E. de Bouteiller, G. de Braux  : Nouvelles recherches sur la famille de Jeanne d’Arc (1879)

Enquêtes

1Enquêtes sur la famille de Jeanne d’Arc
Tirées des papiers de Charles du Lys, dans les archives de MM. de Maleissye, ses arrière-petits-fils.

Anciennes armes de la famille d’Arc
2 [Anciennes armes de la famille d’Arc]

3I.
Information sur la descendance de Jean de Vouthon, frère de la mère de la Pucelle
(des 2 et 3 novembre 1476)

A tous ceulz qui ces présentes lettres verront et orront, Jehan Le Coffat, garde de par le Roy nostre sire des seaux de la prevosté de Victry, salut. Scachent tous que par devant Jehan Jacquier et Jehan le Cay, jurés du Roy nostre dict seigneur et establis à ce faire ou tabellionnage dudict Victry, les second et troisiesme jours du moys de novembre l'an mil quatre cent soixante-seize, estant es villes et lieux de Faveresse et Sermaize, de la part de Collot de Parthes, fils de Pierre de Parthes et de feu Mangotte, en son vivant sa feme, demourant audict Faveresses, furent produictz et présentés les tesmoings et personnes qui ci-après seront nommés. En leur requérant que en leur présence leur pleust en leurs loyaulté et conscience dire et déclarer au vray de quelle lignée, génération et progenies il estoit né, procréé et descendu, disant qu’il avoit entendu sa dicte feue mère avoir esté née, procrée et descendue légitimement de l’oncle, frère à la mère de feue Jehanne la Pucelle qui conduisit et accompagna le feu Roy Charles, que dieu pardoint, à son sacre à Reims. Et leurs dictz et deppositions mettre et rédiger par escrit pour luy servir ou temps advenir ce que raison donrait. Lesquelz tesmoings ont dict, certiffié et affermé en leur dicte loyaultez et consciences 4chacun par soy en appart et par sa bouche, sur icelle génération et progenies ce qui sensuyct.

Jehan le Montigneue

Et premier Jehan le Montigneue, demoursant à Sermaize, aagé d’entiron soixante dix ans, a dict et depposé par devant lesdicts jurés qu’il est natif dudict Sermaize, auquel lieu il a tout son temp demouré et faict sa continuelle demourance et résidence, et par ce est bien recordz que environ soixante ans peult avoir, un nomé Jehan de Voulton natif d’un village appelé Voulton au pays de Barrois, à une lieue ou environ de Dompremy sur Meuse, prévosté de Vaucouleur, vint demeurer audict Sermaize avecque une sienne femme de laquelle ne scait le nom et quatre enfants, c’est ascavoir trois filz et une fille, l’un d’iceulx nomé Poiresson, l’autre Perinet et l'autre Nicolas, et la fille nomée Mangotte, comme il lui semble. En laquelle ville il a demouré par le temps et espace de bien environ trente ans et jusqu’à ce qu’il est allé de vie à trespas. Pendant le temps de saquelle demourance iceluy de Voulton maria ladite Mangotte sa fille à un nomé Collot le Turlat, natif et demourant lors audict Sermaize, lequel Turlas peu de temps après alla de vie à trespas et fut tué à un siège mis audict Sermaize devant l’Eglise Nostre Dame d’illec par le comte de Saulme, d’un coup de baston à feu. Délaissa en vie ladicte Mangotte sa femme et une jeune fille nomée Jehanne, laquelle parvenue en aage a esté marriée à un appelé Jehan Parcolles, demourant à présent à Bloize soubz Arzillières. Et au regard de ladicte Mangotte sa mère, vefve dud. Collot Turlaut, elle fut remariée environ un an après son vefvage à un nomé Pierree de Perthes, demeurant aud. Faveresses en Parthois, du mariage desquelz sont nez, desdendus et procréés en léal mariage plusieurs enfans, Jehan, Didier, led. Collot, Jehan de Perthes, Marguerite et Agnès. Et est bien recordz iceluy depposant que depuis environ vingt sept ans en ça, une nomée Jehanne soi disant estre la Pucelle, natifve comme elle disoit de la ville de Dompremy sur la rivière de Meuze ou pays de Barrois, vint aud. Sermaize en un jour dont il depposant 5n’est recordz, avec laquelle il, accomptgné d’un nomé Collesson Coutant et plusieurs autres desquels ne scait les noms, but mangea et fist bonne chère en la maison dud. Perinet son cousin, filz dud. Jehan de Voulton. Et en pourparlant de plusieurs choses, icelle Jehanne dit tout publicquement qu’elle estoit venue aud. Sermaize pour veoir et visiter Henry Perrinet dict de Voulton, lequel elle disoit estre son cousin et linager bien prochain, à cause de ce que il estoit né et descendu dudict Perrinet de Voulton, filz dudict Jehan de Voulton. Ne scait luy depposant, sur ce requis, en quel degré elle le tenoit et repputoit son cousin, ne aussy se lad. Jehanne estoit celle qui accompagna led. feu Roy Charles à son sacre à Reims : dict en outre que pareillement il a veu venir audict Sermaize un nommé Jehan du Lys, soi disant frère germain à lad. Jehanne la Pucelle pour veoir lesdictz Henry et Perrinet les Voultons, enfans dudict Jehan de Voulton, qui se disoit frère germain de feue Ysabelot, mère de ladicte Jehanne la Pucelle, qui fut à Reims au sacre dud. feu roy Charles. Et plus n’en a dict ne depposé sur la nativité d’icelluy Collot de Pertes.

Jehan Guillaume

Jehan Guillaume l'aisné demourant aud. Sermaize, aagé d’environ soixante seize ans, dict et deppose en sa dicte loyauté et conscience que il est natif dud. Sermaize, où il a demouré continuellement depuis trente ans en ça. Et est bien recordz et mémoratif que, environ soixante ans peut avoir, un nommé Jehan de Voulton, qui se disoit estre d’un village appelé Voulton, assiz ou pays de Barrois, a une lieue ou environ d’un autre village appelé communément Dompremy sur Meuze, se vint asseoir à demourance aud. Sermaize avec une sienne femme du nom de laquelle n’est souvenant ne mémoratif et plusieurs enfans, c’est ascavoir trois filz et une fille, l’un d’iceulx nomé Perrinet de Voulton, l’autre Poiresson et l’aultre Nicolas, et lad. fille nomée Mangotte, frères et sœurs. Laquelle quand elle fut en légitime aage fut conjoincte par mariage aud. Sermaize à ung nomé Collot Turlaut, né natif dudict lieu, du mariage desquelz 6yssut et fut procrée légitimement une fille appelée Jehanne qui de présent a espouzé un nomé Jehan Parcolle, demourant à Bloize soubz Arzillières. Dict outre led. depposant que environ deux ou trois ans apprés le mariage dud. Turlot et Mangotte, autrement du temps au vray n’est recordz, icelluy Turlot à un siège qui fut mis aud. Sermaize par le comte de Saulme devant l'esglise Nostre Dame dud. Sermaize, fut tué et occis d'ung coup d’une bombarde ou d’ung autre baston à feu ; après la mort duquel certaine espace de temps, icelle Mangotte fut derechef conjoincte par mariage à Pierre de Parthes, demourant à présent à Faveresse, du mariage desquelz sont yssuz, néz, procréés et descenduz légitimement plusieurs enfant tant filz que filles : c’est ascavoir Jehan, Didier, led. Collot, Marguerite et Agnès. Le scait luy depposant par ce qu’il a eu et a desd. Pierre de Parthes et Mangotte sa feue femme bonne et vraye connaissance et avecques iceulx a, par plusieurs et diverses foys et en plusieurs et divers lieux, esté, conversé et fréquenté.

Est ledict deppossant recordz avecques ce que, depuis douze ou treize ans en ça, il a veu venir aud. Sermaize un appellé messire Pierre du Lys, chevalier, qui se disoit, tenoit et repputoit frère germain d’une nommée Jehanne la Pucelle, veoir, visiter et soy loger en la maison de Perrinet de Voulton, filz dud. Jehan de Voulton, lequel Perrinet iceluy messire Pierre disoit, tenoit et repputoit son cousin et prochain linager, ne say luy depposant en quel degré : mais il leur a veu faire bonne chère ensemble plusieurs foys, ainsy et par la manière que ont accousté faire l’un à l’autre prochains parens et amys quand ils se vont veoir et visiter, et sy a aussy icelluy depposant depuis cinq ou six ans en ça veu venir aud. lieu de Sermaize ung appelé Jehan du Lys, prevot en son vivant de Vaucouleurs, soy disant frère germain dud. messire Pierre du Lys, veoir pareillement led. Perrinet de Voulton et faire avecques icelluy bonne cherre ; et le tenoit et repputoit son prochain linager, né et descendu dud. Jehan de Voulton, qu’il tenoit 7et repputoit son oncle, frère comme il disoit à la mère de feue Jehanne la Pucelle. Et si a veu aud. Sermaize icelluy depposant une nomée Jehanne, soy disant estre Jehanne la Pucelle, faire bonne chère es hostels et maisons desdicts Voulton, Perrinet et Peresson les Voulton frères, enfants d’icelluy Jehan de Voulton, lesquelz elle disoit estre de son linage en bien prochain degré, ne scait lui depposant enquel, ne aussy se lad. Jehanne estoit la Pucelle qui accompagna le feu Roy Charles à son sacre à Reims. Et plus n’en a dit ne depposé.

Haquot Falée

Haquot Falée, laboureur demourant à Hen le Mauru, aagé d’environ quatre vingtz huict ans, dict et deppose en sa loyauté et conscience qu’il est natif de la ville de Sermaize, en laquelle il a demouré longtemps : durant et pendant le temps de sad. demourance il a veu et cogneu feu Jehan de Voulton, qui vint à demourance aud. Sermaize du païs de Barrois, natif comme l'on disoit d’un village nomé Voulton ou d’un aultre village à l’environ la rivière de Meuze, et amena avec luy une belle jeune femme qu’il dizoit estre sa femme et espouse et plusieurs enfans ; cest ascavoir un nomé Perinet, l’autre Perresson les Voulton : et si eurent aud. Sermaize de leur d. mariage une fille nomée Mengotte qui fut mariée longtemps après à un nomé Collot Turlaut : apprès le trespas duquel, qui fut à l’occasion d’ung coup de bombarde quy luy fut donné à un siège miz devant l’Eglise Nostre Dame dud. Sermaize par le conte de Saulme, fut remariée à Pierre de Parthes, demourant à présent à Faveresse ; du mariage desquels sont nés, procrées et descendus légitimement plusieurs enfants, mesmement led. Collot de Parthes et ung aultre nomé Jehan de Parthes et autres des noms desquelz il n’est recordz ni à présent souvenant. Et plus n’en a depposé.

Henry de Voulton, dict Perinet

Henry de Voulton dict Perinet, charpentier, demourant à Sermaize, aagé d’environ cinquante deux ans, tesmoing produict par devant lesd. jurez par led. Collot de Parthes, dict et deppose en sa loyaulté et conscience qu’il est natif 8dud. Sermaize, fils de feu Perrinet de Voulton, lequel Perinet son père estoit filz de Jehan de Voulton, lequel se disoit estre frère de Ysabelot, mène de feue Jehanne la Pucelle. Lequel Jehan de Voulton son grand’père vint à demoufanoe dud. Sermaize du pays de Barrois ou de Lorraine, mesmenent d’un village appellé Voulton, distant d'une lieue ou environ d'un autre village nomé Dompremy, scitué et aasiz sur la rivière de Meuze ; lequel Jehan de Voulton amena aud. Semaize sa femme nomée Marguerite, com il a ouy dire. Et de leur mariage eurent trois enfants mâles et une fille, c’est a scavoir : Perinet, Perresson, Nicolas et et Mengotte ; lesquelz enfans prinrent estat, mesmement led. Nicolas en l'ordre et religion de Nostre-Dame de Cheminon, et lad. Mengote sa sœur fut conjoincte par mariage aud. Sermaize à ung appelle Collot Turlaut, natif dud. Sermaize, lequd environ deux ou trois ans apprès son mariage, alla de vie à trespas au moyen d'un coup de bombarde à luy donné à certain siege mis piéça aud. lieu de Sermaize devant l'Esglise Notre-Dame d'illecques par un cappitaine appelé le conte de Saulme. Délaissa en vie sadicte femme et une sienne fille nommée Jehanne, laquelle, parvenue en aage, fut, a esté et est encore de présent conjoincte par mariage à un appellé Jehan Parcolle, demoucant à Bloize soubz Arzillières. Après le trespas duquel Turlaut environ un an et demy, icelle Mangote derechef fut conjoincte par marriage à un nommé Pierre de Perthes, demourant à Faveresse en Parthois, du mariage desquelz Pierre et Mengotte sont yssus, nés, procrées et descendus légitimement Jehan, Didier, Marguerite, Agnès et led. Collot de Parthes. Dict outre led. depposant que led. Jehan de Voulton son grand’père se disoit, tenoit, et reputoit frère germain d’une nomée Ysabelot, mère de Jehanne la Pucelle, sœur d’un nommé messire Pierre du Lys, chevalier en son vivant, et de Jehan du Lys son frère, lesquelz du Lys frères, et lad. Jehanne la Pucelle leur sœur sont venuz plusieurs foys aud. Sermaize, auquel lieu il depposant les a veu demourer 9plusieurs jours et prendre leur logis en l’hostel dud. Perrinet de Voulton, son père, leur cousin bien prochain com ilz disoient, et faire en icelluy bonne chére, les a veu aussy tenir, nomer et reputer tout nottoirement et publicquement leur cousin et bien prochain linager, comme dict est, et pour telz les tenoient et ont tenuz les dessusdicts, tant comme ils ont vescus, et pour telz pareillement ont tenus led. depposant en tous les lieux et place qu’il a esté, conversé, beu ou mangé avecques eulx et en leur compagme : à cause de ce que il est filz d’icelluy feu Perrinet, qui estoit, com dict est dessus, fils dud. Jehan de Voulton.

Encoure dict led. depposant que ladicte feue Ysabelot, mère de lad. Jehanne la Pucelle et led. messire Pierre du Lys, son filz, frère germain d’icelle Pucelle, s’en allèrent demeurer, c’est ascavoir lad. Ysabelot a Orléans et led. messire Pierre son filz au grand hostel de Baingneaux, esquelz lieux led. depposant a esté, comme il dict, les veoir. Le ont receu comme leur prochain parent, accompagné de feu Jehan de Perthes, filz dud. Pierre de Perthes et feue Mengotte sa femme, trespassé depuis deux ou trois ans en ça et frère germain dud. Collot de Perthes, que pareillement ils recepvèrent comme leur cousin et linager, les festoyèrent et firent grand’chère à chascune foys qu’ilz ont esté aud. pays.

Dict en oultre et est recordz led. depposant que led. feu Roy Charles, dont Dieu ayt l’ame, au temps dessusdict, à l’intercession, prière et requeste de lad. Jehanne la Pucelle, comme il semble aud. depposant, rescrivit ou du moins manda à Révérend père en Dieu feu damp Thomas, pour lors abbé dud. Chemynon, qu’il octroyast et donnast congé et licence aud. damp Nicolas de Voulton, frère dud. Pierresson de Voulton, oncle dud. depposant, d’estre chappellain de lad. Jehanne la Pucelle sa cousine, pour aller avecques elle où bon lui sembleroit, ce que luy accorda led. lors abbé, alla icelluy damp Nicolas avec icelle Jehanne et l’accompagna et suivit en tous les faictz d’armes qu’elle 10fit pour lors, pour ce qu’elle tenoit et repputoit led. damp Nicolas pour son cousin et linager, et auquel elle prétendoit faire du bien et de l’honneur. Dict en outre et afferme led. depposant que de son jeune aage il a esté avecque et en la compagnie dud. Perrinet de Voulton son père en la ville dud. Dompremy sur Meuze, en laquelle ilz furent receuz en l'hostel de feu un nomé Jacquot d’Ars, comme il luy semble, et à Ysabelot sa femme, père et mère de lad. Jehanne la Pucelle, qui pour lors estoit jeune fille, et leur firent bonne chère, et les tenoit et reputoit, tinrent et repputèrent iceulx d’Arc et Ysabelot, cousins et linagers bien prochains. Et des le temps de lors estoit voix publicque et commune renomée que icelle feue Jehanne la Pucelle estoit fort devotte envers Dieu et l’Eglise. Et de faict pour ce qu’elle requerroit à plusieurs personnes qu’elle fust menée et conduicte devers led. feu Roy Charles, lesd. messire Pierre du Lys et Jehan du Lys ses frères germains en furent advertiz, lesquelz le récitèrent à leur dict père, dont il fut malcontent, disant quelle n'estoit pas sage de ce dire, mais estoit une très grand folie et leur feroit deshonneur et honte. Nonobstant se fist conduire et mener devers icelluy feu Roy Charles par messire Robert de Baudricourt et feu Jehan de Mez, demourant à Vaucouleur, où elle fut receue, et a faict depuis, comme il a ouy dire, grandz faictz d’armes : et plus ne autre chose n’en a sceu dire ne depposer.

Simon Fauchart

Vénérable personne messire Simon Fauchart, prestre curé de Sermaize, notaire et juré du Roy nostre sire en la prevosté dudict Victry, demourant aud. lieu de Sermaize, aagé d’environ cinquante trois ans, dict et deppose in verbo sacerdotis sur ce que dict est, qu’il est bien recordz et memoratif que, vingt quatre ans a ou environ, une jeune femme soi disant estre Jehanne la Pucelle, vint aud. Sermaize, habituée en habit d’homme, avec laquelle il fit bonne chère et sy joua à la paulme contre elle en la halle dud. Sermaize, et est vray qu’il luy ouyt dire telz motz : dictes hardiment que vous avez joué à la paulme contre 11la Pucelle ; dont led. depposant fust fort joyeulz, et sy luy oyt dire en oultre que les només Perrinet et Poiresson de Voulton, frères demourans aud. Sermaize, enfans de feu Jehan de Voulton, estoient ses prochains parens et linagers et luy veid faire avecques eulx durant qu’elle fust aud. Sermaize une très grande et joyeuse chère.

Et dit encores que depuis lors il a veu venir plusieurs foys aud. Sermaize ung qui se nomait Jehan du Lys, qui a esté longtemps prévôt de Vaucouleur, lequel se disoit, tenoit et repputoit frère germain de lad. Pucelle, auquel Jehan du Lys il a veu faire grand recueil et bonne chère avecques lesd. Perrinet et Peresson les susdictz Voulton, les tenant et nomant, avouant et repputant ses parens, amis charnelz et linagers. Scait les choses susdictes par les leur y avoir oy dire et par avoir beu, mangé et avecques eulx faict bonne chère en grande compagnie d'aultres gens, tant en taverne come en la maison dud. Perrinet de Voulton. Dict en outre, sur ce requis, qu’il a bien veu et cogneu, dès trente ans a ou environ, une nomée Mengote, que l'on disoit estre fille aud. Jehan de Voulton et sœur germaine au dessusdict Perrinet et Pierresson les Voultons, laquelle Mengotte a esté mariée à Pierre de Perthes, demourant à Faveresse, du mariage desquelz sont descendus et procrées légitimement plusieurs enfans, mesmement un nomé Jehan qui a esté mort en l’armée et service du Roy nostre seigneur, un aultre aussy nomé Jehan, qui est à présent religieux de St Menge les Chalons, led. Collot de Perthes et deux aultres filles, l'une nomée Agnes et l’autre Marguerite leurs sœurs ; et plus n’en scaurait dire et depposer.

Thomas Senlis (est allé à Orléans, où il a vu Isabelle)

Thomas Senlis, demourant à Sermaize, aagé d’environ soixante ans, dict et deppose en sa loyauté et conscience qu’il est natif dud. Sermaize, auquel lieu, depuis environ quarante ans en ça, il a continuellement demouré ; et par ce a eu bonne cognoissance de feu Perrinet et Perresson les Voulton, frères à leurs vivans, demourans aud. Sermaize, enfans comme on disoit 12d’ung feu nomé y Jehan de Voulton, natif d’un village appelé Voulton au païs de Barrois, et frère germain d’une nomée Mengotte, qui conjoincte fut par mariage, dès trente huict ans peult avoir, à ung nomé Collot Turlaut natif aussy dud. Sermaize, lequel assez tost après leur dict mariage, du temps au vray n’est recordz, alla de vie à trespaz aud. lieu, d’un coup de bombarde ou d’un aultre baston à feu qui luy fut baillé devant l’église dud. Sermaize à ung siège qui fut mis pour lors par le conte de Saulme. Délaissa icelluy Turlaut en vie lad. Mengotte sa femme et une sienne fille nomée Jehanne, que ung appelle Jehan Parcolle, demourant à Bloize soubs Arzilliéres et eu et a encore de présent en mariage. Laquelle Mengotte depuis le trespas de son dict feu marit, fut derechief conjoincte par mariage, elle demourant aud. Sermaize, à un nomé Pierre de Perthes, demourant à présent à Faveresse en Parthois, du mariage desquelz Pierre et Mengotte sont yssuz, néz et descenduz légitimement et en léal mariage, Jehan, Agnès, Marguerite, Didier et led. Collot de Perthes. Dict en oultre led. depposant qu’il a veu aud. Sermaize plusieurs fois deppuis le temps dessusdict, feus messire Pierre du Lys chevalier et Jehan du Lys son frère, à son vivant prévôt de Vaucouieur, lesquelz se disoient, tenoient et repputoient publicquement aud. Sermaize frères germains de Jehanne la Pucelle, celle qui mena et accompagna le feu roi Charles, que Dieu pardoint, au sacre à Reims et a faict les vaillances d’armes dont est mémoire au royaulme de France, et dict et afferme que iceulx du Lys tenoient et repputoient lesd. Perrinet, Perresson et Mengotte frères et sœur leurs prochains parens et linagers. Le sait, sur ce requis, parce que les a par plusieurs et diverses fois veus conversé et ester ensemble aud. Sermaize, boire, manger et faire bonne chère ez hostelz et maisons desd. Perrinet et Perresson les Voulton, et eulx nomer et appeller l’ung l’autre cousins et linagers.

Dict en outre que, vingt quatre ou vingt cinq ans a, il depposant s'en alla en la ville et cité dOrleans pour ses affaires, 13en laquelle ville il trouva un nomé Colleason Coutant, cordonnier, demourant illec, ouvrant de son mestier, natif dud. Sermaize, lequel, après ce que pour la cognoissance du pays et qu’il eust fait bonne chère aud. depposant, le mena et conduisit en plusieurs lieux d’icelle cité, et par espécial le mena veoir une nomée dame Ysabelot, demourant lors aud. Orléans, qu’il disoit estre mère de lad. Jehanne la Pucelle. En allant en son quel hostel rencontrèrent et trouvèrent messire Pierre du Lys, filz d’icelle dame Ysabelot et frère à lad. Jehanne la Pucelle, qui comme il disoit, venoit d’un village nommé les Ysles lez led. Orléans, que led. feu Roy Charles luy avoit baillé, qui pareillement alloit veoir lad. Ysabelot sa mère. Et est bien recordz et scait au vray led. depposant que auparavant par aulcun temps il avoit veu venir comme dict est aud. Sermaize led. messire Pierre du Lys, à cause de quoy ilz avoient congnoissance ensemble. S’en allèrent tous trois devers lad. dame Ysabelot, mère d’iceluy du Lys, à laquelle il dit quil luy amenoit l’un des voisins de leurs parens et linagers de Sermaize, c’est ascavoir de Henry et Perrinet les Voulton, qui plusieurs foys l’avoient receu en leurs hostels aud. Sermaize et fait en iceulx grande et amiable chère. Pourquoy la dame Ysabelot receut de bon et joyeulx courage led. depposant, l’embrassa de ses bras en luy demandant comment se portoient lesd. Perrinet et Henry ses cousins et linagers et s’ils estoient tous en bon poinct. A laquelle il respondit qu’ilz estoient tous en bon poinct, dont elle et led. messire Pierre son filz furent fort joyeulx. Et en iceluy hostel fut aud. depposant et Coutant faict par icelle Ysabelot et son filz une très grand, singulière et amyable chère : et plus n’en a depposé ne affermé, luy sur ce ouy diligemment.

Jehan Collin

Jehan Collin l'aisné dict Hugues, demourant à Sermaize, aagé d’environ soixante huict ans, dict et deppose sur la génération dud. Collot de Perthes, en sa loyaulté et conscience, qu’il est né et natif dud. Sermaize, où il a demouré continuellement depuis soixante ans en ça ou environ, 14au moien de quoy il a eu bonne cognoissance d'un nomé Jehan de Voulton, qui se vint asseoir à demourance aud. lieu de Sermaize, du païs de Barrois d'un village appelé Voulton, et amena avec lui une sienne femme, de laquelle ne scait le nom, et trois ou quatre enfans mesmement, l'un d’iceulx nommé Perinet et l’autre Perresson les Voultons. Et scait de vray que constant leur dict mariage, ils eurent aud. Sermaize entre autres filles une fille nommée Mengotte, laquelle a esté mariée à un nommé Collot Turlaut, qui fut mort d’un coup de bombarde à un siège miz aud. Sermaize devant l'Eglise de Nostre Dame d’illecq par le conte de Saulme : délaissa en vie sad. femme Mengotte, Jehanne leur fille, qui fut, après ce qu’elle fut aagé suffisamment, mariée à un appelé Jehan Parcolle, qui demeure encour de présent à Bloize soubz Arzillières. Et lad. Mengotte sa mère, femme d’icelluy Turlaut, depuis et après son trespas, fut et a esté conjoincte de rechef par mariage à ung nomé Pierre de Perthes, demourant à présent à Faveresse en Parthois, de leur quel mariage sont descenduz, nez et procréez légitimement plusieurs enfans, mesmement led. Collot de Perthes.

Et si dict, avecquece et en oultre, qu’il aveu aud. Sermaise plusieurs foys feuz messire Pierre du Lys, chevalier, et Jehan du Lys son frère, à son vivant prevost de Vaucouleur, qui se disoient, tenoient, nommoient et advouoient frères tous germains de feue Jehanne la Pucelle, eulx loger es maisons et hostelz desd. Perrinet et Perresson les Voultons frères, qui pareillement les tenoient et repputoient leurs parens, cousins et prochains linagers, et avecques lesquelz il depposant a par aultre foys beu, mangé et fait grand chère ; les y a veu demourer et séjourner aulcune foys par deux jours, aulcunes foys par trois jours, à leur faire grande amiable chère et eux festoyer. Dict encore icelluy depposant qu’il a veu depuis led. temps un nomé messire Henry de Voulton, qu’il disoit estre natif dud. Voulton en Barrois, estoit curé dud. Sermaizes, qui pareillement tenoit et repputoit iceulx Perrin et Perresson 15les Voultons ses prochains parens et amys charnelz et avecques eulx a souventeffois veu fréquenter et converser et tant qu’il a vescu se sont tenuz et repputez de si prochain linage que après son trespas lesd. Perrinet, Perresson et Mengotte leur sœur ont prins et emporté par portions égales toute la succession mobiliaire et immobiliaire d’icelluy feu messire Henry de Voulton, comme ses plus prochains linagers habilles à luy succéder, sans ce que aulcun empeschement leur en fust ne ayt esté puis lors mis, faict ou donné. Et plus n’en a dict ne depposé.

Jehanne vefve de feu Jehan Remy

Jehanne vefve de feu Jehan Remy, demourant à Sermaizes, aagée d’environ quatre vint ans, dict et deppose en sa loyaulté et conscience qu’elle est natifve de lad. ville de Sermaizes, en laquelle elle a continuellement demouré, et par ce a veu plusieurs foys pendant et durant le temps de sad. demourance ung nommé Jehan de Voulton, une sienne femme nommée Marguerite, comme il luy semble, et deux siens enfants demourer aud. Sermaizes, que l'on disoit estre natifs du païs de Lorraine ou Barrois, aultrement ne le scait ; bien dict qu’ils estoient d’un village nommé Voulton, lesquelz deux enfans se nommoient et estoient appelez Perrinet et Perresson les Voultons. Et sy dict que led. Jehan de Voulton et sa femme eurent aud. Sermaizes de leurd. mariage deux filles, l’une nommée Jehanne et l’aultre Mengotte. Laquelle Mengotte, elle estant en aage suffisant, fut et a esté par mariage conjoincte à un nommé Collot Turlaut, natif dud. Sermaize, qui receut mort aud. lieu, longtemps a, d’ung coup de bombarde ou d’ung autre baston d’artillerie à luy donné à ung siège miz par le conte de Saulme devant l’église de Nostre Dame dud. Sermaizes. Du mariage desquelz fut née, descendue et procrée légitimement une fille nommée Jehanne, qui a esté et de présent est mariée à Jehan Parcolle, demourant à Bloize soubz Arzilliéres. Et au regard de lad. Mengotte, vefve dud. Collot Turlaut, certain temps après son dict trespas, fut ittérativement et derechief conjoincte par mariage à ung nommé Pierre de Perthe, demourant 16à Faveresse en Partois, du mariage desquels sont yssuz, procréez et descendus légitimement plusieurs enfans, mesmement led. Collot de Perthe, qu’elle a souventeffois veu tant aud. Sermaizes comme ailleurs.

Dict en outre icelle depposante qu’elle a veu aud. lieu de Sermaizes un nommé messire Henry de Voulton, lequel deppuis qu’il arriva aud. Sermaize du pays de Barrois, ne scait de quel lieu, jusques au jour et heure de son trespas a esté curé de la cure dud. lieu, lequel, pendant qu’il a eu le régime, gouvernement et administration de la dicte cure, a tousjours tenu repputé, tenoit et repputoit en son vivant lesd. Perrinet, Peresson et Mangotte leur sœur ses parens prochains et amis chamelz, en telle manière que après son décez et trespas ilz ont prinz et apprehandé toute ou partie sa succession tant mobiliaire comme immobiliaire, comme ses plus prochains héritiers suffisans à luy succéder, sans aulcuns empéchemens leur avoir été mis en ce, au contraire.

Et dict icelle depposante en sad. conscience qu’elle a ouy les dessusd. Perrinet, Perresson, Mangotte et messire Henry les Voultons eulx dire, nommer, tenir, advouer et repputer estre d’un mesme linage en bien prochain degrez de lad. Jehanne la Pucelle, qui conduisit et fut avecques led. feu roy Charles à son sacre à Reims, aultrement ne le scait. Et si a veu en outre Henry Perrinet, fils dud. Perrinet de Voulton, pareillement soy tenir et advouer estre du linage d’icelle Pucelle, à cause desond. père et dud. Perresson de Voulton son oncle, alors vivans comme dict est, demourans aud. Sermaizes. Et plus avant n’en a dict no depposé.

Collesson le Breton

Collesson le Breton, manouvrier, demourant à Sermaize, aagé d’environ soixante seize ans, dict et deppose en sa loyaulté et conscience qu’il est né et natif dud. lieu de Sermaize, ou il a demouré continuellement depuis environ cinquante ans en ça ; durant et pendant lequel temps il y a veu un nommé Jehan de Voulton demourer, qui estoit natif d’un village de Barrois nommé communément Voulton, 17avec une sienne femme de laquelle ne scait le noms et plusieurs enfans, c'est ascavoir Perrinet et Perresson les Voulions, et depuis eurent iceulx çonjoincts aud. Sermaizes une fille nommée Mengotte, laquelle aagée suffisamment fut mariée à un appellé Collot Turlaut, natif dud. lieu, et depuis la mort d’iceluy Turlaut a de rechief esté conjoincte par mariage à Pierre de Perthes, demourant à Faveresse en Partois, du mariage desquels, entre autres enfans, est descendu, né et procréé légitimement Collot de Pertes. Dict outre led. depposant qu’il a veu aud. Sermaizes feu messire Pierre du Lys, chevalier, et ung sien frère duquel ne scait le nom, qui se disoient, tenoient et advouoient tout notoirement et publicquement frères germains à feue Jehanne la Pucelle, qui accompagna et conduisit led. feu roy Charles à son sacre à Reims ; lesquelz faisoient bonne chère aud, Sermaizes ez hostelz et maisons desd. Perrinet et Perresson les Voultons, pour ce qu’ilz disoient iceulx estre leur prochain parent et linager. Ne scait, sur ce enquis, en quel degré, et plus n'en scauroit dire ne depposer.

Damoiselle Marguerite du Sermon

Damoiselle Marguerite du Sermon, vefve de feu Girard de Lière, escuyer, demourant à Faveresse, aagée d’environ soixante dix ans, dict et deppose en sa loyaulté et conscience que tout le temps de sa vie elle a demouré aud. lieu de Faveresse et est bien recordz que depuis vingt quatre ans en ça elle a veu aud. lieu de Faveresse venir un appellé messire Pierre du Lys, chevalier, que l’on tenoit et repputoit aud. Faveresse et au païs environ, frère germain d’une nommée Jehanne la Pucelle, natifve, comme elle a ouy plusieurs foys dire, d'un village appellé Dompremy sur Meuze ou païs de Barrois, lequel tenoit et repputoit tout publicquement et notoirement, et mesme elle depposante luy a ouy tenir, advouer et repputer une feue nommée Mengotte, femme pour lors de Pierre de Pertes, demourant aud. Faveresse, sa cousine et bien prochaine lignagère. Ne scait sur ce requise en quel degré. Et disoit içelluy du Lys, chevalier, que lad, Mengotte 18estoit née, descendue et abstraite d'ung nommé Jehan de Voulton, qui alla de vie à trespas aud. Sermaizes, comme elle a ouy dire et souvent reciter à ung nommé Perrinet de Voulton, demourant lors aud. Faveresse, ouvrant de son mestier de charpentier, voisin prochain d’elle depposanté, soi disant frère germain de lad. Mengotte, enfant dud. feu Jehan de Voulton, que l'on disoit communément estre prochain linager à lad. Jehanne la Pucelle. Et dict en oultre sur ce requise que du mariage desdictz Pierre de Pertes et d'icelle feue Mengotte sont yssuz, nez, procréez et descenduz légitimement plusieurs enfans : c’est asscavoir Jehan, Didier, Collot, Marguerite et Agnès. Est recordz en outre icelle depposante que led. messire Pierre du Lys, quand il venoit aud. Faveresse, se logeoit en l’hostel dud. Pierre de Pertes, comme disant estre de la maison de son cousin à cause de lad. Mengotte sa femme : En laquelle maison led. Pierre de Pertes, sad. femme et leurs enfans luy faisoient une très grande et amyable chère et se nommoit et appelloit l'un l’autre cousins : et plus n’en a dit et depposé.

Perresson Florentin

Perresson Florentin, ouvrier de bras, aagé d’environ soixante ans, et Mariette sa femme, aagé d’environ quarante sept ans, demourant à Faveresse, dient et depposent conjonctivement ensemble en leur loyaultés et consciences que trente ans a qu’ilz sont conjointz par mariage ensemble et que depuis vingt quatre ans en ça ont continuellement demouré aud. Faveresse, pendant et durant lequel temps ilz sont bien recordz et mémoratifz avoir veu venir et arriver aud. lieu en l’hostel de Pierre de Pertes ung nommé messire Pierre du Lys, chevalier, que l’on disoit estre cousin bien prochain de feue Mengotte, lors et à son vivant femme dud. Pierre de Pertes. Le scavent parcequ’ilz se nommoient et appelloient l’un l’autre cousins et se repputoient estre d’un mesme lignage. Ne savent sur ce requiz auquel degré ne a cause de quoy. Bien dient que de leur mariage sont yssus, nés, procréez et descenduz Jehan, Didier, Collot, Marguerite et Agnès. 19Dient oultre que lad. feue Mengotte, au jour qu’elle fut mariée aud. Pierre de Pertes, estoit vefve et demouroit en la ville de Sermaizes, et que de son premier mark nommé Turlaut avoit eu une fille nommée Jehanne, qui est présentement mariée à Jehan Parcolle, demourant à Bloize soubz Arzilliéres ; mais ils ne scavent se lad. Mengotte estoit sœur germaine à Perrinet et Perresson les Voultons, ne se elle leur appartenoit aulcunement de lignaige, par ce que lors ilz ne frequentoient gueres aud. Sermaizes où demouroient iceulx Voultons, et pareillement se n’avoient ils eu qu’un bien petit de cognoissance de lad. feue Mengotte jusques à ce que led. Pierre de Perthes l'amena demourer aud. Faveresse, où un an et demi peut avoir est allé de vie à trespas ; et plus n’en ont dict ne depposé.

Damoiselle Marguerite de Chardoinne

Damoiselle Marguerite de Chardoinne, femme et espouze de Jehan du Sermon, escuier, demourant aud. Faveresse, aagée d’environ quarante quatre ans, dict et deppose quelle a veu, plus de vingt ans a, aud. Faveresse ung nommé Pierre du Lys, chevalier descendre et soy loger en l'hostel de Pierre de Pertes et de feue Mengotte sa femme, père et mère de Jehan, Didier, Collot, Margueritte et Agnès, laquelle feue Mengotte icelluy du Lys tenoit, advouoit et repputoit sa parente et bien prochaine lignagère ne scait icelle déposante, sur ce requise, en quel degré. Dict aussy que led. messire Pierre avoit ung frère nommé Jehan du Lys, qui longtemps a esté prévost de Vaucoulieur, mais jamais ne le veid aud. Faveresse ni ailleurs dont elle, ayt souvenance, et plus n’en scauroit depposer.

Collesson François

Collesson François, manouvrier demourant aud. Faveresse, aagé de cinquante six ans ou environ, dict et deppose en sa loyaulté et conscience que, dès trente six ans, a il a continuellement demouré et résidé aud. Faveresse, pendant lequel temps il est bien recordz et souvenant avoir veu venir aud. lieu plusieurs foys en l'hostel de Pierre de Pertes et de feu Mengotte sa femme ung nommé 20messire Pierre du Lys chevalier, accompagné d’un nommé Perrinet de Voulton, demourant lors à Sermaizes, charpentier, lequel il disoit estre son nepveu, et est bien racordz que led. messire Pierre tenoit, repputoit et advouoit lad. feue Mengotte, mère dud. Collet de Pertes, sa parente et bien prochaine lignagère, et l'appelloit icelle feue Mengotte son oncle, auquel elle foisoit une très grand et amiable chère. Dict oultre qu’il est vray que piéça led. du Lys passa par led. Faveresse, où il fut en l’hostel desd. Pierre de Pertes et Mengotte par deux ou trois jours avec led. Perrinet de Voulton, lequel s’en alloit comme il disoit à Orléans accompagné dud. Perrinet son nepveu pour et en intention de diviser une maison qu’il pretendoit et avoit volonté de faire construire et édifier aud. Orléans.

Et plus n’en a pareillement dit ne depposé icelluy depposant ne les aultres cydessus nommés forz ainsy et par la manière cydessubiz escripte ; dont et des deppositions desquels tesmoings led. Collot de Pertes, filz légitime desd. Pierre de Pertes et de la feue Mengotte, à son vivant sa femme, a requis et demandé auxdittz jurés lettres par manière d’instrument : auquel ils ont octroyé ces présentes en la forme dessus posées, pour luy et à sesd. frères et sœurs valloir en temps advenir ce que raison donra.

En teamoing de ce, nous, garde dessus dict, par le rapport desd. jurés avec leur seaux et seings manuels mis à ces présentes lettres d’instrument, par nous ycelles scellées du scel et contre scel de lad. prevosté de Victry. Ce fut fait les jours et ans dessus dictz. Ainsy signé de Cay et Jacquier et scellé de cire verte sur double queue de parchemin.

Collation de la présente coppie a esté faicte à l’original d’icelle, escripte en parchemin sain et entier en escriptures, signatures, scel, par nous Nottaires Royaulx au bailliage de Victry le François soubsignés, ce vingt septiesme jour de juing l’an mil cinq cent quatre vingt trois.

Ainsi signé Blanchart, avec paraphe, et Thorgnolin, avec paraphe.

21II.
Déclaration comme parent de la Pucelle en faveur de Collot de Perthes
(du 28 octobre 1476)

A tous ceulx qui ces présentes lettres verront et orront, Hugues d’Orges, escuier seigneur de Malle, prévost garde du scel de la prevosté de Vaucoulleur, salut : scachent tout que pardevant Guichard Verdbois et Cugny Royer, tabellions jurez au roy hostre sire en la prévosté, chastellenye et ressort d'icelle, vindrent pour ce presens en leur personne : vénérable et discrète personne messire Nicolle de Muidrevaux, prestre curé de Goussaincourt, aagé d’environ cinquante six ans, Jehan d’Etan, maïeur pour le Roy nostre dict sire aud. Goussaincourt, aagé d’environ soixante quatre ans, Jehan Gerrart, maïeur aud. lieu pour le roy de Sicille, aagé d’environ soixante et dix ans, Geoffroy Talovart de Marcey soubz Brixey, aagé d’environ soixante quinze ans, Dommangeot Pertuze dud. Marcey, aagé d’environ soixante ans, Michel le Brun, demourant à Burrey la Coste, aagé d’environ soixante cinq ans, ont tous affermés, certiffiés et jurés en leurs loyaultés et consciences qu’ils ont bien congneus un nommé Jehan de Vothon recouvreur en son vivant, demourant aud. Vothon, et une nommée Ysabelot femme de feu Jacquot Dars à leur vivant demourans à Dompremy sur Meuse, lesquelz Jehan de Vothon et Ysabelot estoient frères et sœurs germains. Et de ladite Ysabelot sont descenduz feuz messire Pierre du Lys chevalier, Jehan du Lys, Jacquemin Dars et feue Jehanne la Pucelle, tous frères et sœurs. Et au regard dud. Jehan de Vothon, il s’absenta du dict lieu et s’en alla demourer en Champaigne, comme la commune renommée estoit par le païs. De laquelle confession, congnoissance, affirmation et certiffication faicte 22par les dessuz nommez Collot de Perthes, filz de Pierre de Perthes, demourant à Fareresse en Partois, a qui a et demandé ausd. jurez, lettres testimoniales et certifficatoires que lui ont octroyé en ceste forme pour valloir aud. Collot en temps et en lieu, ce que raison donra. En tesmoing de vérité, je, garde dessuz nommé à la relation desd. jurez, qui les choses dessus dictes m’ont tesmoigné estre vrayes et aussy avoir esté dictées par les dessus nommez comme dessus, est déclaré et de leurs sceiz et seings manuelz mis à ces présentes lettres et scellées icelles du scel dessusdict et de mon propre scel en contrescel. Sauf tous droictz. Ce fut fait le vingt huitiesme jour d’octobre mil quatre cens soixante seize. Ainsi signé Verbois et Rouyer, et scellé de cire verde svr double queue de parchemin.

(Même collation que la pièce précédente.)

Suit une quittance donnée devant le garde des sceaux de la Prévôté de Vitry, le 28 novembre 1493, par Jehansson et Jacques de Perthes, fils de feu Collot de Perthes et de feue Jehanne des Chiens, émancipés et mis hors de tutelle, à leur tuteur Claude Marguin, demeurant à Faveresse, époux de Marguerite de Perthes, leur sœur.

23III.
Enquête faite par le prévôt de Vaucouleurs sur la famille de la Pucelle
(du 13 avril 155120)

L’an mil cinq cens cinquante-ung, apprez Pasque, le lundy treiziaisme jour du mois d'apvril, furent à nous, Jean Mougeot, prévost pour le Roy nostre Sire, en sa prévosté de Veaucouleurs, bailliage de Chaulmont-en-Bassigny, commissaire de Mre des comptes à Paris, en ceste partye, par noble personne Lucas du Chemin, comparant en personne, sr du Féron, soy disant procureur de Robert Le Fournier, baron de Tournebu, présentées les lettres pattentes du Roy nostre Sire en forme de chartes et confirmation de privilléges données à Rouen au mois d’octobre l'an de grâce mil cinq cens, seelléz du grand seél es lacz de soye de cire verde, ensemble les lettres de commission de messieurs des Comptes attachez aud. lettres de privillége et confirmation, desquelles lettres de commission s'ensuict la teneur. Les gens des Comptes du Roy nostre sire aux baillis d’Orléans, Bloys, Chaulmont en Bassigny et de Caen, ou leurs Lieutenants généraux et à chacun d'eux en ses fins et mettes sur ce requis, salut ; afin que puissent procéder comme de raison sur les lettres patentes délivrées en forme de Charte données à Rouen, au mois d’octobre MDV, auxquelz ces présentes sont attachées soubz l'un de noz signetz, obtenus et à nous présentées de la partye de Robert Le Fournier, baron de Tournebu et Lucas du Chemin, sieur du Féron ; nous vous mandons et commettons par ces présentes que appeliez au devant vous les advocat, procureur et commissaire ordinaires dud. sieur esd. bailliage ou leur substitutz et commis en leur absence, chacun en ses fins et mettes, et aussy les 24esleus des élections èsquels led. impétrant sont demourans, vous vous informez secrettement et bien, par gens non suspects, ne favorables, et lettres authentiques, si aucunes vous sont produictes, si lesd. Le Fournier et Du Chemin sont yssuz et dessanduz de la lignée de la Pucelle Jehanne Day de Dompremy près Vaucouleur, desnommée esd. lettres et par quelz degrez et moiens, sy telz et leurs prédécesseurs ont esté tenuz et repputez en lieux où ils, ont prins leur nativité et demourance et aussy comme telz ont jouy paisiblement sans contredit des privilléges et examptions octroyéez à lad. Pucelle et à ses parents, à plain spécifiéez es lettres pattentes transcriptes esd. lettres, desquelles ferez faire lecture tant en vostre auditoire à heure et jour d’assises et jurisdiction ordinaire que, pardevant les esleuz de l’élection où sont demourans lesd. Le Fournier et du Chemin, esquelz ferez exposition du contenu es dites deux lettres pattentes aux dits habitants de la paroysse desdits impétrants, qui seront convocquez de votre ordonnance auxd. jour et heure, pour scavoir d'eulx s’ils scavent aucune chose pour contredire et empescher la vérification et enthérinement desd. lettres et s'ils se consentent à l'enthérinement d’iceulx, lesquelz si consentent et lesquelz non, informez vous semblablement de quelle vie rennommée et conversation ont esté et sont lesd. Le Fournier, du Chemin et leurs prédécesseurs, et généralement vous informiez et enquérez sur tout que vous et lesd. officiers verrez bon estre à informer et enquérir en ceste matière. Et laquelle information qui ainsi sera par vous faicte, ensemble votre procès-verbal de tout ce qui en aura esté par vous faict à l’exécution de ces présentes, ensemblement vostre advis et desd. officiers nous envoirez en forme deue signés de vous et d’iceux officiers, féalablement cloz et scellé à la fin comme dessus. Donné soubz nosd. signets ce vingtiesme jour d’octobre l'an M.VcL signé enfin Chevallier. Scellé de quatre signetz et marquez en cire rouge.

Nous requerrant, par luy du Chemin, es noms que dessus, 25suivant la teneure desd. lettres de commission, appelé avec nous, Guillaume de Ravière, procureur du Roy en lad. prévosté de Vaucouleur, en laquelle n’y a advocat du Roy, et de Jacques de Cléry, nostre greffier, voulloir enquérir et informer des faicts contenus esd. lettres de commission sur ce octroyées aud. du Chemin, esd. noms par Jean le Roy, sergent royal au bailliage dud. Chaulmont, li a faict donner assignation à huy, sept attendant huict heures du matin, par devant nous, aud. Vaucouleur, en l'hostel et taverne de honorable femme Magdalene Tremiet, veufve de feu Jehan Faulcon, en son vivant prévost dud. Vaucouleur, à plusieurs tesmoings pour dire et déposer vérité sur le contenu esd. lettres de commission, faicts et articles à nous baillés par escript de la part dud. du Chemin esd. noms ainsy que le tout nous est apparu par l’exploit dud. Le Roy, attaché à ces présentes, au moyen de quoi, en vertu desd. lettres de commission et suivant lad. assignation sont comparues à lad. heure et logis dessusd. honorables homme Didier Waultrain, marchand vénérable et discrette personne messire Nicole Bouland prêtre, chanoine, François de Brixey, praticien, led. Jehan Le Roy, sergent royal, tous demeurant aud. Vaucouleur, Mathieu Gilles praticien, demeurant à Roye, Jacob Robert, laboureur, Blaize Bazrois, maçon, demeurant à Burey-en-Vaulx, Médard Ronier, marchand, demeurant à Challeines.

Desquels témoings à nous produits par led. du Chemin ez noms que dessus en présence dud. de Ravière, procureur du Roy et dud. de Cléry, greffier, avons receu le serment aux saincts esvangilles de Dieu, pour ce par eux touchés, de dire et déposer vérité, ce qu'ils ont juré et promis faire ; et leurs dictes dépositions fait mettre et rédiger par escript ainsy en la forme et manière qui en suit. Et premier :

Didier Waultrin

Honorable homme Didier Waultrin, marchand, demeurant à Vaucouleur, aagé de soixante ans ou environ, comme il a dict, lequel apprez serment à lui faict 26aux saints Esvangiles de Dieu de dire vérité et interrogé sur le contenu es dictes lettres de commission de nos sieurs des Comptes, circonstances et dépendances, et faicts produits et baillez par ledict Du Chemin, icy nommé, a dict et déposé qu’il est natif dudict Vaucouleur, distant du lieu de Dompremy-sur-Meuse de trois lieues et auquel Dompremy il a plusieurs et diverses fois fréquenté, au moyen de quoy dict avoir cognoissance des parents et lignaigers de Jehanne la Pucelle, mesme ung nommé Claude Day, autrement Daly au langage vulgaire du pays de par deçà, lequel puis XX ou XXX ans est allé de vie à trespas, lequel Day au moyen de la consanguinité de lignaige qu’il estoit à ladite Jehanne la Pucelle, vivoit noblement et tel estoit tenu et réputé sans estre contrainct à aucunes tailles et subsides, et ainsy qu’estoient exempts desdictes tailles et subsides tous les parents, fut en ligne masculine ou fœminine de ladicte Jehanne la Pucelle : et lequel Claude Day estoit marié avec une nommée Nicolle Tiercelin, natifve de la cité de Treci, duquel mariage sont yssus et descendus Jehanne, Clère, Didon, Anne, Marguerite et Billon Daly, leurs enfants : avec lesquelles filles, en la maison dudict Daly leur père, a par plusieurs et diverses foys hanté et fréquenté, mesme du temps que ladicte Marguerite estoit fille à marier, vertueuse et honneste : et estoit le commun fame questoit une aultre Pucelle de leur race qui estoit revenue et que sy le Roy avoit affaire en son royaulme, encore n’estoit morte ne perdue la race de Jehanne la Pucelle ; car ladicte Marguerite la relleveroit et feroit fleurir lad. race et lignée. Et n’y avoit de toute la lignée de ladicte Jehanne la Pucelle, comme disait l’on, aultre personne qui semblast mieux à ladicte Jehanne la Pucelle que ladicte Marguerite. A dit davantage avoir reteneu des anciens que ung des frères de ladicte Jehanne la Pucelle, du nom duquel n’est recordz, se retira à Orléans où il fut très-bien receu et acquist de grands biens et comme a entendu luy déposant, il fut depuis prévost dudict Orléans et que ses 27successeurs ou aulcun d'eux avoient estez alliez à la maison appelée de Villebresme près ledict Orléans, que l'on disoit estre gens nobles et de bonne apparence ; et que depuis quelque temps il a veu audict Vaucouleur ledict Du Chemin venir visiter la parenté de ladicte Jehanne la Pucelle, soy disant et reputant estre leur parent, venu et yssu de la source dudict frère de ladicte Jehanne la Pucelle, lequel s’en estoit allé audict Orléans, ainsy que ledict déposant a dict cy dessus. Et quant audict de Tournebus, n’en a aucune cognoissance, hors qu’il dict avoir ouï dire à ses ancestres et aultres qu’il estoit parent et lignager de ladicte Jehanne la Pucelle, laquelle, comme il a aussy ouï dire, avoit esté menée et conduicte au Roy nostre sire lors régnant, par le capitaine dudict Vaucouleur nommé Mre de Baudricourt. Et plusn’en a dit, sur le tout enquis.

Nicole Boulland

Vénérable et discrète personne messire Nicole Boulland, prebtre et chanoine de l’église collégiale Nostre-Dame de Vaucouleur, aagé de LXIII ans ou environ, comme il a dit, apprez la main mise au port comme prebtre, et faict serment de dire vérité et interrogé sur ce que le tesmoing précédent a esté ouy et examiné, a dict et déposé : qu’il est natif dudict Vaucouleur, auquel lieu il a toujours faict sa continuelle résidence depuis le temps d’adollescence qu’il retourna des escolles de Paris, et par ce, avoir congneu, veu et fréquenté ainsy plusieurs des parens et lignagers de feue Jehanne la Pucelle, natifve de Greux près de Domremy-sur-Meuse, ou dudict Domremy ne sçait bonnement, lequel est distant dudit Vaucouleur de trois petites lieues ; mesmes et antiennement avoir fréquenté en la maison de feu Claude Day, autrement escrit au pays de par deçà, Daly, parent prochain, tel tenu et réputé, de ladite Jeanne la Pucelle, ne sçait en quel degré ni aussy en quelle ligne, masculine ou fœminine. Et lequel Claude Day, pour estre de la lignée de ladite Jehanne la Pucelle, estoit tenu pour noble, vivant noblement sçans estre contrainct aux tailles et redebvances qu’estoient contraincts 28et tenuz payer les roturiers. Duquel Claude Daly et sa femme seroient issuz et descendue Jehennon, Clère, Margueritte et aultres enffans des noms desquelz n'est ledict déposant records, lesquelles ont estez depuis mariées à sçavoir : ladicte Jehennon à ung nommé Nicolas Robinet, demourant audict Vaucouleur, ladicte Claire audict lieu de Coussey lès ledict Dompremy et ladicte Margueritte au lieu de Horville à ung nommé Jehan Tiriot, demourant audict lieu. Laquelle Margueritte sentoit, par ses faicts et gestes, plus son homme de guerre que fille, portoit espée, le plus soupvent alloit à cheval et picquoit aussy hardiment que sy elle eust esté toutte sa vie duitte aux armes ; en façon telle que ceulz qui la voyoient ainsy et en tel esquipage et ne l'eussent congneue, eussent plustost pensé estre ung homme que une famme. Et ainsy que quelqu'unes fois ou lui parloit de ses gestes elle faisoit response (et luy a ouy faire ledict deposant), en telz motz : Comme trouvez-vous estrange mes manières de faire ? Ne suis-je pas niesse et parente de Jehanne la Pucelle ? Je n’en feroy aultre chose. Et sy a luy déposant tousjours ouy tenir et reputter par les anciens ladicte Marguerite et aultres enfants dudict Claude Day, avoir vescu noblement et tous aultres venus et yssus tent de ligne masculine que fœminine de ladicte Jehanne la Pucelle, laquelle Jehanne la Pucelle fut menée au Roy nostre sire et lors régnant par le capitaine de Vaucouleur, nommé Mons. de Baudricourt, ainsy que led. déposant a ouy dire et retenu de ses prédécesseurs. Et que depuis quelque temps, il a veu aud. Vaucouleur ledict Du Chemin visiter les parents, de ladicte Jehanne la Pucelle, soy disant et reputant estre leur parent, venu et yssu de la source de l'un des frères de ladite Jehanne la Pucelle, lequel s’en estoit allé à Orléans ou en pays à l’environ, du temps que ladicte Jehanne la Pucelle estoit allée vers ledit sieur Roy et que ledit frère de ladicte Jehanne la Pucelle, duquel ledit déposant ne sçait le nom, fut depuis Prévost dudict Orléans. Et ses successeurs avoient esté 29alliez en la maison, appellée audict pays, la maison de Villebresme. Et sy a dit que un nommé Thiebaudt le Noble, aultrement appelez Daussoys, demeurant à Sauvoy, près dudict Vaucouleur, pour ce estre dict et reputé parent de ladicte Jehanne la Pucelle, ne sçait du costé masculin ou fœminin, ne voullut jamais estre contribuable aux tailles et subsides, nonobstant quelques contrainctes sur ce à luy dictes, dont il avoit esté grandement agité, poursuivy en procez. Toutefois apprez plusieurs voyages par luy faicts au lieu de Paris, pour y résister auxdictes molestes où finablement avoit esté congneu qu’il estoit lignager de ladicte Jehanne la Pucelle, ne scait ledict déposant comme il a dict de quel costé, masculin ou fœminin, avoit esté renvoyé et tenu quitte et exempt de payer taille et subside comme noble, à cause des privilléges concédés à ladicte Jehanne la Pucelle ; et de faict a tousjours esté depuis ledict Thiebault tenu et reputté pour noble et appelé Thiebault le Noble, et usant dudict privillege de noblesse ; qui apprez son trespas a délaissé Jehan le Noble et Nicole le Noble, aultrement dict d’Aussoys, ses enfants, qui jouissoient, comme pense ledict déposant, dudict tiltre de noblesse, sçans estre contraincts auxdicts tailles et subcides. Et avoir luy déposant veu ledict Du Chemin, par cy devant, audict Vaucouleur, tenir et reputer ladicte Nicole, dicte d’Aussoys, pour sa parente venue et yssue de la lignée de ladicte Jehanne la Pucelle, et ladicte Nicole pareillement tenir et reputer ledict Du Chemin pour son parent et lignager à cause de ladicte Jehanne la Pucelle. Et quant audict de Tournebus, a dict n'avoir eu cognoissance de luy, mais a dict avoir assés de fois ouy dire à ses parantz antiens que ledict de Tournebus estoit aussy parant et lignager venu et yssu du costé et lignée de ladicte Jehanne la Pucelle. Et plus n'en a dict, sur le tout enquis.

François de Brissey

Honorable homme François de Brissey, praticien, demourant audict Vaucouleur, aagé de LI ans ou environ, comme il a dict après serment par luy faict aux saints 30évangilles de Dieu, de dire vérité, interrogé sur ce que ce témoin précédent a esté ouy et examiné, a dict et déposez qu’il est natif de Brizey, distant dudict Vaucouleur de deux lieues et demye et de Dompremy, d’environ une demye lieue. Et que feu Jean de Brissey, son père, eust espousé en secondes nopces Sibille, fille de feu Claude Daly, peult avoir environ cinquante-trois ans, et que par plusieurs et diverses fois il y a ouy dire à Beatrix, sa mère-grand, mère audict de Brixey son père, qu’elle avoit veu ladicte Jehanne la Pucelle et que la veuve dud. Claude Daly estoit niepce de lad. Jehanne la Pucelle et que pareillement l’avoit ouy dire à ses parents et que d’iceluy Claude Daly et de Nicole fille de Jehan Tierselin estoient yssues huict filles, à scavoir :

Sibille, femme au père dudict déposant, Jennon, Didon, Anne, Catherine, Barbe, Clère, Marguerite. Et que depuis l’an mil. Vc et VII, ledict déposant a toujours hanté et fréquenté en l’hostel dudict Claude Daly, à cause que ledict Jean de Brixey, son père, avoit espousé ladicte Sibille, fille dudict Daly. Et jusques au jour de son trespas, qui fut trente ans ou environ, il l’a veu jouir et uzer du privillege de noblesse sans payer aulcun impots ou subsides à cause du droit accordé à lad. Jehanne la Pucelle de la lignée de laquelle estoit yssue et descendue lad. Sibille sa belle-mère et que depuis son deceds, ladicte Nicole demeurée veuve dudict Daly a aussy tousjours jouy et uzé desdicts droits et privilleges de noblesse pour les causes que dessus. Dict aussy sçavoir qu’au lieu et village de Sauvoy, près ledict Vaucouleurs, Thiebault d’Aussoys, aultrement le Noble, qui se disoit parent et lignager de ladicte Jehanne la Pucelle lequel avoit esté inquietté et miz en procez par les habitants dud. Sauvoy par devant monsieur le bailly dud. Chaulmont ou son lieutenant afin de paier et contribuer aux fraiz, tailles, impositions et subsides du Roy auquel procez ledit Thiebault avoit obtenu à ses fins et jouy des privilleges de noblesse comme parant de lad. Jeanne la Pucelle sans avoir esté contrainct de paier aucuns droit de tailles ou aides, impositions ou subcides, 31jusques à son trespas. Ce dont les enfans dud. Thiébault apprès son decedz ont jouy dud. privillege de noblesse comme font de présent. Dit aussy led. depposant avoir ouy dire et entendu de lad. Nicolle, veuve dud. Daly et plusieurs autres que sondict mary nommé Daly avoit aucun de ses parens, frère de lad. Jehanne la Pucelle qui s'estant retirée à Orléans ou es environ dont luy fut prévost dud. lieu, et que ses successeurs auroient depuis esté alliez en la maison de ceux de Villebresme près led. Orléans, gens nobles, riches et oppulents et de grande parenté, comme l’on disoit. Dict aussy avoir veu venir led. Du Chemin en ce lieu de Vaucouleur et aud. Dompremy par plusieurs foys visiter les parens de lad. Jehanne la Pucelle lesquelz il tenoit et repputoit ses cousins et parens mesmement Didon et Anne Daly, filles dudict deffunct Claude Daly, demourans ladicte Didon audict Dompremy et ladicte Anne au lieu de Coussez, lez led. Dompremy lesquelles uzent encore de présent des tiltres de noblesse sans paier et estre contribuables à aulcun subcide. Et dit aussy le depposant avoir veu certaines lettres dudict Du Chemin, cachetez des armes de ladicte Pucelle, asçavoir une espée, une couronne dessus et une fleur de lys de chascun costé. Et pour ce pense led. Du Chemin estre parent et lignager de lad. Jehanne la Pucelle. Et si a dit n’avoir eu congnoissance dud. de Tournebu sinon que avoir ouy dire aud. Du Chemin qu’il estoit comme luy parent et lignager de lad. Pucelle. Et plus n’en a dit.

Mathieu Gilles

Mathieu Gilles, praticien, demeurant à Roye, aagé de quarante cinq ans ou environ, comme il a dict apprez serment par luy faict aux saincts évangilles de Dieu, de dire vérité et interrogé sur ce que les témoings précédents ont esté ouys et examinés, a dit et depposé que luy qui est né et natif de la cité d’Orléans, de son jeune aage, et par exprès, voyant les grandz honneurs et louanges, que en ce dit lieu d’Orléans, on faisoit à Jehanne la Pucelle pour les causes des proesses et vertus d’elle, ayant entendu elle natifve de Dompremy près Vaucouleurs, luy s’envint demourer et 32faire sa résidence en ce dit lieu de Dompremy, auquel lieu s’est maryé et a prins femme, natifve du lieu de Burey-en-Vaulx, duquel lieu, comme on disoit, estre le lieu de natifvité des père et mère de Jehanne la Pucelle. Et a congneu depuis ledict temps grande partie des parents dicelle Jehanne la Pucelle, qui iceulx pour raison des privilléges et franchises qui auraient esté donnés à la dicte Pucelle vivoient noblement, usoient du tiltre de noblesse sans estre aucunement subjectz ne contribuables à aucuns subcides, mesme ung nommé Estienne Maurize qui pour raison d’une fille qu’il espouza nommée Annette, laquelle estoit du parenté de ladicte Jehanne la Pucelle, pour ces causes fut anobly et jouy des priviléges de noblesse, exempt de touttes subcides quelconque et en a joui toutte sa vye. Aussy que lui déposant a veu par plusieurs fois venir par le païs desd. Vaucouleur et Dompremy un gentilhomme nommé Lucas Du Chemin sieur du Féron visiter ses parens de ces dicts lieux de par et ce que tous estoient yssus de lad. Jehanne la Pucelle et d'iceulx estre advouti parent prochain. Luy déposant a eu la cognoissance que led. Du Chemia estoit de la lignée de Villebresme en laquelle lignée il a certainement ouy desclarer, au lieu de sad. nativité, un nommé Jehan, frère d’icelle Jehanne la Pucelle, qui fut prévost d’Orléans, que une fille dud. sieur fut conjoincte par mariage a un nommé de Villebresme, natif de Bloys, prèz Orléans ; aussy avoir cogneu aud. lieu de sa nativité plusieurs personnages yssus, descenduz et procrées de la lignée d'iceluy Jehan, prevost d’Orléans et d’icelle de Villebresme, gros personnages et apparentez, vivant noblement avec grand honneur. Et dict aussy ledict déposant ou païs dud. Vaucouleur avoir veu es mains d’auccuns personnages des noms desquels n’est recordz luy dédarans, de la lignée de Jehanne la Pucelle, certaine tiltres, procédures et sentances par lesquels il luy est apparu qu'ils estoient renvoyés, par aucthorité de justice, comme gens francs, et exempts de tout impoz et subcides qu'on leur pourroit imposer et jouir desormais de 33l’estat de noblesse tant en ligne masculine que fœminine. Et par espécial ung nommé Claude Daly et Didier Daly son frère, enfans de Didon Daly, et d’ung Moricet Thierret, qui se disoient parents de ladicte Jehanne la Pucelle et telz estoient tenuz et repputés audict Dompremy et aux environs, à cause de laquelle Jehanne la Pucelle eux tous jouissoient et jouissent encore de présent dud. tiltre et privillege de noblesse, vivant librement sans servitude comme à gens nobles appartient de faire. A encore dict que, estant audict Orléans du temps de sa jeunesse, avoit ouy dire à Mathieu Bonroy, père de la mère dudict déposant, ledict Pierre qui fut prévost d’Orléans et dont il a parlé ci-dessus, avoir tousjours esté réputé audict Orléans estre frère de ladicte Jehanne la Pucelle, et que en faveur de ce, ledict office de prévost luy avoit esté donné par le roy notre sire lors régnant, et les successeurs et yssuz et procréés dudict Jehan, prévost d’Orléans, avoient estez alliés en la maison de Villebresme, de laquelle maison il a congnoissance ledict Du Chemin estre yssu et descendu. Et sy a dit ledict déposant que ledict Du Chemin estant par deçà, apprez s’estre informez de ses parents du costez de ladicte Jehanne la Pucelle avoit trouvé Nicole le Noble dicte d’Aussoy, fille de feu Thiébault le Noble dict d’Aussoy, en son vivant demourant à Sauvoy estre de son lignage et parenté du costé de ladicte Jehanne la Pucelle et que lors ladicte Nicole luy bailla pour le servir un sien fils nommé Claudin et plus n'en a dict.

Jacob Robert

Jacob Robert, laboureur, demeurant à Burey-en-Vaulx, aagé de soixante et douze ans ou environ comme il a dict, après serment par luy faict aux sainctes évangilles de Dieu de dire vérité, et interrogé sur ce, a dict et déposé qu’il est natif du lieu de Burey-en-Vaulx distant de demy lieue dudict Vaucouleurs, approchant le lieu de Dompremy-sur-Meuze et distant de deux lieues et demye, auquel lieu il a tousjours fait sa résidence et ouy dire à Catherine sa mère défunte, plusieurs fois, que Jehanne la 34[... manque la page 34.]

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35[...] de dire vérité, interrogé sur ce que les témoings précédens ont esté ouys et interrogés, a dict et déposé qu’il est natif de Burey-en-Vaulz où il a tousjours faict sa résidence jusques à présent et a ouy dire par plusieurs fois à feu Robert Jacquin, en son vivant demeurant audict Burey, qui se disoit oncle de Jehanne la Pucelle, avoir mené ladicte Pucelle au capitaine de Vaucouleurs, nommé le sieur de Baudricourty affin de la faire mener et conduire au roy au moyen de ce que ladicte Jehanne disoit que sy le roy la voulloit croire elle chasseroit ses ennemis fors de son royaume, et que finablement par la grande persuasion dudict Jacquin ledict sieur de Baudricourt auroit envoyé et faict conduire vers le roy ladicte Jehanne et un nommé Jehan de Mets, et, un autre, le Bâtard de Pleuge, laquelle Jehanne ainsy conduite fist grandes proesses et faits de guerre pour le service dudict roy pour récompense de quoy, comme tousjours lui déposant a ouy dire, fut anoblye et toutte sa postérité et lignée soit du costé paternel ou maternel de ladicte Jehanne la Pucelle, dont ilz ont tousjours jouy comme a entendu et entend ledit déposant.

Mesme un nommé Tiebault le Noble en son vivant, demeurant à Sauvoy, lequel en l’an mil cinq cent vingt-quatre ou vingt-cinq iceluy Le Noble demourant au lieu de Broussey en Bloys sous M. le duc de Bar à cause de la prévosté de Gondrecourt, fut fait assemblée et amats pour prendre et élire gens pour la deffense du pays, au moyen de l’assemblée, estant sur les frontières d’Allemagne des gens assemblées appelés les luthériens ; et estant faisant monstre aud. Gondrecourt le bailly et capitaine desd. de la prévosté de Gondrecourt voyant led. Thiebault le Noble n’ayant équipage comme les autres, s’adressa aud. le Noble luy disant : pour quelles raisons étoit qu’il n’estoit en tel équipage que estoient les autres ? lequel le Noble fist réponse qu’il estoit noble et venu de noble lignée à cause de Jehanne la Pucelle, parquoy n’estoit tenu d’estre en lad. Assemblée avec les roturiers, ce oyant led. bailly laissa led. Thiebault le Noble et ne le contraindit à passer 36plus oultre avec lesd. roturiers et a dict avoir ouy dire plusieurs fois aud. Jacques que lad. Jehanne la Pucelle avoit laissé de ses frères en France vers Orléans, qui y avoit accumulé de grandz biens, seigneuries et possessions et que les enfants desd. frères de lad. Jehanne la Pucelle, gens de bien et bonne apparence, estre venus en voyage à M. Sainct Nicollas et visité led. Jacques et aultres parens de lad. Pucelle, l'ont appelé cousine et parente ne scait si led. Du Chemin est descendu des parents de lad. Jehanne la Pucelle demourant aud. Orléans et pays voisins, combien qu'il a ja veu par ci-devant led. Du Chemin en pays par deçà soy disant parent de lad. Jehanne la Pucelle appelant Nicolle le Noble dicte d'Aussois, demourant aud. Sauvoy, fille dud. défunt Thiebault le Noble, cousine et parente, la tenant et réputant pour sa parente à cause et du costé et lignée de lad. Jehanne la Pucelle. Et plus n'en a dict.

Médart Rosnyer

Médart Rosnyer, marchand, demeurant à Chalainnes, aagé de cinquante-quatre ans ou environ, comme il a dict après serment par luy faict aux saincts évangilles de Dieu de dire la vérité et interrogé sur ce que les tesmoings précédens ont esté ouys et examinés, a dict et déposé que dès sont trelite ans ou environ il a par plusieurs fois hanté et fréquenté au lieu et village de Sauvoy, distant de Chalainnes deux lieues et demy ou environ, auquel lieu de Sauvoy estoit demourant et résidant un nommé Thiebault Lassois dict le Noble et duquel il a bonne congnoissance et par plusieurs fois l'a veu plaider et demourer en cause par devant le prevost de Vaucouleur, pendant lequel temps ledict déposant se trouva audict Sauvoy en l'hostel dudict le Noble où estoit Jean Vaulseux demourant lors à Sauvigny-lez-Voixe, lequel se disoit estre parens et cousins issus et venuz de Avelyne qui estoit tante germaine, comme ilz disoient, de feue Jehanne la Pucelle ; et avoit ledict Thiebault, comme il disoit audict le Vaulseux, des lettres du roy comme les siens enfans et tout ceulx qui sont parens et venus de la lignée de Jehanne la Pucelle 37sont nobles. Faisant ledict Thiébault ostention de certaines lettres de parchemin où y avoit un grand seel pendant, mais pour ce que luy déposant ne vehit et ne leut la teneur desdictes lettres ne sçauroit dire ce qu’estoient lesdictes lettres, dont ledict le Noble se vantoit, disant par luy le Noble audict Vaulseur en tenant lesdictes lettres : Vous qui estes de la lignée, vous estes bien sot que vous ne poursuiviez pour en avoir comme moy : ce que vous obtiendrez facillement ainsy que j'ay faict. Aquoy luy Vaulseur feist responce qu’il ne s’en soucyoit d’autant qu’il n’estoit demourant au Royaulme ny d’obéissance du Roy et sy a dict avoir par cy-devant veu led. Du Chemin au païs par deçà, se repputer et tenir parent de lad. Jehanne la Pucelle, faisant grande feste et caresse à ceux qui soy disoient (tels), les y repputant et tenant pour ses parens, mesme une nommée Nicolle d’Aussois, fille dud. defunct Thiébault d’Assois, dit le Noble, l’appelant sa cousine et de faict advint, un jour qu’il fut par deçà, un des enfants de lad. Nicolle nommé Claudin, disant qu’il estoit son parent et lui feroit du bien. Et plus n’en a dit.

Nicolle d’Assois dicte la Noble

Nicolle d’Assois dicte la Noble, femme de Nicolas Fririot, aagée de cinquante ans ou environ, comme elle dict aprèz serment par elle faict aux saints évangilles de Dieu de dire vérité et interrogée sur ce que les tesmoings précédens ont esté ouys et examinés, a dict et déposé estre fille de feu Thiébault d’Assois autrement dict le Noble, en son vivant demourant audict Samroy, auquel Thiébault, son père, elle a tousjours ouy tenir, dire et réputer qu’il estoit assez prochain parent de Jehanne la Pucelle, de son costé et ligne. Et au moyen de ce ensemblement tous ses autres parents estoient anoblys et tenus francs et quittes de toutte taille comme personnes nobles. Sçait que led. deffunct son père auroit esté inquiété et poursuivy pour païer taille comme roturier, et dont il auroit esté longtemps en procez ; finablement ayant prouvé estre provenu de la lignée et parenté de lad. Jehanne la Puceiie, auroit obtenu sentance et arrêt à son profict et demouré 38quicte franc et exempt des tailles comme noble, le reste du temps qu’il a vescu depuis.

A dict davantage avoir ouy dire audict défunt son père qu’il avoit esté au lieu d’Orléans visiter un de ses parents que ledict Thiébault disoit estre l'un des frères de ladicte Jehanne la Pucelle, tenant grande terre et fust noble ; et lequel avec aultre de ses frères se seroit retiré, en France vers Orléans après le partement de Jehanne la Pucelle audict pays de France. Et sy a dict ladicte déposante qu’elle a vu ledict Du Chemin qui a depuis quelque temps jà esté par deçà pour sçavoir et congnoistre ses parents et lignagers du costé de ladicte Jehanne la Pucelle, lequel avoit trouvé et congneu par les rapports de plusieurs personnes sur leur généalogie, qu’ils estoient parants du costé de ladicte Jehanne la Pucelle et, pour congnoissance et amytié de parenté, avoit ledict Du Chemin prins ung des fils de ladicte Nicolle nommé Claudin pour mettre avec luy, pour luy faire veoir et entendre ce que c’est du monde et comme un gentilhomme se doibt gouverner.

Jean Le Roy

Du treiziesme jour dud. mois et an honorable homme Jean Le Roy, sergent royal au bailliage de Chaumont en Bassigny, demourant à Vaucouleur, aagé de quarante deux ans ou environs, interrogé sur ce que les précédents tesmoings ont esté ouys et examinez, lequel aprez serment par luy faict sur les sainctes Esvangilles de Dieu de dire vérité, a dict et déposé qu’il est natif dud. Vaucouleur où il a tousjours faict sa résidence et que depuis qu’il a esté pourveu dud. office de sergent sont dix-huit ou vingt ans, et au-dessus, au paravant il a par plusieurs fois hanté et fréquenté au village de Sauvoy, prévosté dud. Vaucouleur distant l’ung de l’auttre d’une lieue, tant à faire plusieurs exploicts que aultrement, pourquoy dict avoir bonne soubvenance d’ung nommé Thiébault le Noble, qui demeuroit aud. Sauvoy et avoir beu et mangé avec luy auccunes fois tant aud. Vaucouleur que aud. Sauvoy, et estant ensemble à banquetter luy disoit luy depposant 39telz motz : Venez çà, Thiebault le Noble ; estes vous noble pour ce que on vous appelle noble. D’où vous vient ceste noblesse ? Faisoit response led. le Noble aud. déposant que ce n’estoit sans cause si on l’appeloit Noble car comme il disoit la mère de luy estre prochaine parente venue et yssue de la lignée de Jehanne la Pucelle, et que à cause de tous ceulx et celles qui estoient et sont venuz et yssuz du lignage de lad. Jehanne la Pucelle estoient nobles vivant noblement, sans payer aucune taille ou subcide et que peu après les habitans dud. Sauvoy pour estre certiorés de sa noblesse, le voulloient controindre à contribuer esd. tailles et impots royaulx par devant monsieur le bailly dud. Chaulmont ou son lieutenant dès sont vingt quatre ans ou environ comme semble aud. depposant, ou tant auroit esté procédé qu’il avoit obtenu sentence à son proffict contre lesd. habitans dud. Sauvoy, laquelle led. déposant auroit depuis leu et veu contenant environ trois ou quatre peaulx de parchemin escripts, en vertu de laquelle sentence led. Thiebault fut renvoyé absoulz des fins et réclamations desd. de Sauvoy et depuis ledict temps luy déposant aveu led. Thiebault le Noble user et jouir dud. privillege de noblesse jusques au jour de son trespas. Et procédoit led. privillege de noblesse du costé et ligne de sad. mère qui estoit yssue et venue du lignage de lad. Jehanne la Pucelle comme luy déposant auroit ouy dire par plusieurs fois aud. Thiebault le Noble et estoit la commune renommée comme est encore de présent au païs par deçà que tous ceulz et cellez qui sont venuz et yssuz de la lignée et génération de lad. Jehanne la Pucelle ont esté et sont tenuz et réputez nobles, vivant noblement tant du costé paternel que maternel à cause du droict concédé par le Roy nostre sire à lad. Jehanne la Pucelle pour les vertueux faictz par elle faictz au royaulme de France. Sy a dict avoit par aulcune foys veu led. Du Chemin aud. Vaucouleur et païs par deçà venir visiter et s’enquérir qui estoient les parens de lad. Jehanne la Pucelle de la lignée de laquelle il se disoit estre et mesme l’a veu parler plusieurs 40foys estant par deçà à Nicolle, fille dud. Thiebault le Noble dont a parlé cy-dessus la tenant et reputant sa parente et cousine pour estre yssue et descendue de la lignée de lad. Jehanne la Pucelle. Et quand aud. Le Fournier a dict n’en avoir eu aucune cognoissance fors avoir ouy dire aud. Du Chemin qu’il estoit venu et yssu comme luy du lignage d'icelle Jehanne la Pucelle et autrement n’en sauroit parler. Et plus n’en a dit.

François Hurlot

Et ce mesme jour, pour procéder, en oultre, aux faicts de ladicte enqueste sommes estez requis par ledict Du Chemin nous transporter dudict Vaucouleur audict Dompremy, distant l’un de l'autre, comme dict est, de trois lieues, ce que luy avons accordé faire21. Et estant audict Dompremy en l’hostel et taverne de la veufve feu Gérard Noblesse, dud. lieu, nous a esté par ledict Du Chemin produit en tesmoing, discrette personne maistre François Hurlot, prebtre, demourant audict Dompremy, pour ce adjourné par ledict Le Roy, sergent royal. Lequel après serment par luy faict les mains mises au port comme prebtre, près led. de Ravière, procureur du Roy et de nostre greffier en lad. prévosté, interrogé sur ce que les tesmoings précédons ont esté ouys et examinés, a dict et déposé estre aagé de cinquante ans ou environ, qu’il est natif dudict Vaucouleur, fils de feu Nicolle Hurlot et Jehanne Daly, sa mère ; laquelle Jehanne Daly estoit fille de feu Claude Daly et Nicole sa femme dudict Dompremy, lequel Claude Daly son père-grand, ainsi qu’il a ouy dire et retenu desdictes Nicole, sa mère-grand, et Jehanne Daly, sa mère, estoit des plus prochains parents et lignagers de Jehanne la Pucelle, de laquelle Jehanne a esté et est si grande mémoire. 41Et que pour estre parent d’icelle Jehanne la Pucelle, son feu père-grand auroit esté anobly, tenu et réputé noble sans estre contribuable ni taillable à aulcunes tailles, subcides et impositions. Et que depuys le trespas dud. défunct Daly, son père-grand, ladicte Daly se retira de résidence dudict Vaucouleurs au dict Dompremy avec ladicte défuncte Nicolle,sa mère-grand, laquelle il a tousjours vue vivre noblement, sans, comme dict est, estre contribuable à aucune taille, ne pareillement les autres parens et lignagers, fut en ligne masculine ou fœminine de ladicte Jehanne la Pucelle. Ne sçait pour ce que au dict Vaucouleur, ladicte défuncte Jehanne Daly, sa mère, après le trespas dudict Hurlot, son père, fut inquiétée par les habitants dudict Vaucouleur, affin de paier taille, ce qu’elle ne voullut faire, auctorisée de son privillége de noblesse comme lignagère de ladicte Jehanne la Pucelle, dont proccés se seroit meu entre les partyes, pendant lequel proccès elle se seroit remaryée à un nommé Gérard Gobin. Touttefois et nonobstant que ledict Gobin fut roturier, sy tant auroit esté procédé que finablement, par arrest donné par devant Messieurs les généraux à Paris, fut dict que ladicte Jehanne, ensemble ceux qui estoient procédés et qui procéderoient d’icelle jouiroient desdicts privilléges de noblesse, attendu qu’elle estoit descendue de la lignée de ladicte Jehanne la Pucelle. Et fut donné ledict arrest peuvent estre trente-quatre ans ou environ, autrement du temps n’est recordz, et lequel arrest, qui estoit escript en parchemin et scellé de quatre sceaux en placarts de cyre rouge, il a par plusieurs fois leu et tenu, combien qu’il ne sçait où est de présent ledict arrest, au moyen des grandes maladies qu’il a depuis portées. A dict davantage estre recordz d’avoir ouy dire à ladicte défuncte Nicolle, sa mère-grande, qu’il n’y avoient en pays de par deçà plus prochains parents de Jehanne la Pucelle que ledict Daly, son père-grand, et pour ce que deux des frères d’icelle Jehanne la Pucelle, nommés Jehan et Jacquemin, aprez que ladicte Jehanne la Pucelle s’en fut allée 42en France pour subvenir au roy de son royraume, s’en estoient allez apprez ladite Jehanne et que depuis n’estoient retournez au pays de par deçà et que l'un d'iceux, ne sait lequel, fut prévost d’Orléans et que ledict défunct Daly, son père-grand, ainsi que luy disoit ladicte Nicolle, sa mère-grande, avoit à diverses fois esté visiter audict Orléans ledict frère de ladicte Jehanne la Pucelle ses parens, qui estoient gens riches et oppulentz, lezquels quelquefois pour singularité envoyaient des vins d’Orléans à son dict père-grand, Claude Daly, jusques au dict lieu de Dompremy, pour congnoissance de parenté et amityé. A dict davantage avoir jà plusieurs fois eu au dict Dompremy ledict Du Chemin soy disant et nommant estre yssu et deacendu de l’un des frères de ladicte Jehanne la Pucelle demourant au dict Orléans ou à l’environ ; ce que peut congnoistre led. depposant par les enseignemens et adresses par led. Du Chemin à luy donné, tant déclaration et lettres de généalogie et ligne que par obtention des tiltres et chartes de privilleges accordez à lad. Jehanne la Pucelle. Pense a la vérité qu’il soit, ensemblement un gentilhomme qui accompagnoit led. Du Chemin, nommé Jehan Morin, yssuz et procréez de la source et lignée desd. frères de lad. Jehanne la Pucelle ou de l’un d’eux et pour telz les tient et reppute ses parens de la ligne et costé de lad. Jehanne la Pucelle. Et plus n’en a dict sur le tout requis.

Didon Daly

Et le lendemain, mercredi quinziesme jour dud. mois et an, aud. Domremy, ès logis des susd., comparurent les tesmoings cy après nommés, produits par led. Du Chemin, pour ce adjournéz par led. Le Roy, sergent royal, asçavoir noble femme Didon Daly, veuve de feu Thouvenin Thierret de Massey-sous-Voize et à présent demourant audict Dompremy, aagée de soixante et dix ans ou environ, comme elle a dict. Aprez serment par elle faict aux sainctes Esvangilles de Dieu de dire vérité, interrogée sur ce que les tesmoings précédents ont esté ouys et examinez, a dict et déposé estre natifve dudict 43Dompremy, fille de feu Claude Daly et Nicolle sa femme, ses père et mère, avecq lesquelz elle a tousjours faict sa résidence jusqu'à ce qu’elle fust maryée avec ledict Thierret audict Massey, sont cinquante ans ou environ. Et quelque temps apprez alla de vie à trèspas ledict défunct Daly, son père, auparavant lequel trespas luy a par plusieurs et diverses fois ladicte déposante ouy reciter son lignage et généalogie, disant estre fils de Jean Daly et Jehanne sa femme, laquelle Jehanne estoit fille de Pierre Daly, frère de Jehanne la Pucelle, lequel Pierre fut prévost de Vaucouleurs qui avoit deux aultres frères, l'un nommé Jean et l'autre Jacques Daly. Et avoit ledict Claude Daly père à ladicte déposante prins ledict nom Daly pour et affin de jouir du privilège et tiltre de noblesse concédés à ladicte Jehanne la Pucelle pour les vertueux faits par elle faictz au royaume de France ; desquels droits et privilleges de noblesse ledict Claude Daly, père d'elle déposante, à cause de lad. Jehanne Daly sa mère, elle déposante et ses autres sœurs comme parens et lignagers, ont tousjours jouy, comme encore font de présent, pour estre parens venuz et yssuz de la lignée de lad. Jehanne la Pucelle du costé fœminin. Et sy a dict avoir ouy dire aud. deffunct son père, lad. Jehanne la Pucelle avoir esté conduite et menée vers le sire de Baudricourt, cappitaine de Vaucouleur ou de son ordonnance au Roy nostre sire, du temps que les Anglois occupoient grande partie du royaulme, où icelle a faict plusieurs faictz d’armes au moien desquelz lui auroit esté concédé par led. sieur Roy le privillege de noblesse, pour elle, ses frères, parens et lignagers, tant en ligne masculine que fœminine, et que quelque temps après que lad. Jehanne fut ainsy conduicte aud. sieur Roy comme dict est, lesdits Jehan et Jacquin les Daly frères de ladicte Jehanne la Pucelle se retirèrent et s’en allèrent dudict Dompremy audict pays de France, où ils acquirent grands biens et fut ledict Jean Daly prévost d’Orléans, avec lesquelz ledict Claude Daly, père d’icelle déposante, 44s’en alla estant jeune enfant, où il se resida par l'espace de dix ans ; pendant lesquelz dix ans décéda la femme dudict Jean Daly prevost, et fut ledict Jean Daly convolant en secondes nopces avec une gentille femme de bonne maison, n'est recorde elle déposante du nom de ladicte maison. Duquel mariage, comme disoit ledict Claude Daly son père, issoyoient et descendoient plusieurs filles et enfants. Lesquelz venus en aage auroient esté mariés et allyés en bonnes maisons et dont, à ce que peut entendre elle déposante, par les propoz qu’elle a ouys tenir audict deffunct son père, lequel depuis qu'il s'en retourna en pays par delà, du service dudict Jean Daly, prévost d’Orléans, avoit plusieurs fois esté le visiter et luy avoit ouy reciter la maison où estoit allé ledict Jehan Daly, prévost, et qu’il avoit une seigneurie nommée Baigneaulx près Orléans où soupvent il se tenoit. Pour ledict Du Chemin et pareillement un autre gentilhomme nommé Jean Morin esleu, descenduz et issuz dudict Jean Daly, prévost dudict Orléans et frère de ladicte Jehanne la Pucelle et aussy pour les grandes apparences de la généalogie et parenté que ledict Du Chemin a parcy devant estant venu aud. Dompremy pour visiter la parenté et lignage de lad. Jehanne la Pucelle, a déclaré à lad. depposante, la déclarant et repputant pour sa parente à cause du lignage et parenté de lad. Jehanne la Pucelle et pour telz et aussy led. Jehan Morin et le tient et répute pour son parent à cause du lignage et parenté du costé et ligne de Jehanne la Pucelle.

Monget Gautrinot

Noble femme Anne veufve de feu Monget Gautrinot, en son vivant demourant à Coussey-lez-Dompremy, demourant aud. Coussey, aagée de LX ans ou environ comme elle a dict. Après serment faict sur les sainctes Esvangilles de Dieu, de dire vérité, interrogée sur ce que les tesmoings précédents ont esté examinés, a dict et déposé qu’elle est natifve dudict Dompremy, fille de feu noble homme Claude Daly et de Nicolle sa femme, ses père et mère, avec lesquelz, et en l'hostel et maison de laquelle est venue 45et yssue ladicte Jehanne la Pucelle, ladicte déposante a continuellement demouré jusques en l'age de quinze à seize ans que ledict Daly la maria avec ledict Gautrinot audict lieu de Coussey, où elle a tousjours demouré comme faict encore de présent. Et dit avoir ouy et recité la génération et généalogie de son lignage de son dict père disant estre fils de Jehan Daly et Jehanne Daly sa femme, laquelle Jehanne estoit fille de Pierre Daly, frère de ladicte Jehanne la Pucelle, lequel Pierre fut prévostde Vaucouleurs, qui avoit deux autres frères, l’un nommé Jehan et l’autre Jacques Daly et avoit ledict Jehan Daly, père dudict Claude Daly, prins le surnom Daly à cause de ladicte Jehanne sa femme pour jouir et user des privillèges et tiltres de noblesse concédés à ladicte Jehanne la Pucelle, pour les actes vertueux par elle faits au royaume de France, desquels droits et privillèges de noblesse ledict Claude Daly a tousjours jouy et ses enfants et autres parens, tant en ligne masculine que fœminine, de ladicte Jehanne la Pucelle résidant en ce royaume. Et s’en allèrent lesd. Jehan et Jacques Daly quelques temps après que leurd. sœur Jehanne la Pucelle s’en estoit allée en France, au temps que les Anglois occupoient partye du royaume, Orléans, Blois et ses environs, et que ledict Jehan, fut pourvu de l’estat et office de prévost audict Orléans et marié à une demoiselle qui estoit dudict Orléans, de bonne maison et bonne apparence. Et sy a dict avoir entendu de sondict père que dudict Daly prévost seroient yssus deux filles, de l’une desquelles filles nommée Marye, seroit descendue une autre fille, laquelle avoit esté allyée en la maison de Villebresmes, près Orléans, de laquelle maison ladicte déposante repute et pense estre descendu ledict Du Chemin et pareillement un autre gentilhomme estant avecq luy audict Dompremy, nommé Jehan Morin, pour avoir veu plusieurs fois audict Dompremy ledict Du Chemin, et l’avoir ouy parler de leur généalogie et parenté. Et lequel a tousjours tenu et réputé ladicte déposante sa parente de la ligne et costé de ladicte Jehanne 46la Pucelle et pareillement a ladicte déposante tenu et réputé ledict Du Chemin et ledict Morin, pour les causes et raisons que dessus, ses parents et lignagers du costé de ladicte Jehanne la Pucelle, comme yssuz du tronc et source dudict Jean Daly, prévost dudict Orléans. Et sy a encore dict que ledict Jehan Daly prévost, en plusieurs et diverses fois, a escrites de ses lettres missives audict deffunct Claude Daly, père de elle déposante, comme à son parent et nepveu du costé de ladicte Jehanne la Pucelle et lesquelles estoient cachetées et armoyées d’une espée couronnée et de chacun costé une fleur de lys, ainsi que sont les armoiries, à elle déposante et ses parents de par deçà. Le sçait ladicte déposante pour avoir veu, leu et tenu lesdictes lettres es mains de sondict père et sy a dict aussy que ledict Jehan Daly en ce dict temps avoit renvoyé, par excellance et congnoissance de parenté et amityé, des vins d’Orléans audict deffunct Claude Daly, père d’elle déposante jusques audict lieu de Dompremy. Et plus n’en a dict, sur le tout enquise et examinée.

Et en satisfaisant en oultre à la teneure desdictes lettres de commission, l’advis de nous, prévost, procureur du Roy et greffier en ladicte prévosté de Vaucouleur est que ayant esgard aux dépositions des temoings cy dessus, ledict Lucas Du Chemin, sieur du Féron, doibt soubz le bon plaisir du Roy nostre sire et de vous, nos sieurs des Comptes, jouyr des privilleges de noblesse pour estre descenduz de la lignée de ladicte Pucelle.

Ainsy signé : — Mougeot, de Ravières et de Cléry.

Et plus bas est escript : Collation de la présente copie a esté faicte avec son original au greffe de la chambre des Comptes du Roy nostre sire en vertu de la requeste présentée à la chambre par Robert le Fournier, baron de Tournebu, soy disant descendu de la lignée de la Pucelle d’Orléans, le 12 mars 1551. Signé : Lemaitre.

Autre collation faicte sur la copie en papier cy-dessus en la cour des aydes en Normandie, le 3 avril 1620. Signé : Perier.

47IV.
Enquête du bailli de Chaumont sur Jehan Royer, de la famille de la Pucelle
(du 8 octobre 1555)

Information faicte par nous, Jehan de Gondrecourt, escuyer, licencié ez loix, conseillier du Roy nostre sire, lieutenant particulier au bailliage de Chaulmont, à requeste de Jehan Royer sur certains faictz portez par la commission de nos Seigneurs des Comptes à Paris, à nous adressant en date du vingt-septiesme jour d’aoust dernier, en présence Me Guillaume de Ravières, aussy escuyer, procureur du Roy nostre dict sieur en la prévosté de Vaucouleur, pour l’absence du procureur général aud. bailliage, Dominique Barrois, licenciez ès loix, commis à la recepte de Vaucouleur, en l’absence aussy de recepveur ordinaire audict bailliage et de Me Jacques Faubert, licencié es loix par nous prins pour greffier pour l’absence et occupation du greffier ordinaire audict bailliage et son commis occupé pour les affaires du Roy, nostre dict sieur, avec Me Ancelins Bonnot, advocat d’iceluy sieur absent et occupé esd. affaires, ainsy et en la forme et manière que s’en suict :

Martin Gilbert

Premier, ce mardi huictiesme jour d’octobre mil cinq cents cinquante-cinq, en l’hostel de Didier Gérardin, hostellier audict Vaucouleur.

Martin Gilbert, lieutenant du mayeur pour le Roy nostre sire au lieu de Chalaines, aagé d’environ soixante-dix-huict ans, comme il a dict, tesmoing produict et par nous examiné sur l’interdict ci-dessus, après serment par luy faict aux saints Esvangilles de Dieu de dire vérité : a dict qu’il est natif de Rigny-la-Salle-les-Vaucouleurs et 48que lui, jeune enfant de l'aage de quatre à cinq ans, se retira avec feue Mongeotte sa mère, au lieu de Chalaines, prés ledict Vaucouleur, auquel lieu elle se serait remaryée et y faict tousjours sa résidance jusques à son décez, comme pareillement auroît faict ledict déposant et faict encore de présent : qui fait qu’il a eu tousjours et encore a bonne cognoissance de Médard Royer et Mongeotte Wauseul sa femme, à cause qu’ils sont tousjours esté demourant audict Chalaines, comme dict led. depposant, mesme et dès et depuis trente ans en çà, dès et depuis lequel temps a tousjours hanté luy qui dépose ledict Médard ; qui faict qu’il sçayt que dud. Médard et de lad. Mongeotte sa femme en légitime mariaige, sont yssuz et descenduz six enfants sçavoir : trois filz et trois filles ; signamment Jehan Royer desnommé en la commission de nos dicts Seigneurs des Comptes et tels seroient tousjours esté tenus et réputés. Et l'auroit luy qui dépose par plusieurs foys veu appellé par ladicte Mongeotte, son fils et led. Jehan Royer, respectivement sa mère, comme pareillement led. Médard son père ; et tel estoit tenu ledict Jehan Royer audict Chalaines. Lequel Jehan Royer, dès son jeune aage, auroit commencé aux estudes, demourant avec sesdicts père et mère et jusques luy estant aagé d’environ dix-huict ans, qu’il commença à servir les armes et mesme est souvenant ledict depposant que, en l’an mil cinq cens quarante-sept ou quarante-huict, et lorsque le conte Raingraves passa par led. lieu de Vaucouleur, allant au camp de Boulongne, led. Jehan Royer s’en alla avec led. Raingrave au camp dud. Boulongne où il a demouré par environ deux ans et d’illec se seroit retiré audict Chalaine, en la maison dud. Médard, son père, et depuis l’auroit envoyé au Chastellet de Paris, pour suyvre la praticque où il auroit demouré par environ cinq ans et encore de présent y est demourant. Ne sçait sur ce anquis en quelle vaccation ledict Jehan Royer se mesle audict Paris, synon qu’il a ouy dire audict Médard Royer que led. Jehan Royer suppliant est demourant en la maison 49d’un Procureur au Chastellet de Paris, disant au surplus ledict depposant que ledict Jean Royer n’est maryé, du moins qu’il soit venu à sa congnoissance, et n’a aulcuns anfans, ne tient et ne possède aulcuns biens à cause que sesd. père et mère sont encore vivans. Et exerce led. Médard, père dud. suppliant, la mairye dudict Chalaines pour le Roy nostre sieur et a led. Médard, quelques terres aud. lieu de Chalaines qu’il fait laborer par ses serviteurs et des grains en provenant et aussi du nourry qu’il faict en faict vente et tient quelques usines du Roy ; et aultrement n’est tenu ne réputé led. Médard, marchant publicq. Dict led. depposant que jamais n’a veu, sçeu ou entendu que ledict Jehan Royer ait payé taille ou autre subcyde au Roy nostre seigneur, tant soyt aud. Chalaine que aultres lieux.

Enquis luy qui deppose, sy led. Jehan Royer, suppliant, et ses prédécesseurs sont véritablement yssus et descendus de la lignée de Jehanne la Pucelle :

Dict sur ce avoir bonne congnoissance d’ung nommé Demenge Le Vauseul, en son vivant demeurant à Burey en Vaulx prochain dudict Chalaine d’environ un petit quart de lieue, lequel Vauseul en son vivant estoit tenu et repputé estre cousin de la Pucelle, à cause qu’il estoit tenu et repputé filz procréé en légitime maryage de feu Jehan le Vauseul et d’une nomée Aveline que l’on disoit communément estre sœur germaine de la mère de ladicte Pucelle ; à cause duquel parentaige led. Demenge le Vauseul auroit tousjours esté exempt de payer tailles et subcydes au Roy nostre sire et, estoit notoirement ledict Demenge le Vauseul, tenu et repputé aud. Burey, Chalaine et aultres lieux circonvoisins, cousin germain de ladicte Pucelle. Et aussy, a luy qui deppose tousjours oy dire à sa feue mère, aagée au jour de son décez de quatre vingtz ans, décédée depuis environ dix-huict ans, que led. Demenge estoit cousin germain de lad. Pucelle et filz de lad. Aveline, sœur germaine de la mère de lad. Pucelle. Lequel Demenge Wauseul seroit esté conjoinct par maryage 50avec une nommée Ydotte Voynand, dud. Burey-en-Vaulx, duquel maryage seroit yssuz un nommé Jehan le Vauseul en son vivant demeurant à Saulvigny, décédé trois ou quatre ans peult avoir seulement, et duquel il qui deppose a eu bonne congnoissance pour l'avoir veu, hanté et fréquenté souventes fois : lequel Jehan se disoit estre cousin remué de germain de lad. Pucelle ; et tel aussy notoirement estoit tenu et réputé, aud. Sauvigny, Burey-en-Vaulx, Chalaine et aultres lieux circonvoisins, et ne l'a jamais veu payer tailles ni aultres subscydes au Roy nostre sire ; joinct qu'il demeurait audict Saulvigny, où les deniers du Roy n’ont aulcun cours. Lequel Jehan Wauseul fut conjoinct par maryage avec une nommée Mongeotte, duquel mariage seroit yssu une fille nommée Mongeotte le Vauseul, mère dud. suppliant ; laquelle Mongeotte auroit tousjours esté tenue et réputée, comme est encore de présent, estre cousine remuée après germain de lad. Jehanne la Pucelle, comme estant fille légitime dud. Jehan de Vauseul et telle tenue et repputée. Et ainsi que led. depposant a tousjours veu et congneu par la fréquentation que led. Jehan le Vauseul faisoit et a tousjours accoutumé faire en la maison de lad. Mongeotte, et pareillement lad. Mongeotte en la maison dud. Jehan le Vauseul, son père, jusques à son décez, toustes lesquelles choses font dire au depposant que led. Jehan Royer, suppliant, et Mongeotte, sa mère, et leurs prédécesseurs sont véritablement yssuz et descenduz de la ligne fœminine de lad. Pucelle et de son parenté et linaige ; et qu’il est descendu du costel de la mère de lad. Pucelle, tellement que led. Jehan Royer, suppliant, est et atteinct au cinquièsme degré comme estant fils de la cousine remuée d’après germain de lad. Pucelle. Et aultres choses sur tous lesd. faicts bien diligemment enquis, n’en a dict, sinon que ce qu’il a dict cy-dessus est véritable et que telle est la commune fame aud. Vaucouleur, Chalaines et aultres lieux circonvoisins. Et en l’instant, pour confirmation à ses raisons cy-dessus, a dict encore estre record d’avoir eu bonne 51congnoissance de Jehanne Vauseul, sœur dud. Demenge Vauseul, laquelle, en son vivant, estoit aussy comme led. Demenge, cousine germaine de lad. Pucelle, comme estant fille à lad. Aveline, tante de lad. Pucelle, laquelle Jehanne fut mariée avec un nommé Durand Lassois en leur vivant demourant audict Burey, duquel mariaige seroit yssuz et procréé légitimement un nommé Thiebaut Lassois dict le noble, en son vivant, demourant à Sauvoy, prévoté de Vaucouleur, lequel Thiébault Lassois led. depposant a plusieurs foys veu, congneu, hanté et fréquenté aud. Sauvoy et ailleurs, et estoit tout communément tenu, censé et repputé en parentaige et linaige de lad. Jehanne la Pucelle, et lui estre conjoinct et lui attenir en troisiesme degré de consanguinité. Et est recordz que sont trente ans que led. depposant estant collecteur de certaines tailles et subcydes deues au Roi nostre sire par les habitans dud. Sauvoy, imposèrent taille sur led. Thiébault comme sur l’un des habitants dud. Sauvoy, et qu’en levant par led. depposant les deniers desd. tailles, estant en son roole led. Thiébault, led. depposant l'auroit contrainct de paier sa cotte, dont procez seraient meues entre led. Thiébault et les habitans dud. Sauvoy, pardevant le bailly de Chaulmont ou son lieutenant, où tant seroit esté procceddé, que les parties oyesseroient esté appoinctées contraires en faictz, et depuis appoinctées à les prouver ; ce que auroit esté faict de la part dud. Thiébault et le procès instruict seroit esté veu par led. bailly de Chaulmont ou son lieutenant qui après les choses congneues, aurait desclairé led. Thiébault estre parenté et linaige de lad. Pucelle, et en ce faisant a luy permis de jouyr des droictz octroyés par les roys à lad. Pucelle et ses parens et linaiges, et défense auxdicts habitants ni aultres de troubler led. Thiébault en la jouyssance de sesd. privillèges. Laquelle sentence led. Thiébault Lassois auroit tousjours depuis comme avant joy et usé jusques à son decedz et mesme ses enfans en joyssent de présent aud. Sauvoy, prevosté dud. Vaucouleur, signamment une nommée Nicolle Lassois, à présent 52surnommée la noble, comme estoît surnommé led. Thiébault son père, comme estant issu de la parenté de lad. Pucelle.

François de Brixey

Honorable homme, François de Brixey, lieutenant du prévôt de Vaucouleur, comme plus ancien praticien en lad. prevosté, tesmoing produict, oy et examiné sur l'interdict de ses présentes, et après qu’il a faict le serment requis :

A dict avoir bonne notice et congnoissancede Jehan Royer, filz de Médard Royer et de Mongeotte Voyseul pour et à cause de la fréquentation qu’il a eue avec led. Médard dèz et depuis trante ans en ça qu'il est maryé avec lad. Mongeotte et demeurant aud. Chalaines, attenant la ville dud. Vaucouleur, lieu de la résidance dud. déposant : dès et depuis lequel temps a eu bonne congnoissance des enfans yssuz en légitime mariaige dudict Médard et sad. femme, qui sont en nombre de trois fils et trois filles, et entre aultres congnoist l'un d'eulx nommé Jehan Royer suppliant, lequel il a tousjours oy, tenu et repputez, estre nay en légitime mariaige, desd. Médard et Mongeotte, et tel l'ont tousjours repputé led. Médard et lad. Mongeotte, sa femme, et nourry comme l'ung de leurs enfans ; comme réciproquement auroit faict led. suppliant, les appellant ses pères et mères : et aultrement plus spécifficquement n'a sceu parler de la naissance, père et mère d'icelluy suppliant. Scayt bien touttesfois que led. suppliant ne peult estre de présent aagé de plus de vingt-quatre à vint-cinq ans, n’est maryé, ne paye tailles ou subcydes au Roy nostre sire, qu’il depposant ayt sceu, veu et entendu, ne possède aussy aulcungs biens, parce qu’il a père et mère qui possèdent et joyssent de leurs biens ainsy qu’est chose toute notoire auxd. Veaucouleur et Chalaines. Et aultrement n’en a sceu depposer parceque led. Jehan Royer, est à présent demourant au lieu de Paris dès et depuis cinq ans en ça ; et n’a esté de retour par deçà, sinon une fois ou deux. Est soubvenant luy qui deppose que ce temps led. Jehan Royer, jeune garçon de l’aage de sept à huict 53ans, demourant aud. Chalaines avec ses père et mère, alloit ordinairement à l'escolle aud. Vaucouleur, et se continua jusques en l'an mil cinq cens quarante sept ou huit, qu’il auroit commencé à suivre les armes, et se seroit mis soub la charge du comte Raingrave, passant par lad. ville de Veaucouleur pour aller au camp de Boulongne, chez lequel Ringrave il auroit servy par l'espace de deux ans de clerc d’argentier, jusqu’à ce qu’il se seroit retiré en la maison dud. Medard et Mongeotte, ses père et mère aud. Chalaines, lesquels depuis l'auroient envoyé aud. Paris, où il a fait sa résidence continuelle dès et depuis led. temps. Disant led. depposant sur ce enquis que led. Médard, père dud. suppliant, s’est toujours meslé de lever du Roy nostre sire, et à titre de bail à longues années, les molins du Roy nostred. sire aud. Chalaines, comme il faict encore de présent ; faict encore marchandises des fruicts et grains proceddant sur ses terres, qu’il fait cultiver et labourer par ses gens et mercenaires, et n’a jamais sceu ne entendu luy qui deppose que led. Médard ait exercé estat de marchandise, ne pareillement led. suppliant, lequel luy qui deppose a tousjours oy dire estre issu et procréé de la lignée des Vauseulx, qui auroient esté conjoincts par mariaige avec la soeur germaine de la mère de lad. Pucelle. Et entre autres une nommée Aveline, sœur de la mère de lad. Pucelle, laquelle mère de lad. Pucelle, comme led. depposant a oy dire, s’appeloit Isabeau, eust espousé ung nommé Jacques Day, dont seroient issuz et descendue lad. Pucelle et ses frères. Et quant à lad. Aveline, sœur de lad. Isabeau, fut conjoincte par mariaige avec feu Jehan le Vauseul, duquel mariaige seroient issuz plusieurs enfants assavoir : Demanche, Catherine et Jehanne Vauseulx, de tous lesquels a dict luy qui deppose avoir eu bonne cognoissance, pour les avoir veus, hantés et fréquentés, et en ce faisant toujours avoir oy dire et maintenir qu’ils estoient cousins germains à lad. Pucelle, comme estanz venuz, yssuz et procréez en légitime mariaige dud. Jehan le Vauseul et de lad. Aveline, sœur germaine de 54lad. Isabeau, mère de lad. Pucelle. Et souvient aud. depposant que lad. Jehanne Vauseul fut conjoincte par mariaige avec un nommé Durand Lassois, en leur vivant demeurant à Sauvoy, duquel mariaige seroit yssu un nommé Thiébault Lassois, lequel led. depposant a tousjours veu et oy tenir et repputer noble à cause qu’il estoit venu de l’apparenté et linaige de lad. Pucelle et comme petit-fils de lad. Aveline. Et à cause de ce, se voulut exempter des tailles et subcydes du Roy, dont fut meuz procèz devant M. le bailly de Chaulmont ou son lieutenant, où tant fut proceddé que par sentance définitive, fut led. Thiébault desclairé noble comme estant yssu de la lignée et parenté de lad. Jehanne la Pucelle, et à luy permis de joyr des droits de prérogative et proéminences donnez par le feu Roy Charles septiesme à lad. Pucelle et à son parenté, tant en ligne masculyne que fœminyne ; suivant laquelle sentance led. Thiébault auroit tousjours depuis joy comme auparavant du droit de noblesse et est encore exampt de toutes tailles et subcydes deues au Roy nostre syre et aultres impositions accoustumées estre gectées sur les subgectz du Roy notre sire ; comme pareillement auroient joy les enfants dud. Thiébault et comme encore font de présent. Mesme une nommée Nicolle, fille dud. Thiébault, à présent femme de Nicolas Fririot, demeurant aud. Sauvoy. Et quant aud. Demanche, fils de lad. Aveline, fut conjoinct par mariaige avec une femme qu’il n’a sceu nommer. Et scait bien que led. Demanche et sa femme se tenoient et auroient tousjours faict leur résidence au lieu de Burey en Vaulx. Ne scait s’ils paiaient tailles au Roy nostre sire ou non, pour ce que led. Burey est pour partye au Roy notre sire, et pour la pluspart de partye au duc de Lorraine. Ne scait sous lesquels desd. sieurs ils faisaient leur résidence, scait bien touteffoys que dud. Demanche Vauseul et de sad. femme, un nommé Jean le Vauseul, aussy tenu et reputté estre cousin remué de germain de lad. Pucelle, tel considéré et repputé communément tant aud. Vaucouleur que aultres lieux 55circonvoisins, faisait sa résidence au lieu de Saulvigny, terre de Brixey, ou quel lieu les deniers du Roy n’ont aucun cours. Et lequel Jean Vauseul se seroit marié aud. Saulvigny avec une nommée Mongeotte Galliselle, lesquels, constant led. mariage, auroient eu plusieurs enfans, signamment une nommée Mongeotte Vauseul, tenue et réputée communément fille légitime et procrée dud. Jehan Vauseul et Mongeotte, sa femme en légitime mariaige, laquelle Mongeotte seroit tousjours esté connue et reputtée estre et est cousine remuée d’après germain, de lad. Pucelle ; laquelle Mangeotte, trente ans a ou environ, est mariée avec Médard Royer, et duquel mariaige serait yssu Jehan Royer, suppliant, et ses aultres frères et sœurs, cy dessus nommez, qui sont et se attiennent comme led. suppliant à lad. Jehanne la Pucelle au cinquième degré, et comme estant venuz, issuz et procréez de lad. Aveline, sœur de lad. Ysabeau, mère en son vivant de lad. Jehanne la Pucelle.

Comme ledit depposant a tousjours oy dire et maintenir communément aux plus anciens dud. Veaucouleur et signamment à feue Beatrix de Lucey, mère-grand dud. depposant, décédée quarante ans a ou environ, aagée lors de quatre-vingtz ans et plus, laquelle disoit et racomptoit aud. depposant, qu’elle auroit veu lad. Pucelle, ensemble ses père et mère, et avoir eu congnoissance de lad. Aveline, qu’elle disoit avoir veu marier avec led. Jehan Vauseul, duquel mariage sont sortis et yssus lesd. Demanche, Catherine et Jehanne Vauseul, et pareillement a ce que dessus oy dire et réciter à feu Jehan de Brisey, son père, en son vivant natif et demeurant à Domremy sur Meuze, lieu de la nativité de lad. Pucelle, décedée en l’an 1530, à l’aage de soixante ans, lequel eut espouzé en secondes nopces une nommée Sibille, fille Claude d'Ay, petit neveu de lad. Pucelle.

Et en pourparlant de lad. Pucelle et de ses faictz, disoit à luy depposant que lad. Pucelle avoit une tante nommée Avelyne, qui avoit esté maryée avec un nommé Jehan le 56Vauseul, dont sont yssuz lesd. Vauseul, parlant des susd. Demanche, Catherine et Jehanne, et de leurs hoyrs cy dessus nommés, et que lad. Aveline estoit sœur germaine et légitime de lad. Ysabeau, mère de lad. Pucelle. Et aultrement n'en a sceu depposer, parce qu’il n’a veue lad. Aveline. Bien a oy dire tout publicquement et communément que lesd. Demanche, Catherine et Jehanne Vauseul estoient venuz et yssuz de lad. Aveline, comme pareillement les autres cy dessus nommés, ainsi qu’il l'a depposé. Et aultre chose n’en a dit.

Nicolle Lassois, femme de Nicolas Fririot

Noble femme Lassois, femme de Nicolas Fririot, demeurant à Sauvoy, aagée d’environ cinquante quatre ans, comme elle a dit, oye jurée et examinée sur les faictz portez par la commission de nos dictz seigneurs des comptes :

A dict et depposé qu’elle a bonne congnoissance de Jehan Royer, suppliant, à cause qu’elle est cousine remuée de germain, de Mongeotte Vauseul, femme de Médard Royer, mère dud. suppliant, qui faict qu’elle scayt bien la vérité, que led. suppliant et ses prédécesseurs du costel de lad. Mongeotte, sont véritablement dessenduz et yssuz de la ligne fœminine de la Pucelle, et que iceluy suppliant atteinct à la Pucelle au cinquième degré de consanguinité, parce que une nommée Aveline, sœur à la mère de lad. Pucelle, eust en légitime mariaige d’ung nommé Jehan le Vauseul, son mari, trois enfants, asscavoir Demanche le Vauseul, Catherine et Jehanne, grand mère d’elle depposante. Lequel Demanche fut marié avec une nommée Ydotte, duquel mariaige seroit issu un nommé Jehan le Vauseul, et quand à lad. Jehanne, grand mère d’elle depposante, se maria avec Durand Lassois, duquel mariaige seroit yssu Thiébault Lassois, père d’elle depposante, lequel Demanche et Jehan Vauseul, son fils, hantoient et fréquentoient souvent la maison d’elle depposante, se disans parens et appeloient led. Thiébault asscavoir oncle et led. Jehan cousin. Et en pourparlant de lad. Pucelle par ensemble, disoit led. Demenche estre 57cousin germain d'icelle, et quand aud. Jehan son fils et pareillement led. Thiébault estoient cousins remués de germain de lad. Pucelle, et telz auroient toujours esté tenuz et repputez comme encore sont de présent et le scait bien elle qui deppose, parce que led. Thiébault, son père, trente ans ou environ, eut procez par devant monseigneur le bailly de Chaulmont à l'encontre des habitans de Sauvoy, à cause qu’il se disoit estre cousin remué de germain de lad. Pucelle, et par ce moyen noble et exempt de tailles au Roy nostre sire, et tellement que led. Thiébault seroit esté contrainct faire preuve de la consanguinité et parentage avec lad. Pucelle.

Et tant auroit esté proceddé, qu’il auroit obtenu sentence dud. bailly à son proffict, et dès lors, comme auparavant, auroit toujours esté tenu et repputé de la lignée fœminine et parenté de lad. Jehanne la Pucelle, comme est encore lad. depposante à présent, et à ce moyen, ne paye elle aucune taille et subcyde au Roy nostre sire, combien qu’elle soit demouranz au lieu de Sauvoy, prevosté de Vaucouleur, et où les deniers du Roy ont cours. Et quand aud. Jehan le Vauseul, filz dud. Demenche, seroit esté maryé avec une nommée Mongeotte Galiselle, duquel mariaige serait yssue Mongeotte Vauseul, laquelle Mongeotte seroit légitimement tenue et repputée, cousine remuée d’après germain de lad. Pucelle, telle censée et repputée notoirement aux lieux de Vaucouleurs, Chalaines, Sauvoy, Dompremy et aultres lieux circonvoisins, et seroit aussi esté maryée avec un nommé Medard Royer, à présent son marry, duquel en légitime mariaige seroient yssuz six enfans, asscavoir trois filz et trois filles, au nombre des quelz est notoirement led. Jehan Royer, tel tenu et reputté. Lequel partant est yssu et descendu de la lignée fœminine et parenté de lad. Pucelle, comme estans procréez ses prédécesseurs, des quelz il à l’origine, de la sœur germaine de la mère de lad. Pucelle ; et à ce moyen, si lad. Pucelle vivoit, il luy attiendroit au cinquiesme degré de consanguinité.

58Scayt les choses cy dessus pour ainsy l’avoir tousjours entendu de ses feuz père et mère, grand oncles et tantes qui, ainsy par le menu, luy auroient récité et racompté lad. généalogie, ainsy que par cy devant a dict.

Et dict oultre, sur ce renquise, que led. Jehan Royer, suppliant, n'est marié, au moins ce qu’elle scache, ne possède aussy aulcuns biens, pour ce que ses père et mère sont encore vivants, et ne paye aulcune taille ne subcyde au Roy, qu’elle puisse scavoir. Et a par cy devant hanté les escolles et les armées, fors puis quatre ou cinq ans qu’il est au Chastellet de Paris, à la praticque, comme elle depposante a entendu dire. Et aultre chose, du tout le contenu et articles portez par la commission de nos seigneurs à nous adressant par le faict de la présente information, n’a sceu dire, ne depposer, sur ce par nous diligemment interrogée, fors ce qu’elle a dict cy dessus, dont est commun bruict, fame et renommée auxd. Vaucouleur Chaleine et aultres lieux circonvoisins.

Mongeot Thiebault

Honorable homme Mongeot Thiebault, mayeur pour le Roy nostre sire au lieu de Sauvoy lès Vaucouleur, aagé de environ soixante ans, juré oy et examiné sur le contenu en la commission de messieurs de la Chambre de Comptes.

A nous adressantes au faict de la présente information.

A dict par son serment qu’il est natif dud. Sauvoy et y a toujours demouré comme encore faict a présent, qui faict qu’il a eu bonne congnoissance de feu Thiebault Lassois, dit le noble, en son vivant demeurant aud. Sauvoy, lequel Thiébault se seroit maryé avec une nommée Didon, pendant lequel mariaige et tout le temps qu’il a demouré aud. Sauvoy, y a esté par quarante ans, a tousjours esté refusant de payer tailles et subcydes au Roy nostre sire, et de faict n’en auroit payé aucuns, parce qu’il soy disoit estre exempt par privillege du Roy comme yssu de la consanguinité et lignée de la Pucelle, et se disoit estre cousin remué de germain de lad. Pucelle, et 59estoit Jehanne sa mère, cousine germaine de lad. Pucelle, comme estant fille d'une nommée Avelyne, comme disoit led. Thiébault, et qu’elle avoit eu d’elle et de feu Jehan Vauseul, son mari, en légitime mariaige, trois ou quatre enfans, scavoir : lad. Jehanne, sa mère, ung nommé Vauseul qui pareillement estoit cousin de lad. Pucelle et oncle dud. Thiebault, lequel se seroit marié avec une nommée Ydotte Voynaude, duquel mariaige seroit venu un nommé Jehan Vauseul, lequel Jehan Vauseul et Demange, son père, venoient soupvent aud. Sauvoy, vers led. Thiébault, et s'appeloyent parens et alliés de lad. Pucelle. Et mesmes souvient aud. depposant que les habitans dud. Sauvoy entreprindrent, à certain jour qu'il n’a sceu cotter, faire payer les tailles du Roy nostre sire aud. Thiébault, ce que led. Thiébault reffusa, et pour raison de ce s'en meust procez par devant Monsieur le bailly de Chaulmont, pendant lequel lesd. Demange et Jehan Vauseul venoyent souvent vers led. Thiébault et maintenoyent icelluy Thiébault et eulx estre de la parenté de lad. Pucelle. Quoique soit, tant auroit esté proceddé aud. bailliaige que, enfin led. Thiébault auroit tellement informé de sa généalogie, que par sentence dud. bailly de Chaulmont ou son lieutenant, il serait esté déclairé noble et exempt de touttes tailles deues au Roy nostre sire comme estant parent conjoinct en consanguinité à lad. Pucelle, duquel privillege il auroit comme auparavant tousjours joy jusquez à son décez advenu vingt ans peult avoir, comme depuis auroient faict ses enfans, et encore à présent une nommée Nicolle Lassois, sa fille, précédent témoin, demeurant sud, Sauvoy : disant luy qui deppose ne scavoir plus distinctement ne specificquement déclairé, dont seroit yssu led. Demanche Voyseul, sinon qu’il scayt bien à la vérité que led. Jehan Vauseul son fils seroit esté marié avec une nommée Mongeotte Galliselle au lieu de Sauvigny, duquel légitime mariaige seroient yssuz entre aultres enfans une fille nommée Mongeotte Vauseul, aussy tenue et repputée cousine remuée après 60germain de lad. Pucelle, laquelle Mongeotte Vauseul se seroit marié, trente ans peult avoir ou environ, avec Médard Royer, père et mère dud. Jehan Royer, suppliant, et tellement que led. suppliant seroit et atteindroit au cinquiesme degré de consanguinité de lad. Jehanne la Pucelle. Et aultre chose n'en a dict scavoir sur le tout, bien et diligemment enquis et interrogé.

Jacob Robert

Jacob Robert, laboureur, demeurant à Burey en Vaulx, aagé d'environ soixante dix neuf ans comme il a dict, oy et examiné après serment par luy faict en bel cas requis :

A dict et depposé qu’il est natif et demeurant aud. Burey, qui est prochain et attenant le village de Champougny, au moyen de quoy a eu bonne congnoissance de feu Demange le Voyseul, à cause que led. Demenge faisoit sa résidence aud. Champougny ; en la maison duquel Demenche, led. depposant auroit par plusieurs foys hanté et fréquenté, comme pareillement faisoyt. led. Demenche en la maison dud. depposant aud. Burey, à cause que led. Demenche estoit oncle de luy depposant : auquel Demenche a, luy qui deppose, oy dire par plusieurs foys qu'il estoit filz d'une nommée Aveline et d’ung nommé Jehan le Vauseul, laquelle Aveline estoit soeur à Ysabeau mère de la Pucelle nommée Jehanne, et par ce moyen estoit lad. Aveline, tante à icelle Pucelle, et led. Demanche, son cousin germain : lequel Demenche fut marié à une nommée Ydotte, duquel mariaige seroit yssu ung nommé Jehan Vauseul, tenu et repputé cousin remué de germain à lad. Pucelle. Ne scayt se pour raison de ce ils estoient exempts de tailles ne subcydes dheues au Roy notre sire ou aultres, par ce que en leur vivant ils auroyent toujours demeuré hors du royaulme et pays de Lorraine, en la terre de Brixey appartenant à l'esvesque de Toul. Bien scay toutesffois que led. Jehan Vauseul fut marié au lieu de Sauvigny à une nommée Mongeotte, duquel mariaige seroit yssu une fille nommée Mongeotte 61le Vauseul, laquelle seroit esté mariée, trente ans a, à Médard le Royer, demeurant aud. Chalaines, duquel, mariaige est issu led. Jehan Royer, suppliant, et laquelle Mongeotte seroit toujours esté tenue repputée cousine remuée après germaine de lad. Pucelle et led. Jehan Royer, suppliant, attenant à lad. Pucelle au cinquiesme degré de consanguinité. Le scayt, lui qui deppose, pour avoir veu lesd. Demenge et Jehan Voyseul et avoir toujours oy dire à feu Robert Jacquet et Catherine, sa femme, ses père et mère, déceddez dez sont vingt ans ou environ et aagés au jour de leurs trespas de chascunz soixante et dix ans pour le moigns, lesquels disoyent communément aud. depposant et aultres aud. Burey, devisant ensemble des faictz de lad. Pucelle, que led. Demange Voiseul estoyt cousin germain de lad. Pucelle, comme estant filz de Aveline, sœur de la mère de lad. Pucelle.

Et aultant en disoyent communément tous les ancisns dud. Burey, en tel sorte que jamais n’a esté faict doubte que led. Demenche et toute sa postérité ne fust de la lignée fœminime et parenté de lad. Jehanne la Pucelle. Et qu’il soyt ainsy à luy qui deppose en bonne congnoissance d’ung nommé Thiébault Lassoys, demeurant en son vivant à Sauvoy, fils de feu Jehan Vauseul, lequel comme estant yssu de lad. Jehanne, fille de lad. Aveline, se disoit noble, et de faict jouyssoit des privillèges de noblesse donnés à lad. Pucelle et à sa postérité, comme faict encore de présent Nicole Lassois, sa fille, demeurant aud. Sauvoy, et où led. Thiébault a été inquiété en sad. noblesse, a intenté procez et obtenu tousjours à ses frais, et mesmes par le bailly de Chaulmont, après inquisition dhuement faicte, estant lors led. Thiébault en cause à la requeste des habitants dud. Sauvoy. Auroit enfin, par sentence dud. bailiy ou son lieutenant, esté dict que led. Thiébault joyroit du privilleges donnez par le feu roy Charles septiesme à la Pucelle et ses parens, comme estant led. Thiébault, yssu de l'apparenté et linaige de la Pucelle. Chose 62qui faict dire à luy qui deppose que led. Jehan Royer, suppliant, est de l'apparenté et linaige de lad. Pucelle, comme pareillement estoyent ses prédécesseurs cy-dessuz nommez, et selon les degrés de la consanguinité par luy depposant cy-devant cottez et désignez. Et aultrement, sur ce par nous interrogé et sur le tout, n'a sceu aultrement ne plus spécifiquement dire la généalogie et source de l'apparenté que led. suppliant a à lad. Pucelle, parce qu’il n’a jamais vu lad. Aveline dont led. suppliant et ses prédécesseurs cy dessus nommez ont prins leurs origines, et pour raison de laquelle sont conjoincts et attiennent en parenté et en consanguinité à lad. Pucelle, comme cy devant a dict, sinon que ce qu’il a cy devant depposé est commun bruict, fame et renommée et chose toute notoire ès lieux de Vaucouleur, Burey et Chalaines, Dompremy et aultres lieux circonvoisins. Et plus n’en a dict.

Hellouy Robert, femme de Pariset Lengres

Hellouy Robert, femme de Pariset Lengres, demeurant à Badonviller, aagée de soixante-six ans, comme elle a dict, jurée et examinée comme les tesmoings cy-dessus :

A dict et depposé que a eu bonne cognoissance de feuz Demanche le Vauseul et Jehanne le Vauseul, à cause qu’ils estoient frère et sœur de Catherine Vauseul, mère de ladicte depposante, tous lesquels estoient enfants de feuz Jehan le Vauseul et d’une nommée Aveline, sœur d’Ysabeau, mère de Jehanne la Pucelle : et ainsy l’a oy dire et réciter à lad. Catherine, sa mère, laquelle lui disoit que lad. Avelyne, sa mère et mère-grand de lad. depposante, lui auroit dict et récité que lorsque lad. Pucelle se deppartit de ses marches et pays de Vaucouleur pour aller sacrer le Roy, lad. Pucelle auroit requis lad. Aveline que, puisque elle estoit enceincte d’enfant, prioit que si elle ascouchoit d’une fille, elle luy fit mectre en nom Catherine pour la soubvenance de feue Catherine sa sœur, niepce de lad. Avelyne, tellement que la mère d’elle depposant fut appelée et nommée Catherine. Et disoyt la mère d’elle depposant que lad. Pucelle appelloit communément 63lad. Aveline sa tante, et luy portoit bonne affection, pour ce qu’elle avoit esté nourrise en la maison de lad. Aveline et de Jehan Voyseul son mari, père et mère de lad. Catherine mère de lad. depposante. Et mesme y estoit lad. Pucelle demorant, lorsqu’elle fut menée par devers le feu Roy Charles septiesme, que Dieu absolve, par Robert de Bodricourt, capitaine dud. Vaucouleur. Quoy que soyt, a tousjours lad. depposante oy dire et maintenir communément que led. Demenge le Vauseul estoit cousin germain de lad. Jehanne la Pucelle : lequel Demenge lad. depposante a veu marier avec une nommée Ydotte Voynande, duquel mariage seroit légitimement esté nay ung nommé Jehan le Voyseux et Didier le Voyseux, lesquels lad. depposante a par plusieurs foys veu, avec led. feu Demenge, venir au lieu de Burey en Vaux, en la maison de Robert Jacquet et de Catherine sa femme, père et mère de lad. depposante : lequel Jehan de Voyseul, et led. Demanche Voyseul son père, disoit estre cousin remué de germain de lad. Pucelle et le pareil disoient les père et mère d’elle depposante. Lequel Jehan le Voyseul seroyt esté maryé avec une nommée Mongeotte, duquel mariaige seroit esté procréé légitimement Mongeotte Voyseul, laquelle seroit tousjours esté tenue et repputée, comme encore est de présent, cousin remuée après germain de lad. Pucelle. Et seroyt esté lad. Mongeotte Voyseul conjoincte par mariage, trente ans peult avoir, avec ung nommé Medard Royer, au lieu de Chalaines, comme encore est de présent, duquel mariage seroit légitimement esté procréez plusieurs enfants et entre aultres led. Jehan Royer suppliant, tel censé et repputé. Et duquel, et de lad. Mongeotte sa mère, elle qui dépose a bonne congnoissance, et scayt à la vérité, pour les causes que dessus, que led. Jehan Royer, suppliant, est yssu et descendu des parens et linage de lad. Pucelle, du cousté et estoch dont est yssu la mère de lad. Pucelle et que sy lad. Pucelle estoit de présent vivante, led. Jehan Royer suppliant, luy attaindroit on cinquiesme degré de consanguinité. Scayt 64les choses cy dessus pour les causes et raisons par elle cy dessus deduictes et que de ce en est le commun bruict, fame et voix public es lieux de Vaucouleur, Chalaine, Sauvoy, Burey, Domremy et lieux circon voisins. Et plus n'en a dict.

Robert Barrais

Du neufviesme jour desdictz mois et an, on dict hostel.

Robert Barrais, cousturier, demeurant à Burey en Vaulx, aagé d'environ quarante-six ans, comme il a dict : oy et examiné sur le contenu en la commission de nos seigneurs des comptes, à dict qu’il est filz de Laurent Barrois et de Jehanne Robert, en son vivant aussy fille de Catherine de Voyseul et de Robert Jacquet, laquelle Catherine de Voyseul comme il déposant a oy dire à sad. feue mère, estoit cousine germaine de Jehanne la Pucelle comme estant fille d’une nommé Aveline, sœur germaine à la mère de lad. Pucelle. Laquelle Catherine, mère-grand dud. depposant, avoyt encore ung frère et une sœur, procréez de lad. Aveline et de Jehan le Vauseul son mary, bisaïeul de luy depposant ; l'ung des quels se nommoit Demenche Voyseul, lequel estoit aussy connu et repputé estre cousin germain à lad. Pucelle, comme il depposant a tous jours oy dire à lad. feue Jehanne sa mère, en son vivant. Duquel Demenche en légitime mariage seroit yssu ung nommé Jehan le Vauseul, duquel led. depposant a tousjours eu bonne cognoissance et fréquentation jusques au decez d'icelluy. En quoy faisant, il luy auroit tousjours oy dire et recongnoistre qu’il estoit cousin remué de germain à lad. Pucelle. Et ainsy le disoient tout communément les demourans au lieu de Sauvigny, lieu de la résidence dud. Jehan le Voyseul. Auquel lieu étoit tel notoirement tenu, et pour raison de ce estoit tenu comme noble scans qu’il ayt jamais payé taille ou subcyde au Roy nostre Sire ; par ce aussy à la vérité que led. Jehan n'a demeuré soub l’obéissance du Roy nostre Sire, ni en lieu où ses deniers eussent cours. Disant au surplus luy deposant 65estre bien certain que led. Jehan Voyseul seroit esté maryé avec une nommée Mongeotte dud. Saulvigny : duquel mariage seroit yssue et descendue une fille nommée Mongeotte le Voyseul, laquelle a esté maryée, comme encores est de présent à ung nommé Medard Royer, demourant aud. Chalaines. N'a esté, luy qui deppose, présent à voir solempniser led. mariage, mais scayt bien que lesd. Medard et Mongeotte sont tenuz notoirement estre maryés ensemble : et que dud. mariage seroit yssu, entre aultre enfans, Jehan Royer suppliant desnommé en lad. commission de nosd. seigneurs des comptes. Lequel Jehan Royer, si lad. Pucelle vivoyt, lui attaindroit au cinquiesme degré de consanguinité, parce que lad. Mongeotte sa mère estoit cousine remuée d'aprés germain de lad. Pucelle et au quatriesme degré. Scayt ce que dessus pour l’avoir oy dire et racompter à feu Robert Jacquet son ayeul, decede, trente ans peut avoir, aagé de plus de quatre-vingt-dix ans, et encore à lad. feue Jehanne sa mère et aux plus anciens dud. Burey en Vaulx, lieu de la résidence dud. depposant et où lad. Jehanne la Pucelle auroit faict longue demourance en la maison de Jehan le Voyseul mary de lad. Aveline, et ainsy a tousjours oy dire led. depposant et aussy en est chose toute notoire, claire et manifeste aud. Burey et lieux circonvoisyns. Et plus n’en à dict.

Nicolas Verbois

Honnorable homme Nicolas Verbois, marchant, demeurant à Vaucouleur, aagé de soixante-seize ans ou environ, comme il a dict, après serment par luy faict, oy et examiné sur le contenu de la commission de nosseigneurs des Comptes : a dict et depposé qu’il a bonne congnoissance et notice de Jehan Royer, supplyant desnommé en ladicte commission, et qu’il est filz naturel et légitime de Medard Royer mayeur pour le Roy au lieu de Chalaines lez ledict Vaucouleurs et de Mongeotte Voyseul, femme dudict Medard ; que ledict Jean Royer en sa jeunesse a hanté et fréquenté aux escolles audict Vaucouleur jusques en l’aage de seize ou dix-huict ans, qui se seroit mis 66au service du Roy soubz la charge du comte Raingrave soubz lequel par espace de deux ans il auroit suyvy les armes à la guerre : et ce faict, se retira en demourance au lieu de Paris, suivant la praticque, comme il faict encore de présent. Et ne fut jamais maryé, ne possède aulcun bien qu’il depposant scache, parce que sesdictz père et mère sont encore de présent vivans. Et ledict Médard est mayeur du lieu de Chalaines et veid de sa labeur, n'est tenu et repputé estre marchant public ; ains seulement vend que peult recueillir de sa labeur.

Enquis led. depposant si led. Jehan Royer suppliant est de la lignée ou de l’apparenté et linaige de Jehanne la Pucelle et à quel degré :

A dict avoir bonne congnoissance d’ung nommé Demenche le Voyseul, en son vivant demeurant à Burey en Vaulx, lequel estoit tenu et repputé communément estre cousin germain de lad. Jehanne la Pucelle, comme estant filz de la sœur germaine de la sœur de la mère de lad. Pucelle. Et tel nottoirement estoit tenu par les anciens qui disoient avoir veu et congneu la mère dudict Demenche, nommée Aveline, et seroit esté ledict Demenche marié avec une femme du nom de laquelle n’est à présent recordz, combien qu’il ait hanté et fréquenté par plusieurs foys en leur maison audict Burey, qui faict qu’il scayt que constant leur mariage seroit yssu d’eulx ung nommé Jehan Voyseul, duquel aussi luy qui deppose a eu bonne congnoissance pour l’avoir par plusieurs foys hanté et fréquenté. En quoy faisant l’auroit tousjours oy tenir et repputer estre cousin remué de germain à ladicte Pucelle comme filz dudict Demenche, et tel seroit tousjours esté tenu et repputé par les anciens dudict Vaucouleur, Burey, Sauvigny, Chalaines et aultres lieux. Et souvient audict depposant que led. Demenche avoit une sœur nommée Jehanne, aussy tenue et repputée cousine germaine à lad. Pucelle, laquelle fut mariée avec Durand Lassois, demeurant audict Burey, duquel mariage seroit yssu ung nommé Thiébault Lassois, duquel aussy comme dudict Durand 67et de ladicte Jehanne, sa femme, auroit eu bonne congnoissance. Et luy souvient que ledict Thiébault Lassois se tenoit et faisoit sa résidence au lieu de Sauvoy qui estoit soubz l'obéissance du roy nostre seigneur et prévosté de Vaucouleur. Et fut led. Thiébault imposé à la taille du roy, pour raison de quoy fut meu procez par devant monsieur le bailly de Chaulmont ou son lieutenant, où tant auroit esté proceddé, que enfin par sentence du lieutenant dud. bailly tenant ses assizes aud. Vaucouleur seroit esté déclairé noble comme estant yssu de la lignée et parenté de lad. Pucelle, et dès lhors comme auparavant seroit esté ledict Thiébault tousjours tenu et repputé noble et joy du droict de noblesse jusques à son decez, et encore en jouyssent les enfans dudict Thiébault et mesme une nommée Nicolle Lassoys, aultrement dicte Nicolle la Noble ; qui fait dire à luy depposant que ledict Jehan le Voyseul, cousin germain dud. Thiébault est de l’apparentée de lad. Pucelle et en troisiesme degré de consanguinité. Et ainsy l'a tousjours oy et entendu par les anciens desdicts Burey, Vaucouleur et lieux circonvoisins. Lequel Jehan le Voyseul seroyt esté maryé à une nommée Mongeotte Galliselle, demourant au lieu de Sauvigny, desquelz luy qui deppose a eu bonne congnoissance. Et n’y a que environ quatre ans que ledict Jehan le Voyseul est déceddé ; et lequel, constant le mariage de luy et de ladicte Mongeotte, sa femme, auroit eu entre aultres enfans une nommée Mongeotte Voyseul procréée en légitime mariage, telle tenue et repputée. Laquelle Mongeotte Voyseul est tenue et repputée estre cousine remuée après germain de ladicte Pucelle et lui attenir au cinquiesme degré de consanguinité. Et sont environ trente ans que ladicte Mongeotte est mariée avec led. Médard Royer, lesquelz ont eu constant leur mariage six enfants, vivans encore de présent, et entre aultres ledict Jehan Royer suppliant, lequel Jehan Royer est parent à lad. Pucelle et luy attient au cinquiesme degré de consanguinité, qui faict dire audict depposant que. ledict Jehan Royer et ses 68prédécesseurs sont véritablement yssuz et descenduz du parenté et ligne fœminine de lad. Pucelle. Comme de ce, ensemble des choses par luy cy-dessus depposées en est le commun bruict, fame et renommée, tellement qu’il n’y a personne audict Vaucouleur et lieux circonvoisins de l’aage dudit depposant qui ne les scache, tant sont les choses cy-dessus tennables et notoires au pays. Et aultre chose n’en a dict.

Nicolas Volland

Discrette personne, messire Nicolas Volland, prebstre, doyen en l’église Nostre-Dame de Vaucouleur, aagé d’environ soixante-dix-huict ans, comme il a dict après serment par luy faict : In verbo sacerdotis, de dire vérité, oy et examiné sur les faictz contenus en la commissioa a nous addressante :

A dict et depposé qu’il a bonne et vray congnoissance de Jehan Royer suppliant, lequel est filz naturel et légitime de Médard Royer, mayeur pour le Roy au lieu de Chalaines, et de Mongeotte Voyseul, femme dud. Médard, et desquelz a aussy bonne congnoissance dès et depuis trente ans que led. Médard et Mongeotte sa femme sont conjoinctz par mariage audict Chalaines lez ledict Vaucouleur, pour les avoir depuis ledict temps plusieurs foys hantez, veus, hantez et fréquentez, qui faict qu’il scayt que ledict suppliant a dez son jeune aage hanté et fréquenté les estudes et mesmes audict Vaucouleur, jusques en l'aage d’environ seize ou dix-sept ans, qu’il s’en seroit allé à la guerre au service du Roy soubz la charge du conte Raingrave, au camp de Boulongne où il auroit esté deux ans. Et ce faict, alla en demourance à Paris, ou encores de présent faict sa résidance, suyvant la praticque au Chastellet. N’est et ne fut ledict suppliant jamais maryé, qu’il depposant ayt sceu ou entendu, n’a et ne possedde aulcungs biens qu’il depposant scache. A encores ses père et mère vivans, et partant n’a jamais veu, sceu ou entendu que ledict supplyant ait payé tailles ou subcydes au Roy nostre Seigneur. Scait bien toutesfoys 69que ledict suppliant est aagé de vingt-quatre ans seullement et ainsy le peult l'on juger à la face dudict suppliant. Et pareillement scayt aussy ledict depposant que ledict Médard, père audict suppliant, est mayeur audict Chalaines, vivant de son labeur sans aultrement se mesler de marchandise, synon qu’il faict proffict des grains et aultres fruictz provenans de ses terres et héritages, disant au surplus luy qui deppose que, à cause qu’il a tousjours demouré continuellement audict Vaucouleur, dont il est natif, a eu bonne congnoissance des parens de Jehanne la Pucelle, à cause qu’elle estoit natifve des environs dudict Vaucouleur, duquel parentage est yssu et descendu Jehan Royer suppliant. Le scayt luy qui deppose pour avoir eu bonne congnoissance d'ung nommé le vieulx Vauseul et de Ydotte sa femme, en leurs vivans demeurans à Burey en Vaulx, distant dudict Vaucouleur d’une demye lieue. Et du temps dudictz le vieulx Voyseul, luy qui deppose faisoit sa résidence audict Burey, y estant retiré avec ses feuz père et mère, cinquante-huict ans peult avoir, à cause d’une peste lors régnant audict Vaucouleur : et lors comme auparavant et depuis, ledictz vieulx Voyseul se disoit estre cousin germain de ladicte Pucelle. Et tel aussy les tenoyent et repputoyent les anciens dudict Burey en Vaulx et mesmes le père de luy depposant, qui disoyt avoir veu ladicte Pucelle et ses père et mère, et que ledict Jehan Voyseul estoit yssu et descenduz de la sœur de la mère de lad. Pucelle. Et autant en disoyent tous les anciens dud. Burey en présence de luy déposant et de plusieurs aultres. Et plus specifficquement n’en a sceu parler, mais scayt à la vérité et est souvenant que, trente-cinq ans peult avoir, ung nommé Thiebault Lassoys filz de une nommée Jehanne Voyseul sœur germaine dud. vieulx Voiseul eust quelque procès contre les habitans de Sauvoy, lieu de sa résidence, pour ce que ils l'avoyent imposé aux tailles du Roy. Et fut le procès intenté par devant le Bailly de Chaulmont ou son lieutenant, où tant aupoit esté proceddé que led. Thiebault, par sentence 70deffinitive dud. Bailly ou son lieutenant, seroit esté déclaré estre yssu et descendu de l’apparenté et linaige de lad. Pucelle, et par ce moyen declairé noble et jouyssant des previlèges donnez et octroyés à lad. Pucelle et à son parenté. Dez et depuis lequel temps, comme auparavant, led. Thiebault auroit tousjours joy desd. previlèges de noblesse jusques à son decez. Et comme encore font de présent ses enfans et pour raison desd. droitz fut dès lors surnommé Thiebault le noble. Comme encores de présent sont ses enfans. Quoy que soyt, scayt luy qui deppose que dud. Voyseul, frère de lad. Jehanne, mère dud. Thiebault seroyent yssuz en légitime mariage plusieurs enfans, et entre aultres ung nommé Jehan le Voyseul, duquel luy qui deppose a eu bonne congnoissance, pour la fréquentation et habitude qu’il avoit avec lui, pendant laquelle, et mesmes tant et si longtemps que led. Jehan a vescu, l'a tousjours oy tenir et repputer estre cousin remué de germain de lad. Pucelle et son parent au troisiesme degré. Faisoyt sa résidence en son vivant au lieu de Saulvigny, auquel lieu estoit led. Jehan Royer tenu et repputé estre parent de lad. Pucelle on degré cy-dessus cotté, et à ce moyen repputté noble, scans payer tailles ou aultres subcydes au Roy nostre Sire. Et aussy à la vérité n’est led. Saulvigny au Roy, ains à l’evesque de Toul et de sa terre de Brixey. Et fut led. Jehan Voyseul marié aud. Saulvigny avec une nommée Mongeotte que luy depposant a veu et congneu. Et en ce faisant scayt bien qu’ilz estoient solempnellement conjoinctz par mariage, et que dud. mariage seroit légitimement esté yssuz lad. Mongeotte mère dud. suppliant et cousine remuée de germain à lad. Pucelie. Laquelle Mongeotte seroit esté mariée, trente ans peult avoir, comme il depposant auroit veu, aud. Medard Royer, et duquel mariage led. suppliant seroit yssu, nay et procrée, comme est chose notoire dans le lieu de Chalaines et Vaucouleurs, attenant l’ung l’aultre, et pour ces causes, scayt luy qui deppose que led. suppliant et ses prédécesseurs sont véritablement venuz, 71yssuz et descenduz du parenté et linage féminin de lad. Pucelle, comme estans sortyz et procréez d’une sœur de la mère de lad. Pucelle, pour les raisons par luy cy-devant dictes, desquelles ensemble ce qu’il a cy-dessus dict, en est chose tout comune et voix publicque. Et n’y a celluy ou celle aud. Vaucouleur et lieux circonvoisins, de son aage, qui n’en dist aultant, tant est le linaige et parenté dud. suppliant à lad. Pucelle notoire partout led. pays de Vaucouleur et es environ. Et plus n’en a dict.

Didier Vaultrin

Honnorable homme Didier Vaultrin, marchant, demeurant à Vaucouleur, aagé d’environ soixante-cinq ans, tesmoing produit, oy et examiné sur les faitz contenuz en la commission de nosdictz seigneurs des Comptes, après serment par luy faict :

A dict et depposé qu’il est natif dud. Vaucouleur, où il a tousjours faict sa continuelle residance, ledict lieu contigu et joingnant le lieu de Chalaines, estantz lesdictz deux lieux une mesme paroisse, et qu’il a bonne congnoissance dudict Jehan Royer, qui est filz naturel et légitime de Médard Royer mayeur pour le Roy audict Chalaines et de Mongeotte Voyseul sa femme, desquelz aussy il a bonne congnoissance. Et scayt bien à la vérité que ledict Jehan Royer n’est et n’a esté marié, et est seulement aagé de vingt-quatre ou vingt-cinq ans, ne possedde aulcungs biens, car sesditcs père et mère sont encores vivans, ne paye aulcunes tailles ou subcydes au Roy nostre Sire, ny aultre qu’il depposant ayt sceu ou entendu ; a dès son jeune aage suivy les lettres et depuis se seroit adonné aux armes au service du Roy soubz là charge du conte Raingrave au camp de Boulongne, et depuis s’est transporté à Paris où il faict encore sa résidence, suyvant la praticque au Chastellet. Lequel Jehan Royer suppliant, ledict depposant a tousjours oy dire estre venu et yssu du parenté et linage de Jehanne la Pucelle, parce que ladicte Mongeotte Voyseul sa mère est fille d’ung nommé Jehan le Voyseul, en son vivant demourant 72à Saulvigny, qui estoit prochain parent de ladicte Pucelle et son cousin remué de germain. Et pareillement a veu et congneu ung nommé le vieulx Voyseul, père dudict Jehan Voyseul, demeurant en son vivant à Burey en Vaulx, et lequel vieulx Voyseul estoit tenu, censé et repputé filz d'une nommée Aveline, sœur germaine de la mère de ladicte Pucelle, et ainsy l'a tous jours oy ledict depposant, oy et entendu par les anciens dudict Vaucouleur, Burey et aultres lieux circonvoisins, et mesme luy souvient que ung nommé Thiébault Lassois, en son vivant demeurant à Sauvoy, se disoit estre de l'apparenté de ladicte Pucelle, à cause que sa mère estoit fille de ladicte Aveline, sœur de la mère de ladicte Pucelle, et à ce moyen exempt de subcydes et tailles du Roy. Et pour ce qu’il luy en auroit esté imposé seroit esté meu procès au lieu de Chaulmont, où tant seroit esté proceddé que par sentence seroit esté dict qu'il joyroit du droict de noblesse comme issu du parenté de ladicte Pucelle, et comme estant sorty et ses prédécesseurs de la sœur de la mère de ladicte Pucelle. Suyvant quoy ledict Thiébault auroit tousjours joy dudict droict de noblesse octroyé à lad. Pucelle, jusques à son décez, comme font encore à présent ses enfans, et mesmement d'une nommée Nicole Lassois dicte la Noble. Et dict ledict depposant que les choses cy-dessus sont toutes notoires, clères et manifestes ausdictz Vaucouleur, Burey, Chalaines, Dompremy et aultres lieux circonvoisins et n’y a personne au pays et ez environs dudict Vaucouleur, de son aage, qui n’en scache et dist aultant ou plus. Et plus n’en a dict.

Signé de Gondrecourt, Bonnot, Dominiques Barrois, Faulcot et de Ravière.

Nous Lieutenant particulier après avoir communiqué la présente information ausdictz maitre Anselme Bonnot advocat pour le Roy nostre Seigneur, Guillaume de 73Ravière et Dominiques Barrois sommes unanimement tumbez d’accord et esté d’advis, ayans veu la présente information, qu’il appert suffisamment ledict Jehan estre du linage et parentelle de ladicte Jehanne la Pucelle. Et néantmoings pour ordonner sur la franchise et droict de noblesse par luy requis, avons le tout renvoyez à nosdictz Seigneurs, pour en ordonner ainsy qu’il leur plaira.

Faict ce sixiesme jour d’octobre mil cinq cens cinquante cinq, — Signé de Gondrecourt, Bonnot, Dominiques Barrois, Faulcot, de Ravière.

74Index
des noms de lieux cités dans les enquêtes

  • Badonvilliers, canton de Gondrecourt (Meuse).
  • Blaize-sous-Arzillières, canton de Saint-Remy (Marne).
  • Brixey-aux-Chanoines, canton de Vaucouleurs (Meuse).
  • Broussey-en-Blois, canton de Void (Meuse).
  • Burey-la-Côte, canton de Vaucouleurs (Meuse).
  • Burey-en-Vaux, id.
  • Chalaines, id.
  • Champougny, id.
  • Cheminon-la-Ville, canton de Thiéblemont (Marne).
  • Cheminon (Notre-Dame de), abbaye de Cisterciens.
  • Coussey, chef-lieu de canton, arrondissement de Neufchâteau (Vosges).
  • Domremy-la-Pucelle, canton de Coussey (Vosges).
  • Faveresse, canton de Thiéblemont (Marne).
  • 75Goussaincourt, canton de Vaucouleurs (Meuse).
  • Heiltz-le-Maurupt, chef-lieu de canton, arrondissement de Vitry (Marne).
  • Horville, canton de Gondrecourt (Meuse).
  • Maxey-sous-Brixey, ou Maxey-sur-Meuse, canton de Coussey (Vosges).
  • Maxey-sur-Vaise, chef-lieu de canton, arrondissement de Commercy (Meuse).
  • Parthois ou Perthois, canton situé sur les rives de la Marne, entre le Rémois, au nord, le Barrois, à l'est, le Vallage, au sud, et la Champagne, à l'ouest, qui avait pour chef-lieu Vitry-le-François.
  • Perthes, canton de Ville-sur-Tourbe (Marne).
  • Rigny-la-Salle, canton de Vaucouleurs (Meuse).
  • Roizes (les), canton de Gondrecourt (Meuse).
  • Saint-Menge, abbaye près de Châlons (Marne).
  • Saint-Nicolas-de-Port, chef-lieu de canton, arrondissement de Nancy.
  • Sauvigny, canton de Maxey-sur-Vaise (Meuse).
  • Sauvoy, canton de Void (Meuse).
  • Sermaize, canton de Thiéblemont (Marne).
  • Tournebut, canton de Thury-Harcourt (Calvados).
  • Treix, canton de Chaumont (Haute-Marne).
  • Vouthon (Haut- et Bas-), canton de Gondrecourt (Meuse).
Timbre des armes de Luc du Lys
76 [Timbre des armes de Luc du Lys]

Notes

  1. [20]

    Cette pièce présente un égal intérêt pour les généalogies des chapitres II, III et IV de la Famille de Jeanne d’Arc.

  2. [21]

    Il est à propos de remarquer ici quelle étrange confusion règne dans les esprits de la famille du Lys au sujet des frères de la Pucelle. Les noms de Jean, de Jacques et de Pierre sont employés comme au hasard. Le titre de prévôt de Vaucouleurs et celui de prévôt d’Orléans (qui est du reste imaginaire) sont distribués avec la mime incertitude. Tout, en matière de noms, serait à rectifier dans ces dépositions.

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