Darcio.

N° 88. — 1678, 1720 et 1734. G.-A. de La Roque, Traité de la Noblesse. Cet ouvrage contient un chapitre (dernière édition, in-4°, page 145), intitulé :

De la noblesse de Jeanne Day ou Darc, pucelle d’Orléans, dite du Lis.

N° 89. — 1686. G. Marcel, Histoire de l’origine de la monarchie, 4 vol. in-12, tome III, pages 243 :

d’Arcq ;

P. 413 :

d’Arc ;

Et p. 421 :

Darc.

N° 90. — 1712. 1726, Le P. Anselme, Histoire généalogique de la maison de France, etc… 1e édition, t. I, p. 66, et 2e édition, tome I, p. 116 :

Jeanne d’Arc, dite la Pucelle.

N° 91. — 1713 et 1722. Le Père Daniel, Histoire de France, (1713, in-f°, t. II). Colonne 1055 et à la table : Jeanne d’Arc : col. 1078 :

Ils prirent (les parents) le nom du Lis au lieu de celuy de Darc ou Day ; car la Pucelle est appelée Jeanne Day dans l’acte d’anoblissement, quoique dans les historiens et en plusieurs autres monuments, elle porte le nom de Jeanne Darc.

N° 91. — 1718. Legendre, Histoire de France, in-folio, tome II, page 538 :

Arrivée de Jeanne Darc, nommée dans la suite la Pucelle d’OrléansJeanne estoit fille d’un nommé Darc.

N° 93. — 1724. Annales de la Monarchie françoise, par de Limiers, in-folio, p. 212 :

Jeanne d’Arc fille de Jacques d’Arc et d’Isabeau Vautier.

25N° 94. — 1753-1754. Lenglet-Dufresnoy, Histoire de Jeanne Darc, vierge, héroïne et martyre d’Etat, suscitée par la Providence, etc. Paris et Orléans in-12 :

Dans le texte : Tantôt d’Arc et tantôt Darc.

N° 95. — 1768. Le président Hénault, Abrégé de l’Histoire de France, in-4°, tome I, page 306 :

Jeanne d’Arck.

N° 96. — 1770. Villaret, Histoire de France, de l’abbé Velly, continuée par — ; in-4°, tome VII, p. 401 :

Jeanne d’Arc étoit son nom.

N° 97. — 1774. Journal du voyage de Michel de Montaigne en Italie, en 1580 (édité par M. de Querlon), in-4°, p. 8 :

Ceste fameuse Pucelle d’Orléans… se nommoit Jane Day ou Dallis.

N° 98. — 1784. Cronica del condestable Alvaro de Luna, composée vers la fin du XVe siècle et éditée par D. Miguel Josef de Flores, dans la Colleccion de cronicas, etc. Madrid, in-4°, tome V, chap. XLVI, page 131 :

La Poncela de Francia.

N° 99. — 1805 à 183945. Anquetil, Histoire de France, 1805, in-12, tome IV, 1. 271 ; Lebrun de Charmettes, Histoire de Jeanne d’Arc, surnommée la Pucelle d’Orléans, 1817, 4 volumes in-8°, passim ; Sismondi, Histoire des Français, in-8 1831, tome XIII, page 115, etc., etc.

Jeanne d’Arc46.

Ici se borne la série des textes que nous devions, avant tout, mettre sous les yeux du lecteur. Nous allons maintenant déduire et développer les diverses observations qui s’y rattachent.

§3
Des dénominations qui furent appliquées primitivement à Jeanne d’Arc

Une première observation résulte de l’examen quelque peu attentif des textes qui précèdent. C’est que, dans le principe, la Pucelle fut très rarement désignée sous un nom de famille ou patronymique quelconque. Le 21 février 1431, au début du procès de Rouen, interrogée par ses juges, de ses nom et surnom, elle répondit que,

dans son pays, elle s’appelait Jeannette, et Jeanne depuis sa venue en France. Quant à son surnom, elle dit qu’elle ne savait pas. Pour ce qui est de ses père et mère, elle répondit que son père s’appelait Jacob (ou Jacques) Darc et sa mère Isabelle47.

Quelques semaines plus tard, le 24 mars, quelques-uns des assesseurs étaient venus la trouver dans sa prison, pour procéder à une sorte de récolement ; pendant qu’on lui parlait d’autre chose, et, comme une personne qui répare une omission, Jeanne revint spontanément sur cette question de ses noms, et dit

que son surnom était Darc ou Romée, attendu 26que dans son pays les filles portaient le nom de leur mère48.

Ce petit épisode mérite à plusieurs égards d’être remarqué. Pour en apprécier l’intérêt, il convient de se rappeler d’abord qu’à l’égard de notre héroïne et de son temps, le nom était ce que nous appelons aujourd’hui le prénom ou nom de baptême, et que l’on entendait par surnom, le nom de famille ou la désignation habituelle qui en tenait lieu. Il est bon de se souvenir également que cette formule : je ne sais pas, était celle dont l’infortunée usait habituellement pour déjouer l’astuce de ses accusateurs, chaque fois qu’elle pénétrait leurs mauvais desseins, à travers celles de leurs questions qui semblaient être les plus simples du monde.

Jeanne ne s’appela, ne se nomma jamais elle-même, ni Darc, ni Romée, ni du Lis, ni d’un nom patronymique quelconque. Pour elle, le cognomen ne signifiait donc pas son nom de famille, qu’elle n’avait d’ailleurs aucun motif d’ignorer. Mais elle s’était volontairement attribué, dès le début de sa mission, une dénomination spéciale ; dénomination la plus humble et la plus haute tout ensemble, puisqu’elle servait à désigner, dans le langage du XVe siècle, la plus obscure jeune fille et la Vierge, mère du Sauveur49 : la Pucelle.

Tel était le point sur lequel sa pénétration, inspirée en même temps par la pudeur, la méfiance et une pieuse modestie, lui faisait suspecter un piège. Ainsi s’expliquent et le je ne sais pas de l’audience et le complément de réponse qu’elle fit dans sa prison. Ce qu’il y a de certain, c’est que Jeanne, dans ses discours comme dans sa correspondance, n’employa jamais, pour son usage, que cette désignation particulière, jointe au nom de la sainte patronne, qu’elle avait reçu au baptême : la Pucelle… ou Jeanne la Pucelle50.

Ce dernier mode de dénomination est également le seul qui lui fut personnellement appliqué dans les diverses écritures du procès de condamnation51. Le premier acte légal qui lui attribue un nom patronymique consiste dans les lettres d’anoblissement de sa famille52. Mais le diplôme précédemment rendu pour exempter d’impôt ses compatriotes de Domremy53 l’appelle seulement Jehanne la Pucelle. Or, on sait que le plus ancien de ces deux actes fut accordé sur sa requête expresse et conçu en quelque sorte sous sa dictée ; tandis que pour l’autre, au contraire, non-seulement il ne porte aucune trace d’une telle initiative, mais encore Jeanne se défendit formellement d’y avoir participé54.

La Pucelle avait évidemment compris que nulle autre qualification ne pouvait lui convenir à l’égal de celle-ci : poétique abrégé, qui représentait à l’intelligence de tous le trait moral le plus essentiel de son caractère, et qui devait effacer, un jour, devant l’histoire, en noblesse et en illustration, toutes les vaines 27distinctions que put lui conférer l’autorité civile.

Parmi ses contemporains, en effet, poètes, chroniqueurs55 et autres, la plupart n’emploient jamais d’autre expression pour désigner sa personne. Toutes les langues et tous les dialectes de l’Europe adoptèrent, dans leur variété, ce commun symbole56, et les Anglais eux-mêmes, fait remarquable, lui donnèrent exclusivement jusques et y compris Shakespeare57 ce nom, qui fut dans un temps l’objet de leur haine, comme de leur terreur, et dont l’héroïne s’était revêtue de sa propre volonté. Ce nom, enfin, a traversé les siècles et les révolutions du langage. Il subsiste encore parmi nous, comme sous l’égide d’une protection spéciale qu’il doit à son origine, à ce grand souvenir national ; et l’histoire a mission de le conserver.

C’est donc par une sorte d’anachronisme et pour satisfaire aux exigences d’une coutume moderne, que nous désignons aujourd’hui cette femme célèbre à l’aide d’un nom de famille et d’un prénom.

§4
Du nom de famille du Lis et de ses variétés

On a vu que la Pucelle ne porta point le nom de famille de son père. Ses deux frères, Jean et Pierre, qui continuèrent la postérité masculine, ne le portèrent pas non plus. Dès leur apparition sur la scène de l’histoire, on les voit désignés sous celui de du Lis, qu’ils transmirent à leurs héritiers. Mais on ignore les circonstances précises de ce changement et l’on ne connaît positivement aucun acte légal qui l’ait autorisé.

Voici comment s’exprime à cet égard Charles du Lis, dans une requête adressée au roi Louis XIII, rapportée et sanctionnée par lettres-patentes de ce prince, sous la date du 26 octobre 1612.

En recognoissance desquels grands et signalez services rendus à l’Estat et couronne de France, elle fut non seulement anoblie avec ses père, mère, etc., mais par un privilège spécial dudit seigneur roy Charles VII, luy fut permis, ensemble à ses dits frères et à leur postérité, de porter le lis, tant en leurs noms qu’en leurs armoiries, qui leur furent dès lors octroyées et blasonnées d’un escu d’azur à deux fleurs de lis d’or et une espée d’argent à la garde dorée, la pointe en haut, férue en une couronne d’or58.

Cette assertion, répétée depuis, sans contrôle, par beaucoup d’auteurs59, se présente sous une forme amphibologique. Dans un sens, elle permet de supposer que la concession du nouveau nom et des armes fut faite par le texte même des lettres d’anoblissement. De l’autre, elle donne à croire que cette même 28concession fut l’objet d’un second diplôme. Cependant les lettres d’anoblissement, dont plusieurs expéditions authentiques nous ont été conservées, ne contiennent aucune clause semblable, et, en même temps, il résulte d’un autre écrit de Charles du Lis, qu’aucun acte spécial relatif à cette concession n’était venu à sa connaissance60. Pour nous, ce qui vient d’être exposé prouve non pas que cette concession des armes et du nom n’eut pas lieu, mais simplement que le titre de ce double privilège était détruit ou inconnu dès le temps de Charles du Lis. Qu’on nous permette d’entrer encore à cet égard dans quelques développements.

S’il s’était agi de tout autre nom que celui-ci, la remarque d’André de la Roque que nous avons ci-dessus rapportée61, suffirait pour expliquer un semblable changement, surtout chez des personnes qui, comme le firent les deux frères de la Pucelle, suivirent le métier des armes. Mais ce nom du Lis ne fut accepté et revendiqué par les parents anoblis de l’héroïne, que comme une conséquence d’une autre concession : celle d’armoiries, composées des pièces mêmes du blason royal, et qui, évidemment, ne put leur être faite sans le concours direct de l’autorité souveraine. Or, il est constant que les deux frères de la Pucelle, Jean et Pierre, qui accompagnèrent leur sœur à l’armée dès 1429, se revêtirent tout d’abord de ces armoiries et du nom62 qui en exprimait le principal symbole. Cette prétendue usurpation lui fut même reprochée lors du procès, et lui fournit l’occasion de nous apprendre que cette imputation ne lui était point personnellement applicable. Elle répondit que ses frères avaient obtenu du roi cette concession, mais que ce fut sans sa requête et sans l’intervention de ses voix63. Bien plus, en dépit de ses dénégations réitérées, on voit ce même grief se reproduire encore dans la lettre circulaire du 28 juin 1431, lettre qui fut envoyée aux puissances, de la part du roi de France et d’Angleterre, pour justifier le supplice de la Pucelle64.

Selon toute vraisemblance, la concession des armes et du nom dut être l’objet d’un seul et même diplôme. Du moins l’usage suivi sous Charles VII, par la chancellerie de France, était celui-ci : le règlement des blasons obtenus par des anoblis appartenait au premier roi d’armes de France ; ensuite, la description légale et héraldique de ce blason était libellée en brevet par les notaires ou secrétaires du roi65, et accompagnée du patron, ou figure peinte en marge. Enfin, 29ce brevet, formant une sorte de petit diplôme spécial ou d’appendice, était ordinairement infiché sous le même sceau que les lettres patentes portant anoblissement, ou peut-être quelquefois expédié à part ; ce qui l’exposait davantage à s’adhirer isolément.

Le témoignage de la chronique de Gilles le Bouvier, dit Berry, qui désigne la Pucelle sous le nom de Jeanne du Liz66, ajoute un grand poids à notre conjecture, car ce Berry était précisément, en 1429, premier roi d’armes de Charles VII, et ce fut lui-même, par conséquent, qui dut présider au règlement des armes67 concédées à la famille anoblie de la Pucelle.

Nous tenons donc pour un fait acquis la concession régulière, octroyée à Jeanne et à ses frères, du nom et du blason qui viennent d’être indiqués. Seulement, la Pucelle personnellement en déclina l’usage68, tandis que Pierre et Jean s’empressèrent de les porter. Après la mort de l’illustre victime, le nom de famille qu’elle tenait de son père, tomba de nouveau dans l’obscurité. Il fut remplacé par celui de du Lis, dont s’enorgueillissait la famille de l’héroïne, et qui rappelait immédiatement à tous les esprits une distinction insigne. Ce nom de du Lis, prononcé par les Lorrains, ne tarda point à s’altérer au gré des habitudes locales ; et, de même qu’au XVIIe siècle, selon le témoignage de Charles du Lis, une fleur de lis se disait dans ces parages, fleur dalis69, de même nous voyons, dès 1455, le frère de la Pucelle, Jean, le prévôt de Vaucouleurs, appelé par ses compatriotes Jean Dalie70. Plus de cent ans après, Montaigne, passant par les mêmes lieux, entendait prononcer ce nom à peu près de la même manière, et constatait qu’en 1580, la famille s’appelait Dallis ou Day71.

Ce dernier rapprochement nous fournira le moyen d’éclaircir un point de critique resté jusqu’à présent, selon 30nous, sans explication suffisante. En 1550, Robert le Fournier, baron de Tournebut, en Normandie, homme très riche, et receveur des tailles à Caen, se vit inquiété par la recherche des francs-fiefs et nouveaux acquêts, et sommé de payer l’impôt qui se percevait des roturiers, sous cette dénomination. Robert le Fournier tirait sa noblesse, et par conséquent son immunité, de l’alliance contractée par Jacques le Fournier, son père, avec Marie de Villebresme, fille de Catherine du Lis, mariée à François de Villebresme72. Pour justifier de son extraction, Robert dut faire insérer au trésor des Chartes de Paris une copie, qui subsiste encore73, des lettres d’anoblissement accordées à la famille de la Pucelle. Il est probable que le baron de Tournebut ne connaissait même pas le nom patronymique du père de la Pucelle : surpris de le trouver écrit Darc, il y fit évidemment substituer celui de Day74, que porte la copie, attendu que ce nom était en 1550 celui de la famille à laquelle il lui importait de se rattacher.

Ainsi s’expliquent également les formes du Lils ou Dulils, Dalix, Daix et d’Ai ou d’Ay75, qui n’ont rien de commun avec le nom Darc, mais qui sont toutes, au contraire, des variantes vocales de du Lis.

§5
Du nom Darc (ou d’Arc) et de ses variétés

Les autres formes nominales que nous devons actuellement examiner, telles que Darc, Dark, Dare, Dart, Taré, d’Arc, d’Art, et leurs traductions, soit latines, soit étrangères, ne sont évidemment qu’un seul et même nom, écrit ou prononcé de diverses manières. Ces variétés ne présentent elles-mêmes d’intérêt que parce que toutes peuvent se diviser en deux classes, et se grouper respectivement sous l’un de ces deux types : Darc et d’Arc. Différence bien frivole en apparence, puisqu’elle repose sur un petit signe, souvent peu visible à l’œil, dont un lapsus suffit pour expliquer l’absence, et toujours imperceptible à l’oreille. Les conséquences de cette distinction ne manquent cependant pas d’intérêt, lorsqu’il s’agit d’un tel personnage. Nous espérons le prouver par les développements mêmes qui vont suivre.

Nous commencerons par résumer ici comparativement l’historique de ces deux formes Darc et d’Arc, d’après la série chronologique des textes ci-dessus rapportés. Dans une première période qui s’étend jusqu’en 1576, la seconde de ces deux formes est complètement inconnue. Elle nous est fournie à cette date76 par le titre d’un sonnet, qu’un poète anonyme adresse

à la cité d’Orléans, sur les faicts de la Pucelle Jeanne d’Arc et contre les contempteurs d’icelle.

Cette innovation, d’abord 31timide, car on la trouve contredite dans les mêmes ouvrages77 et jusque sur la même page78, ne tarda pas toutefois à se répandre. En 1596 Estienne Pasquier, imprimant pour la première fois ses curieuses Recherches sur la France, adopta cette forme et lui accorda ainsi le patronage de son autorité. Pasquier, avocat-général à la Cour des Comptes, avait pour collègue, pour confrère et pour ami, Charles du Lis, avocat-général à la Cour des Aides, et descendant de la famille illustrée par la Pucelle. Rempli de respect pour cette origine, littérateur instruit, répandu, Charles du Lis consacra un zèle efficace à renouveler, parmi ses contemporains, le souvenir de cette femme illustre.

En 1611, Estienne Pasquier donne au public une seconde édition de ses Recherches revue et augmentée par l’auteur. Le chapitre consacré à la Pucelle offre un exemple notable de ces additions. Pasquier, dans ces nouveaux développements, aborde des détails qui attestent précisément ses relations avec Charles du Lis, et leurs mutuelles communications littéraires. Aussi bien, Charles du Lis venait de publier (en 1610) son opuscule intitulé : De l’extraction, etc.79, où le nom du père de la Pucelle est constamment écrit Darc. Un an plus tard, en 1612, paraissait le Discours sommaire ; là, comme on l’a vu80, du Lis consacre un chapitre spécial à traiter et à résoudre ainsi cette question d’orthographe. Or, dans la nouvelle impression des Recherches de la France, datée de 1611, revue et corrigée par Pasquier, le nom patronymique de la Pucelle n’est plus écrit d’Arc, comme dans celle de 1596, mais Darc, conformément aux préceptes et à l’exemple de Charles du Lis, et cette forme se reproduit invariablement dans toutes les éditions postérieures des Recherches81.

De 1576 à 1610, l’orthographe de ce nom reste variable et incertaine. Belleforest l’écrit Darc, et le père Fronton d’Arc ; Thevet, d’Art et d’Arc ; Nagerel, Taré ; enfin, les éditeurs du greffier du Tillet : ici Darc, et là d’Arc82. Puis il prend une assiette fixe dans les écrits de Charles du Lis et de Hordal, historiographes de leur propre famille, qui lui donnent toujours la forme Darc.

Seulement, à partir de cette époque et abstraction faite de quelques variations insignifiantes, on voit se dessiner comme deux séries d’auteurs : les uns, qui tracent le nom tout d’une pièce ; les autres, qui le coupent à l’aide de l’apostrophe et de la particule. Dans la première de ces deux séries (Darc), nous avons pour autorités André Duchesne, Edmond Richer, La Colombière, G.-A. de la Roque et Legendre83. La 32seconde, de plus en plus nombreuse, compte dans ses rangs : De Serres, Jean Masson, Pierre Aubert, Dupleix, Lemaire, Mézeray, les frères Sainte-Marthe, De Prades, Anselme et Dufourny, De Limiers, le président Hénault, etc., etc. Ce calcul n’embrasse pas les textes latins, ni les auteurs étrangers. Nous omettons également les inconséquents, tels que Jacques Samson, Denis Godefroy, G. Marcel, le père Daniel et Lenglet-Dufresnoy, qui emploient tantôt l’une et tantôt l’autre des deux formes84.

Du XVIIe à la fin du XVIIIe siècle, la forme d’Arc tend progressivement à prévaloir : les ouvrages cités de Dreux-du-Radier et de Lenglet-Dufresnoy (1754-1755) semblent marquer le terme d’une suite de protestations jusques là renouvelées à d’assez courtes distances, pour lutter contre un usage de plus en plus général. Après lui, la forme d’Arc paraît régner pendant environ un siècle, à peu près85 sans partage, jusqu’à ce que de nouvelles recherches soient venues, comme nous l’avons dit, en 1839, interrompre de nouveau cette espèce de prescription.

Il convient maintenant d’aborder directement ce litige, et de passer à l’appréciation critique de l’une et de l’autre opinion.

§6
Raisons alléguées pour justifier la forme d’Arc

Le nom de Jeanne Darc, écrit ainsi, ne laisse à l’intelligence que l’impression d’un nom de famille quelconque, convenant très bien à la condition dans laquelle on sait que naquit l’héroïque bergère. Il n’en est pas de même lorsque le nom s’écrit Jeanne d’Arc. Cette dernière forme suscite inévitablement dans l’esprit certaines idées, certaines notions spéciales, que cette forme seule affirme en quelque sorte, et qui ne doivent pas être affirmées, si ces notions ne sont pas certaines et conformes à la vérité. Le nom de famille d’Arc présente en effet une double signification : la première est celle d’un nom nobiliaire ; la seconde indique une origine géographique. Examinons successivement la question à ce double point de vue.

Signification nobiliaire

Les historiens de la Pucelle qui vinrent après sa génération, n’employèrent presque jamais, pour la désigner, de nom patronymique quelconque86. Ils imitaient, en cela, Jeanne elle-même, et la plupart de leurs devanciers.

Depuis le supplice de la Pucelle, jusqu’au déclin du XVIe siècle environ, il s’écoula d’ailleurs une longue période de temps, pendant laquelle cette mémoire, si pure et si digne d’un éternel honneur, resta comme ensevelie sous le 33double voile de l’indifférence et de la calomnie. Vers 1570, une sorte de réaction commença de s’opérer à ce sujet, parmi nos aïeux ; dans les mobiles régions de l’opinion publique. La ville d’Orléans contribua des premières à cette heureuse modification des esprits87. En 1576, du Haillan souillait encore son titre d’historiographe de France, en répétant, dans ses écrits quasi-officiels88, sur le compte de la chaste jeune fille, des inepties et des grossièretés indignes.

L’opinion, à cette date, 1576, était partagée en deux camps : les uns rabaissaient et les autres exaltaient la Pucelle. Des deux parts se manifestait la passion, la furia francese. Évidemment, l’auteur du sonnet anonyme contre les contempteurs d’icelle était du parti des enthousiastes. Pour lui, Orléanais, la famille de la Pucelle était noble, et l’héroïne devait jouir à ses yeux de tous les signes qui attestent la noblesse. Or, à cette époque aussi, selon la remarque d’un historien étranger89, un préjugé spécialement propre à la France commençait à se répandre : c’est que la particule de, jointe à un nom quel qu’il soit, forme comme l’attribut de la noblesse civile. Joignez à ces considérations que du Haillan écrivait Darc90 le nom patronymique de Jeanne, et l’on verra sans doute, comme nous, dans cette forme d’Arc, employée ainsi pour la première fois par le poète orléanais, une sorte de caprice sans gravité comme sans fondement, et l’insignifiant épisode d’une simple guerre de plumes.

Du reste, l’idée que Jeanne Darc elle-même était noble, noble en dépit de l’histoire, en dépit de l’une des notions essentielles qui se rattachent à sa biographie, cette idée, quelque impossible qu’elle puisse aujourd’hui nous paraître, dut au contraire se produire presque nécessairement à l’époque dont nous parlons, c’est-à-dire du XVIe au XVIIe siècle.

Charles du Lis, dans un ses écrits, affirme que le père de Jeanne était d’une bonne, riche et ancienne famille91. Non content de cette assertion que nous aurons plus loin l’occasion d’éclaircir, il adressa, en 1612, au roi Louis XIII une requête déjà citée, d’où nous extrairons encore ce qui va suivre. Le requérant expose que Jean du Lis92, vers 1492,

se voyant le puisné du puisné des frères de la Pucelle, se seroit contenté de porter le nom Dulis, retenant les Armes du nom et de leur ancienne famille d’Arc, qui sont d’azur à l’arc d’or mis en fasce, chargé de trois flèches entre-croisées, les pointes en haut, férues, deux d’or ferrées et plumetées d’or ; et le chef d’argent, au lion passant de gueules. Et d’autant, poursuit la requête, que les dits noms Dulis et Armes d’Arc, se 34trouvent estre passez de père en fils jusques aux dits exposans93, et qu’iceux sont recognus aujourd’huy seuls représentans… Pierre Dulis leur trisaïeul., désireroient reprendre les Armes Dulis octroyées à la dite Pucelle et ses frères, avec celles Darc (sic) que le dit Jean Dulis… et ses descendans se trouvent avoir retenues et gardées jusques à présent, et qu’il leur fust permis les porter toutes deux ensemble, escartelées en mesme écusson, etc., etc.94

Cette requête, agréée et sanctionnée par l’autorité, donna désormais force légale à un blason d’arc ou à l’arc, qui aurait existé dès le quatorzième siècle dans la famille de la Pucelle. Ce blason à l’arc, vrai ou faux95 quant à son origine réelle, eut toutefois pour conséquence nécessaire de créer aussi de son côté la forme d’Arc, et de lui donner cours, chaque fois que ce nom de famille, redevenu illustre, vint à se produire désormais par écrit96.

Signification géographique

Du moment que le nom de famille de la Pucelle fut écrit d’Arc, cette forme même suggéra naturellement aux lecteurs l’idée d’une signification ou origine purement géographique97. Pour concevoir une telle pensée, il suffisait de savoir que la Pucelle était née d’humbles parents, et peut-être 35même d’autre condition que de condition libre. Cette idée d’ailleurs put d’autant plus généralement se propager, que de nombreuses localités, situées aux quatre points cardinaux de la France, portaient le nom d’Arc, ou ses analogues.

L’auteur d’une pièce de huit vers latins, composés dans la première moitié du XVIIe siècle et adressés ad Janam Arxiam, débute ainsi :

Arzio es orta pago, Francorum Arz, virgo, virago98.

Nous n’avons pas besoin d’ajouter que le pagus d’Arx, inventé tout exprès pour cette façon d’anagramme, appartient à une géographie purement imaginaire. Cet exemple conduit, sans intermédiaire, au suivant, qui nous est de même fourni par un poète.

Dans la Joan of Arc de Robert Southey, Arc et Domremy sont deux localités toutes voisines l’une de l’autre. La première est le hameau natal de l’héroïne : Domremy, à ce qu’il semble, est celui où elle aurait grandi. Le poète anglais représente Jeanne au moment où elle part pour Chinon :

Les blanches chaumières de Domremy étincelaient à la lumière… Mais dans un coin, dans un petit coin du paysage, l’œil de la vierge était fixé sur Arc, qui l’avait vue naître. Le hameau s’étendait devant ses regards, blotti sous la lisière des bois, etc.99.

Saluons encore ici un enfant du Parnasse, et sans lui demander compte de licences qui constituent son droit, passons outre.

Nous arrivons ainsi à M. Lebrun de Charmettes qui, dans son Histoire de Jeanne d’Arc, publiée en 1817, donna enfin à cette opinion un corps, que la critique peut sérieusement saisir.

J’inclinerais à croire, — dit cet auteur, — que Jacques d’Arc tirait son nom de la petite ville d’Arc-en-Barrois, située sur le ruisseau d’Aujon, à cinq lieues au nord-ouest de Langres, ou du village d’Arc-sur-Tille, à trois lieues à l’est de Dijon. Ces lieux ne sont pas assez éloignés de Séfonds, où Jacques d’Arc avait reçu le jour, pour que son père ne pût en être originaire, et c’est assez l’usage des habitants des champs qui viennent s’établir dans des contrées nouvelles, d’adopter le nom du pays qui les a vus naître100.

Cette observation n’a rien assurément que de très plausible en elle-même ; et, si elle venait à se vérifier, elle mériterait d’être accueillie avec un double intérêt ; car, en motivant d’une part l’orthographe généralement suivie depuis deux siècles, elle permettrait encore de rattacher à un point déterminé de notre territoire le berceau d’une famille et l’origine d’un nom, qui doivent occuper une place d’honneur dans nos annales. Mais, pour que cette attribution prenne la consistance d’un fait acquis, deux conditions nous paraissent indispensables. La première, c’est que quelque témoignage direct et positif vienne servir d’appui à cette simple conjecture ; la seconde, 36qu’elle puisse se concilier avec la raison, et avec les notions ou renseignements que nous possédons d’autre part sur la même question.

Arc (arcus) est un substantif commun qui a donné naissance à plusieurs dénominations géographiques placées, non pas précisément dans le Vallage et le Bassigny, où la famille de la Pucelle habita pendant plusieurs siècles, soit avant soit après la naissance de l’héroïne, mais sur la limite extérieure de ces contrées, ou à une certaine distance. Telles sont trois localités appelées Arc, savoir : 1° Arc-en-Barrois, situé à treize lieues de Ceffonds ; 2° Arc en Franche-Comté, près Gray, à vingt-huit lieues de Ceffonds ; 3° Arc-sur-Tille, en Bourgogne, près Dijon, à trente lieues de Ceffonds. Charles du Lis nous apprend (et non comme nous le montrerons nous-même, sans une grande vraisemblance), que Jeanne

étoit originaire de France par ses ancestres, provenus du village de Séfonds, où nasquit Jacques Darc son père, de bonne, riche et ancienne famille du dit lieu, comme il se voit par plusieurs tiltres et contracts du pays, qui se trouvent en la ville de Saint-Dizier101.

Jeanne, qui n’était point l’aînée de ses frères, naquit en 1412. Son père avait donc vu le jour à Ceffonds, vers 1375. On ne peut, en outre, si l’on tient compte du témoignage de Charles du Lis, supposer moins de deux générations antérieures, pour la durée qu’avait eue l’existence des ancêtres de cette ancienne famille. C’est donc seulement du XIIe siècle au commencement du XIVe, que se trouve limité l’intervalle chronologique pendant lequel il est permis de conjecturer que cette famille habita une localité du nom d’Arc, à laquelle elle aurait emprunté son nom. Cette période est en même temps celle où les noms de personnes, fixés comme nous l’avons dit par la langue vulgaire, commencèrent à se transmettre héréditairement.

Il y a lieu de circonscrire aussi l’élément géographique du problème. Arc en Bourgogne et Arc en Franche-Comté doivent être éliminés, au moins subsidiairement ; ces deux localités n’étant point historiquement françaises. Reste donc Arc-en-Barrois, sur lequel nous fixerons d’abord, exclusivement, notre examen.

Si des traces écrites, si des actes relatifs aux ancêtres de la Pucelle, subsistaient en 1628, l’existence historique de la petite ville qui lui aurait donné son nom, n’est pas non plus demeurée tellement obscure, qu’une recherche pareille à celle que nous entreprenons, puisse être considérée d’avance comme vaine et impossible. Arc-en-Barrois (Arcus barrensis) est connu depuis le XIIe siècle et même antérieurement. On pense qu’il dut son surnom (barrensis) au comté de Bar-sur-Seine, dont il aurait fait partie jusqu’au XIVe siècle. À cette époque, 1328, Arc passa, comme le reste de la Champagne, sous le sceptre direct des rois de France. Il y resta jusqu’en 1435, date à laquelle ce comté fut cédé par le traité d’Arras à Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Pendant cette période, les seigneurs d’Arc, 37qui ont eu pour historien et généalogiste un savant illustre, André Duchesne102, appartenaient à la maison de Châteauvilain, issue de celle de Broyes. En 1326, au moment où l’on pourrait supposer que les ancêtres de Jeanne quittèrent Arc pour Ceffonds, Jean II de Châteauvilain affranchit ses hommes d’Arc-en-Barrois. Par l’article 73 et autres de la charte qu’il leur accorda, les habitants acquirent le droit d’élire douze prud’hommes, qui choisissaient à leur tour quatre élus, ou consuls ; le droit de s’armer pour la garde commune, etc., etc. Arc, en 1477, après la mort de Charles le Téméraire, fit retour à la couronne de France, et resta compris jusqu’en 1789 dans le duché de Bourgogne. Au XVIIe siècle, c’était un bourg fortifié, muni de fossés et de tours. Érigé l’an 1650 en marquisat, il fut bientôt uni au duché-pairie de Châteauvilain. Un arrêt du parlement de Dijon, daté de 1726, lui conféra le titre de ville. Acquis vingt-six ans auparavant par le comte de Toulouse, qui le transmit au duc de Penthièvre, ce domaine vint accroître le riche patrimoine de la maison ou branche royale d’Orléans ; il appartient encore à M. le duc d’Aumale. Enfin, Arc est aujourd’hui un chef-lieu de canton, département de la Haute-Marne, et compte, d’après les statistiques officielles, 1.469 habitants.

En 1576, lorsque le poète anonyme d’Orléans introduisit l’innovation que nous avons signalée, Domremy-la-Pucelle s’enorgueillissait d’un surnom, qui n’était pas simplement pour lui un titre d’honneur ; car ce surnom avait servi, tant que ce village était resté dans le domaine de la couronne, en même temps à justifier et à perpétuer son immunité d’impôts103. La ville d’Orléans, de son côté, revendiquait généreusement comme sienne la renommée, alors controversée, de l’héroïne qui avait combattu dans ses murs ; et l’histoire, en nommant cette dernière la Pucelle d’Orléans, en associant ainsi ces deux noms, les unissait pour toujours dans une gloire commune.

Supposons un instant qu’Arc-en-Barrois ait été le berceau de cette famille. Sans doute, en voyant donner son propre nom à Jeanne d’Arc, à cette héroïne dont l’illustration grandissait de siècle en siècle et de jour en jour, sans doute la petite ville dut s’émouvoir. Ses élus, ses seigneurs, la maison de Châteauvilain, durent fouiller leurs chartriers, leurs archives, scruter les traditions, interroger les souvenirs. Déjà les titres conservés à Saint-Dizier permettaient, si l’on en croit Charles du Lis, de reporter au moins jusqu’au XIVe siècle le fil conducteur de ces recherches. La ville d’Arc, ou toute personne quelconque également intéressée, exerça-t-elle une revendication de cette nature ? À une telle demande, les faits suivants, que nous nous bornerons à rappeler, vont répondre.

En 1612 Jean Hordal, qui était de la famille, publie son traité Heroïnæ nobilissimæ… historia. À la qualité que je viens de dire, Hordal joignait celles de docteur de l’Université de Pont-à-Mousson, ville peu éloignée du Barrois, et de 38conseiller d’État du duc de Lorraine. Son précieux et savant ouvrage, la première monographie que l’histoire eût consacrée encore à cette grande figure, réunit tous les renseignements que l’auteur avait pu réunir. Il est le fruit de veilles nombreuses, de recherches infatigables, de correspondances actives et multipliées, entretenues au loin avec les érudits de Paris, d’Orléans, de Hollande. D’Arc-en-Barrois et de cette prétendue patrie de sa famille, il ne dit pas un mot. Bien plus, à l’exclusion formelle d’une semblable origine, il écrit constamment en français et en latin Darc le nom patronymique de la pucelle.

Vers le même temps, en 1610, en 1612 et 1628, Charles du Lis publie ces petits traités, qui, après les documents originaux et contemporains, sont la source la plus riche où nous puissions nous instruire de tout ce qui concerne la personne et l’histoire généalogique de la Pucelle. Il écrit Darc comme Hordal, le nom au vrai de son aïeule.

En 1617, André Duchesne, l’historien et le généalogiste des seigneurs d’Arc-en-Barrois, s’exprime ainsi :

Il est certain que cette fille, vulgairement dite la Pucelle d’Orléans, s’appelait Jeanne Darc en son vrai nom.

En 1781, Courtepée publie sa Description du duché de Bourgogne. Arc-en-Barrois lui fournit en près de dix pages104 le sujet d’une notice substantielle, à laquelle nous avons presque exclusivement emprunté l’historique succinct de cette ville. Il nous parle des anciens baillis, des anciens curés d’Arc.

Arc, — dit-il105, — se glorifie d’avoir donné naissance à Pierre du Chastel ou Castellan, bibliothécaire du roi François Ier, etc., etc.106.

Mais on y chercherait vainement le nom de la Pucelle et la moindre mention de ses ancêtres.

Ces observations s’appliquent également à toutes les localités du nom d’Arc ; car ce silence est universel. Il nous reste toutefois une dernière citation à faire sur ce sujet. Nous l’empruntons textuellement au Dictionnaire géographique de l’abbé Expilly :

Arques, ou Arc, ou la Pucelle, hameau dans le duché de Lorraine, diocèse de Toul, conseil souverain et intendance de Lorraine, bailliage de Neufchâteau. Ce hameau est situé à une petite distance de la rive droite de la Verre, à une demi-lieue de Domremy-la-Pucelle, à trois lieues S.-S.-E. de Vaucouleurs, et quatre lieues et trois quarts S.-S.-O. de Toul. On croit communément que la fameuse Jeanne d’Arc, appelée la Pucelle d’Orléans, étoit originaire de ce hameau. Mais des auteurs qui nous paroissent avoir fait des recherches plus exactes, assurent que cette héroïne étoit née à Domremy-en-Champagne, et non ailleurs. Nous croirions d’autant plus volontiers que cela est ainsi, que le hameau d’Arc, selon la position qu’on lui assigne et qui est telle que nous venons de la donner, ne nous paroît être autre chose qu’un lieu imaginaire et non réel107.

En effet, à la position indiquée, il n’existe et n’a jamais existé de village d’Arc, 39comme l’on peut s’en assurer par des moyens de vérification, qui sont à la portée de tout le monde.

Ainsi pour nous résumer sur ce chapitre, la forme d’Arc remonte à l’an 1576. Dans le principe, elle se présente avec le sens d’une attribution nobiliaire plus ou moins confuse et parfaitement erronée, mais non d’une attribution géographique. Cette dernière idée ne se produisit qu’ultérieurement. Bien loin d’être le motif, cette idée fut le résultat de cette forme même. C’est seulement en 1817 que ce préjugé revêt une expression sérieuse et saisissable. Examen fait, cette attribution ne peut supporter l’épreuve de la critique et ne laisse à l’analyse que fiction, roman, ou la plus vague des conjectures.

§7
Raisons qui justifient la forme Darc

La première de toutes est l’existence même, l’existence ancienne, primordiale, de ce nom.

On a vu précédemment que les lettres de noblesse et les deux procès présentent le mot Darc comme étant le nom de la famille108. Ici toutefois se rencontre une difficulté que nous allons tenter d’éclaircir. Au XVe siècle, presque toujours dans les textes français manuscrits, l’élision s’opère par la soudure pure et simple des deux mots réunis. Un trait d’arc, s’écrivait alors ung tret darc109.

L’usage de l’apostrophe, dans les textes, tant manuscrits qu’imprimés, ne se répandit guère qu’au commencement du XVIe siècle. Quelquefois cependant l’élision ne s’exprimait aucunement. Mais ce mode était, dès lors, comme aujourd’hui110, beaucoup moins fréquent que l’autre. Le premier, par soudure, s’appliquait indistinctement à tous les mots de la langue, notamment aux noms de personnes et de lieux, et les scribes n’affectaient point de grandes lettres, comme on le fait de nos jours, aux initiales des noms propres ou géographiques. C’est ce que démontreront plus clairement quelques nouveaux exemples, tirés de l’un des exemplaires authentiques du procès de condamnation :

…in balliviatu de Chaumont en Bassigny et prepositura de Monteclere et dandelo111 ;… larbre charmine faée de Bourlemont112… de hiis qui errant ; gallice : 40qui vont en lerrs113… : conte darmignac114… roy dangleterre115, etc., etc.

Cette classe de documents, si elle était seule, ne pourrait donc nous fournir, sur le point qui nous intéresse, aucune lumière nette et décisive. Mais les textes latins peuvent nous prêter un utile secours. On voit, par une étude attentive des documents, que les clercs de cette époque, lorsqu’ils écrivaient en latin, traduisaient volontiers de la langue vulgaire en langue savante les noms propres et les noms géographiques, quelle que fût la condition des personnes désignées. Ils ne manquaient, pour ainsi dire, jamais à cette pratique, lorsque ces noms ou ces lieux leur étaient in promptu, sous la main et très familiers. S’agissait-il, au contraire, de noms de lieux éloignés, même portés par des personnes très célèbres, comme les ducs d’Alençon, de Clermont, d’Armagnac, ils transcrivaient ces mots tels que l’oreille les leur fournissait dans la langue vulgaire116.

Si donc Jacques Darc avait été connu de notoriété publique, lui et les siens, pour être d’un village voisin portant le nom d’Arc, il est pour ainsi dire hors de doute qu’on l’eût appelé, dans un texte rédigé en latin à Domremy, Jacobus de Arcu ou de Arco. Or les textes latins, aussi bien que les textes français, contemporains et les plus authentiques, n’emploient jamais cette forme de Arcu ; ils emploient toujours, au contraire, et partout, à Domremy, à Rouen, à Paris, à Orléans, la seule forme Darc.

Poursuivons toutefois. Robert Gaguin, né vers 1440, est presque un contemporain de la Pucelle. Il relie en tous cas la chaîne des temps entre la génération de l’héroïne et les générations subséquentes. Ce savant homme nous a laissé une chronique écrite par lui en latin et traduite presque immédiatement par d’autres en français. Le texte français porte Darc et le texte latin à l’ablatif Jacobo Darco117. Cette tradition constante se conserve unanimement dans les textes 41latins118, jusqu’à la Jana Arxia du poète, reproduit par Lemaire en 1645119. Nous tenons donc pour un point démontré que la forme primitive et incontestée, au moins jusqu’en 1576, a été constamment et exclusivement : Darc.

Mais il ne suffit pas, pour satisfaire l’esprit, de justifier en quelque sorte un fait par le fait même. Si la forme d’Arc s’est propagée dans l’usage et y a prévalu rapidement, c’est qu’elle semblait présenter à l’intelligence un sens et une étymologie aussi simples que naturels. La forme Darc ne possède pas, du moins immédiatement, cet avantage. On sait combien les étymologies onomastiques sont parfois difficiles et obscures. Pour transformer un ou plusieurs mots de la langue usuelle en noms propres, il a souvent, à l’origine, suffi de motifs ou de circonstances morales, dont la trace ne saurait être aujourd’hui retrouvée. D’autres noms ont subi des contractions, des syncopes, des altérations, si nombreuses et si graves, que leur physionomie primitive, défigurée et comme effacée, est devenue méconnaissable. Ces réserves posées, examinons le nom de famille Darc au point de vue purement philologique.

J’observe d’abord que la langue française abonde en substantifs, les uns communs, les autres propres, d’autres communs et propres tout ensemble, qui proviennent de diverses sources ou idiomes, et qui offrent avec le mot Darc une grande ressemblance. Tels sont Bart, Dard, Fort, Lard, Marc, Parc, Port, Ture, etc. ; tous monosyllabes composés d’une voyelle ou diphtongue, précédée d’une consonne initiale et terminée par deux consonnes du même ordre que dans le mot Darc. Si je cherche maintenant l’étymologie de ce nom, il en est une aussi simple et aussi naturelle que pour la forme d’Arc, car elle est littéralement la même. Elle consisterait dans la préposition de et dans le substantif commun arc ; substantif dont les acceptions latines et françaises sont diverses et qui, ayant donné naissance à plusieurs noms de lieux, a pu servir aussi directement à former des noms de personnes. Nous avons vu ci-dessus120 que, suivant Charles du Lis, la famille Darc avait pour symbole onomastique, dès le XIVe siècle, un arc et des flèches. Cette tradition, conservée ou renouvelée au XVIIe siècle, servit de thème à diverses compositions poétiques, qu’on peut lire dans le Recueil de 1628121. En faveur de cette étymologie, nous alléguerons un argument plus solide : c’est que les noms propres Darche, et Darcel entre autres, qui subsistent de nos jours, offrent avec le nom Darc, sous le rapport qui nous occupe, une frappante analogie122.

Mais le but que je me propose, la tâche que je me suis donnée 42ne consistent pas à prouver une étymologie ; ils vont simplement à établir, s’il se peut, l’orthographe ou la forme la plus rationnelle d’un nom historique. Je me hâte donc de quitter un terrain qui n’est pas le mien, et je retourne à mon domaine propre. Pour démontrer que Darc est un nom d’homme français, qu’il remonte au moins au XIVe siècle, et qu’il s’est perpétué intact, sous cette forme, jusqu’à nos jours, nous avons mieux que des inductions et des conjectures.

§8
Documents authentiques qui constatent l’existence du nom propre Darc, depuis le XIVe siècle jusqu’à nos jours

Il est bien certain, — dit Charles du Lis, — que le père de Jeanne s’appelait Jacques Darc, comme il se voit par plusieurs tiltres de ses ancestres et de ses frères, oncles de la dite Pucelle, et… par les armoiries mesmes des parents et autres descendans du dit Jacques Darc, qui portoient un arc bandé de trois flèches, etc.123.

Dans un autre passage que nous avons plusieurs fois déjà cité, il fait allusion à des titres concernant cette famille, qui se conservaient de son temps à Saint-Dizier. Le même auteur nous apprend encore que

Jacques eut deux frères ; l’un se nommoit Nicolas Darc l’aisné, la vefve du quel, nommée Jeanne, fut la marraine124 de la Pucelle et luy donna sur les fonts ce nom heureux de Jeanne 43de perpétuelle mémoire… L’autre frère fut Jean Darc, son oncle, qu’elle pria de la conduire pour la première fois à Vaucouleurs125, comme il se void par son histoire et par les procédures de son procès126.

Des recherches que nous avons assez récemment provoquées, relatives aux titres qui existaient à Saint-Dizier, selon Charles du Lis, n’ont point encore abouti. Mais j’ai obtenu des résultats plus heureux dans d’autres collections d’archives, et spécialement dans celles de l’Aube, qui contiennent beaucoup de titres relatifs au Vallage127 et au Bassigny. Un premier document, tiré de ce dépôt, nous prouve qu’en 1375, J[ean] ou J[acques] ? Darc, drapier de Troyes, était mort, léguant une somme de vingt sous à l’œuvre ou construction de la cathédrale. Nous rencontrons ailleurs Jean Darc, autre homonyme, nommé arpenteur du roi pour ses bois et forêts, en 1436, au moment même où Charles VII venait de reprendre Paris sur les Anglais. Entre J. Darc, drapier à Troyes, qui termina sa carrière vers 1375, et la bonne, riche et ancienne famille de Séfonds, d’origine françoise, existe-t-il quelque rapport de parenté ? C’est ce qu’il ne nous paraît pas prudent de décider. Mais ce rapprochement nous semble tout à fait digne de remarque. La présomption de parenté et même d’identité se reproduit à l’esprit, sous un aspect beaucoup moins conjectural, entre Jean Darc, frère de Jacques Darc, signalé par Charles du Lis, et Jean Darc, nommé arpenteur du roi par Charles VII, dès sa rentrée dans sa capitale128.

44Nous devons rappeler ici que les lettres de 1429 attribuèrent la noblesse à tous les parents de la Pucelle ; mais qu’il n’en fut pas de même pour la concession du nom et des armes du lis. Cette dernière faveur ne concerna d’abord que la Pucelle ? puis ses frères ? mais à coup sur, sans y comprendre ses ascendants ou autres membres de sa famille ; en sorte que le nom Darc a pu se perpétuer par la postérité de ces derniers. Il y a lieu de remarquer aussi que d’après le témoignage de la Pucelle, ses deux frères seuls, Jean et Pierre, profitèrent de l’anoblissement qu’elle-même avait décliné129.

En 1488, Étienne Darc, laboureur à Ville-sur-la-Ferté (Aube), domaine de Clairvaux, prend un bail à deux vies de cette abbaye. Un autre Jean Darc, en 1547, habitait aussi un domaine de Clairvaux, et plaidait contre le monastère. En 1578, Jean Darc, dit Mauvais, taillable de la collégiale de Saint-Maclou, prévôté de Bar-sur-Aube, prend part à une assemblée des habitants, relative à la perception de cet impôt. Ces trois derniers personnages forment une seconde série. Quant à la question de savoir s’ils étaient parents de la Pucelle, nous nous tiendrons nécessairement ici dans le doute et la réserve la plus absolue, attendu l’insuffisance, encore plus grande que précédemment, des notions qui pourraient nous renseigner à cet égard.

Une troisième série de documents, qui s’étend de 1514 à 1713, concerne une seule et même famille, très connue dans l’histoire du pays de Troyes. Le nom de cette famille se rencontre successivement et même simultanément dans les textes, 45sous la forme Darre, Darc, et plus souvent Dare. Depuis la fin du XVIe siècle surtout, on suit aisément la filiation et les développements de cette maison, qui a fourni directement à la contrée divers fonctionnaires de l’ordre civil, et qui s’allia depuis cette époque à la classe de personnes que l’on désignait sous le titre de noblesse de robe130. En 1679, noble homme Claude Dare était maire de Troyes. À cette date, un plan de la capitale de la Champagne fut publié par Jouvin de Rochefort, et dédié au maire, dont les armes se voient gravées sur ladite carte. Elles sont d’or, chargées de trois anilles de gueules, posées 2 et 1, avec un franc-quartier d’or au lion de gueules, sur une terrasse ou champagne d’azur. Ce blason, comme on voit, diffère essentiellement et des armes à l’arc et des armes du lis. Il est donc difficile de supposer qu’il y ait, entre les Dare de Troyes et les Darc de Ceffonds ou de Domremy, quelque rapport de consanguinité. Mais celui des noms est frappant, et va même dans plusieurs exemples jusqu’à une complète identité.

Enfin, un dernier texte authentique, et daté de 1853, montrera que le nom Dare subsiste encore ailleurs, de nos jours.

Voici maintenant le texte formel des documents que nous avons annoncés, avec l’indication précise des dépôts publics auxquels ils appartiennent, ou des sources auxquelles on peut recourir pour les consulter.

I.

1375. — Comptes de l’œuvre de l’église de Troyes… de l’an M.CCC.LXXV à l’an M.CCC.LXXVI.

Recepte des lais faiz en argent à la dicte œuvre :

Dou lais de feu J. Darc drappier de Troies… XX sous.

(Registre original en parchemin, provenant de la cathédrale, f° 5, recto ; possédé et communiqué en 1839, par M. Gadan.)

1436. — Acte de prestation de serment de Jean Darc, arpenteur du roy pour les bois et forêts au département de France131.

(Table alphabétique des mémoriaux de la chambre des comptes ; section domaniale, au dépôt général des Archives de l’Empire, palais Soubise, à Paris ; Mémorial I, Bourges, page 3.)

II.

1488. (N. S.)

Le 25 février 1487, par acte passé devant les clercs notaires jurés à Bar-sur-Aube, Estienne Darc, laboureur, demeurant à Ville, et Ozanne sa femme, ont pris à bail pour deux vies des religieux de Clairvaux un gagnage 46situé à Ville, à la charge, entre autres clauses, d’y édifier une maison et de recueillir monseigneur l’abbé et ses officiers, quand ils les visiteront.

(Archives au département de l’Aube, liasse 262, carton 187.)

1547.

C’est la demande articulée que mectent et baillent en escript pardevant vous, messeigneurs tenans les requestes du pallais, les religieux, abbé et convent de Clairvaux, demandeurs en matière de prinse d’une part, et Jehan Darc, Jehan Brézot, Bernard Jolly, François Cousin et Clément Saurinet, défendeurs en ladite matière, d’autre part, et ce en suivant vostre sentence donnée le 19e jour de mars 1546, etc.

(Mêmes archives, liasse 192, carton 145.)

1572. — Procès-verbal de l’assemblée des habitans de Sylvarouvre au sujet des tailles dues à l’église collégiale de Saint-Maclou de Bar-sur-Aube.

A tous ceulx qui ces présentes lettres verront et orront, André Cornille… garde du scel de la prévosté de la Ferté sur Aulbe, etc., salut.. Pardevant N. Ν. notaires… furent présents N. N… Jehan Darc dit Mauvais, etc., etc., tous habitants de Sylvarouvre… Faict et payé au dit Sylvarouvre, le septième jour du mois d’oust l’an 1572.

(Archives de l’Aube, liasse 122, carton 99.)

III.

1514. — Compte de Guiot Darc ou Dare, marguillier de l’église Saint-Jean-au-Marché, de Troyes.

(Archives de l’Aube liasse, 76, carton 58.)

1579. — Pierre Dare, marguillier de l’église paroissiale de Saint-Nicolas de Troyes.

(Mêmes archives, liasse 80, carton 62.)

1593. — Sœur Catherine Dare, religieuse du prieuré de Foicy.

(Mêmes archives, registre n° 1710, à la date :)

XVIe et XVIIe siècles. — Extrait de la généalogie des descendants de Nicolas Perricard et de Gillette de Pleures, sa femme, demeurant à Troyes.

Marie Dare, femme de Nicolas Drouot. N. Dare, femme de Le Virtois, conseiller au présidial de Troyes. Elle était fille de Marguerite Doé, femme de Claude Dare. Deux autres filles épousèrent : la première le seigneur de Foicy, et la seconde Jean Grassin, conseiller au présidial de Troyes.

(Même dépôt, rôles nos 3 et 7.)

Vers 1626. — Laurent Bertrand, échevin de Troyes en 1625, a épousé en premières noces Claudée Dare.

(Manuscrits de la Bibliothèque impériale de Paris ; fonds Lévesque de la Ravallière, classé par moi en 1842 : Généalogie des Lévesque ; carton ou volume IIe.)

1678. — Testament olographe de Jeanne Dare, veuve de Savinien de Beaune, écuyer, seigneur de Foissy et fille de Claude Dare, maire de Troyes.

(Archives de l’Aube, liasse 449, carton 301.)

471698. — Constitution de dot et de rentes par Claude Dare, maire de Troyes, sieur de la Mothe, assisté de ses frères, et de ses fils Pierre et Nicolas Dare, en faveur de Jeanne et Gabrielle Dare filles et sœurs des constituants, religieuses à Notre-Dame-des-Prés.

(Archives de l’Aube132, liasse 430, carton 292.)

1713. — Contrat passé entre l’abbesse de Notre-Dame-aux-Nonnains de Troyes d’une part et Pierre Dare, Sr de Galilée et de Vaudes, soussignés, le dix-huit janvier. Signé P. Dare de Vausde ; et d’Arrest abbesse.

La même pièce le nomme Dare en post-scriptum, et Darc au dos et au titre de l’acte.

(Archives de l’Aube, liasse 401, carton 268.)

IV.

1853.

Le sieur N. né à Ornans (Doubs), le 8 août 1811, est dans l’intention de se pourvoir par devant M. le garde des sceaux, à l’effet d’obtenir l’autorisation d’ajouter à son nom celui de Darc… )

(Le Moniteur Universel, Journal officiel de l’Empire français, 12 juin 1853, page 648.)

Note complémentaire

Dans notre Aperçu généalogique (nos 1, 3, ci-dessus (§8), page 42, note 2 et page 43), j’ai indiqué Jean Darc, arpenteur du roi, comme identique au frère puîné de Nicolas Darc, mentionné par Charles du Lis ; et Jeanne, veuve Nicolas Darc, comme remariée à Durand Laxart. Voici quelques nouvelles observations à l’appui de mon sentiment.

D’abord, en ce qui touche Jean Darc, son existence est attestée d’un côté par Charles du Lis, alors chef du nom et des armes de la dernière branche masculine de la famille, et détenteur des titres de sa lignée. Elle coïncide, d’autre part, avec la mention authentique de Jean Darc, arpenteur du roi. Ces deux indications peuvent aussi se combiner avec un troisième témoignage. Nous savons qu’en 1428 la Pucelle avait plusieurs oncles (unus ex avunculis suis). Le premier était Jean de Vouton (Aperçu généalogique, n° 32). Quel était le second ? Ce ne pouvait être Nicolas Darc (n° 1), puisque ce dernier était mort avant que la Pucelle vînt au monde. Ce ne pouvait être Jean de Voyseul, marié seulement plus tard, après l’anoblissement, à Aveline Romée (n° 33). Donc, ce second oncle devait être Jean Darc, et ces divers témoignages se prêtent un mutuel appui.

Pour ce qui concerne Jeanne, remariée à Laxart, ce même texte unus ex avunculis, dont la valeur n’est point épuisée, va nous fournir un nouveau profit. Car cette expression convient aussi bien à trois oncles qu’à deux. Examinons en outre les circonstances auxquelles se rapporte cette déposition. En 1428, la Pucelle, possédée par le grand dessein qui depuis longtemps assiégeait sa pensée, cherche à tromper la sollicitude vigilante et inquiète de son père. La femme de Durand Laxart allait être mère. Jeanne Darc saisit ce prétexte, se fait demander par Laxart pour soigner 48la future accouchée, et obtient de Jacques Darc la permission de s’éloigner. Si la femme de Durand Laxart n’avait été que la tante de la Pucelle, le prétexte eût été moins plausible, et la défiance du père, sa sévérité, déjà éveillées par diverses atteintes, eussent été moins faciles à désarmer. Mais si cette tante, au lieu d’être maternelle, comme l’a supposé M. Lebrun de Charmettes, était la veuve du frère de ce même père, la veuve de Nicolas Darc ; si, de plus, elle était la propre marraine de la Pucelle, alors la requête de la jeune fille avait bien plus de chances d’ébranler la tendresse du père, en se fondant sur ces titres d’affection multipliés. Jeanne, femme Laxart, n’existait plus en 1456 ; car elle ne figure pas dans l’enquête de Domremy, et c’est son mari qui dépose des faits qui la concernent.

Lettres d’anoblissement
accordées par Charles VII en décembre 1429 à la famille d’Arc

Texte restitué d’après la pièce K 63, n° 9133.

Karolus Dei gratia Frencorum rex, ad perpetuam rei memoriam. Magnificaturi divinæ134 celsitudinis uberrimas, nitidissimasque celebri ministerio Puellæ, Johannæ Darc de Dompremeyo, charæ et dilectæ nostræ, de ballivia Calvi-Montis seu ejus ressortis, nobis elargitas, et ipsa divina cooperante clementia, amplificari speratas, decens arbitramur et opportunum ipsam Puellam et suam nedum ejus ob officii merita, verum et divinæ laudis præconia, totam parentelam, dignis honorum nostræ regiæ majestatis insigniis attollendam et sublimandam, ut divina claritudine sic illustrata, nostræ regiæ liberalitatis aliquod munus egregium generi suo relinquat, quo divina gloria et tantarum gratiarum fama perpetuis temporibus accrescat et perseveret. Notum igitur facimus universis præsentibus et futuris, quod nos, præmissis attentis, considerantes insuper laudabilia, grataque et commodiora servitia nobis et regno nostro jam per dictam Joannam Puellam multimode impensa et quæ in futurum impendi speramus, certisque aliis causis ad hoc animum nostrum inducentibus, præfatam Puellam, Jacobum Dare dicti loci de Dompremeyo, patrem ; Isabellam ejus uxorem, matrem ; Jacqueminum et Johannem Darc et Petrum Prerelo fratres ipsius Puellæ et totam suam parentelam et lignagium, et in favorem et pro contemplatione ejusdem, etiam et eorum posteritatem masculinam et fæmininam, in legitimo matrimonio natam et nascituram, nobilitavimus et per præsentes, de gratia speciali et ex nostra certa scientia ac plenitudine potestatis, nobilitamus et nobiles facimus ; concedentes expresse ut dicta 49Puella, dicti Jacobus, Jacqueminus, Johannes et Petrus et ipsius Puellæ tota posteritas et lignagium, ac ipsorum posteritas nata et nascitura, in suis aetibus in judicio et extra, ab omnibus pro nobilibus habeantur et reputentur, et ut privilegiis, libertatibus, prærogativis, aliisque juribus, quibus alii nobiles dicti nostri regni ex nobili genere procreati, uti consueverunt et utuntur, gaudeant pacifice et fruantur. Eosdem que et dictam eorum posteritatem, aliorum nobilium dicti nostri regni ex nobili stirpe procreatorum consorcio aggregamus ; non obstante quod ipsi ut dictum est, ex nobili genere ortum non sumpserint et forsan alterius quam liberæ conditionis existant : volentes etiam ut iidem prænominati, dictaque parentela et lignagium sæpefatæ Puellæ et eorum posteritas maculina et fæminina, dum et quotiens eisdem placuerit, a quocumque milite, militiæ cingulum valeant adipisci, seu decorari. Insuper concedentes eisdem et eorum posteritati, tam masculinæ quam fæmininæ, in legitimo matrimonio procreatæ et procreandæ, ut ipsi feoda et retrofeoda et res nobiles a nobilibus et aliis quibuscumque personis acquirant, et, tam acquisitas quam acquirendas, retinere, tenere et possidere perpetuo valeant atque possint, absque eo quod illas vel illa, nunc vel futuro tempore, extra manum suam innobilitatis occasione ponere cogantur, nec aliquam financiam nobis vel successoribus nostris, propter hanc nobilitationem, solvere quovis modo teneantur aut compellantur : quam quidem financiam, prædecessorum intuitu et consideratione, eisdem supranominatis, et dictæ parentelæ et lignagio prædictæ Puellæ, ex nostra ampliori gratia donavimus et quictavimus, donamusque et quictamus per præsentes, ordinationibus, statutis, edictis, usu, revocationibus, consuetudine, inhibitionibus et mandatis factis vel faciendis, ad hoc contrariis, non obstantibus quibuscumque. Quocirca dilectis et fidelibus nostris gentibus compotorum nostrorum, ac thesaurariis necnon generalibus et commissariis super facto financiarum nostrarum ordinatis seu deputandis et ballivo dictæ balliviæ Calvi-Montis, cæterisque justiciariis nostris, vel eorum locatenentibus præsentibus et futuris, et cuilibet ipsorum, prout ad eum pertinuerit, damus harum serie in mandatis quatenus dictam Johannam Puellam et dictos Jacobum, Isabellam, Jacqueminum, Johannem et Petrum, ipsiusque Puellæ totam parentelam et lignagium, eorumque posteritatem prædictam, in legitimo matrimonio, ut dictum est, natam et nascituram, nostris præsentibus gratia, nobilitatione et concessione uti et gaudere pacifice, nunc et imposterum, faciant et permittant, et contra tenorem præsentium eosdem nullatenus impediant, seu molestent, aut a quocumque molestari seu impediri patiantur. Quod ut perpetuæ stabilitatis robur obtineat, nostrum præsentibus apponi fecimus sigillum, in absencia magni ordinatum ; nostro in aliis et alieno in omnibus jure semper salvo. Datum Magduni super Ebram, mense decembri, anno Domini millesimo quadringentesimo vigesimo nono, regni vero nostri octavo.

Et sur le reply est écrit : Per regem, episcopo Sagiensi, dominis de la Tremoille et de Trevis et aliis præsentibus. Signées Mallière et scellées sur lacs de 50soye rouge et verte du grand sceau de cire verte. Et sur le dit reply est encore écrit : Expedita in camera compotorum regis decima sexta mensis januarii, anno Domini millesimo quadringentesimo vicesimo nono, et ibidem registrata libro cartarum hujus temporis folio CXXI ; signé A. Greelle.

Collationné par nous conseiller maître à ce commis, J. S. Fremin.

Notes

  1. [1]

    Par exemple, l’enquête de Poitiers en 1429 (Voy. aussi Procès, tome V, page 262 et ailleurs.)

  2. [2]

    Je me propose de consacrer à ce monument un mémoire archéologique.

  3. [3]

    1839, in-8, t. IX, page 155 et suivantes.

  4. [4]

    Histoire de France, t. V, 1841, p. 50, note 1.

  5. [5]

    Histoire de France, t. VII, 1844, p. 65, note 4.

  6. [6]

    Examen critique de l’Histoire de Jeanne Darc, etc. Nancy, 1850 in-8, p. 26.

  7. [7]

    Jacques Cœur et Charles VII, Paris, 1852, in-8, t. I, p. V, note 1.

  8. [8]

    Jeanne Darc est-elle Lorraine ? Nancy, 1852, in-8.

  9. [9]

    Henry Hallam, Supplemental notes to the view of the state of Europe during the middle ages ; London, 1848, p. 58, note 39.

  10. [10]

    De l’extraction et parenté de la Pucelle d’Orléans, Paris, 1610, 4 pages in-4 ; Discours sommaire tant du nom et des armes que de la naissance et parenté de la Pucelle d’Orléans et de ses frères, etc. ; 1612, 70 pages in-12 (p. 9) ; Traité sommaire tant du nom, etc., revu en 1628 ; (à la suite du Recueil de plusieurs inscriptions, etc., 1628), 52 pages in-4 (p. 7).

  11. [11]

    Séfonds ou Septfons, aujourd’hui Ceffons, département de la Haute-Marne, à dix-sept lieues de Domremy.

  12. [12]

    Aujourd’hui les Voutons, département des Vosges, canton de Coussey.

  13. [13]

    Mézeray, Histoire de France ; Paris, 1646, in-fol., t. II, p. 11.

  14. [14]

    On trouvera l’analyse d’une controverse élevée sur ce point, dans l’Athenæum français, du 10 juin 1854, page 528.

  15. [15]

    Voy. Lepage et Charton, Statistique des Vosges ; Nancy, 1845, in-8, t. I, p. 26 et suiv., et t. II aux mots Domremy et Greux.

  16. [16]

    Archives de l’Empire, pièce K 63, n. 9 :

    Non obstante quod ipsi… ex nobili genere ortum non sumpserint et forsan alterius quam liberæ conditionis existant.

    Le droit distinguait alors trois classes de personnes :

    1. les nobles ;
    2. les francs ou libres,
    3. les non-libres, anciens serfs.

    En général, l’anoblissement ne s’accordait qu’à des personnes de franche condition. (Voyez Recueil des protocoles d’un notaire et secrétaire du roi, dressé au commencement du règne de Charles VII, ms. 9676, 2, 2, Bibl. impériale, Colbert, 3238 ; fol. 164 verso.)

  17. [17]

    Voy. Quicherat, Procès, t. II, p. 385 et suiv. (Art. 11.)

  18. [18]

    Non multum divites. (Ibidem, passim.)

  19. [19]

    Histoire de la Pucelle d’Orléans, par Edmond Richer, ms. de la Bibl. imp. S. F., 4907.

  20. [20]

    Étienne Pasquier, Recherches de la France, livre VI (1723), chap 5 ; Gilles-André de La Roque, Traité de la Noblesse ; Rouen, 1734, in-4, p. 145 et suiv.

  21. [21]

    Il existe, toutefois, à la Bibliothèque impériale un exemplaire (L. 592, in-4), du Traité sommaire du nom et des armes, etc.,

    donné par l’auteur Charles du Lis, à Pierre d’Hozier, le 24 juin 1629.

  22. [22]

    Les sources où l’on a puisé sont :

    1. Cabinet des titres, Bib. imp. : dossiers d’Arc, du Lis, de Villebresme, etc. ;
    2. Généalogie de Jeanne d’Arc, etc., ms. de la bibliothèque de Carpentras, Peiresc X, fol. 370 et 371 ;
    3. Généalogie des Hennequin, ms. des XVIIe-XVIIIe siècles, possédé et communiqué en 1839, à Troyes, par M. Corrard de Bréban, aujourd’hui président du tribunal de cette ville ;
    4. Archives du collège de Boissy, à la direction générale des archives de l’Empire, carton M 92 ;
    5. M. de Goussaincourt, Martyrologe des chevaliers de Jérusalem, 1643, in-fol, t. I, f. 392 ;
    6. Traité sommaire de Charles du Lis ;
    7. Godefroy, Recueil de Charles VII, p. 895 et suiv. ;
    8. G.-A. de la Roque, loc. cit. ;
    9. Le Pelletier, Nobiliaire ou Armorial général de la Lorraine et du Barrois, Nancy, 1758, in-fol. ;
    10. Durival, Description de la Lorraine et du Barrois, Nancy, 1778-1783, 4 vol. in-4 ;
    11. de Haldat, Examen critique, etc.

    Les traits horizontaux désigneront les frères et sœurs ; les traits descendants, la descendance. L’ordre de primogéniture suit de gauche à droite : un nombre précédé d’une ✝ indique la date du décès.

  23. [23]

    Étienne Hordal eut pour fils Jean, qui fut aïeul de

    messire Estienne Hordal, vivant encore aujourd’hui (1612), grand-doyen en l’église de Toul aagé de plus de quatre-vingts ans, personnage de grande recommandation au pays, qui se souvient d’avoir veu en ses premiers ans ladite Haloüys son aïeule, vivant aagée d’environ quatre-vingts ans, et lequel garde soigneusement un cachet d’or, auquel sont gravées les armes de la Pucelle, que feu messire Claude Hordal, aussi grand-doyen, son oncle, luy a donné, qu’il disoit avoir été gravées du temps de ladite Pucelle et de ses frères. (Traité sommaire, etc., pag. 40-41.)

    Du même Jean descendait également Jean Hordal, docteur en l’université de Pont-à-Mousson, conseiller d’État du duc de Lorraine et auteur du traité intitulé : Heroinæ nobilissimæ Joannæ Darc, etc., 1610, in-4.

  24. [24]

    Code Napoléon, liv. I, tit, II, chap. 1 et 2 ; promulgué en 1803.

  25. [25]

    Traité de l’origine des noms, éd. de Rouen, 1734, in-4, p. 48.

  26. [26]

    G. Bessin, Concilia Rothomagensis provinciæ, 1717, in-fol., 2e partie, p. 430. On connaît ailleurs des registres de baptême qui remontent au moins à 1519. (Voy. le Dictionnaire de diplomatique Chrétienne dans la collection de M. l’abbé Migne, grand in-8, 1846, au mot Registre.)

  27. [27]

    Articles 50, 51, 52 et 53.

  28. [28]

    Il existe à Paris une statuette en bronze, du XVe siècle, représentant Jeanne Darc. Ce monument, qui paraît avoir été exécuté vers 1490, porte sur le socle : La Pucelle Dorliens. (Voyez l’Illustration du 15 juillet 1854, page 48). Ce mode de dénomination fut naturellement celui de la tradition orale. Sans doute, le nom de la ville délivrée s’unit, dès l’époque du triomphe, au nom de sa libératrice, et l’on dut, à partir de 1429, employer naturellement cette expression. Cette forme de langage : la Pucelle d’Orléans, s’est transmise jusqu’à nos jours. On ne la rencontre toutefois qu’à une date assez tardive, dans les textes littéraires ou dans les livres. Voyez sur ce point Charles du Lis : Traité sommaire, etc. 1628, in-4, page 7, et ci-après les textes nos 37, 38, 53, 61, 68, 69, 73, 75, 88, 92, 97, 99.

  29. [29]

    Jacquemin : Petit-Jacques ; Pierrelot ou Prerelo : Petit-Pierre.

  30. [30]

    Les textes nos 1 et 2 ont été récemment découverts. Voyez Bibliothèque de l’École des Chartes, 1854, 3e série, tome V, pages 271 et suivantes.

  31. [31]

    Ces citations peuvent également se vérifier dans le manuscrit scellé du Corps législatif, B. 105, G., t. 570 et dans les mss. 5966, 5967, 5968, 5969 et autres de la Bibl. impériale.

  32. [32]

    Recueil de chartes, etc., par Jean Rogier ; non paginé, vers le milieu du volume.

  33. [33]

    Cette lettre m’a été communiquée en 1844 par M. Tailhand. On y voit que la signature a été tracée par un clerc qui tenait et conduisait les doigts de la Pucelle. M. Quicherat l’a reproduite en fac-simile. (Procès, t. V, p. 146 à 147.)

  34. [34]

    D’après l’un des manuscrits originaux, conservé à la Bibliothèque impériale, 5970 latin. Ces citations peuvent également se vérifier dans les mss. de la même bibliothèque, cotés Notre-Dame, 138 ; Saint-Victor, 285 ; Supplément français, 350-10, etc., etc.

  35. [35]

    Il importe d’établir accessoirement la série chronologique des premiers textes qui constatent l’application de ce nom du Lis, à des membres de la famille de la Pucelle. Pour abréger les indications bibliographiques, nous nous bornerons à renvoyer au tome V des Procès de la Pucelle, où ces textes ont tous été réunis.

    1. 1436. Jehan Dulils, frère de Jehanne la Pucelle. (P. 326.)
    2. 1443. Pierre du Lis, chevalier. (P. 213.)
    3. 1445. Pierre Dalix. (P. 210). Ce texte relate des faits qui se sont passés de 1431 à 1439.
    4. 1454. Messire Pierre du Lis, Jehan Dulis. (P. 279.)
    5. 1455. Johannes Dalie. (Ci-dessus visé.)
    6. 1457. Pierre du Lis. (P. 278.)
    7. 1463. Pierre Duliz, Pierre du Liz. (P. 280.)
    8. 1468. Jehan de la Pucelle, fils de feu Pierre du Lis. (P. 280.)
    9. 1478. Idem. (Ibidem.)
    10. 1481. Jean du Lis dit la Pucelle. (P. 212, note 1.)
  36. [36]

    Voy. Quicherat, Procès, t. IV, passim.

  37. [37]

    Ce manuscrit, signalé et loué par Duchesne, appartenait de son temps au président de Thou, dont il porte encore l’ex libris Jac. Aug. Thuani. Voy. André Duchesne, les Œuvres de maistre Alain Chartier ; Paris, 1617, in-4, préface, feuillet 6 ; p. 69 et 830.

  38. [38]

    L’auteur avait d’abord écrit Jehanne de Vaucouleurs ; en second lieu, Jehanne Darc ou de Vaucouleurs ; puis enfin, Jehanne Day, dicte de Vaucouleurs.

    Le ms. d’Antoine du Four, daté de 1504, intitulé les Vies des Femmes célèbres, et qui appartenait, en 1848, à M. le marquis de Coislin, l’appelle aussi : Jehanne de Vaucouleurs. Voy. Le Roux de Lincy : Femmes célèbres, 1848, in-12, p. 594.

  39. [39]

    L’acte fut également enregistré au parlement (Registre des ordonnances de 1610 à 1614, coté ZZ et X, 8636, folio 336). L’orthographe de cette transcription est semblable, pour le point qui nous intéresse, à celle de la pièce Z, 308. C’est aussi l’orthographe suivie par Godefroy, qui a publié ce texte dans son Histoire de Charles VII, 1661, in-fol., p. 899 et suiv.

  40. [40]

    On pourrait aisément amplifier la liste des manuscrits qui suivent la forme Darc. Je me bornerai à indiquer par exemple une Histoire de l’Abbaye de Celles (alias Selles) en Berry, écrite au XVIIe siècle (Ms. de l’Arsenal, Histoire, 55 a.), où ce nom est toujours ainsi.

    Je signale par occasion ce ms. comme offrant une version, prise probablement sur l’original, de la lettre relative à la Pucelle, adressée par Gui et André de Laval, le 8 juin 1429, aux dames de Laval. Voy. Quicherat, Procès, t. V, p. 105.

  41. [41]

    Sic, dans l’exemplaire S, 26, de la Bibl. imp. Jacobus Arcus serait dépourvu de sens, ou signifierait Jacques Arc. Le Génois Fulgoze n’avait pas d’autre guide que R. Gaguin, dont il invoque l’unique autorité et qu’il copie littéralement. Fulgoze écrivait en italien ; il a été mis en latin par un autre étranger, Ghilini. Le mot arco ne peut donc être qu’une faute (l’a est minuscule), pour Darco. Hordal, Heroïnæ nobilissimæ, etc., p. 114, et Richer, Histoire de la Pucelle, liv. IV, fol. 40 v°, citent l’un et l’autre ce même passage de Fulgoze : tous deux ont lu Darco. Voy. ci-dessus n. 39 et 40.

  42. [42]

    Cet opuscule, regardé comme anonyme par les bibliographes, a pour auteur Alain Bouchart, qui l’a reproduit sous son nom dans ses Cronicques annales de Bretagne.

  43. [43]

    Voy. ci-dessus, Aperçu généalogique, n° 24.

  44. [44]

    Voy. ci-dessus, Aperçu généalogique, § d.

  45. [45]

    Voy. ci-dessus, page première de ce Mémoire, notes 1 à 7.

  46. [46]

    Je n’ai rencontré dans cette période qu’une seule exception : Collection des anciennes françoises, dite d’Isambert, in-8, 1825, t. IX, sentence de réhabilitation, p. 316 :

    Isabeau Darc ;… Jacques Darc ;… Jehanne Darc ;… Jehan et Pierre Darc.

  47. [47]

    Voy. ci-dessus (texte n° 10.)

  48. [48]

    Voy. ci-dessus n° 11, et Quicherat, Procès, etc., t. I. p. 191.

  49. [49]

    Voir les prières françaises insérées dans les livres d’heures de cette époque.

  50. [50]

    Voy. ci-dessus, textes n° 15 à 18 et ailleurs. Pons Héviter, qui travaillait sur la chronique de Georges Chatelain, contemporain de la Pucelle, dit fort bien en parlant de celle-ci (texte n° 64) :

    Nullo quam Joannæ nota nomine.

  51. [51]

    Nos 4 et 9, 13 et 14.

  52. [52]

    2.

  53. [53]

    1.

  54. [54]

    Procès, I, 117, 118 et 302.

  55. [55]

    Textes ci-dessus n° 22, 23, 25, 26, 27.

  56. [56]

    Nos 28, 29, 30, 31, 41, 43, 44, 46, 47, 48, 49, 51, 52, 53, 54, 57, 58, 77, 98.

  57. [57]

    Nos 28, 29, 46, 57, 77.

  58. [58]

    Dans Godefroy, Histoire de Charles VII, etc., p. 899.

  59. [59]

    On peut consulter sur ce point :

    1. Note manuscrite rédigée au XVIIe siècle pour la famille du lis, commençant : Jacques d’Arc paysan, etc., et finissant : Isabeau.. mourut en 1458 ; (cabinet des titres de la bibliothèque impériale).
    2. J. Hordal, Heroïnæ nobilissimæ, etc., page 27.
    3. Lemaire, Histoire d’Orléans, 1645, in-4, page 309.
    4. Lebrun de Charmettes, Histoire de Jeanne d’Arc, t. III, p. 53, etc.
  60. [60]

    Discours sommaire, etc., p. 37, reproduit dans le Traité sommaire, etc., p. 28 et suiv.

  61. [61]

    Page 15, note 1 (note 25).

  62. [62]

    Voy. ci-dessus, texte n° 22, note 1 (note 35), et l’acte cité tome V des Procès, p. 328, sous la date de 1436.

  63. [63]

    Procès, t. I, p. 117, 118, et 302.

  64. [64]

    Ibidem, p. 490.

  65. [65]

    Tel est l’ordre que nous enseigne d’une part l’inspection des actes originaux de cette espèce. Cette notion résulte aussi, spécialement, d’un protocole tiré du ms, de la Bibl. imp. 9676, 2, 2, déjà cité p. 8-9, note 6 (note 16). On trouve au f° 161 de ce ms, un modèle d’acte intitulé don de fleurs de liz en armes. Aux termes de cette formule, le roi concède à l’impétrant de telles armes ; sicut his inserta litteris pictura demonstrat. Une autre clause, à double sens il est vrai, du même protocole, semble indiquer que la concession d’un nom nouveau se joignait à la concession d’armes. Cette clause autorise les concessionnaires ut hec (insignia armorum) ubique terrarum tam in hostibus, preliis, quam in tempore pacis, cum nobilibus, cognomine et nomine nobilium, portent. Le recueil manuscrit prouve toutefois ce double fait : 1° que les concessions de fleurs de lis n’étaient point inusitées ; 2° qu’elles s’octroyaient par un acte distinct.

  66. [66]

    Voy. ci-dessus, texte n° 24.

  67. [67]

    Un texte inédit, et qui nous inspire toute confiance, témoigne que dès le 2 juin 1429, le roi accorda personnellement à Jeanne les armoiries en question.

    Le ne juin M. CCCC. XXIX, le roy, connoissant les prouesses de Jeanne la Pucelle, et victoire du don de Dieu et son conseil, donna, estant à Chinon, armoiries à la dite Jeanne pour soy decorer ; du patron qui suit ; donnant charge au duc d’ Alençon et à icelle Jeanne du siège de Gergeau.

    (Hautin alias Hotin, Figures des monnoies de France, recueil conservé parmi les manuscrits de la bibliothèque de l’Arsenal, histoire 467 in-4° ; feuillet 402 verso).

    Le patron ou modèle indiqué représente en effet les armes des du Lis : il se voit au feuillet cxlvij des figures. Cette concession paraît avoir été purement verbale. Plus tard, elle serait devenue l’objet d’un acte régulier, comprenant la concession de nom et qui se serait étendue aux frères de l’héroïne.

  68. [68]

    Ici encore Jeanne porta ses vues plus haut. Elle se fit peindre une bannière, dont elle-même composa les insignes. On y voyait le Roi des rois assis sur l’arc-en-ciel, et servi de ses anges qui tenaient en main la fleur de lis.

  69. [69]

    Traité sommaire, etc., 1628, p. 6, et 25.

  70. [70]

    Ci-dessus, texte n° 22.

  71. [71]

    Texte n° 98.

  72. [72]

    Traité sommaire, page 42 et suivantes. Voy. ci dessus Aperçu généalogique § e, n° 31.

  73. [73]

    Voy. ci-dessus texte n° 3.

  74. [74]

    L’expédition authentique retrouvée par moi aux archives de l’Empire en 1853, expédition prise en 1737 sur l’original, porte Darc. Voy. ci-dessus texte n° 2 et Bibliothèque de l’École des Chartes, 3e série, t. V, p. 272. On trouvera cet acte à la fin du présent Mémoire : Lettres d’anoblissement.

  75. [75]

    Textes nos 22 a, 22 c, 36, 70 et ailleurs.

  76. [76]

    Voy. ci-dessus, texte n° 56.

  77. [77]

    Texte n° 56. Voy. aussi nos 61, 85, 86, 90, 92.

  78. [78]

    Texte n° 56, articles 2 et 3.

  79. [79]

    Voy. texte n° 71, article 1.

  80. [80]

    Ibidem, article 2.

  81. [81]

    Texte n° 66.

    Les éditions de 1596 et 1611 de cet ouvrage sont très rares ; elles manquent à nos plus grands dépôts littéraires. M. le duc Pasquier, de l’Académie française, descendant de l’érudit du XVIe siècle, possède une collection bibliographique extrêmement riche des œuvres de son aïeul. Je dois à son exquise obligeance la communication de ces deux textes, et par conséquent la remarque intéressante qui résulte de leur comparaison.

  82. [82]

    Voy, ci dessus textes nos 59 à 63.

  83. [83]

    À l’énumération ci-dessus insérée, il faut joindre l’exemple et l’autorité de Dreux-du-Radier, historien instruit et qui travaillait volontiers d’après les sources : Bibliothèque historique du Poitou, 1754, in-12, tome V, page 239 : Jeanne Darc, la Pucelle d’Orléans.

  84. [84]

    Dans ce relevé chronologique de textes, nous n’avons dû faire figurer, surtout à partir du XVIIe siècle, que des historiens on des érudits, à l’exclusion des simples littérateurs ; l’autorité de ces derniers ne pouvant avoir aucun poids en cette matière.

  85. [85]

    Collection Isambert ; voy. ci-dessus, texte n° 99, la note (note 46).

  86. [86]

    Voy. ci-dessus, textes nos 41 à 52.

  87. [87]

    On trouvera sur ce point des développements plus étendus dans la seconde partie du travail que j’ai publié sur la vie et la mémoire de Jeanne Darc, Revue de Paris, numéro du 1er août 1854.

  88. [88]

    Histoire de France. 1576 in-f°, p. 1144. Voy. aussi de l’Estat et succez des affaires de France, etc., sub an. 1426.

  89. [89]

    François Bonivard : voy. Bibl. de l’École des Chartes, 2e série, tome II, p. 398.

  90. [90]

    Texte n° 55.

  91. [91]

    Discours sommaire, p. 7. et Traité sommaire, p. 6 et 7.

  92. [92]

    Voy. ci-dessus, généalogie n° 19.

  93. [93]

    Charles et Luc du Lis frères. Voy. Aperçu généalogique, nos 24 et 25.

  94. [94]

    Godefroy, Remarques sur l’histoire de Charles VII, p. 900c, et ci-dessus texte n° 31.

  95. [95]

    Dès le XIVe siècle, effectivement, des familles ou des individus, plus ou moins considérables, quoique non nobles, tels que pouvait l’être à cette époque la famille Darc, se servaient pour leurs signets ou sceaux, sur des vitraux votifs, sur des lames ou dalles tumulaires, et ailleurs, de marques ou insignes personnels et distincts. Ces marques se groupaient et se figuraient exactement comme les armoiries ; à la seule exception toutefois du timbre ou heaume, et de ses achements. Car le timbre, étant un symbole essentiellement militaire, formait le complément caractéristique du véritable blason, du blason héraldique et nobiliaire. L’assertion de Charles du Lis n’a donc rien d’inacceptable en soi ; mais il n’allègue aucun monument, aucune preuve à l’appui de son dire. Là me paraît être le point faible et suspect de cette affirmation.

  96. [96]

    Peut-être l’auteur des vers que nous allons citer a t-il voulu donner à entendre que la Pucelle était aussi noble qu’Apollon, né du sang des Dieux ? C’est un problème que décidera la sagacité du lecteur.

    Bergère, quelque temps sous de simples habits,

    Elle prit la houlette et garda les brebis ;

    Mais non pourtant moins noble, Apollon, dieu-poète,

    Aux bords amphrysiens, garda celles d’Admète, etc.

    (Recueil de plusieurs inscriptions, etc. 1628, in-4°, p. 90.)

    Nous citerons également ici à titre de curiosité la note suivante :

    Dans les papiers publics de Vienne, M. Guillaume Marzano a publié une découverte qu’il a faite dans les archives particulières de Bologne. Par un document publié dans la Gazette de Venise, il a appris que cette fameuse Pucelle d’Orléans provenait de la famille des marquis Ghislieri, et était fille de Ferrenta Ghislieri, lequel, en 1401, fut forcé de quitter Bologne, pendant que Jean Bentevoglio abusait trop de son pouvoir dans la République.

    Tygodnik Literacki (Journal littéraire hebdomadaire, publié en polonais, à Vienne ou à Pesth ?) 1838, n° 27, p. 216. J’emprunte cette traduction aux journaux français de l’époque. Cf. Michelet, Histoire de France, 1841, t. V, p. 49, note 2.

  97. [97]

    André Thevet semble l’entendre ainsi, lorsqu’il dit : Les Anglois prindrent occasion de rendre exécrable ceste Pucelle d’Arc… (Texte n° 63).

  98. [98]

    Voy. Lemaire, Histoire d’Orléans, 1645, in-4°, p. 317. Lemaire donne cette pièce comme extraite du Recueil de Charles du Lis. Nous l’avons cherchée vainement dans les éditions de 1613 et 1628.

  99. [99]

    Édition de Bristol, 1798, in-12, t. I, p. 102. Voy. aussi p. 106 et passim.

  100. [100]

    Tome I, page 240.

  101. [101]

    Traité, etc., de 1628, p. 7.

  102. [102]

    À la suite de l’Histoire généalogique de la maison de Dreux, 1631, in-folio.

  103. [103]

    Voy, ci-dessus, texte n° 1.

  104. [104]

    In-12, tome VI, pages 431 et suivantes.

  105. [105]

    Page 437.

  106. [106]

    On peut remarquer le même silence dans la Biographie du département de la Haute-Marne ; Chaumont, 1841 et années suivantes, in-8°. (Annales de la Haute-Marne.)

  107. [107]

    1762, in folio, tome I au mot Arques. C’est sans doute là que Southey a pris le poétique village qu’il s’est approprié.

  108. [108]

    Textes nos 2, 10, 11, 12, 19, etc. Il existe un autre document où la Pucelle est nommée Joanna Darc de Dompremio. Ce sont des lettres-patentes en date du mois de juin 1429, portant anoblissement de Guy de Cailly (voy. Procès, t. V, p. 343). Mais ces lettres sont justement regardées comme suspectes et nous inclinons fortement à croire qu’elles ont subi des interprétations précisément dans la clause où se produit cette dénomination de la Pucelle.

  109. [109]

    Voy. par exemple le ms. français N° 7335 de la Bibl. imp. où cette locution se reproduit trois fois aux fos 34, 39 et 86.

  110. [110]

    Le second mode, celui où l’élision ne s’exprimait pas, était, je crois, d’un usage moins rare que de nos jours. Ainsi, on lit dans le procès de condamnation, Ms. d’Urfé, f° 23 :

    Aide toy, Dieu te aidera… Certiffiés-moy de oir messe.

    Nous écririons aujourd’hui t’aidera et d’ouïr.

  111. [111]

    Ms. 5965, f° 65, v° ; pour d’Andelot. (Il faut noter que ce texte fut rédigé à Rouen.)

  112. [112]

    Ibid., pour l’arbre, etc.

  113. [113]

    Ibid. : qui vont en l’erre.

  114. [114]

    Comte d’Armignac ou d’Armagnac (f° 78).

  115. [115]

    Roi d’Angleterre (f° 76).

  116. [116]

    Exemples tirés du ms. 5970 latin, fos XLIX. et suivants, contenant l’enquête faite à Domremy (inquesta in loco originis Johanna) ; noms de témoins cités : Johannes Morelli (Morel) ; Dominicus Jacobi (Jacques) ; Theveninus Rotarius (Le Royer) ; Nicolaus Bailly de Andeloco (d’Andelot et non comme ci-dessus p. 39, note 4 (note 111), dandelo) ; Gerardinus de Spinalo (en français Gérardin despinal, mais point Gerardinus despinal, comme Jacobus Darc), etc., etc.

    Tous ces témoins étaient des roturiers ; voici les noms de deux gentilshommes des environs, entendus dans la même enquête : Bertrandus de Poulangeio (de Poulangey ou Poulangy) ; Albertus de Urchüs (Albert ou Aubert d’Ourches et non Albertus dourches). Les ducs d’Alençon et de Clermont, mentionnés accidentellement dans l’enquête le sont sous cette forme : cum ducibus de Clermont et dalençon.

    On peut vérifier le même principe à l’aide d’une épreuve inverse. Un texte latin écrit à Alençon ou dans le Perche dira : dominus de Alençonio ; un texte latin du pays d’Armagnac, dominus de Arminiaco ; un seigneur ou un habitant d’Arc, sera appelé, dans le pays, N… de Arcu ou de Arco, etc.

    On a ici, sous les yeux, un exemple de cette contre-épreuve, à l’égard des mots d’Andelot. Les scribes qui tiennent la plume sur le territoire de cette prévôté même, l’appellent de Andeloco ; à Rouen : dandelo.

  117. [117]

    Voy. nos 40 et 41.

  118. [118]

    Dans les formes suivantes : Darcus, Dartus, Darcius, au masculin ; Darcia au féminin ou Darc indéclinable.

    Arxea se montre en 1628 dans le Recueil d’Inscriptions, en vers, p. 6, 8 et 20.

  119. [119]

    Voy. ci dessus, page 35 (note 98).

  120. [120]

    Page 33.

  121. [121]

    Pages 47 et 48.

  122. [122]

    Dans les textes du moyen âge, dard ou dart est une faux à faucher. Du Cange reconnaît à ce mot, en dehors du latin dardus, diverses étymologies ou radicaux et notamment dal, qui a fait dans le midi dalho, en latin dallis, en Anglais dale et en français daille et dart. Dans la langue d’oc dailhayre signifiait faucheur : il a pu devenir en langue d’oïl dare ou darc.

    Darc peut encore venir, sous forme contracte, du latin draco (dragon, d’où sont sortis peut-être le Drac et la Darce, cours d’eau ; comme Tarascon et Tarasque, synonymes de serpent, gargouille). Draco aurait fait drac, puis par une permutation très familière : Darc.

    Il peut dériver aussi par contraction d’un nom germanique comme Darike ou Darric, en latin Darricus ; d’où : Darc.

    J’ajouterai enfin à titre de simple renseignement, que dark est aujourd’hui en anglais un adjectif ayant le sens de foncé, sombre, brun. Cet adjectif n’a-t-il pas pu faire un nom propre, même français ; comme brown et grey ont donné naissance à Brown et à Grey ; à Lebrun, à Legris ?

    Darche et Darcel s’écrivent d’une seule pièce. Cependant Arche et Arcel ont pu être et des substantifs communs, et des noms de lieux, ayant, par suite donné l’origine à ces noms d’hommes. La forme Darc a précisément cet avantage de se concilier également avec toutes les hypothèses philologiques possibles ; même avec celle qui se fonderait sur une localité perdue ou inconnue du nom d’Arc. C’est le propre en effet des noms de personnes au sein d’une langue formée, telle que la nôtre, de s’immobiliser sous une forme souvent contracte. C’est par là spécialement que ces noms se distinguent au milieu des autres parties du discours.

  123. [123]

    Discours sommaire, p. 8 ; Traité sommaire, p. 6.

  124. [124]

    Les documents historiques relatifs à la Pucelle offrent les noms de huit femmes distinctes qui auraient été ses marraines ; quatre d’entre elles s’appelaient Jeanne : savoir

    1. Jeanne, veuve de Nicolas Darc ;
    2. Jeanne, femme du maire Aubery de Domremy (voy. Procès, I, p. 67, 177, 210, 211, 212) ;
    3. Jeanne, femme Thiesselin de Vitel, clerc à Domremy (Procès, II, p. 389, 395, 398, 403, 412, 415, 420, 426) ;
    4. Jeanne, femme Thevenin le Royer de Domremy (Procès, II, p. 388, 395, 398, etc.) ;
    5. Agnès (Procès, II, p. 46) ;
    6. Béatrix (Procès, II, p. 388, 389, 395 et 410) ;
    7. Edette (Procès, II, p. 429) ;
    8. Sibylle (Procès, I, p. 46).

    La Pucelle, interrogée sur ce point, répondit

    que l’une de ses marraines s’appelait Agnès ; une autre, Jeanne ; une troisième, Sibylle, et qu’elle en eut encore plusieurs autres, à ce qu’elle avait entendu dire par sa mère. (Ibid. I, 46).

    Quatre ou cinq parrains et autant de marraines étaient alors le nombre habituel. Il faut se rappeler en outre qu’au moyen âge les titres de compère, commère, parrain, marraine, père, mère, oncle, cousin, en un mot, tous les titres de parenté, naturelle ou spirituelle, se multipliaient par courtoisie, par dévotion ou par amitié. Nous en signalerons un exemple spécial dans la note suivante.

  125. [125]

    Charles du Lis fait évidemment ici confusion. Le parent qui mena Jeanne une première fois à Vaucouleurs, était un de ses oncles (unus ex avunculis suis ; Procès, t. II, p. 399), qui se nommait Durand, dit Laxart, et qui ne pouvait donc pas être le même que Jean Darc. On a cherché à se rendre compte de l’alliance qui faisait de ce Laxart, dont la femme, nommée Jeanne, était de la parenté de la Pucelle (Procès, t. II, p. 443), qui faisait, disons-nous, de Laxart un oncle de l’héroïne. M. Lebrun de Charmettes, d’après le sens restreint qui s’attachait dans l’antiquité classique au mot avunculus (oncle maternel), suppose que la femme de Laxart était une Jeanne Romée (Histoire de Jeanne d’Arc, t. I, p. 247). Mais les documents généalogiques que nous possédons ne donnent à Isabelle Romée qu’une sœur nommée Aveline (voy. ci-dessus Aperçu généalogique, n° 33). On sait d’ailleurs, comme l’a remarqué Du Cange (V° Avunculus), que ce mot, dès l’époque mérovingienne, réunit à son sens propre celui de patruus, de telle sorte qu’oncle est resté seul dans notre langue pour exprimer la parenté de l’une et de l’autre ligne. L’hypothèse suivante pourrait, ce me semble, résoudre la difficulté. En 1412, Jeanne, veuve de Nicolas Darc, et tante de la Pucelle, devient en outre sa marraine. Elle épouse ensuite Durand Laxart, que Jeanne pouvait appeler son oncle, parce qu’il était le mari de sa tante.

  126. [126]

    Traité, p. 7 et 8.

  127. [127]

    Ceffonds ou Séfonds en Vallage, était du diocèse de Troyes, doyenné de Margeries.

  128. [128]

    La Pucelle avait prophétisé à Rouen, devant ses juges, le 1er mars 1431,

    qu’avant sept ans, les Anglais perdraient en France un plus grand gage qu’ils n’avaient fait devant Orléans… qu’avant sept ans, ils perdraient tout en France par une grande victoire que Dieu enverrait aux Français. (Voy. Procès, t. I, page 84.)

    Six ans après (avril 1436), Charles VII rentre victorieux dans sa capitale. L’un des premiers fonctionnaires nommés par lui à de nouveaux emplois, est Jean Darc, l’oncle de l’héroïne ? Ce fait, inconnu jusqu’ici, mérite une très grave attention, et doit être pesé dans l’histoire de la Pucelle et de Charles VII.

  129. [129]

    Voy. Procès, t. I, pages 117 et 118.

    La ligne maternelle, en la personne de Jean Vouthon et d’Ameline ou Aveline, frère et sœur d’Isabelle Romée, prit aussi, comme on l’a vu (ci-dessus, page 6, Aperçu généalogique, § f), des alliances nobles. En 1525 et 1555, un descendant d’Aveline invoqua, pour faire confirmer sa noblesse, son titre de descendant de la Pucelle (Traité sommaire, 1628, p. 10). Ces descendants par alliance appartenaient à la Champagne, et s’allièrent de nouveau par la suite à diverses familles de cette province. Une généalogie manuscrite des Hennequin, famille troyenne, contient un chapitre intitulé :

    Blanchart, mémoire et pièces relatives à la Pucelle d’Orléans et à la famille Blanchart, descendante de Jacques d’Arc, frère de cette héroïne.

    (sic ; erreur, empruntée à Dom Lepelletier ? Jacquemin mourut sans postérité. Voy. Généalog. n° 4).

    Ce ms., rédigé au XVIe siècle, a pour auteur M. Comparot de Longsols, et m’a été communiqué à Troyes par M. Corrard de Breban, en 1839. On y trouve entre les feuillets 74 et 75 du texte, les armes figurées des Blanchart, alliés au Lorey. Ces armes sont pour Blanchart, d’azur à l’épée d’or, soutenant une couronne de même, et côtoyée de deux fleurs de lis d’or, c’est-à-dire le blason royal, concédé à la Pucelle et à ses frères. Les mêmes pièces se retrouvent également dans l’écu des Leclerc (autre famille alliée aux Hennequin), figurées sur la même page. Elles sont aussi écartelées dans les armoiries que présentent des cachets de cire d’Espagne rouge, adhérents à des lettres missives, qui font partie des archives de l’abbaye de Notre-Dame-aux-Nonnains de Troyes, conservées à la préfecture de l’Aube (liasse 421, carton 287). Ces lettres ont été écrites par deux personnages du nom de Finot, l’un grand maire et l’autre grand chantre de cette abbaye, vers 1738.

  130. [130]

    J’ai connu particulièrement à Troyes, de 1839 à 1841, des personnes alliées à cette honorable famille, qui compte peut-être encore des descendants mâles et directs. J’ai entendu maintes fois répéter ce nom, dont la forme est très familière à l’oreille dans le pays, et qui s’y prononce Dâr.

  131. [131]

    On ne possède malheureusement que cette mention. Les mémoriaux auxquels se rapporte cette table ayant été détruits par l’incendie de 1737. Peut-être pourra-t-on retrouver quelques actes où ce Jean Darc a figuré comme arpenteur du roi.

  132. [132]

    Voir aussi dans ce même fonds de Notre-Dame-des-Prés, les liasses 428, 429 et autres. Parmi les actes très nombreux qui concernent cette famille, le nom est écrit tantôt Dart, quelquefois et très lisiblement Darc.

  133. [133]

    Retrouvée en décembre 1853 aux Archives de l’Empire. Voyez ci-dessus, texte n° 2, p. 30, note 3 (note 74), et pour plus de développements Bibliothèque de l’École des Chartes, 3e série, tome V, pages 274 et suivantes.

  134. [134]

    L’original devait porter des e pour des æ. Mais la copie K donne tantôt l’une, tantôt l’autre orthographe. Nous avons adopté les æ.

Notes

  1. [1]

    Par exemple, l’enquête de Poitiers en 1429 (Voy. aussi Procès, tome V, page 262 et ailleurs.)

  2. [2]

    Je me propose de consacrer à ce monument un mémoire archéologique.

  3. [3]

    1839, in-8, t. IX, page 155 et suivantes.

  4. [4]

    Histoire de France, t. V, 1841, p. 50, note 1.

  5. [5]

    Histoire de France, t. VII, 1844, p. 65, note 4.

  6. [6]

    Examen critique de l’Histoire de Jeanne Darc, etc. Nancy, 1850 in-8, p. 26.

  7. [7]

    Jacques Cœur et Charles VII, Paris, 1852, in-8, t. I, p. V, note 1.

  8. [8]

    Jeanne Darc est-elle Lorraine ? Nancy, 1852, in-8.

  9. [9]

    Henry Hallam, Supplemental notes to the view of the state of Europe during the middle ages ; London, 1848, p. 58, note 39.

  10. [10]

    De l’extraction et parenté de la Pucelle d’Orléans, Paris, 1610, 4 pages in-4 ; Discours sommaire tant du nom et des armes que de la naissance et parenté de la Pucelle d’Orléans et de ses frères, etc. ; 1612, 70 pages in-12 (p. 9) ; Traité sommaire tant du nom, etc., revu en 1628 ; (à la suite du Recueil de plusieurs inscriptions, etc., 1628), 52 pages in-4 (p. 7).

  11. [11]

    Séfonds ou Septfons, aujourd’hui Ceffons, département de la Haute-Marne, à dix-sept lieues de Domremy.

  12. [12]

    Aujourd’hui les Voutons, département des Vosges, canton de Coussey.

  13. [13]

    Mézeray, Histoire de France ; Paris, 1646, in-fol., t. II, p. 11.

  14. [14]

    On trouvera l’analyse d’une controverse élevée sur ce point, dans l’Athenæum français, du 10 juin 1854, page 528.

  15. [15]

    Voy. Lepage et Charton, Statistique des Vosges ; Nancy, 1845, in-8, t. I, p. 26 et suiv., et t. II aux mots Domremy et Greux.

  16. [16]

    Archives de l’Empire, pièce K 63, n. 9 :

    Non obstante quod ipsi… ex nobili genere ortum non sumpserint et forsan alterius quam liberæ conditionis existant.

    Le droit distinguait alors trois classes de personnes :

    1. les nobles ;
    2. les francs ou libres,
    3. les non-libres, anciens serfs.

    En général, l’anoblissement ne s’accordait qu’à des personnes de franche condition. (Voyez Recueil des protocoles d’un notaire et secrétaire du roi, dressé au commencement du règne de Charles VII, ms. 9676, 2, 2, Bibl. impériale, Colbert, 3238 ; fol. 164 verso.)

  17. [17]

    Voy. Quicherat, Procès, t. II, p. 385 et suiv. (Art. 11.)

  18. [18]

    Non multum divites. (Ibidem, passim.)

  19. [19]

    Histoire de la Pucelle d’Orléans, par Edmond Richer, ms. de la Bibl. imp. S. F., 4907.

  20. [20]

    Étienne Pasquier, Recherches de la France, livre VI (1723), chap 5 ; Gilles-André de La Roque, Traité de la Noblesse ; Rouen, 1734, in-4, p. 145 et suiv.

  21. [21]

    Il existe, toutefois, à la Bibliothèque impériale un exemplaire (L. 592, in-4), du Traité sommaire du nom et des armes, etc.,

    donné par l’auteur Charles du Lis, à Pierre d’Hozier, le 24 juin 1629.

  22. [22]

    Les sources où l’on a puisé sont :

    1. Cabinet des titres, Bib. imp. : dossiers d’Arc, du Lis, de Villebresme, etc. ;
    2. Généalogie de Jeanne d’Arc, etc., ms. de la bibliothèque de Carpentras, Peiresc X, fol. 370 et 371 ;
    3. Généalogie des Hennequin, ms. des XVIIe-XVIIIe siècles, possédé et communiqué en 1839, à Troyes, par M. Corrard de Bréban, aujourd’hui président du tribunal de cette ville ;
    4. Archives du collège de Boissy, à la direction générale des archives de l’Empire, carton M 92 ;
    5. M. de Goussaincourt, Martyrologe des chevaliers de Jérusalem, 1643, in-fol, t. I, f. 392 ;
    6. Traité sommaire de Charles du Lis ;
    7. Godefroy, Recueil de Charles VII, p. 895 et suiv. ;
    8. G.-A. de la Roque, loc. cit. ;
    9. Le Pelletier, Nobiliaire ou Armorial général de la Lorraine et du Barrois, Nancy, 1758, in-fol. ;
    10. Durival, Description de la Lorraine et du Barrois, Nancy, 1778-1783, 4 vol. in-4 ;
    11. de Haldat, Examen critique, etc.

    Les traits horizontaux désigneront les frères et sœurs ; les traits descendants, la descendance. L’ordre de primogéniture suit de gauche à droite : un nombre précédé d’une ✝ indique la date du décès.

  23. [23]

    Étienne Hordal eut pour fils Jean, qui fut aïeul de

    messire Estienne Hordal, vivant encore aujourd’hui (1612), grand-doyen en l’église de Toul aagé de plus de quatre-vingts ans, personnage de grande recommandation au pays, qui se souvient d’avoir veu en ses premiers ans ladite Haloüys son aïeule, vivant aagée d’environ quatre-vingts ans, et lequel garde soigneusement un cachet d’or, auquel sont gravées les armes de la Pucelle, que feu messire Claude Hordal, aussi grand-doyen, son oncle, luy a donné, qu’il disoit avoir été gravées du temps de ladite Pucelle et de ses frères. (Traité sommaire, etc., pag. 40-41.)

    Du même Jean descendait également Jean Hordal, docteur en l’université de Pont-à-Mousson, conseiller d’État du duc de Lorraine et auteur du traité intitulé : Heroinæ nobilissimæ Joannæ Darc, etc., 1610, in-4.

  24. [24]

    Code Napoléon, liv. I, tit, II, chap. 1 et 2 ; promulgué en 1803.

  25. [25]

    Traité de l’origine des noms, éd. de Rouen, 1734, in-4, p. 48.

  26. [26]

    G. Bessin, Concilia Rothomagensis provinciæ, 1717, in-fol., 2e partie, p. 430. On connaît ailleurs des registres de baptême qui remontent au moins à 1519. (Voy. le Dictionnaire de diplomatique Chrétienne dans la collection de M. l’abbé Migne, grand in-8, 1846, au mot Registre.)

  27. [27]

    Articles 50, 51, 52 et 53.

  28. [28]

    Il existe à Paris une statuette en bronze, du XVe siècle, représentant Jeanne Darc. Ce monument, qui paraît avoir été exécuté vers 1490, porte sur le socle : La Pucelle Dorliens. (Voyez l’Illustration du 15 juillet 1854, page 48). Ce mode de dénomination fut naturellement celui de la tradition orale. Sans doute, le nom de la ville délivrée s’unit, dès l’époque du triomphe, au nom de sa libératrice, et l’on dut, à partir de 1429, employer naturellement cette expression. Cette forme de langage : la Pucelle d’Orléans, s’est transmise jusqu’à nos jours. On ne la rencontre toutefois qu’à une date assez tardive, dans les textes littéraires ou dans les livres. Voyez sur ce point Charles du Lis : Traité sommaire, etc. 1628, in-4, page 7, et ci-après les textes nos 37, 38, 53, 61, 68, 69, 73, 75, 88, 92, 97, 99.

  29. [29]

    Jacquemin : Petit-Jacques ; Pierrelot ou Prerelo : Petit-Pierre.

  30. [30]

    Les textes nos 1 et 2 ont été récemment découverts. Voyez Bibliothèque de l’École des Chartes, 1854, 3e série, tome V, pages 271 et suivantes.

  31. [31]

    Ces citations peuvent également se vérifier dans le manuscrit scellé du Corps législatif, B. 105, G., t. 570 et dans les mss. 5966, 5967, 5968, 5969 et autres de la Bibl. impériale.

  32. [32]

    Recueil de chartes, etc., par Jean Rogier ; non paginé, vers le milieu du volume.

  33. [33]

    Cette lettre m’a été communiquée en 1844 par M. Tailhand. On y voit que la signature a été tracée par un clerc qui tenait et conduisait les doigts de la Pucelle. M. Quicherat l’a reproduite en fac-simile. (Procès, t. V, p. 146 à 147.)

  34. [34]

    D’après l’un des manuscrits originaux, conservé à la Bibliothèque impériale, 5970 latin. Ces citations peuvent également se vérifier dans les mss. de la même bibliothèque, cotés Notre-Dame, 138 ; Saint-Victor, 285 ; Supplément français, 350-10, etc., etc.

  35. [35]

    Il importe d’établir accessoirement la série chronologique des premiers textes qui constatent l’application de ce nom du Lis, à des membres de la famille de la Pucelle. Pour abréger les indications bibliographiques, nous nous bornerons à renvoyer au tome V des Procès de la Pucelle, où ces textes ont tous été réunis.

    1. 1436. Jehan Dulils, frère de Jehanne la Pucelle. (P. 326.)
    2. 1443. Pierre du Lis, chevalier. (P. 213.)
    3. 1445. Pierre Dalix. (P. 210). Ce texte relate des faits qui se sont passés de 1431 à 1439.
    4. 1454. Messire Pierre du Lis, Jehan Dulis. (P. 279.)
    5. 1455. Johannes Dalie. (Ci-dessus visé.)
    6. 1457. Pierre du Lis. (P. 278.)
    7. 1463. Pierre Duliz, Pierre du Liz. (P. 280.)
    8. 1468. Jehan de la Pucelle, fils de feu Pierre du Lis. (P. 280.)
    9. 1478. Idem. (Ibidem.)
    10. 1481. Jean du Lis dit la Pucelle. (P. 212, note 1.)
  36. [36]

    Voy. Quicherat, Procès, t. IV, passim.

  37. [37]

    Ce manuscrit, signalé et loué par Duchesne, appartenait de son temps au président de Thou, dont il porte encore l’ex libris Jac. Aug. Thuani. Voy. André Duchesne, les Œuvres de maistre Alain Chartier ; Paris, 1617, in-4, préface, feuillet 6 ; p. 69 et 830.

  38. [38]

    L’auteur avait d’abord écrit Jehanne de Vaucouleurs ; en second lieu, Jehanne Darc ou de Vaucouleurs ; puis enfin, Jehanne Day, dicte de Vaucouleurs.

    Le ms. d’Antoine du Four, daté de 1504, intitulé les Vies des Femmes célèbres, et qui appartenait, en 1848, à M. le marquis de Coislin, l’appelle aussi : Jehanne de Vaucouleurs. Voy. Le Roux de Lincy : Femmes célèbres, 1848, in-12, p. 594.

  39. [39]

    L’acte fut également enregistré au parlement (Registre des ordonnances de 1610 à 1614, coté ZZ et X, 8636, folio 336). L’orthographe de cette transcription est semblable, pour le point qui nous intéresse, à celle de la pièce Z, 308. C’est aussi l’orthographe suivie par Godefroy, qui a publié ce texte dans son Histoire de Charles VII, 1661, in-fol., p. 899 et suiv.

  40. [40]

    On pourrait aisément amplifier la liste des manuscrits qui suivent la forme Darc. Je me bornerai à indiquer par exemple une Histoire de l’Abbaye de Celles (alias Selles) en Berry, écrite au XVIIe siècle (Ms. de l’Arsenal, Histoire, 55 a.), où ce nom est toujours ainsi.

    Je signale par occasion ce ms. comme offrant une version, prise probablement sur l’original, de la lettre relative à la Pucelle, adressée par Gui et André de Laval, le 8 juin 1429, aux dames de Laval. Voy. Quicherat, Procès, t. V, p. 105.

  41. [41]

    Sic, dans l’exemplaire S, 26, de la Bibl. imp. Jacobus Arcus serait dépourvu de sens, ou signifierait Jacques Arc. Le Génois Fulgoze n’avait pas d’autre guide que R. Gaguin, dont il invoque l’unique autorité et qu’il copie littéralement. Fulgoze écrivait en italien ; il a été mis en latin par un autre étranger, Ghilini. Le mot arco ne peut donc être qu’une faute (l’a est minuscule), pour Darco. Hordal, Heroïnæ nobilissimæ, etc., p. 114, et Richer, Histoire de la Pucelle, liv. IV, fol. 40 v°, citent l’un et l’autre ce même passage de Fulgoze : tous deux ont lu Darco. Voy. ci-dessus n. 39 et 40.

  42. [42]

    Cet opuscule, regardé comme anonyme par les bibliographes, a pour auteur Alain Bouchart, qui l’a reproduit sous son nom dans ses Cronicques annales de Bretagne.

  43. [43]

    Voy. ci-dessus, Aperçu généalogique, n° 24.

  44. [44]

    Voy. ci-dessus, Aperçu généalogique, § d.

  45. [45]

    Voy. ci-dessus, page première de ce Mémoire, notes 1 à 7.

  46. [46]

    Je n’ai rencontré dans cette période qu’une seule exception : Collection des anciennes françoises, dite d’Isambert, in-8, 1825, t. IX, sentence de réhabilitation, p. 316 :

    Isabeau Darc ;… Jacques Darc ;… Jehanne Darc ;… Jehan et Pierre Darc.

  47. [47]

    Voy. ci-dessus (texte n° 10.)

  48. [48]

    Voy. ci-dessus n° 11, et Quicherat, Procès, etc., t. I. p. 191.

  49. [49]

    Voir les prières françaises insérées dans les livres d’heures de cette époque.

  50. [50]

    Voy. ci-dessus, textes n° 15 à 18 et ailleurs. Pons Héviter, qui travaillait sur la chronique de Georges Chatelain, contemporain de la Pucelle, dit fort bien en parlant de celle-ci (texte n° 64) :

    Nullo quam Joannæ nota nomine.

  51. [51]

    Nos 4 et 9, 13 et 14.

  52. [52]

    2.

  53. [53]

    1.

  54. [54]

    Procès, I, 117, 118 et 302.

  55. [55]

    Textes ci-dessus n° 22, 23, 25, 26, 27.

  56. [56]

    Nos 28, 29, 30, 31, 41, 43, 44, 46, 47, 48, 49, 51, 52, 53, 54, 57, 58, 77, 98.

  57. [57]

    Nos 28, 29, 46, 57, 77.

  58. [58]

    Dans Godefroy, Histoire de Charles VII, etc., p. 899.

  59. [59]

    On peut consulter sur ce point :

    1. Note manuscrite rédigée au XVIIe siècle pour la famille du lis, commençant : Jacques d’Arc paysan, etc., et finissant : Isabeau.. mourut en 1458 ; (cabinet des titres de la bibliothèque impériale).
    2. J. Hordal, Heroïnæ nobilissimæ, etc., page 27.
    3. Lemaire, Histoire d’Orléans, 1645, in-4, page 309.
    4. Lebrun de Charmettes, Histoire de Jeanne d’Arc, t. III, p. 53, etc.
  60. [60]

    Discours sommaire, etc., p. 37, reproduit dans le Traité sommaire, etc., p. 28 et suiv.

  61. [61]

    Page 15, note 1 (note 25).

  62. [62]

    Voy. ci-dessus, texte n° 22, note 1 (note 35), et l’acte cité tome V des Procès, p. 328, sous la date de 1436.

  63. [63]

    Procès, t. I, p. 117, 118, et 302.

  64. [64]

    Ibidem, p. 490.

  65. [65]

    Tel est l’ordre que nous enseigne d’une part l’inspection des actes originaux de cette espèce. Cette notion résulte aussi, spécialement, d’un protocole tiré du ms, de la Bibl. imp. 9676, 2, 2, déjà cité p. 8-9, note 6 (note 16). On trouve au f° 161 de ce ms, un modèle d’acte intitulé don de fleurs de liz en armes. Aux termes de cette formule, le roi concède à l’impétrant de telles armes ; sicut his inserta litteris pictura demonstrat. Une autre clause, à double sens il est vrai, du même protocole, semble indiquer que la concession d’un nom nouveau se joignait à la concession d’armes. Cette clause autorise les concessionnaires ut hec (insignia armorum) ubique terrarum tam in hostibus, preliis, quam in tempore pacis, cum nobilibus, cognomine et nomine nobilium, portent. Le recueil manuscrit prouve toutefois ce double fait : 1° que les concessions de fleurs de lis n’étaient point inusitées ; 2° qu’elles s’octroyaient par un acte distinct.

  66. [66]

    Voy. ci-dessus, texte n° 24.

  67. [67]

    Un texte inédit, et qui nous inspire toute confiance, témoigne que dès le 2 juin 1429, le roi accorda personnellement à Jeanne les armoiries en question.

    Le ne juin M. CCCC. XXIX, le roy, connoissant les prouesses de Jeanne la Pucelle, et victoire du don de Dieu et son conseil, donna, estant à Chinon, armoiries à la dite Jeanne pour soy decorer ; du patron qui suit ; donnant charge au duc d’ Alençon et à icelle Jeanne du siège de Gergeau.

    (Hautin alias Hotin, Figures des monnoies de France, recueil conservé parmi les manuscrits de la bibliothèque de l’Arsenal, histoire 467 in-4° ; feuillet 402 verso).

    Le patron ou modèle indiqué représente en effet les armes des du Lis : il se voit au feuillet cxlvij des figures. Cette concession paraît avoir été purement verbale. Plus tard, elle serait devenue l’objet d’un acte régulier, comprenant la concession de nom et qui se serait étendue aux frères de l’héroïne.

  68. [68]

    Ici encore Jeanne porta ses vues plus haut. Elle se fit peindre une bannière, dont elle-même composa les insignes. On y voyait le Roi des rois assis sur l’arc-en-ciel, et servi de ses anges qui tenaient en main la fleur de lis.

  69. [69]

    Traité sommaire, etc., 1628, p. 6, et 25.

  70. [70]

    Ci-dessus, texte n° 22.

  71. [71]

    Texte n° 98.

  72. [72]

    Traité sommaire, page 42 et suivantes. Voy. ci dessus Aperçu généalogique § e, n° 31.

  73. [73]

    Voy. ci-dessus texte n° 3.

  74. [74]

    L’expédition authentique retrouvée par moi aux archives de l’Empire en 1853, expédition prise en 1737 sur l’original, porte Darc. Voy. ci-dessus texte n° 2 et Bibliothèque de l’École des Chartes, 3e série, t. V, p. 272. On trouvera cet acte à la fin du présent Mémoire : Lettres d’anoblissement.

  75. [75]

    Textes nos 22 a, 22 c, 36, 70 et ailleurs.

  76. [76]

    Voy. ci-dessus, texte n° 56.

  77. [77]

    Texte n° 56. Voy. aussi nos 61, 85, 86, 90, 92.

  78. [78]

    Texte n° 56, articles 2 et 3.

  79. [79]

    Voy. texte n° 71, article 1.

  80. [80]

    Ibidem, article 2.

  81. [81]

    Texte n° 66.

    Les éditions de 1596 et 1611 de cet ouvrage sont très rares ; elles manquent à nos plus grands dépôts littéraires. M. le duc Pasquier, de l’Académie française, descendant de l’érudit du XVIe siècle, possède une collection bibliographique extrêmement riche des œuvres de son aïeul. Je dois à son exquise obligeance la communication de ces deux textes, et par conséquent la remarque intéressante qui résulte de leur comparaison.

  82. [82]

    Voy, ci dessus textes nos 59 à 63.

  83. [83]

    À l’énumération ci-dessus insérée, il faut joindre l’exemple et l’autorité de Dreux-du-Radier, historien instruit et qui travaillait volontiers d’après les sources : Bibliothèque historique du Poitou, 1754, in-12, tome V, page 239 : Jeanne Darc, la Pucelle d’Orléans.

  84. [84]

    Dans ce relevé chronologique de textes, nous n’avons dû faire figurer, surtout à partir du XVIIe siècle, que des historiens on des érudits, à l’exclusion des simples littérateurs ; l’autorité de ces derniers ne pouvant avoir aucun poids en cette matière.

  85. [85]

    Collection Isambert ; voy. ci-dessus, texte n° 99, la note (note 46).

  86. [86]

    Voy. ci-dessus, textes nos 41 à 52.

  87. [87]

    On trouvera sur ce point des développements plus étendus dans la seconde partie du travail que j’ai publié sur la vie et la mémoire de Jeanne Darc, Revue de Paris, numéro du 1er août 1854.

  88. [88]

    Histoire de France. 1576 in-f°, p. 1144. Voy. aussi de l’Estat et succez des affaires de France, etc., sub an. 1426.

  89. [89]

    François Bonivard : voy. Bibl. de l’École des Chartes, 2e série, tome II, p. 398.

  90. [90]

    Texte n° 55.

  91. [91]

    Discours sommaire, p. 7. et Traité sommaire, p. 6 et 7.

  92. [92]

    Voy. ci-dessus, généalogie n° 19.

  93. [93]

    Charles et Luc du Lis frères. Voy. Aperçu généalogique, nos 24 et 25.

  94. [94]

    Godefroy, Remarques sur l’histoire de Charles VII, p. 900c, et ci-dessus texte n° 31.

  95. [95]

    Dès le XIVe siècle, effectivement, des familles ou des individus, plus ou moins considérables, quoique non nobles, tels que pouvait l’être à cette époque la famille Darc, se servaient pour leurs signets ou sceaux, sur des vitraux votifs, sur des lames ou dalles tumulaires, et ailleurs, de marques ou insignes personnels et distincts. Ces marques se groupaient et se figuraient exactement comme les armoiries ; à la seule exception toutefois du timbre ou heaume, et de ses achements. Car le timbre, étant un symbole essentiellement militaire, formait le complément caractéristique du véritable blason, du blason héraldique et nobiliaire. L’assertion de Charles du Lis n’a donc rien d’inacceptable en soi ; mais il n’allègue aucun monument, aucune preuve à l’appui de son dire. Là me paraît être le point faible et suspect de cette affirmation.

  96. [96]

    Peut-être l’auteur des vers que nous allons citer a t-il voulu donner à entendre que la Pucelle était aussi noble qu’Apollon, né du sang des Dieux ? C’est un problème que décidera la sagacité du lecteur.

    Bergère, quelque temps sous de simples habits,

    Elle prit la houlette et garda les brebis ;

    Mais non pourtant moins noble, Apollon, dieu-poète,

    Aux bords amphrysiens, garda celles d’Admète, etc.

    (Recueil de plusieurs inscriptions, etc. 1628, in-4°, p. 90.)

    Nous citerons également ici à titre de curiosité la note suivante :

    Dans les papiers publics de Vienne, M. Guillaume Marzano a publié une découverte qu’il a faite dans les archives particulières de Bologne. Par un document publié dans la Gazette de Venise, il a appris que cette fameuse Pucelle d’Orléans provenait de la famille des marquis Ghislieri, et était fille de Ferrenta Ghislieri, lequel, en 1401, fut forcé de quitter Bologne, pendant que Jean Bentevoglio abusait trop de son pouvoir dans la République.

    Tygodnik Literacki (Journal littéraire hebdomadaire, publié en polonais, à Vienne ou à Pesth ?) 1838, n° 27, p. 216. J’emprunte cette traduction aux journaux français de l’époque. Cf. Michelet, Histoire de France, 1841, t. V, p. 49, note 2.

  97. [97]

    André Thevet semble l’entendre ainsi, lorsqu’il dit : Les Anglois prindrent occasion de rendre exécrable ceste Pucelle d’Arc… (Texte n° 63).

  98. [98]

    Voy. Lemaire, Histoire d’Orléans, 1645, in-4°, p. 317. Lemaire donne cette pièce comme extraite du Recueil de Charles du Lis. Nous l’avons cherchée vainement dans les éditions de 1613 et 1628.

  99. [99]

    Édition de Bristol, 1798, in-12, t. I, p. 102. Voy. aussi p. 106 et passim.

  100. [100]

    Tome I, page 240.

  101. [101]

    Traité, etc., de 1628, p. 7.

  102. [102]

    À la suite de l’Histoire généalogique de la maison de Dreux, 1631, in-folio.

  103. [103]

    Voy, ci-dessus, texte n° 1.

  104. [104]

    In-12, tome VI, pages 431 et suivantes.

  105. [105]

    Page 437.

  106. [106]

    On peut remarquer le même silence dans la Biographie du département de la Haute-Marne ; Chaumont, 1841 et années suivantes, in-8°. (Annales de la Haute-Marne.)

  107. [107]

    1762, in folio, tome I au mot Arques. C’est sans doute là que Southey a pris le poétique village qu’il s’est approprié.

  108. [108]

    Textes nos 2, 10, 11, 12, 19, etc. Il existe un autre document où la Pucelle est nommée Joanna Darc de Dompremio. Ce sont des lettres-patentes en date du mois de juin 1429, portant anoblissement de Guy de Cailly (voy. Procès, t. V, p. 343). Mais ces lettres sont justement regardées comme suspectes et nous inclinons fortement à croire qu’elles ont subi des interprétations précisément dans la clause où se produit cette dénomination de la Pucelle.

  109. [109]

    Voy. par exemple le ms. français N° 7335 de la Bibl. imp. où cette locution se reproduit trois fois aux fos 34, 39 et 86.

  110. [110]

    Le second mode, celui où l’élision ne s’exprimait pas, était, je crois, d’un usage moins rare que de nos jours. Ainsi, on lit dans le procès de condamnation, Ms. d’Urfé, f° 23 :

    Aide toy, Dieu te aidera… Certiffiés-moy de oir messe.

    Nous écririons aujourd’hui t’aidera et d’ouïr.

  111. [111]

    Ms. 5965, f° 65, v° ; pour d’Andelot. (Il faut noter que ce texte fut rédigé à Rouen.)

  112. [112]

    Ibid., pour l’arbre, etc.

  113. [113]

    Ibid. : qui vont en l’erre.

  114. [114]

    Comte d’Armignac ou d’Armagnac (f° 78).

  115. [115]

    Roi d’Angleterre (f° 76).

  116. [116]

    Exemples tirés du ms. 5970 latin, fos XLIX. et suivants, contenant l’enquête faite à Domremy (inquesta in loco originis Johanna) ; noms de témoins cités : Johannes Morelli (Morel) ; Dominicus Jacobi (Jacques) ; Theveninus Rotarius (Le Royer) ; Nicolaus Bailly de Andeloco (d’Andelot et non comme ci-dessus p. 39, note 4 (note 111), dandelo) ; Gerardinus de Spinalo (en français Gérardin despinal, mais point Gerardinus despinal, comme Jacobus Darc), etc., etc.

    Tous ces témoins étaient des roturiers ; voici les noms de deux gentilshommes des environs, entendus dans la même enquête : Bertrandus de Poulangeio (de Poulangey ou Poulangy) ; Albertus de Urchüs (Albert ou Aubert d’Ourches et non Albertus dourches). Les ducs d’Alençon et de Clermont, mentionnés accidentellement dans l’enquête le sont sous cette forme : cum ducibus de Clermont et dalençon.

    On peut vérifier le même principe à l’aide d’une épreuve inverse. Un texte latin écrit à Alençon ou dans le Perche dira : dominus de Alençonio ; un texte latin du pays d’Armagnac, dominus de Arminiaco ; un seigneur ou un habitant d’Arc, sera appelé, dans le pays, N… de Arcu ou de Arco, etc.

    On a ici, sous les yeux, un exemple de cette contre-épreuve, à l’égard des mots d’Andelot. Les scribes qui tiennent la plume sur le territoire de cette prévôté même, l’appellent de Andeloco ; à Rouen : dandelo.

  117. [117]

    Voy. nos 40 et 41.

  118. [118]

    Dans les formes suivantes : Darcus, Dartus, Darcius, au masculin ; Darcia au féminin ou Darc indéclinable.

    Arxea se montre en 1628 dans le Recueil d’Inscriptions, en vers, p. 6, 8 et 20.

  119. [119]

    Voy. ci dessus, page 35 (note 98).

  120. [120]

    Page 33.

  121. [121]

    Pages 47 et 48.

  122. [122]

    Dans les textes du moyen âge, dard ou dart est une faux à faucher. Du Cange reconnaît à ce mot, en dehors du latin dardus, diverses étymologies ou radicaux et notamment dal, qui a fait dans le midi dalho, en latin dallis, en Anglais dale et en français daille et dart. Dans la langue d’oc dailhayre signifiait faucheur : il a pu devenir en langue d’oïl dare ou darc.

    Darc peut encore venir, sous forme contracte, du latin draco (dragon, d’où sont sortis peut-être le Drac et la Darce, cours d’eau ; comme Tarascon et Tarasque, synonymes de serpent, gargouille). Draco aurait fait drac, puis par une permutation très familière : Darc.

    Il peut dériver aussi par contraction d’un nom germanique comme Darike ou Darric, en latin Darricus ; d’où : Darc.

    J’ajouterai enfin à titre de simple renseignement, que dark est aujourd’hui en anglais un adjectif ayant le sens de foncé, sombre, brun. Cet adjectif n’a-t-il pas pu faire un nom propre, même français ; comme brown et grey ont donné naissance à Brown et à Grey ; à Lebrun, à Legris ?

    Darche et Darcel s’écrivent d’une seule pièce. Cependant Arche et Arcel ont pu être et des substantifs communs, et des noms de lieux, ayant, par suite donné l’origine à ces noms d’hommes. La forme Darc a précisément cet avantage de se concilier également avec toutes les hypothèses philologiques possibles ; même avec celle qui se fonderait sur une localité perdue ou inconnue du nom d’Arc. C’est le propre en effet des noms de personnes au sein d’une langue formée, telle que la nôtre, de s’immobiliser sous une forme souvent contracte. C’est par là spécialement que ces noms se distinguent au milieu des autres parties du discours.

  123. [123]

    Discours sommaire, p. 8 ; Traité sommaire, p. 6.

  124. [124]

    Les documents historiques relatifs à la Pucelle offrent les noms de huit femmes distinctes qui auraient été ses marraines ; quatre d’entre elles s’appelaient Jeanne : savoir

    1. Jeanne, veuve de Nicolas Darc ;
    2. Jeanne, femme du maire Aubery de Domremy (voy. Procès, I, p. 67, 177, 210, 211, 212) ;
    3. Jeanne, femme Thiesselin de Vitel, clerc à Domremy (Procès, II, p. 389, 395, 398, 403, 412, 415, 420, 426) ;
    4. Jeanne, femme Thevenin le Royer de Domremy (Procès, II, p. 388, 395, 398, etc.) ;
    5. Agnès (Procès, II, p. 46) ;
    6. Béatrix (Procès, II, p. 388, 389, 395 et 410) ;
    7. Edette (Procès, II, p. 429) ;
    8. Sibylle (Procès, I, p. 46).

    La Pucelle, interrogée sur ce point, répondit

    que l’une de ses marraines s’appelait Agnès ; une autre, Jeanne ; une troisième, Sibylle, et qu’elle en eut encore plusieurs autres, à ce qu’elle avait entendu dire par sa mère. (Ibid. I, 46).

    Quatre ou cinq parrains et autant de marraines étaient alors le nombre habituel. Il faut se rappeler en outre qu’au moyen âge les titres de compère, commère, parrain, marraine, père, mère, oncle, cousin, en un mot, tous les titres de parenté, naturelle ou spirituelle, se multipliaient par courtoisie, par dévotion ou par amitié. Nous en signalerons un exemple spécial dans la note suivante.

  125. [125]

    Charles du Lis fait évidemment ici confusion. Le parent qui mena Jeanne une première fois à Vaucouleurs, était un de ses oncles (unus ex avunculis suis ; Procès, t. II, p. 399), qui se nommait Durand, dit Laxart, et qui ne pouvait donc pas être le même que Jean Darc. On a cherché à se rendre compte de l’alliance qui faisait de ce Laxart, dont la femme, nommée Jeanne, était de la parenté de la Pucelle (Procès, t. II, p. 443), qui faisait, disons-nous, de Laxart un oncle de l’héroïne. M. Lebrun de Charmettes, d’après le sens restreint qui s’attachait dans l’antiquité classique au mot avunculus (oncle maternel), suppose que la femme de Laxart était une Jeanne Romée (Histoire de Jeanne d’Arc, t. I, p. 247). Mais les documents généalogiques que nous possédons ne donnent à Isabelle Romée qu’une sœur nommée Aveline (voy. ci-dessus Aperçu généalogique, n° 33). On sait d’ailleurs, comme l’a remarqué Du Cange (V° Avunculus), que ce mot, dès l’époque mérovingienne, réunit à son sens propre celui de patruus, de telle sorte qu’oncle est resté seul dans notre langue pour exprimer la parenté de l’une et de l’autre ligne. L’hypothèse suivante pourrait, ce me semble, résoudre la difficulté. En 1412, Jeanne, veuve de Nicolas Darc, et tante de la Pucelle, devient en outre sa marraine. Elle épouse ensuite Durand Laxart, que Jeanne pouvait appeler son oncle, parce qu’il était le mari de sa tante.

  126. [126]

    Traité, p. 7 et 8.

  127. [127]

    Ceffonds ou Séfonds en Vallage, était du diocèse de Troyes, doyenné de Margeries.

  128. [128]

    La Pucelle avait prophétisé à Rouen, devant ses juges, le 1er mars 1431,

    qu’avant sept ans, les Anglais perdraient en France un plus grand gage qu’ils n’avaient fait devant Orléans… qu’avant sept ans, ils perdraient tout en France par une grande victoire que Dieu enverrait aux Français. (Voy. Procès, t. I, page 84.)

    Six ans après (avril 1436), Charles VII rentre victorieux dans sa capitale. L’un des premiers fonctionnaires nommés par lui à de nouveaux emplois, est Jean Darc, l’oncle de l’héroïne ? Ce fait, inconnu jusqu’ici, mérite une très grave attention, et doit être pesé dans l’histoire de la Pucelle et de Charles VII.

  129. [129]

    Voy. Procès, t. I, pages 117 et 118.

    La ligne maternelle, en la personne de Jean Vouthon et d’Ameline ou Aveline, frère et sœur d’Isabelle Romée, prit aussi, comme on l’a vu (ci-dessus, page 6, Aperçu généalogique, § f), des alliances nobles. En 1525 et 1555, un descendant d’Aveline invoqua, pour faire confirmer sa noblesse, son titre de descendant de la Pucelle (Traité sommaire, 1628, p. 10). Ces descendants par alliance appartenaient à la Champagne, et s’allièrent de nouveau par la suite à diverses familles de cette province. Une généalogie manuscrite des Hennequin, famille troyenne, contient un chapitre intitulé :

    Blanchart, mémoire et pièces relatives à la Pucelle d’Orléans et à la famille Blanchart, descendante de Jacques d’Arc, frère de cette héroïne.

    (sic ; erreur, empruntée à Dom Lepelletier ? Jacquemin mourut sans postérité. Voy. Généalog. n° 4).

    Ce ms., rédigé au XVIe siècle, a pour auteur M. Comparot de Longsols, et m’a été communiqué à Troyes par M. Corrard de Breban, en 1839. On y trouve entre les feuillets 74 et 75 du texte, les armes figurées des Blanchart, alliés au Lorey. Ces armes sont pour Blanchart, d’azur à l’épée d’or, soutenant une couronne de même, et côtoyée de deux fleurs de lis d’or, c’est-à-dire le blason royal, concédé à la Pucelle et à ses frères. Les mêmes pièces se retrouvent également dans l’écu des Leclerc (autre famille alliée aux Hennequin), figurées sur la même page. Elles sont aussi écartelées dans les armoiries que présentent des cachets de cire d’Espagne rouge, adhérents à des lettres missives, qui font partie des archives de l’abbaye de Notre-Dame-aux-Nonnains de Troyes, conservées à la préfecture de l’Aube (liasse 421, carton 287). Ces lettres ont été écrites par deux personnages du nom de Finot, l’un grand maire et l’autre grand chantre de cette abbaye, vers 1738.

  130. [130]

    J’ai connu particulièrement à Troyes, de 1839 à 1841, des personnes alliées à cette honorable famille, qui compte peut-être encore des descendants mâles et directs. J’ai entendu maintes fois répéter ce nom, dont la forme est très familière à l’oreille dans le pays, et qui s’y prononce Dâr.

  131. [131]

    On ne possède malheureusement que cette mention. Les mémoriaux auxquels se rapporte cette table ayant été détruits par l’incendie de 1737. Peut-être pourra-t-on retrouver quelques actes où ce Jean Darc a figuré comme arpenteur du roi.

  132. [132]

    Voir aussi dans ce même fonds de Notre-Dame-des-Prés, les liasses 428, 429 et autres. Parmi les actes très nombreux qui concernent cette famille, le nom est écrit tantôt Dart, quelquefois et très lisiblement Darc.

  133. [133]

    Retrouvée en décembre 1853 aux Archives de l’Empire. Voyez ci-dessus, texte n° 2, p. 30, note 3 (note 74), et pour plus de développements Bibliothèque de l’École des Chartes, 3e série, tome V, pages 274 et suivantes.

  134. [134]

    L’original devait porter des e pour des æ. Mais la copie K donne tantôt l’une, tantôt l’autre orthographe. Nous avons adopté les æ.

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