Pie de Langogne  : Jeanne d’Arc devant la Sacrée Congrégation des rites (1894)

Presse

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Études
31 décembre 1894

Compte-rendu de Pierre Lanéry d’Arc.

Source : Études religieuses, etc., 31e année, supplément aux tomes 41, 42 et 43, p. 904-906.

Lien : Gallica

Vers la fin de l’année dernière, sortait des presses de la Propagation de la foi, à Rome, un beau volume in-4 de 972 pages, intitulé : Aurelianen. Beatificationis et canonizationis servæ Dei Joannæ de Arc, Puallæ Aurelianensis nuncupatæ. Positio super introductione causæ. C’était le recueil des actes et documents du procès canonique pour l’introduction en cour de Rome de la cause de béatification, destiné à être distribué aux cardinaux composant la Congrégation des Rites, pour leur permettre de répondre super dubio : an sit signanda commissio introductionis causæ in casu et ad effectum de quo agitur ?

Ce gros volume, dû aux soins de M. Captier, postulateur de la cause, et de S. É. le cardinal Parocchi, rapporteur de la Congrégation des Rites, est d’une grande importance et d’un puissant intérêt. Malheureusement, il n’a été tiré qu’à très petit nombre et n’a pas été mis dans le commerce. C’est pour obvier à cet inconvénient que le P. Pie de Langogne a eu la bonne pensée de donner une édition populaire, ou plutôt une traduction, à la fois analytique et abrégée, de ce dossier de la Cause dans les Analecta ecclesiastica, revue romaine, de février, mars, avril et mai derniers son tirage à part est devenu cet élégant petit volume, dédié au P. Captier.

L’auteur a suivi pas à pas les sept parties du dossier, savoir :

  1. L’instance (faite par Minetti, avocat-défenseur) sur la vie de Jeanne, ses vertus, et la renommée de sa sainteté ;
  2. Le sommaire ;
  3. Les témoignages d’admiration ;
  4. Les documents des procès de condamnation et de réhabilitation ;
  5. Les lettres postulatoires des cardinaux, évêques et autres notabilités, telles que le comte de Chambord, au nombre de 276 ;
  6. Les animadversions du promoteur de la foi, Mgr Caprara ;
  7. Les réponses des avocats, Alibrandi et J. B. Minetti.

Une sorte d’introduction est formée par un Répertoire chronologique sur Jeanne d’Arc, citant les principales dates et les principaux faits de la vie de l’héroïne. Le P. Pie termine par la constatation suivante, qui nous est particulièrement agréable à enregistrer :

Ce dossier sort tellement des limites d’un simple procès d’introduction qu’il est permis de dire du procès lui-même que tout le gros œuvre est fait, qu’il ne reste plus qu’à le parachever, à l’orner.

Ce dernier travail ne saurait donc retarder beaucoup la solution définitive si ardemment souhaitée, dernier fleuron que tout, à commencer par le désir même du Souverain Pontife, nous fait croire relativement prochain.

N. B. — Nous nous permettons de signaler à l’auteur deux petites erreurs qui nous concernent personnellement ; nous ne les relevons que parce que l’occasion nous en est ici donnée.

1° En parlant de notre volume des Mémoires et consultations en faveur de Jeanne d’Arc par les juges du procès de réhabilitation, le P. Pie le fait paraître un peu après celui du P. Ayroles, alors qu’il était son aîné de plusieurs mois et que son apparition était relatée dans la Vraie Jeanne d’Arc même du P. Ayroles. Cette question de priorité n’enlève d’ailleurs rien au mérite de ce dernier beau livre, puisqu’il est une traduction analytique, alors que le nôtre est le texte latin ; les deux ouvrages sont donc parallèles.

2° Dans la préface de ce même volume de Mémoires et consultations, parlant de J. Quicherat et de Mgr Dupanloup, j’avais écrit la phrase suivante :

Nul n’aura plus fait pour la Pucelle que ces deux champions de la première heure : l’un nous a donné les textes des documents authentiques, base nécessaire à toute histoire de Jeanne d’Arc ; l’autre nous a dessillé les yeux en nous rappelant que dans la guerrière il y avait aussi la vierge martyre, nous a montré que sous la cuirasse battait un cœur si admirable qu’il était digne de notre culte, nous a révélé cette personnification sublime à la fois de l’amour patriotique et de l’esprit religieux, qui honorerait l’autel où nous la placerions.

Le P. Pie se demande, avec une pointe de raillerie devant ma joie étonnée, quel est celui des panégyriques de Mgr Dupanloup qui m’a ainsi dessillé les yeux. Comment un lecteur — fût-il italien — a-t-il pu croire que je parlais en mon nom personnel et que ce nous me visait seul, et non la France chrétienne tout entière ? Comment n’a-t-il pas compris que je n’avais pas seulement en vue les deux panégyriques de l’illustre évêque d’Orléans, mais plus encore ses actes, ses efforts, la préoccupation des dernières années de sa vie, ses conversations et la conviction ardente qu’il aimait à répandre autour de lui à l’égard de sa chère sainte !

P. L. d’Arc.

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