M. Twain  : Personal Recollections of Joan of Arc (1895-1896)

Résumé

Souvenirs personnels sur Jeanne d’Arc
Personal Recollections of Joan of Arc

Ce bref abrégé du roman de Mark Twain s’inspire librement de sa traduction française par Patrice Ghirardi : La saga de Jeanne d’Arc (éd. Wonbat, 2019). Il n’a d’autre ambition que d’offrir aux lecteurs francophones un guide de lecture pour mieux se repérer dans le texte original en anglais.

  1. Domrémy
    1. Situation misérable de la France
    2. L’Arbre au fées
    3. Un vagabond chez les d’Arc
    4. Bernard le fol
    5. Raid bourguignon sur Domrémy
    6. L’ombre blanche
    7. Premier séjour à Vaucouleurs
    8. Procès matrimonial à Toul
  2. Dans la cour et dans les champs
    1. L’adieu à Domrémy
    2. Le départ pour Chinon
    3. Noël et le Paladin embarqués dans l’aventure
    4. Marche en pays l’ennemi
    5. Jeanne se fait annoncer à la cour
    6. Jeanne reconnaît le roi
    7. Le Paladin, hâbleur à succès
    8. L’examen de Poitiers
    9. Jeanne, chef des armées de France
    10. L’épée de Fierbois et la maison militaire de Jeanne
    11. L’œil voyant et la bouche créatrice
    12. Jeanne réforme l’armée
    13. Entrée dans Orléans
    14. Lettres aux Anglais et leur réponse
    15. Joute verbale pour la Rose d’Orléans
    16. Le Nain, garde du corps de Jeanne
    17. Les fantômes de la maison Boucher
    18. Prise de la bastille Saint-Loup
    19. Les Domrémois face aux fantômes
    20. Prise des Augustins
    21. Jeanne annonce sa blessure
    22. Prise des Tourelles
    23. Les Anglais lèvent le siège, le roi anoblit Jeanne et sa famille
    24. Le Paladin rétrograde dans la préséance
    25. Avant de penser à Reims, il faut nettoyer la Loire
    26. Jeanne a gagné la confiance des capitaines
    27. Prise de Jargeau
    28. Jeanne prophétise sa mort
    29. Prise de Meung et de Beaugency
    30. Bataille de Patay
    31. Une victoire incroyable, et plus encore incompréhensible
    32. Répercussions morales et militaires
    33. Les cinq exploits de Jeanne
    34. Départ pour Reims et soumission de Troyes
    35. Jeanne prédit qu’elle sera trahie. Le sacre de Charles VII
    36. Retrouvailles avec son père et son oncle Laxart
    37. Charles VII demande à Jeanne de rester
    38. Jeanne reçoit l’ordre de marcher sur Paris
    39. L’armée s’établit à Saint-Denis
    40. Le roi fait échouer l’assaut et congédie l’armée
    41. Jeanne tombe devant Compiègne
  3. Le procès et la mort
    1. Jeanne est vendue aux Anglais
    2. Noël et Louis s’introduisent dans Rouen
    3. Une mascarade judiciaire
    4. Ouverture du procès : les interrogatoires publics
    5. Premier interrogatoire (21 fév.)
    6. Deuxième interrogatoire (22 fév.)
    7. Troisième interrogatoire (24 fév.) : l’état de grâce
    8. Quatrième interrogatoire (27 fév.)
    9. Cinquième interrogatoire (1er mars)
    10. Sixième interrogatoire (3 mars)
    11. Deuxième partie : les interrogatoires à huis clos (10-17 mars)
    12. Suite et fin des interrogatoires à huis clos : l’appel au pape
    13. Les 70 articles du réquisitoire
    14. Les 12 articles de l’accusation
    15. Admonestation publique (2 mai)
    16. Menaces de torture (9 mai)
    17. Souveraine face au danger
    18. Nouvelle admonestation publique (23 mai)
    19. Stratagème diabolique de Cauchon
    20. L’abjuration (24 mai)
    21. Un faux répit
    22. Jeanne a repris son habit d’homme (28 mai)
    23. Jeanne est relapse (29 mai)
    24. Son martyre (30 mai)

Le sieur Louis de Contes à ses arrière-petits-neveux et ses arrière-petits-nièces

Opening words

Nous sommes en l’an de grâce 1492. Louis, âgé aujourd’hui de 82 ans, s’adresse à ses arrière-petits-neveux et nièces. Comme ils le savent, il fut l’ami d’enfance de Jeanne d’Arc, puis son page et secrétaire, et l’accompagna du début jusqu’à la fin de son épopée. C’est ce témoignage qu’il s’apprête à leur transmettre : celui de la plus noble existence jamais née au monde, à l’exception d’Une.

I.
Domrémy

Chapitre 1.
Situation misérable de la France

Book I, chapter 1

Louis de Contes décrit la détresse dans laquelle se trouve la France. Chassé de Paris comme Armagnac, puis devenu orphelin après une attaque d’Écorcheurs, il est recueilli par le père Fronte, curé de Domrémy, qui lui assure une bonne éducation. À six ans, il devient le voisin de Jeanne, âgée alors de quatre ans.

Chapitre 2.
L’Arbre au fées

Book I, chapter 2

Description du village, de l’Arbre aux fées, de la société des enfants et de leur poignante chansonnette dédiée à l’Arbre. Un siècle plus tôt, le curé avait interdit aux fées de se montrer aux hommes. Mais un jour, l’épouse du maire les aperçoit à leur insu. Le père Fronte les chasse définitivement ; Jeanne plaide leur innocence et le prêtre reconnaît son erreur.

Chapitre 3.
Un vagabond chez les d’Arc

Book I, chapter 3

Lors d’une veillée joyeuse chez les d’Arc, un vagabond affamé fait irruption. Jacques d’Arc, soupçonnant un scélérat, veut le chasser ; Jeanne insiste pour lui offrir sa bouillie. Elle plaide que l’estomac n’est pas coupable des crimes de la tête. Le maire reprend son argument et emporte l’adhésion générale. L’homme est en réalité un soldat du parti français ; il raconte une défaite, puis entonne la Chanson de Roland. Émus et transportés de patriotisme, les enfants se précipitent pour l’embrasser.

Chapitre 4.
Bernard le fol

Book I, chapter 4

Le Tournesol (surnom d’Étienne Roze) annonce aux enfants, réunis sous l’Arbre, la signature du traité de Troyes (1420), qui fait du roi d’Angleterre l’héritier de la couronne de France. Consternés, garçons et filles jurent de prendre les armes, ce qui provoque les rires des plus grands. Surgit alors Benoît le fol, évadé de sa cage, armé d’une hache. Les enfants s’enfuient, sauf Jeanne, qui parvient à l’apaiser et à le ramener aux autorités. Elle gagne le surnom de La vaillante. Faisant fi du danger, elle n’a songé qu’à protéger les autres. Remis de leurs frayeurs, les garçons : Le Paladin (Edmond Aubrey), Noël Rainguesson, La Libellule (Pierre Morel), fanfaronnent qu’il en auraient fait tout autant.

Chapitre 5.
Raid bourguignon sur Domrémy

Book I, chapter 5

Au cours de l’année 1422, un prêtre bourguignon annonce à Domrémy la mort de Charles VI et proclame Henri roi de France et d’Angleterre. Au printemps 1428, après un raid bourguignon, les habitants découvrent Domrémy en ruine. Benoît le fol gît dans une mare de sang. La bande d’enfants, désormais grands, s’indigne de l’inaction de Charles VII et de l’impuissance des capitaines français. Ils se vantent des exploits qu’ils accompliraient. Mais Jeanne, dans un murmure que seul Louis entend, fait une prédiction : Louis accompagnera ses frères Jean et Pierre à la guerre ; Noël et le Paladin les rejoindront à la onzième heure, contre leur gré ; Jacques, son troisième frère, n’ira pas et mourra jeune ; Louis vivra vieux. Tandis que les enfants rêvent de récompenses à demander au roi, Jeanne n’aspire qu’à obtenir l’exemption d’impôts pour le village.

Chapitre 6.
L’ombre blanche

Book I, chapter 6

À treize ans, Jeanne devient mélancolique, et Louis devine qu’elle cache un secret. Au cours d’une discussion, il lui confie qu’il croit la France perdue : le pays est à moitié conquis, le roi songe à fuir en Écosse, et 8 000 Anglais écrasent 60 000 Français. Jeanne, impassible, lui répond que la France se relèvera et que, dans moins de deux ans, Charles VII sera sacré par la volonté de Dieu. Le 15 mai 1428, Louis l’aperçoit en prière près de l’Arbre. Soudain, une ombre blanche l’enveloppe et la transfigure. Louis n’entend que ses réponses : Mais je suis trop jeune, comment commanderai-je aux armées ; elle pleure. Louis est persuadé d’être en train de rêver.

Chapitre 7.
Premier séjour à Vaucouleurs

Book I, chapter 7

Jeanne tire Louis de sa torpeur. Il lui raconte son songe ; elle confirme que tout est réel. Ses visions ont commencé trois ans plus tôt et sont devenues fréquentes : Dieu l’a choisie pour conduire les armées, délivrer la France et faire sacrer le roi. Avant un an, elle portera un coup fatal aux Anglais. Convaincu, Louis promet de l’accompagner. Il lui rappelle les paroles qu’elle avait murmurées jadis lorsque les enfants envisageaient la guerre (chapitre 5). Elle doit maintenant aller trouver Baudricourt, le capitaine de Vaucouleurs. Introduite par son oncle Laxart, elle le trouve en plein conseil, discutant de la situation désespérée et du siège d’Orléans. Elle lui demande une escorte pour aller trouver le roi mais il la renvoie, en la traitant de petite folle.

Chapitre 8.
Procès matrimonial à Toul

Book I, chapter 8

Raillée par les habitants, sauf ses amis, Jeanne voit ses parents tenter de la marier. Le Paladin ose même prétendre qu’ils sont fiancés. Elle plaide victorieusement sa cause devant le tribunal de Toul et, par cette victoire, regagne l’estime des villageois.

II.
Dans la cour et dans les champs

Chapitre 1.
L’adieu à Domrémy

Book II, chapter 1

Le 5 janvier 1429, Jeanne annonce à Louis que l’heure est venue. Le lendemain, à l’aube, elle fait ses adieux à Mengette et prend la route de Vaucouleurs. C’est le jour de ses dix-sept ans.

Chapitre 2.
Le départ pour Chinon

Book II, chapter 2

À Vaucouleurs, sa renommée l’a précédée, vivifiée par la prophétie de Merlin (que la France serait perdue par une femme puis sauvée par une femme). L’enthousiasme est vif, mais Baudricourt refuse toujours de l’aider. Jean de Metz, un chevalier de son conseil, vient la voir ; d’abord railleur, il est bientôt convaincu de sa mission et lui jure de la conduire au roi. Le lendemain, Bertrand de Poulengy fait de même. Mais Baudricourt reste inflexible. Le 14 février, Jeanne l’avertit que le roi vient de subir, ce jour même, une grande défaite. Si sa prophétie se révèle exacte, il s’engage à l’envoyer au roi. Le 23, la nouvelle tombe : les Français avaient été écrasés le jour dit lors de la bataille des harengs. Alors, solennellement, il lui remet une lettre pour le dauphin, une escorte de vingt-cinq hommes, et une épée : Va, va et advienne que pourra.

Chapitre 3.
Noël et le Paladin embarqués dans l’aventure

Book II, chapter 3

Après une première nuit de route, l’escorte s’enfonce dans une forêt et fait halte. Quand Louis se réveille, il est midi : Jeanne n’avait-elle pas prédit que Noël et le Paladin serait là ((livre I, chapitre 5), l’une de ses prophéties avait failli. Il regarde alentour : le Paladin est là, et Noël dort encore. Louis comprendra qu’ils ont été enrôlés de force au dernier moment, quoi que le Paladin prétende s’être porté volontaire pour remplacer Noël, qui pleurait et appelait sa mère pour ne pas partir.

Chapitre 4.
Marche en pays l’ennemi

Book II, chapter 4

Après un discours sur les bonnes mœurs et une leçon d’équitation, que Jeanne observe sans y participer, la troupe reprend la route de nuit. Mais le froid est mordant, les ruisseaux glacés, et les embuscades fréquentes. Tous souffrent, sauf Jeanne, au point que certains la soupçonnent de sorcellerie et complotent pour la tuer. Découverts et sur le point d’être mis à mort, Jeanne ordonne qu’ils soient épargnés. À l’un d’eux elle dit : Tu prépares la mort d’une autre quand la tienne est si proche. Le lendemain, il se noie en passant un gué. La neuvième nuit, dans un brouillard épais, la troupe est arrêtée par un capitaine ennemi à la recherche d’une pucelle. D’un sang-froid remarquable, Jeanne le convainc qu’elle aussi est à ses trousses. Le capitaine les laisse passer. Une fois hors d’atteinte, elle est félicitée pour sa ruse, mais elle se reproche ce mensonge, qu’elle considère comme un péché. Le onzième jour, ils atteignent Gien, en territoire ami.

Chapitre 5.
Jeanne se fait annoncer à la cour

Book II, chapter 5

À Gien, où sa renommée l’avait précédée, Jeanne dicte à Louis une lettre pour le roi, qu’elle confie à Metz et Poulengy. Restés à l’auberge, les Domrémois raillent le Paladin, toujours prompt à s’attribuer le succès du voyage. Le matin, la troupe reprend la route de Chinon. Une embuscade, sans doute fomentée par La Trémoille, est mise en déroute. À Chinon, les chevaliers se présentent de retour de leur ambassade : le roi, influencé par son conseil, à savoir La Trémoille et l’archevêque de Reims, refuse de recevoir Jeanne. De son côté, la reine Yolande, belle-mère du roi, parvient à le convaincre d’écouter ce qu’elle a à dire. Charles consulte son conseil, qui dépêche des émissaires auprès de Jeanne afin de récupérer son message pour le roi. Elle refuse : son message est destiné au roi seul, c’est une révélation qui le sortira de sa torpeur. Cette fermeté scandalise ses compagnons ; mais elle leur explique qu’un message écrit aurait pu facilement être falsifié. Le lendemain, elle est invitée à loger au château de Coudray.

Chapitre 6.
Jeanne reconnaît le roi

Book II, chapter 6

Les jours s’écoulent ; le roi consulte, envoie prendre des renseignements sur Jeanne en Lorraine. Enfin, l’audience est annoncée. Yolande insiste pour que Jeanne paraisse en robe ; elle accepte, à condition qu’elle soit simple ; Louis la trouvera d’une beauté ensorcelante. Accompagnée de Louis, Metz et Poulengy, elle est introduite par le comte de Vendôme jusqu’au trône où siège un homme couronnée. Mais Jeanne ne le salue pas. Elle parcourt l’assemblée du regard et se jette aux pieds d’un homme vêtu modestement : Dieu vous donne vie, gentil roi. Malgré ses dénégations, elle insiste, puis expose sa mission : délivrer Orléans et le conduire se faire sacrer à Reims. Le roi et Jeanne s’isolent. Soudain on le voit se redresser, transformé. Des années plus tard, on saura que Jeanne lui avait révélé le contenu d’une prière secrète connue de lui seul, concernant sa légitimité. Ce signe l’a convaincu.

Chapitre 7.
Le Paladin, hâbleur à succès

Book II, chapter 7

À Chinon, l’ennui règne pour la petite troupe. Seul le Paladin s’épanouit : vêtu d’un habit de cavalier espagnol, il devient l’attraction des habitants par le récit de ses exploits. Ses soirées prennent l’allure de véritables représentations, avec un public d’habitués, l’entrée en scène de l’artiste et tout un rituel théâtral. Chaque soir, l’histoire se fait plus grandiose et plus à son avantage que la veille, pour se terminer dans un tonnerre d’applaudissements et de hourras.

Chapitre 8.
L’examen de Poitiers

Book II, chapter 8

Le roi avait été convaincu par la révélation du secret, bientôt suivi par le duc d’Alençon, de retour de captivité. Restait à rallier un Conseil pour moitié hostile, dominé par la Trémouille et cette belette mitrée d’archevêque de Reims. Ceux-ci allaient jusqu’à suggérer que Satan aurait pu enseigner à Jeanne son secret. Elle est alors examinée par les prélats de Chinon, qui concluent prudemment qu’il vaudrait mieux qu’elle soit soumise au jugement des experts à Poitiers. Résignée, Jeanne se présente devant ces prêtres, confiants dans leur victoire. Trois semaines plus tard, le verdict tombe : ils approuvent Jeanne et recommandent au roi d’accepter son aide.

Chapitre 9.
Jeanne, chef des armées de France

Book II, chapter 9

La ferveur pour Jeanne se répand dans tout le royaume, et les volontaires affluent. Les théologiens les plus réputés légitiment même son habit d’homme. Enfin, les hérauts du roi proclament que Jeanne est faite chef de guerre des armées de France, avec pour lieutenant le duc d’Alençon. Louis est abasourdi : la jeune paysanne de Lorraine, qui n’avait pas dix-sept ans quelques mois plus tôt, commande désormais les armées du royaume.

Chapitre 10.
L’épée de Fierbois et la maison militaire de Jeanne

Book II, chapter 10

Jeanne dicte à Louis une lettre de sommation aux Anglais, destinée à être envoyée depuis Blois, où l’armée se rassemble (chapitre 14). Le roi nomme Jean d’Aulon chef de sa maison militaire et lui fait confectionner une armure à Tours. Jeanne envoie chercher une épée enfouie dans l’église de Sainte-Catherine de Fierbois, et se fait faire un étendard et un pennon. Très occupée, elle voit rarement ses compagnons, jusqu’au jour où elle les convoque : tous reçoivent un titre dans sa suite. Le Paladin, encore honteux de son mensonge (livre I, chapitre 8), n’ose se présenter. Jeanne le fait chercher et lui confie le poste le plus prestigieux : porte-étendard. Il en est bouleversé.

Chapitre 11.
L’œil voyant et la bouche créatrice

Book II, chapter 11

Louis et Noël s’interrogent sur la promotion du Paladin. Louis se rappelle une conversation avec un chevalier sur l’œil voyant, cette faculté de discerner les cœurs et de choisir infailliblement ses hommes. Jeanne l’a, pense-t-il : elle a reconnu l’homme de bien dans le vagabond (livre I, chapitre 3), discerné Metz et Poulengy comme ses futurs compagnons (livre II, chapitre 1), et nommé La Hire pour encadrer les jeunes recrues peu dociles (chapitre 10). Noël ajoute qu’elle possède aussi la bouche créatrice : lorsqu’elle dit à un homme qu’il est brave, il le devient — et Jeanne a parlé à la France. Un matin, la troupe se met en route pour rejoindre l’armée à Blois.

Chapitre 12.
Jeanne réforme l’armée

Book II, chapter 12

Le camp qu’ils découvrent à Blois ressemble à une cour des miracles : ivrognes, filles de joie et désordre partout. Noël et Louis assistent à la première rencontre entre Jeanne et La Hire, qui tente d’imposer un début de discipline à coups de poing. Jeanne lui annonce que tous devront se confesser et cesser de jurer, lui y compris. Il promet d’essayer. En l’espace de trois jours, le camp est transformé : les soldats se pressaient à la messe, et même La Hire avait changé. Mus par une estime réciproque immédiate, lui et Jeanne étaient devenus inséparables.

Chapitre 13.
Entrée dans Orléans

Book II, chapter 13

Enfin, l’armée marche vers Orléans en chantant le Veni Creator. Les capitaines Boussac, Rais, Illiers, Xaintrailles, satisfaits de l’effet de Jeanne sur les hommes, refusent pourtant de lui laisser le commandement. Tandis qu’elle veut foncer droit sur l’Anglais, ils changent l’itinéraire à son insu. Elle découvre la supercherie en apercevant Orléans de l’autre côté de la Loire. L’armée s’établit à Chécy, où Dunois, le bâtard d’Orléans, vient l’accueillir ; elle lui reproche la contre-initiative, et il admet la sottise. Quant aux vivres, à moins que Dieu n’inverse les vents, on ne pourra les acheminer dans la ville. Soudain, le vent tourne. Avec Dunois, La Hire, le Paladin et un détachement, Jeanne entre triomphalement dans Orléans et chevauche jusqu’à la cathédrale.

Chapitre 14.
Lettres aux Anglais et leur réponse

Book II, chapter 14

Le héraut qui avait portée sa lettre de sommation aux Anglais (chapitre 10) n’est pas revenu. Jeanne envoie alors deux autres porteurs avec une nouvelle lettre ; ceux-ci reviennent avec une note d’insulte lui promettant le bûcher. Elle propose à Talbot un défi entre deux champions pour régler l’issue du siège, qu’il refuse. Enfin, alertée par ses voix ou une intuition, elle envoie Dunois à Blois : La Trémoille et l’archevêque tentaient en effet d’y démobiliser l’armée. Dunois s’empare du commandement et met le convoi en marche.

Chapitre 15.
Joute verbale pour la Rose d’Orléans

Book II, chapter 15

À Orléans, les cinq de Domrémy — les deux frères de Jeanne, Noël, le Paladin et Louis — sont traités en gentilshommes et comblés d’attentions. Tous tombent sous le charme de Catherine Boucher, la fille du logeur de Jeanne. Mais le Paladin, qui reprend ses séances avec une imagination et une faconde redoublées, accapare son attention, suscitant la jalousie des autres. Louis compose en une nuit un poème pour la Rose d’Orléans, qui impressionne ses amis… et lui le premier. Noël, qui se découvre un talent de comédien, est chargé de le déclamer. Grâce à un stratagème, on parvient à éloigner le Paladin. Mais à son retour, Noël est toujours en train de déclamer ; l’émotion que lui procure le poème est si grande que bientôt ses lamentations couvrent la voix de Noël, provoquant l’hilarité du public, puis celle de La Hire et de Jeanne.

Chapitre 16.
Le Nain devient le garde du corps de Jeanne

Book II, chapter 16

Le Paladin, toujours en quête de gloire et bavardant avec le tout-venant, apprend par un déserteur anglais que les ennemis veulent attaquer le convoi de Dunois, le supposant vulnérable en l’absence de la Pucelle. Il en avertit Jeanne, qui le félicite, attisant sa vanité et le dépit des autres. Jeanne sort accueillir le convoi avec les capitaines. Elle remarque un géant ligoté sur un chariot : un soldat revenu au camp après avoir déserté pour soigner sa femme mourante. Jeanne le gracie et le place sous ses ordres. Dévoué à jamais, le géant, surnommé le Nain, devient son garde du corps. L’armée entre dans Orléans sous le nez des Anglais, dans un silence impressionnant… jusqu’au braiment d’un âne qui manque de faire chuter Louis de son cheval.

Chapitre 17.
Les fantômes de la maison Boucher

Book II, chapter 17

Lors d’un repas chez les Boucher, le Paladin raconte à nouveau l’exploit du matin, tout en ridiculisant Louis pour sa mésaventure. Poulengy et Metz rétorquent qu’il est naturel d’avoir peur lorsqu’on s’expose à l’ennemi de si près. Catherine propose alors aux Domrémois de prouver leur courage en affrontant les fantômes qui hantent la maison familiale. Ils n’osent refuser.

Chapitre 18.
Prise de la bastille Saint-Loup

Book II, chapter 18

Le lendemain, Catherine les réveille précipitamment : on se bat. Jeanne se lève en hâte, réprimande Louis de ne pas l’avoir avertie, puis fend la foule à cheval en criant : Faites place à la Pucelle d’Orléans ! — première occurrence du nom devenu immortel. Les Français avaient tenté une sortie mais avaient été violemment repoussés. À la vue de Jeanne, ils reprennent courage et se jettent sur la bastille Saint-Loup. Le Paladin se distingue par une bravoure réelle. Dunois arrive en renfort, mais voyant l’ennemi solidement retranché derrière ses murs, il annonce la retraite. Jeanne, elle, appelle à l’attaque. Après trois heures d’assaut et l’arrivée décisive de La Hire, la bastille tombe. Orléans célèbre sa première victoire depuis le début du siège.

Chapitre 19.
Les Domrémois face aux fantômes

Book II, chapter 19

Après le souper, Catherine rappelle aux Domrémois leur promesse d’affronter les fantômes. À la lueur des chandelles, elle les conduit jusqu’à un réduit muré et les laisse seuls. Au douzième coup de minuit, deux voix gémissantes semblent s’échapper des pierres. Terrifiés, les compagnons hésitent, mais le Nain défonce le mur. À l’intérieur, ils ne découvrent qu’une épée et un éventail.

Chapitre 20.
Prise des Augustins

Book II, chapter 20

Le lendemain, les capitaines hostiles à Jeanne décident de suspendre les combats, prétextant la fête de l’Ascension. Réunis en secret, leur plan consiste à éviter l’affrontement, à faire entrer des vivres et à attendre que l’Anglais s’épuise. Jeanne surgit et somme Dunois de s’expliquer. Elle rejette ce plan qu’elle juge absurde et vain : au contraire, il faut profiter de l’ascendant psychologique pour attaquer la bastille des Augustins. La population accueille la nouvelle avec joie. Le lendemain, après de rudes assauts, la bastille tombe. La ville exulte à nouveau.

Chapitre 21.
Jeanne annonce sa blessure

Book II, chapter 21

Le soir, Jeanne dicte une lettre à sa mère pour la rassurer : elle annonce à ses compagnons surpris, qu’elle sera blessée le lendemain. Catherine, bouleversée, tente de la dissuader. Jeanne fait alors mine de capituler et lui propose d’annoncer à l’état-major que le général en chef des armées de France renonce à combattre par peur d’être blessé. Catherine saisit le ridicule de la demande. Entre alors Gilles de Rais, portant la résolution du conseil : fin des combats. Jeanne le renvoie et confirme l’assaut.

Chapitre 22.
Prise des Tourelles

Book II, chapter 22

Au petit matin, Jeanne déclare à son hôte qu’elle rentrera le soir par le pont. À la porte de Bourgogne, le sire de Gaucourt veut lui barrer la sortie, conformément à l’ordre du conseil. Jeanne sonne la charge : face à la foule nerveuse, Gaucourt n’ose résister. Dehors, elle dispose l’artillerie et mène l’assaut, quand un carreau d’arbalète l’atteint à la gorge. Elle s’effondre ; les Anglais jubilent. Le Nain la protège et l’emporte à l’abri. Sans elle, le courage faiblit et Dunois sonne la retraite. L’entendant, Jeanne remonte à cheval et relance l’attaque. Les combats sont terribles. Enfin, la bastille des Tourelles tombe ; Glasdale, valeureux capitaine anglais, meurt noyé. Le pont est libéré. Jeanne rentre à Orléans dans un déluge de gratitude et de joie.

Chapitre 23.
Les Anglais lèvent le siège, le roi anoblit Jeanne et sa famille

Book II, chapter 23

À l’aube, les Anglais lèvent le siège. Orléans, puis bientôt le pays tout entier se répandait en louanges à son sujet. Elle se rend à Tours pour annoncer la victoire au roi. Charles l’accueille avec respect et lui demande ce qu’elle souhaite en récompense. Indignée qu’on l’imagine agir par intérêt, elle ne demande rien d’autre que de partir sans délai pour Reims. L’idée scandalise les courtisans, et le roi l’estime impossible, car il faudrait marcher en pays anglais. La Trémoille tente de s’imposer, mais Jeanne le rabroue avec douceur et franchise, ce qui provoque le rire du roi et, par mimétisme, de toute la cour. Charles anoblit Jeanne, qui réitère sa demande pour Reims. Il élude, promettant d’y réfléchir. Assombrie, Jeanne prédit qu’elle ne durera guère qu’un an. Charles étend alors l’anoblissement à toute sa parenté, masculine et féminine, et la renomme Jeanne du Lys.

Chapitre 24.
Le Paladin rétrogradé dans la préséance

Book II, chapter 24

Si Jeanne se soucie peu des honneurs, ses deux frères, eux, savourent leur élévation. Cela éveille quelques jalousies, notamment celle du Paladin, qui se voit relégué dans l’ordre de préséance, au grand rire de ses compagnons qui le charrient. Il se ressaisit pourtant et conclut qu’il vaut mieux devoir son rang à son mérite qu’au hasard d’une naissance.

Chapitre 25.
Avant de penser à Reims, il faut nettoyer la Loire

Book II, chapter 25

L’indécision du roi mine le moral de l’armée. Jeanne se rend au château de Loches, le trouve en plein conseil et le presse de nouveau d’entreprendre le voyage à Reims. Après l’avoir questionnée sur ses voix, le roi consent à ce qu’elle lève une nouvelle armée pour prendre les places le long de la Loire. Jeanne rencontre les frères Laval, qui sont séduits par son ardeur, puis rassure la duchesse d’Alençon, inquiète de voir son époux repartir en campagne. Le 6 juin, huit mille hommes sont réunis ; le 9, l’armée arrive devant Orléans, où Jeanne est acclamée. Louis retrouve la maison des Boucher, et sa chère Catherine…

Chapitre 26.
Jeanne a gagné la confiance des capitaines

Book II, chapter 26

L’attitude des capitaines a changé : ils reconnaissent désormais l’autorité militaire de Jeanne. Le 10 juin, La Hire s’emporte même contre ceux qui hésitent devant son plan d’assaut de Jargeau. C’est le dernier souper joyeux et simple chez les Boucher. Louis songe aux contrastes de la vie : Le Nain, ce colosse destructeur sur le champ de bataille, dort maintenant paisiblement, un chaton sur le cou.

Chapitre 27.
Prise de Jargeau

Book II, chapter 27

Le lendemain, l’armée quitte Orléans. À peine arrivée devant Jargeau, Jeanne ordonne l’assaut. Après une journée de combats, les faubourgs tombent. Jeanne offre aux Anglais de se retirer, mais ils répondent par des conditions inacceptables. Le Paladin reçoit une pierre à la tête et ne doit son salut qu’au Nain. Le soir, il se pavane, exagérant la gravité de sa blessure et la taille du projectile. Le 12 juin, Jeanne dispose l’artillerie avec une assurance qui frappe Alençon et les autres capitaines : d’où tient-elle cette science militaire ? Enfin, l’assaut est lancé. Soudain, Jeanne fait reculer Alençon juste avant qu’un boulet tombe. Jean le canonnier vise et abat du premier coup un colosse anglais qui bloquait le passage. Jeanne est à son tour blessée par une pierre, mais se relève et repart à l’attaque. Enfin, la ville est prise. Acculé, Suffolk exige de se rendre à Jeanne en personne. Un de ses frères meurt, l’autre fait un Français chevalier sur le champ de bataille pour se rendre à lui. La victoire est totale.

Chapitre 28.
Jeanne prophétise sa mort

Book II, chapter 28

L’armée se repose. Le 14 juin, Catherine supplie Jeanne de ne plus s’exposer ainsi. Jeanne lui annonce qu’elle accomplira encore un dernier exploit, dans quatre jours, aussi grand que la délivrance d’Orléans. Soudain, elle paraît comme absente et, d’une voix à peine audible, prophétise : les Anglais ne s’en relèveront pas avant mille ans. Puis elle ajoute : quant à elle, elle mourra d’une mort cruelle avant deux ans. Reprenant conscience, elle ne se souvient de rien, comme jadis à Domrémy, et interroge Louis, qui pleure. Pour la rassurer, il invente avoir reçu une lettre du père Fronte l’informant que des mécréants avaient abattu l’Arbre. Jeanne le croit.

Chapitre 29.
Prise de Meung et de Beaugency

Book II, chapter 29

Louis est convaincu que Jeanne a eu la vision de l’Arbre, et que cette vision précède sa prédiction selon laquelle elle ne durerait guère qu’un an (chapitre 23). Lui seul portera le secret de sa mort prochaine. L’armée reprend sa marche. Le 15, elle s’empare du pont de Meung, puis poursuit jusqu’à Beaugency. Talbot s’avance pour rejoindre Falstaff, qui amène des renforts. Côté français, l’armée du connétable de Richemont approche. Bien que banni par le roi à cause de La Trémoille, Jeanne parvient à convaincre les capitaines d’accepter son retour, y compris Alençon. Le 16, l’armée anglaise se présente pour défier les Français ; Jeanne refuse le combat. Au conseil, elle explique que le jour décline et que la victoire aura lieu un autre jour : la plus noble et miséricordieuse que Dieu ait jamais accordée à la France. Le 17, à la faveur d’un mouvement anglais, les Français s’emparent de Beaugency. Talbot décide de regagner Paris, abandonnant aussi Meung.

Chapitre 30.
Bataille de Patay

Book II, chapter 30

Le 18 au matin, l’armée française traque les Anglais qui se cachent, lorsqu’un cerf pousse soudain ces derniers à se découvrir. Jeanne s’adresse aux capitaines : Avez-vous de bons éperons ? — Pour fuir ? — Non, pour les pourchasser. Les Anglais prennent position en rase campagne, près du village de Patay. Jeanne dirige l’attaque : elle envoie La Hire en avant, retient Dunois et Alençon, puis lance l’assaut général. La victoire est totale et décisive ; elle annonce aux soldats : Notre France est sur la voie de la liberté. Tous les capitaines reconnaissent que la victoire lui revient et s’inclinent devant elle. Plus tard, Louis l’aperçoit sur le champ de bataille, réconfortant un soldat anglais sur le point de mourir.

Chapitre 31.
Une victoire incroyable, et plus encore incompréhensible

Book II, chapter 31

La victoire de Patay est sans équivalent dans l’histoire du monde par son caractère à la fois décisif et instantané : en une seule journée, le cours de la guerre s’inversa d’une manière à peine croyable, mais encore plus difficile à comprendre. Les Français doivent s’en souvenir et en être fiers. La guerre de Cent Ans était un Ogre qui, durant un siècle, dévora la France, jusqu’au jour où une enfant de dix-sept ans s’avança et l’abattit d’un coup, à Patay.

Chapitre 32.
Répercussions morales et militaires

Book II, chapter 32

La nouvelle se répand aussitôt dans tout le royaume, semant joie et espoir. Des villes se soulèvent et chassent leurs garnisons anglaises. Orléans accueille l’armée victorieuse avec un enthousiasme qui tourne au délire quand on aperçoit Talbot prisonnier. Crécy est vengé, Poitiers est vengé, Azincourt est vengé, vive Patay.

Chapitre 33.
Les cinq exploits de Jeanne

Book II, chapter 33

Toujours sous l’influence de La Trémoille, le roi refuse de se rendre à Orléans. Jeanne se rend alors à Sully et obtient sa réconciliation avec Richemont, troisième des cinq exploits de la Pucelle — après Orléans et Patay, et avant la campagne pacifique (marche jusqu’à Reims puis devant Paris) et le sacre. Elle avait discerné en Richemont son successeur — grâce à son fameux œil voyant (chapitre 11). Quant au sacre à Reims, chef-d’œuvre de diplomatie, ni Charles ni Bedford n’y avaient songé. Issue du peuple, Jeanne en devinait l’importance : le peuple suit ses prêtres, et ceux-ci se soumettent au roi dès qu’il est sacré. Telle une joueuse d’échecs, Jeanne enchaînait les coups géniaux, qui apparaissent encore plus éclatants une fois la partie gagnée.

Chapitre 34.
Départ pour Reims ; la soumission de Troyes

Book II, chapter 34

Le 29 juin, l’armée se met enfin en marche vers Reims. Jeanne y voit le terme de sa mission et son retour prochain à Domrémy. Louis, lui, pense à la funeste prophétie dont il est le seul dépositaire (chapitre 29). Ainsi que Jeanne l’avait prévu, les places se rendent spontanément au roi. Auxerre fournit vivres et escorte, Saint-Florentin ouvre ses portes. Troyes, ville du sinistre traité, résiste cependant. Le roi, découragé, est prêt à rebrousser chemin. Jeanne obtient un délai d’un jour ; le lendemain à l’aube, la ville hisse le drapeau blanc. Les conditions de reddition incluent la permission pour la garnison anglo-bourguignonne de partir avec ses biens — on s’aperçoit trop tard que cela comprend aussi des prisonniers français. Jeanne obtient finalement du roi le paiement de leur rançon.

Chapitre 35.
Jeanne prédit qu’elle sera trahie ; sacre de Charles VII ; exemption d’impôts pour Domrémy

Book II, chapter 35

Avant de repartir, Jeanne nomme Guillaume Bellier bailli de Troyes ; il l’avait hébergée en son château de Coudray à son arrivée à Chinon (chapitre 5). À Châlons, ville qui se rend spontanément, elle prophétise qu’elle ne craint rien, si ce n’est la trahison. Le 16 juillet, devant Reims, le roi est accueilli par des hourras. Convaincue que sa mission s’achève, Jeanne fait ses adieux aux soldats. La ville est parée pour le sacre ; l’archevêque de Reims, escorté de cinq chevaliers, va chercher la sainte ampoule à l’abbaye de Saint-Remi. Jeanne et le roi pénètrent côte à côte dans la cathédrale. Le Paladin porte l’étendard, suivi des douze pairs, puis des capitaines. Charles cherche le regard de Jeanne avant de se ceindre de la couronne ; elle lui sourit. Le rêve insensé de la paysanne s’est accompli. Tombant à ses genoux, elle le supplie de la laisser retourner chez sa mère. La relevant, il lui demande ce qu’elle désire pour récompense : l’exemption d’impôt pour Domrémy (livre I, chapitre 5), qu’il lui accorde et qui sera respectée par tous ses successeurs jusqu’à la Révolution.

Chapitre 36.
Retrouvailles avec son père et son oncle Laxart

Book II, chapter 36

En quittant Reims, Jeanne aperçoit soudain son père et son oncle devant l’auberge de l’Âne rayé et se précipite pour les embrasser. Le roi félicite le père pour sa fille. Plaisir et fierté emplissent le cœur des deux paysans lorrains, qui refusent tout cadeau hormis deux chevaux et se tiennent humblement à l’écart lors du banquet royal. À la fin, le roi réclame le silence et fait entonner la chanson de l’Arbre (livre I, chapitre 2). Jeanne s’évanouit d’émotion. Le soir, tous les Domrémois se retrouvent à l’auberge. Jeanne annonce à son père la fin de sa mission et son retour au village. Il réfléchit : et si le roi te demandait de rester ? Cette éventualité lui fait l’effet d’un choc ; elle chasse l’idée en s’enquérant des dernières nouvelles de Domrémy. Laxart raconte sa mésaventure avec un taureau fou lors d’un cortège funèbre ; si lui-même juge son histoire tragique, Louis la juge sans intérêt, mais Jeanne part dans un fou rire.

Chapitre 37.
Charles VII demande à Jeanne de rester

Book II, chapter 37

La chaleureuse soirée se poursuit à l’Âne rayé. Jeanne savoure la joie simple de son oncle et de son père. Ce dernier lui avoue qu’il n’avait pas osé se manifester, craignant de lui faire honte devant le roi, et tout confus d’avoir jadis tenté de l’empêcher de partir. Émerveillé par sa nouvelle stature de guerrière, il réclame quelques démonstrations martiales. Il lui remet ensuite une médaille de la Vierge, offerte par le curé Fronte, ainsi qu’un ruban de sa mère, puis il raconte la fierté de Domrémy après ses exploits. Soudain, un envoyé du roi arrive : Charles VII prie Jeanne de rester à la tête de l’armée et de se rendre immédiatement au conseil de guerre.

Chapitre 38.
Jeanne reçoit l’ordre de marcher sur Paris

Book II, chapter 38

Furieuse, Jeanne fait irruption au conseil et s’adresse à La Trémoille : à quoi sert un conseil si la seule option est de prendre Paris ? Le chancelier Regnault de Chartres évoque alors une trêve avec le duc de Bourgogne. Jeanne explose : lâcheté et trahison. Elle désigne nommément les deux conspirateurs, mais le roi calme les esprits et compare sa franchise aux calomnies qui circulent dans son dos. Jeanne insiste : ordonnez-moi de prendre Paris, et en six mois la France sera vôtre ; laissez passer cette chance, et il vous faudra vingt ans. Quant aux négociations avec le duc de Bourgogne, ce ne sont que des manœuvres pour gagner du temps : c’est à la pointe de la lance qu’il faut négocier. Le roi se lève, lui tend son épée, et l’envoie à Paris sous les acclamations des soldats.

Chapitre 39.
L’armée s’établit à Saint-Denis

Book II, chapter 39

Le soir même, Jeanne prépare l’opération et dicte à Louis une lettre destinée au duc de Bourgogne pour le réconcilier avec le roi. À l’auberge, Le Paladin, en grande forme, raconte la bataille de Patay au père d’Arc et à Laxart, émerveillés. Le lendemain, Jeanne fait ses adieux à son père, et l’armée se met en marche ; sur son passage, plusieurs places ennemies se rendent sans résistance. Mais La Trémoille s’emploie à freiner l’élan et vient de conclure une trêve avec le duc de Bourgogne. Jeanne doit ainsi lutter sur trois fronts : contre les Anglais, les Bourguignons et les intrigants français. Le 12 août, une escarmouche oppose les Français aux troupes de Bedford, qui finissent par faire volte-face. Bientôt, Beauvais puis Compiègne ouvrent leurs portes. Le 23 août, Jeanne ordonne la marche sur Paris, tandis que le roi se retire ostensiblement à Senlis. Le 26, elle établit son camp à Saint-Denis. On l’ignorait alors, mais Bedford était prêt à se replier en Normandie si le roi appuyait l’assaut.

Chapitre 40.
Le roi fait échouer l’assaut et congédie l’armée

Book II, chapter 40

Malgré les appels à soutenir l’armée de sa présence, le roi tardait. Il fallut attendre que le duc d’Alençon aille le trouver, le 7 septembre, pour qu’il consente enfin à paraître à Saint-Denis. Le lendemain, Jeanne conduit un assaut contre la porte Saint-Honoré, sur le point de céder lorsqu’elle est atteinte d’un carreau d’arbalète. Blessée mais confiante de triompher le jour suivant, elle prépare une nouvelle attaque — que le roi, sous l’influence de La Trémoille, interdit aussitôt. Elle conçoit alors un autre plan ; d’Alençon fait jeter un pont — que le roi fait détruire dans la nuit. On apprend bientôt que la trêve avec le duc de Bourgogne est prolongée. Enfin, le roi déclare la campagne terminée. Jeanne est trahie. Ses voix lui enjoignent de demeurer à Saint-Denis, mais La Trémoille, craignant de la perdre de vue, persuade le roi de la contraindre à le suivre. Le 13 septembre, l’armée se retire vers la Loire, en silence, avant d’y être congédiée.

Chapitre 41.
Jeanne tombe devant Compiègne

Book II, chapter 41

Jeanne avait été sur le point de prendre Paris et de libérer la France, mais le roi l’en avait empêchée. S’ensuivirent huit mois d’oisiveté forcée. Parfois, elle mène de petites expéditions : la prise de Saint-Pierre-le-Moûtier avec d’Aulon, la capture du brigand Franquet d’Arras près de Lagny. Enfin, elle rejoint Compiègne, assiégée par les Bourguignons. Le 23 mai 1430, elle organise une sortie, mais un mouvement de panique contraint ses hommes à regagner la ville. Guillaume de Flavy ordonne de fermer la porte et de relever le pont, alors que Jeanne se trouve encore dehors. Metz, Poulengy, ses frères et Noël sont un à un blessés et faits prisonniers. Se dressant en dernier rempart autour d’elle, Le Nain et le Paladin tombent au combat, fidèles à leur devoir. Jeanne est capturée et emmenée. La nouvelle se répand, semant désarroi, deuil et incompréhension. Ainsi s’achève la chevauchée de Jeanne.

III.
Le procès et la mort

Chapitre 1.
Jeanne est vendue aux Anglais

Book III, chapter 1

Louis s’attendait à ce que le roi et la France se pressent pour payer la rançon de Jeanne. Mais seuls les Anglais s’activaient, utilisant l’Église comme instrument, conscients qu’elle seule pouvait briser l’autorité de Jeanne et la conduire à la mort. Par deux fois, elle fut sur le point de s’échapper de sa prison ; la seconde, elle tenta de fuir depuis une tour du château de Beaurevoir, mais chuta. Les Anglais envoyèrent l’évêque Cauchon négocier son rachat auprès du duc de Bourgogne, qui l’obtint pour 10 000 livres. Irréprochable comme soldat, Jeanne se vit intenté un procès en religion. En décembre 1430, elle fut transférée à Rouen, dans l’indifférence totale de la France, retombée dans la torpeur où elle se trouvait avant Jeanne.

Chapitre 2.
Noël et Louis s’introduisent dans Rouen

Book III, chapter 2

De son côté, Louis reprend du service. Lors d’une nouvelle sortie à Compiègne, le 23 octobre, il est de nouveau blessé. Dans la confusion de la bataille, des prisonniers français parviennent à s’échapper du camp anglais : Louis y retrouve Noël. Après avoir évoqué le sort de Jeanne et le courage du Paladin, ce dernier lui raconte comment, avec les autres prisonniers, il avait réussi à récupérer l’étendard de Jeanne, pris par les Anglais, et à l’envoyer en sûreté à Orléans — où il resta conservé jusqu’à la Révolution, époque où il fut brûlé. Soudain, la nouvelle tombe : Jeanne a été vendue aux Anglais. Une fois rétablis, Noël et Louis se mettent en route pour Rouen en janvier 1431. Grâce à des complicités, à l’extérieur comme à l’intérieur de la ville, ils parviennent bientôt à s’y introduire.

Chapitre 3.
Une mascarade judiciaire

Book III, chapter 3

Pour gagner sa vie, Louis se fait embaucher par Guillaume Manchon, le greffier du procès. Celui-ci lui raconte les derniers événements : Cauchon s’est constitué un tribunal impressionnant, composé de théologiens envoyés par l’Université de Paris, de religieux rouennais et du vice-inquisiteur. Selon Manchon, le procès est entièrement vicié. Jeanne avait récusé le tribunal comme partial et demandé un avocat — Cauchon lui avait tout refusé. Enchaînée dans un donjon et gardée par des soudards anglais, elle avait subi les foudres du comte de Stafford pour avoir répondu que sa mort ne changerait rien au fait que les Anglais seraient chassés. L’ouverture du procès d’Église devait être précédée d’une enquête préliminaire : Cauchon la fit disparaître, car elle était trop favorable à Jeanne, et personne n’osa contester. Enfin, on avait introduit dans sa cellule Loiseleur, un religieux espion feignant d’appartenir au parti français, dans le but de lui extorquer des aveux sous couvert de confession.

Chapitre 4.
Ouverture du procès : les interrogatoires publics

Book III, chapter 4

Le 21 février, le procès s’ouvre dans la chapelle du château, pleine à craquer. Jusqu’au dernier moment, Louis espérait que Jeanne serait sauvée, peut-être par un coup de force de La Hire. Cauchon trône, entouré de cinquante assesseurs. Louis se remémore l’examen de Poitiers, où Jeanne avait triomphé d’une assemblée de théologiens ; ici, tout n’est que mise en scène pour un verdict déjà écrit. Soudain l’accusée est annoncée. Un cliquetis de chaînes précède l’entrée de la libératrice. Louis manque de s’évanouir d’émotion.

Chapitre 5.
Premier interrogatoire

Book III, chapter 5

Jeanne paraît exténuée mais sa combativité reste intacte ; elle croise le regard de Louis dans le tribunal et celui de Noël dans le public, — et cherchera souvent leur soutien visuel au cours du procès. La foule lui manifeste une sympathie, sévèrement réprimée par Cauchon. On lui demande de prêter serment : Jeanne prévient d’emblée qu’elle ne révélera rien de ses visions. Indignation et fureur du tribunal, qui n’obtiendra rien d’autre qu’un serment limité à ses actes publics. Elle est reconduite dans son cachot, sans que l’on ait non plus pu l’engager à ne pas tenter de s’évader.

Chapitre 6.
Deuxième interrogatoire

Book III, chapter 6

Le 22 février, le tribunal se transporte dans la grande salle du château, plus vaste. Manchon révèle à Louis que la veille, Cauchon avait dissimulé de faux notaires, sans obtenir d’autre résultat que de provoquer des commérages déplaisants à son sujet.

Jeanne est amenée et sommée à nouveau de prêter serment : elle réitère son serment limité. Interrogée sur son enfance, ses réponses enthousiasment le public, qui applaudit avant d’être réprimandé. Beaupère l’interroge sur ses voix, leur enseignement, et l’ordre de se rendre auprès de Baudricourt et de s’habiller en homme. Comment des voix divines auraient-elles pu lui commander de mener l’assaut de Paris un jour de fête religieuse ? Mais Jeanne déjoue tous les pièges. Manchon et d’autres témoigneront vingt ans plus tard de la surprenante sagesse de ses réponses.

Chapitre 7.
Troisième interrogatoire : état de grâce

Book III, chapter 7

Le 24 février, Jeanne renouvelle son serment limité et met en garde ses juges sur leur responsabilité devant Dieu. Beaupère l’interroge sur sa foi, son observance du carême, et enfin sur son état de grâce. La question fait frémir le tribunal, suspendu à ses lèvres. Si je n’y suis, Dieu m’y mette, si j’y suis Dieu m’y garde. Silence médusé de l’assemblée devant cette réponse sublime. Beaupère, désarçonné et humilié, tente de rebondir en multipliant les questions sur son enfance. Pour finir, il lui propose un habit de femme. Jeanne l’accepte à condition d’être transférée dans une prison de femmes.

Chapitre 8.
Quatrième interrogatoire

Book III, chapter 8

Le 27 février, Jeanne ne concède à nouveau que son serment limité. L’interrogatoire porte sur ses voix, qu’elle décrit et nomme : sainte Catherine, sainte Marguerite et saint Michel. Concernant sa venue en France et l’habit d’homme, elle explique avoir agi par commandement de Dieu. C’est également par révélation qu’elle a eu connaissance de l’épée de Fierbois. Beaupère tente d’associer l’épée et son étendard à des pratiques superstitieuses ou magiques, mais Jeanne le renvoie régulièrement au procès de Poitiers. Elle déjoue tous les pièges, mais ses réponses en suscitent toujours de nouveaux, plus ardus encore.

Chapitre 9.
Cinquième interrogatoire

Book III, chapter 9

Le 1er mars, Jeanne est interrogée sur ses lettres au comte d’Armagnac au sujet des trois papes, puis celle adressée aux Anglais. Sur cette dernière, elle réfute certaines formulations. Louis, son secrétaire à l’époque, se rappelle s’être permis quelques libertés pour en renforcer l’effet — quelle ironie, pense-t-il, si les juges savaient que ce même secrétaire était aujourd’hui en charge du procès. Interrogée si elle souhaitait rétracter sa lettre, Jeanne persiste et prédit aux Anglais une perte plus lourde qu’Orléans avant sept ans. De fait, dans cinq ans Paris serait libérée, et dans vingt ans, toute la France. Louis se remémore alors la prophétie faite au roi devant Paris : si l’assaut était soutenu, la France serait libérée en six mois, sinon il faudrait vingt ans (livre II, chapitre 38).

S’ensuivent des questions sur ses voix, ses anneaux, ses saintes et les différentes promesses qu’elles lui avaient faites. Loiseleur avait dû lui extorquer certaines confidences en confession. Une promesse en particulier intéresse vivement le tribunal : celle qui lui assure le Paradis, c’est-à-dire la certitude de son salut. Une autre concerne sa libération de prison, mais Jeanne s’engage à y répondre dans trois mois. Louis et Noël interprètent ce délai comme celui de sa libération — le coup de force tant espéré aura-t-il lieu ? Enfin, la séance se termine par des questions sur le signe qu’elle avait donné au roi. Loiseleur avait glissé au tribunal qu’il s’agissait d’une mystérieuse couronne, mais Jeanne refuse de révéler quoi que ce soit.

Chapitre 10.
Sixième interrogatoire

Book III, chapter 10

Les théologiens, qui s’étaient imaginés venir à bout de cette paysanne illettrée en deux heures, se faisaient dominer depuis une semaine, provoquant les rires de la ville. Il fallait en finir. Le 3 mars, leurs questions portent sur l’habit d’homme, ses supposées pratiques superstitieuses ou de glorification personnelle, sur l’enfant ressuscité de Lagny, et sur son saut de Beaurevoir — qu’ils interprètent comme un suicide et une occasion de blasphème. Jeanne nie tout en bloc.

Chapitre 11.
Deuxième partie : les interrogatoires à huis clos

Book III, chapter 11

Cauchon, voyant que le procès tournait à l’avantage de Jeanne, prétexta la fatigue des assesseurs pour mettre fin aux interrogatoires publics. Désormais, il ne s’entourerait plus que d’une poignée de juges parmi les plus acharnés, et les séances se tiendraient à huis clos.

Le 10 mars, Louis retrouve Jeanne affaiblie. Les jours qui suivent, elle est interrogée sur ses voix et ses saintes, sur la prédilection de Dieu pour la France, sur l’Arbre et les fées, sur le fait d’avoir caché ses visions à ses parents et d’avoir désobéi en quittant Domrémy. À propos de son étendard, elle répond : Il avait été à la peine, c’était bien raison qu’il fût à l’honneur. Mais chacune de ses paroles est systématiquement interprétée par les juges comme une preuve de superstition, d’orgueil, de sacrilège ou d’idolâtrie.

Chapitre 12.
Suite et fin des interrogatoires à huis clos : l’appel au pape

Book III, chapter 12

Les juges abordent ensuite son procès matrimonial ; Louis est outré de les entendre insinuer que Jeanne avait fait la cour au Paladin. Elle est interrogée sur l’habit d’homme, sur la libération du duc d’Orléans et sur sa propre délivrance. Elle semble, elle aussi, compter sur une action de Charles VII, car ses voix lui ont promis qu’elle serait délivrée par une grande victoire. Pressée de s’expliquer, elle rapporte leurs paroles : Prends tout en gré, ne te soucie pas de ton martyre : tu viendras finalement dans le royaume du paradis. Pour les juges, cela revient à revendiquer la certitude du salut — un péché de présomption.

Le 17 mars, on lui demande si elle accepte de soumettre ses faits à l’Église. Jeanne répond qu’elle s’en remet à Dieu. On lui expose alors la distinction entre l’Église triomphante (au ciel) et l’Église militante (sur terre), à laquelle elle doit obéissance. Cauchon tente de la piéger en l’interrogeant sur sa soumission au pape. Jeanne réplique en demandant à être conduite devant lui. Le piège se retourne contre le juge : en droit canon, un appel au pape entraîne automatiquement le transfert du procès à Rome. Pris de court, Cauchon change aussitôt de sujet et met bientôt fin aux interrogatoires en prison.

Chapitre 13.
Les 70 articles du réquisitoire

Book III, chapter 13

Les comptes rendus des interrogatoires sont montrés à l’avocat Jean Lohier, qui dénonce l’illégalité flagrante de la procédure. Menacé par Cauchon, il quitte précipitamment la ville. Ce dernier ne tient pas à voir lui échapper le siège d’archevêque de Rouen qu’on lui a promis.

À partir des réponses de Jeanne, on compose un réquisitoire en soixante-dix articles, auxquels elle doit répondre. Le 27 mars, la troisième partie du procès commence. Louis est abasourdi par la fausseté et la monstruosité des accusations : Jeanne y est peinte comme sorcière, fausse prophétesse, invocatrice de démons, schismatique, idolâtre, apostate, blasphématrice, séditieuse, belliqueuse et impudique. Elle se contente de nier chaque article, parfois avec mordant, tandis que les juges ordonnent les griefs : refus de soumettre ses réponses à l’Église militante ; refus de considérer les fées comme des créatures du diable ; préférence de conserver l’habit d’homme plutôt que de communier ; prétention d’être envoyée par Dieu ; usurpation de la fonction de chef de guerre — occasion pour elle de réitérer sa prédiction d’une grande perte anglaise avant sept ans chapitre 9 ; soif de sang ; fréquentation des soldats, etc.

Enfin, Cauchon ordonne de réduire les soixante-dix articles en douze chefs d’accusation. Quelques jours plus tard, il propose à Jeanne de soumettre sa mission à l’examen de l’Église militante, c’est-à-dire à lui-même et à ses complices : elle refuse. C’est alors que frère Isambard lui souffle de les soumettre au concile de Bâle : elle accepte aussitôt. Cauchon explose de colère et interdit à Manchon de noter cette soumission au concile.

Chapitre 14.
Les 12 articles de l’accusation

Book III, chapter 14

Pour Louis, ces douze articles ne sont rien d’autre que douze mensonges. On l’accuse par exemple de refuser de se soumettre à l’Église — alors qu’elle s’est soumise au pape et au concile ; d’avoir désobéi en portant l’habit d’homme — alors que les théologiens de Poitiers l’avaient validé ; de prétendre n’avoir jamais péché — pure invention, etc. Le 5 avril, les articles sont envoyés à l’Université de Paris.

Entre temps, le 29 mars, on trouve Jeanne gravement malade. Le comte de Warwick et le cardinal de Winchester font chercher des médecins : elle doit survivre, pour être brûlée. Jeanne impute son mal à une carpe offerte par Cauchon, accusation qui met le promoteur Estivet hors de lui. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Envisageant la mort, elle demande les derniers sacrements, mais Cauchon les lui refuse tant qu’elle ne se soumet pas. Elle ne cède pas.

Chapitre 15.
Admonestation publique

Book III, chapter 15

Le 2 mai, Jeanne est extraite pour une admonestation publique dans la grande salle du château. Elle paraît fraîche et reposée. Jean Châtillon, chargé de la prêcher, s’emmêle dans ses notes ; Jeanne le taquine, déclenchant l’hilarité générale. Interrogée sur sa soumission, elle réaffirme son désir d’être conduite devant le pape. On lui propose de renoncer à l’habit d’homme en échange de la communion : elle accepte, mais précise qu’elle le reprendra aussitôt et le gardera jusqu’à l’accomplissement de la mission pour laquelle Dieu l’a envoyée. Une fois encore, les juges avaient échoué à la perdre.

Chapitre 16.
Menaces de torture

Book III, chapter 16

Tout Rouen s’amuse de la nouvelle déconfiture de Cauchon : les quolibets fusent, son nom est tourné en dérision, des inscriptions fleurissent sur les murs.

Le 9 mai, Louis découvre avec horreur deux bourreaux et leur arsenal de torture. Jeanne paraît. Après un regard impassible sur les instruments, elle déclare qu’elle ne changera rien à ses propos, et que, dans le cas contraire, je dirais toujours que vous me l’auriez fait dire de force.

Hormis Cauchon et Loiseleur, tous les témoins sont saisis d’admiration devant son courage. L’évêque renvoie tout le monde. Le soir, Manchon révèle que les juges ont renoncé à employer la torture : elle risquait de mourir, et des aveux ainsi extorqués n’auraient aucune valeur. Dans les rues de Rouen, les plaisanteries redoublent.

Chapitre 17.
Souveraine face au danger

Book III, chapter 17

Rien ne se passe pendant dix jours. Noël et Louis flânent dans Rouen, fascinés par la force de Jeanne au cœur du danger, une force qui les impressionne encore davantage aujourd’hui, au procès, que jadis sur le champ de bataille. Car elle cette fois est absolument seule : face aux gardes dans son cachot, face à la cohorte de théologiens au tribunal. Et pourtant, elle tient bon.

Chapitre 18.
Nouvelle admonestation publique

Book III, chapter 18

Le verdict de l’Université de Paris arrive à Rouen : Jeanne est reconnue coupable de tous les chefs d’accusation. Qu’elle se rétracte ou qu’elle soit livrée au bras séculier, — c’est-à-dire au bûcher.

Le 19 mai, le tribunal se réunit pour délibérer et décide que Jeanne sera de nouveau admonestée et invitée à se soumettre. Le 23 mai, Pierre Maurice la prêche ; mais elle ne cède rien. Cauchon lève la séance et convoque le tribunal le lendemain pour le prononcé de la sentence. Il y a un an, jour pour jour, elle tombait aux mains de l’ennemi.

Chapitre 19.
Stratagème diabolique de Cauchon

Book III, chapter 19

Cauchon tenait Jeanne, mais sa victoire restait incomplète : seule une abjuration (rétractation) signée de Jeanne prouverait sa culpabilité, et elle n’avait rien rétracté. On l’ignorait alors, mais Cauchon avait échafaudé tout un stratagème. Il comptait d’abord épuiser Jeanne, l’effrayer par la vue du bûcher, profiter de son émoi pour lui faire accepter une abjuration simple, et enfin remplacer cette abjuration par une version beaucoup plus lourde et contraignante au moment de la signature. L’abjuration suspendrait certes sa mise à mort, mais seulement jusqu’à la première infraction, que l’on saurait provoquer, et qui entraînerait automatiquement sa mort comme relapse (rechute). On l’amènerait à s’engager à ne plus porter l’habit d’homme pour ensuite la contraindre à le reprendre : Cauchon aurait alors obtenu à la fois ses aveux et sa condamnation. Personne n’était dans la confidence, sinon peut-être le cardinal de Winchester.

Le soir, Loiseleur, le faux compatriote, se rend dans son cachot pour l’inciter à signer l’abjuration du lendemain. De leur côté, Louis et Noël inspectent les lieux où Jeanne apparaîtra, imaginant que derrière chaque groupe de personnes croisées se cache peut-être un commando secret venu pour la libérer.

Chapitre 20.
L’abjuration

Book III, chapter 20

Le 24 mai, le bûcher et les estrades sont installés dans le cimetière de l’abbaye de Saint-Ouen. Une foule compacte et silencieuse se presse derrière les soldats anglais. Un ordre retentit. Est-ce La Hire ? Non, c’est Jeanne que l’on amène, enchaînée au milieu de ses gardes, fendant la foule jusqu’à l’échafaud. Elle est prêchée par Guillaume Érard, dont les calomnies la laissent indifférente ; mais lorsqu’il s’en prend à Charles VII, elle s’insurge et le défend. La foule applaudit, Érard, furibond, exige qu’on la fasse taire, provoquant l’hilarité générale.

Invitée à se soumettre, Jeanne, épuisée, répond qu’elle s’en remet à Dieu et au pape. Le pape est trop loin, lui réplique-t-on en lui tendant une cédule d’abjuration. Elle ignore ce que signifie abjurer, mais on la presse de toutes parts. Signe, répètent les prélats ; Signe, lui susurre Loiseleur. Comme elle hésite, Cauchon commence à lire la sentence de condamnation. À bout, Jeanne murmure enfin : J’abjure.

L’huissier Massieu lui lit une cédule de huit lignes ; celle qu’on lui fait signer en fait quarante. À son insu, Jeanne confesse être une sorcière, une hérétique, une blasphématrice, une envoyée de Satan, etc. ; surtout, elle s’engage à ne plus jamais reprendre l’habit d’homme et à renier ses voix. La nouvelle sentence la condamne à la prison perpétuelle ; Cauchon lui avait pourtant promis la messe, la communion et son transfert dans une prison de femmes. Il ordonne : Ramenez-la où vous l’avez prise.

Chapitre 21.
Un faux répit

Book III, chapter 21

La foule, frustrée du supplice promis et se sentant flouée, explose de colère. On accuse Cauchon de trahison. À Warwick, qui commençait lui aussi à s’échauffer, une voix mystérieuse le rassure : Nous la rattraperons. Les spectateurs finissent par se disperser. Pour Noël et Louis, c’est le soulagement de savoir Jeanne sauvée.

De retour en prison, la condamnée revêt un habit de femme. On laisse entendre aux gardes qu’ils ne seraient pas blâmés s’ils la malmenaient.

Chapitre 22.
Jeanne a repris son habit d’homme

Book III, chapter 22

Convaincus que Jeanne avait échappé à la mort, Noël et Louis se prennent à espérer sa délivrance : pourquoi pas un soulèvement général de la France fondant sur Rouen ?

Mais, au matin du 28 mai, une rumeur court : Jeanne est relapse, donc condamnée au bûcher. Une joie macabre envahit la ville. Dans son cachot, Manchon et Louis la découvrent en habit d’homme : pendant son sommeil, un gardien avait échangé ses vêtements, et elle n’a eu d’autre choix que de s’en revêtir. Cauchon exulte, se voyant déjà archevêque. Lorsque l’assesseur Marguerie s’interroge sur la complicité qui a rendu possible une telle permutation, il se fait sèchement rabrouer. Interrogée, Jeanne déplore qu’aucune promesse n’ait été tenue — ni la messe, ni la communion, ni la prison de femmes — et assure que, si elles l’étaient, elle reprendrait aussitôt l’habit féminin. Cauchon hausse les épaules et demande si ses voix lui ont reparlé depuis l’abjuration. Oui, répond Jeanne : et elles l’avaient avertie qu’elle se fourvoyait en abjurant, mais la crainte du feu l’avait poussée à céder. Réponse mortifère, note Manchon dans la marge : Jeanne l’ignore, mais en abjurant elle s’était engagée à renier ses voix et ses révélations.

En quittant la prison, Cauchon lance gaiement aux Anglais : Faites bonne chère.

Chapitre 23.
Jeanne est relapse

Book III, chapter 23

Le soir, Noël et Louis, accablés, ressassent la prophétie de Jeanne annonçant sa délivrance. La Hire surgirait-il in extremis ? C’est alors que Manchon arrive, porteur d’un message de Jeanne pour Louis : elle souhaite qu’il écrive une lettre à sa mère. Manchon s’en était proposé, mais Jeanne l’avait jugé déjà trop chargé de besogne. Le message, surtout, lui paraît énigmatique : Écris-lui que j’ai vu l’Arbre. La lettre n’était qu’un prétexte ; c’est bien à Louis que la confidence était destinée. Il en reste bouleversé.

Le 29 mai, Cauchon réunit le tribunal : Jeanne est déclarée hérétique et relapse ; le lendemain, elle sera livrée au bourreau. Le 30 au matin, Louis accompagne Manchon dans sa cellule. Ils la trouvent assise, songeuse et triste. Frère Martin Ladvenu lui annonce que l’heure est venue et qu’elle mourra par le feu. Elle éclate en sanglots : Mon corps, qui ne fut jamais souillé sera rendu en cendre. Oubliant toute prudence, Louis tombe en larmes à ses pieds ; elle le relève aussitôt et lui prend la main. Apercevant Cauchon, elle lance : Évêque, je meurs par vous.

Un peu plus tard, l’évêque lui accorde la communion, qu’elle reçoit avec une gravité partagée par toutes les personnes présentes. Dès lors, elle est apaisée.

Chapitre 24.
Son martyre

Book III, chapter 24

Ce matin du mercredi 30 mai 1431, Jeanne est conduite sur la place du Vieux-Marché pour offrir sa vie à son pays et à son roi qui l’a abandonnée. Comme une criminelle, on l’a coiffée d’une mitre où l’on peut lire : Hérétique, Relapse, Apostate, Idolâtre. Derrière les rangées de soldats anglais, la foule émue prie et chante des litanies à son passage. Soudain, un prêtre fend la multitude en criant, se jette à ses pieds et implore son pardon : c’est Loiseleur. Jeanne lui pardonne.

La place est noire de monde. Nicolas Midi prêche, puis conclut en s’adressant à la condamnée : L’Église ne peut plus rien pour toi ; va en paix. Cauchon l’admoneste brièvement et la livre au bailli. Jeanne tombe à genoux et pleure, non pour elle-même, mais pour son roi. Elle supplie ceux qui l’entourent de prier pour elle. L’émotion gagne la foule, les larmes coulent. Jeanne demande une croix ; un soldat anglais brise un bâton pour lui en façonner une, tandis que frère Isambard court chercher celle de l’église. Incapable de soutenir le spectacle, Louis s’éloigne. Ce qu’il sait de la suite, il le doit aux témoignages. Le bourreau allume le bûcher. Cauchon, par perversité, exige qu’elle se repente. Elle lui crie : Évêque, je meurs par vous ! Puis, du brasier, on ne distingue plus que sa voix implorant le nom de Jésus. Jeanne nous avait quittés.

Épilogue

Conclusion

Jacques, frère de Jeanne, mourut à Domrémy pendant le procès, conformément à la prédiction (livre I, chapitre 5). Son père s’éteignit de chagrin peu après. Sa mère s’installa à Orléans, où la population subvint à ses besoins jusqu’à sa mort. Avec ses fils Pierre et Jean, elle se présenta en 1455 à Notre-Dame pour demander la réhabilitation de Jeanne. Noël et Louis retournèrent à Domrémy avant de s’enrôler sous le connétable de Richemont, qui avait remplacé La Trémoille et acheva l’œuvre de la Pucelle. Noël tomba lors de l’ultime bataille de Castillon en 1453. La Hire avait succombé au combat en 1443, tandis que Dunois, d’Alençon et d’Aulon vécurent assez longtemps pour témoigner lors du procès de réhabilitation en 1456. Jeanne avait prédit la longévité de Louis. Quant à sa famille, anoblie, elle prospéra.

Charles VII n’engagea la réhabilitation de Jeanne qu’après la défaite définitive des Anglais, lorsque ceux-ci l’accusèrent de devoir sa couronne à une hérétique. Louis assista aux dépositions ; il y retrouva de vieux compagnons d’armes, Catherine Boucher, mais aussi plusieurs des scélérats qui avaient condamné la Pucelle.

Ainsi s’achève la geste de Jeanne d’Arc : la plus désintéressée des créatures, animée par le seul amour de la patrie, qu’elle incarna, et symbolisera jusqu’à la fin des temps.

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