#Prise des Augustins
5 témoins :
- Louis de Coutes, page de Jeanne
- Simon Beaucroix
- Jean Pasquerel, aumônier de Jeanne
- Simon Charles
- Jean d’Aulon
Louis de Coutes(page de Jeanne)
- Enquête à Paris et à Rouen (4 avril 1456)
Le jour suivant, vers neuf heures, les troupes du roi traversèrent la rivière dans des bateaux pour aller contre la bastille de Saint-Jean-le-Blanc et s’en emparèrent. De même prirent-ils celle des Célestins [Augustins]. Jeanne, accompagnée du témoin, franchit le fleuve Loire avec ces troupes, puis revint dans la ville d’Orléans où elle coucha dans son logis avec quelques femmes.
Simon Beaucroix
- Enquête à Paris et à Rouen (20 avril 1456)
Le lendemain Jeanne participa à l’assaut de la bastille de Saint-Jean-le-Blanc. Les Français s’approchèrent jusqu’à une île ; mais dès les Anglais les aperçurent ils abandonnèrent la bastille et se retirèrent vers celle des Augustins. Le témoin vit l’armée royale dans un très grand danger. Jeanne les encourageait : Allons hardiment, en nom Dieu !
. [La suite est confuse, comme si les phrases n’étaient pas dans l’ordre :] On arriva jusqu’aux Anglais (qui se trouvaient en grand péril et qui avaient trois bastilles) et la bastille fut facilement prise. Les capitaines voulurent que Jeanne regagne la ville ce qu’elle refusa : Abandonnerons-nous nos gens ?
Jean Pasquerel(aumônier de Jeanne)
- Enquête à Paris et à Rouen (4 mai 1456)
Ce jour-là, vendredi, il l’a confessa et chanta la messe devant elle et ses gens. Ils allèrent à l’assaut, qui se prolongea du matin jusqu’au soir et se conclut par la prise de la bastille des Augustins.
Simon Charles
- Enquête à Paris et à Rouen (7 mai 1456)
Il tient de Gaucourt ce qui suit. Le jour où fut prise la bastille des Augustins, les capitaines avaient décidé de ne pas lancer d’assaut et Gaucourt fut commis pour garder les portes afin d’empêcher toute sortie. Jeanne pensait au contraire qu’ils fallait l’attaquer, et beaucoup d’hommes d’armes et de gens de la ville étaient de cet avis. Elle dit à Gaucourt qu’il était un mauvais homme, et ajouta : Que vous le vouliez ou non, les hommes d’armes viendront, et ils gagneront comme ils ont gagné ailleurs.
Les hommes sortirent, prirent la Bastille, et Gaucourt raconta qu’il fut lui-même en grand danger.
Jean d’Aulon
- Déposition de Jean d’Aulon à Lyon (28 mai 1456)
Les Français ne se sentant pas de force pour prendre cette bastille décidèrent de rebrousser chemin. Les plus vaillants d’entre eux, les seigneurs de Gaucourt, de Villars, et lui-même restèrent en retrait pour protéger les arrières. La Pucelle et la Hire montèrent chacun sur un bateau, la lance à la main, quand soudain on vit l’ennemi jaillir de la bastille des Augustin. La Pucelle et La Hire, toujours en première ligne, couchèrent leur lance et commencèrent à frapper, suivi par leur gens ; si bien que l’ennemi dut se réfugier dans la bastille.
Pendant ce temps, le témoin assurait la garde d’une passe avec sa compagnie, qui comptait un bien vaillant homme d’armes du pays d’Espagne, Alphonse de Partada. Un autre bel homme, grand et bien armé, décida de quitter le rang pour aller à l’assaut ; le témoin le somma de garder son poste mais il répondit qu’il n’en ferait rien. Ledit Alphonse le prit à parti, disant que d’autres aussi vaillants que lui restaient bien ; il répondit que lui ne resterait pas. Ils s’échangèrent des mots, et résolurent d’aller tous deux à l’assaut voir qui serait le plus vaillant. Bras dessus, bras dessous, il s’élancèrent vers la bastille. Là, un grand, fort et puissant Anglais causait de grands dommages et rendait la palissade infranchissable. Le témoin montra l’Anglais à un nommé maître Jean le Canonnier, qui d’un trait le jeta mort par terre. Les deux hommes s’engouffrèrent dans la bastille, et toute leur compagnie derrière eux. En peu de temps la place était prise. Quelques ennemis parvinrent à se réfugier dans la bastille des Tournelles au pied du pont, mais la plupart furent tués ou pris. Après cette victoire, la Pucelle, les seigneurs et leurs gens passèrent la nuit devant la bastille.