Manuscrits de Jeanne d’Arc

Comité des manuscrits (1784-1793)

Envisagé dès 1784 par le baron de Breteuil puis institué par Louis XVI fin 1786, le Comité des manuscrits de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres reçut pour mission de publier des Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque du Roi. Le troisième tome (1790), rédigé par L’Averdy, est entièrement consacré aux manuscrits des procès de Jeanne d’Arc.

Chronologie

  • 1784

  • 12 déc.

    Le baron de Breteuil, principal ministre d’État, propose à Louis XVI de charger l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres de publier des notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque du Roi. Le roi approuve le 12 décembre.

    Lire le mémoire de Breteuil dans l’Histoire de l’Académie, vol. 47, 1809, p. 6, Google

  • 22 déc.

    Breteuil écrit au maréchal de Beauvau, président de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, pour lui communiquer le projet.

    Versailles, le 22 décembre 1784.

    J’ai, Monsieur le Maréchal, l’honneur de vous envoyer la copie d’un mémoire que j’ai mis sous les yeux du roi, et que S. M. a bien voulu approuver le 12 de ce mois. Vous y verrez que son intention est que huit membres de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, se livrent, sans préjudice du travail que leur impose le titre d’académicien, à un travail particulier sur les manuscrits de la Bibliothèque du roi, et se chargentde les faire connaître par des notices exactes et des extraits raisonnés. [...] (p. 3, Google)

  • 1785

  • Début janvier, lors de la première séance de l’Académie (qui se réunit au Louvres), le maréchal donne lecture de la lettre. Les académiciens accueillent l’entreprise avec enthousiasme.

  • 15 jan.

    Dans une nouvelle lettre au président Beauvau, le ministre Breteuil lui communique les noms des huit académiciens et quatre commissaires que le roi a chargés du travail.

    • Manuscrits orientaux : Joseph de Guignes ;
    • Manuscrits grecs et latins : Jean-Baptiste-Gaspard d’Ansse de Villoison, Pierre-Henri Larcher (qui se fit remplacer par Jean-François de Vauvilliers), André-Charles Brotier ;
    • Manuscrits français : Louis-Georges de Bréquigny, Gabriel-Henri Gaillard, Gabriel de La Porte du Theil, Louis-Félix Guynement de Kéralio ;
    • Commissaires : Jean-Jacques Barthélemy, Louis Dupuy, Jean-Jacques Garnier, Guillaume Dubois de Rochefort.
  • 1786

  • 15 mai

    François de L’Averdy, nouveau président de l’Académie, obtient du roi une augmentation de budget.

    Versailles, le 15 mai 1786.

    Le roi, Monsieur, vient de donner à son Académie des inscriptions et belles-lettres une nouvelle marque de sa protection, en lui accordant une augmentation de traitement annuel de 12,200 livres. [...] (p. 13, Google)

  • 22 déc.

    Louis XVI promulgue le nouveau règlement pour l’Académie qui institue le Comité des manuscrits.

    Les anciens statuts remontaient à Louis XIV (1701). Ce nouveau règlement, en 60 articles, crée notamment une classe d’associés libres invités à contribuer aux travaux de la compagnie, sans y être rigoureusement obligés comme les académiciens ordinaires, augmente les traitements et institue le Comité (art. 51-58).

    Lire : Réglement, p. 17, Google, Lettre de Breteuil à L’Averdy (19 déc.)

  • 1787

  • Parution du tome Ier des Notices et extraits de manuscrits de la Bibliothèque du roi, Google

    Contient entre autres, par Du Theil : Notice des ms. 5962 et 5963, contenant l’histoire des règnes de Charles VII et de Louis XI, par Amelgard, Prêtre Liégeois. Par L’Averdy : Notice du ms. 178, parmi les manuscrits de Brienne, intitulé : Procès criminel fait à Robert d’Artois, comte de Beaumont, Pair de France.

  • Recherche de manuscrits inédits sur Jeanne d’Arc.

    En étudiant les originaux des procès pour le volume III, qui leur sera entièrement consacré, L’Averdy en vient à penser, contre l’opinion alors répandue parmi les historiens, que les minutes françaises des procès de condamnation et de révision existent et reposent peut-être dans quelque fonds du royaume (au total cinq documents). Il fait alors imprimer et diffuser un mémoire pour indiquer au public l’objet de la recherche à faire.

    Lire : Mémorial pour la recherche des minutes originales des procès de Jeanne d’Arc (1787)

    Tâchons donc de découvrir, s’il est possible, ce que peut être devenue cette minute française ; seul moyen de constater à sa vue, si on doit avoir des soupçons sur la sincérité de la traduction latine [du] procès de condamnation (p. 8).

    Le baron de Breteuil active ses réseaux et adresse le mémoire jusqu’à Rome et Londres.

    À Rome, on ne trouve pas de Minutes mais quatre manuscrits du XVe siècle relatifs à Jeanne : des documents préparatoires du procès en nullité (1455-1456). Le cardinal de Bernis, ambassadeur du roi auprès du Saint-Siège et associé honoraire de l’Académie, les fait copier et envoyer à Paris. L’Averdy en lit des extraits devant le Comité (8 mai 1787) et les fait relier (actuel Ms. Latin 9790 de la BnF).

    Lire : Quatre manuscrits de la bibliothèque du Vatican (Notices, p. 201)

    À Orléans, on signale un manuscrit dans la bibliothèque du chapitre de la cathédrale. Breteuil écrit au doyen du chapitre, qui décrit un manuscrit français qui pourrait bien être une copie de la Minute française de la condamnation, exécutée vers 1500 (actuel Ms. 518 d’Orléans).

    Lire : Manuscrit de la bibliothèque du chapitre d’Orléans (Notices, p. 223)

    L’abbé Dubois, chanoine et érudit orléanais, soutiendra qu’il s’agit d’une copie de la Minute (Dissertation, 1821). Quicherat soutiendra qu’il ne s’agit que d’une traduction d’après le texte latin (t. V, 1849) et fera autorité pendant plus d’un siècle, jusqu’aux travaux du père Doncœur (Documents, I, 1952).

  • 1789

  • Parution du tome II des Notices, Google

    Contient, par Du Theil : Notice du ms. Latin 5696 contenant une chronique de Guillaulme de Nangis depuis Pharamond jusqu’à l’an 1300 (continuée par un anonyme jusqu’en 1467), qui mentionne la Pucelle, p. 308-309, Google : 1428 : Il fixe au 6 de mars, l’entrevue de la Pucelle avec le Roi. 6 mars, la Pucelle vint au Roi. Jusqu’à : Le penultieme jour de mai : Pucelle brûlée.

  • jul.

    Révolution. — La parution du tome III est retardée.

  • 1790

  • jan.

    Un rapport du comité des finances de l’Assemblée propose de supprimer la Commission des manuscrits. L’Académie s’empresse de rédiger un mémoire justifiant son travail depuis 1785 (approuvé à la séance du 12 janvier) pour le distribuer à tous les députés. Elle signale entre autres la publication de deux volumes de Notices et extraits des manuscrits et la parution prochaine des volumes suivants.

    Lire : Éclaircissements sur le travail dont l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres est chargée, relativement aux Manuscrits de la Bibliothèque du roi, Ibid., p. 31, Google

    Le comité des manuscrits a publié depuis l’année 1787 deux volumes in-4° ; le troisième est prêt à paraître, et aurait paru avant la fin de l’année dernière, si les agitations et les événements de cette année n’en avaient retardé l’impression ; le quatrième est pareillement sous presse. Les matériaux rassemblés et en état d’être imprimés formeront environ trois volumes ; et le travail se continue avec la plus grande ardeur.

    La Commission est supprimée. Les académiciens n’étant toutefois pas empêchés de poursuivre leur travail, ils le poursuivirent jusqu’à la suppression de l’Académie en 1793.

  • Parution du tome III des Notices, entièrement consacré aux manuscrits relatifs aux procès de Jeanne d’Arc et rédigé par L’Averdy, Google

  • 1791

  • Début de l’impression du tome IV des Notices, interrompue en 1792 et reprise seulement au cours de l’an VI pour une parution en l’an VII (1798-1799).

  • 1792

  • 10 aoû.

    Prise des Tuileries. — L’insurrection parisienne renverse la monarchie en s’emparant du palais et en emprisonnant le roi, prélude aux massacres de Septembre.

  • 1793

  • 8 aoû.

    L’Assemblée supprime l’Académie, jugée inutile.

    Un premier décret du 27 novembre 1792 lui avait déjà interdit de remplacer les académiciens décédés.

  • 24 nov.

    L’Averdy est guillotiné.

    Vingt ans plus tôt, il avait accordé la liberté d’exporter les grains hors du royaume. Pour diverses raisons, cette mesure donna naissance à la rumeur du pacte de famine selon laquelle les ministres du roi spéculaient sur les grains dans le but d’en faire monter le prix, d’affamer les populations et de s’enrichir à leurs dépens. (Joël Félix)

  • 1795

  • 22 aoû.

    La Constitution de l’an III, qui fonde le Directoire, crée l’Institut, qui regroupe et remplace les anciennes académies.

    L’Institut est officiellement créé par la loi du 25 octobre 1795, et son règlement adopté par une autre loi du 4 avril 1796, jour de sa séance d’ouverture solennelle au palais du Louvre.

    Antoine-Isaac Silvestre de Sacy obtient du ministre de l’Intérieur Pierre Bénézech l’autorisation de reprendre l’impression du volume en cours.

  • 1798

  • Parution du tome IV des Notices et extraits des manuscrits de la bibliothèque nationale, an VII, Google

  • 1816

  • 21 mar.

    Une ordonnance royale rétablit l’Académie comme compagnie distincte au sein de l’Institut et lui restitue son nom d’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.

Références

  • Histoire de l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres, vol. 47 (depuis l’année 1784 jusqu’au 8 août 1793), 1809, Google

  • Auguste Bernard, Histoire de l’Imprimerie royale du Louvre, Paris, Imprimerie impériale, 1867, Archive

    • Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque du roi, lus au comité établi par Sa Majesté dans 1’Académie royale des inscriptions et belles-lettres. — 1787-1793, 4 vol. in-4° (t. I, 1787 ; t. II, 1789 ; t. III. 1793 ; le tome IV. fort avancé en 1792, ne fut aeheve qu’en l’an VII).

      Un Avertissement de A. I. Silvestre de Sacy, placé en tête du 4e volume, nous apprend qu’il fut commencé en 1791 et suspendu en 1792, ce qui explique la disparate que l’on observera entre les premières feuilles, dans lesquelles se trouvent des expressions et des qualifications maintenant abolies, et le reste de ce volume. En effet, on trouve dans la première partie du volume les mots Bibliothèque du roi remplacés par ceux de Bibliothèque nationale à partir de la page 273, ainsi que sur le titre du livre. Cet ouvrage a été continué depuis la Révolution dans l’établissement qui a succédé a l’imprimerie du Louvre.

    • Mémorial lu au comité des manuscrits sur les recherches à faire concernant la Pucelle d’Orléans, par M. Del’ Averdi. — 1787, in-4°.

      Postérieurement, Del’ Averdi publia, dans le 3e volume des Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque du roi (1793), un long mémoire sur le procès de Jeanne d’Arc, qui occupe 604 pages, et est accompagné d’un plan de Rouen et d’un autre de Paris au XVe siècle.

  • François Fossier, Un financier erudit, Clément Charles François de Laverdy (1724-1793), dans le Journal des Savants, année 1981, p. 397-421, Persée

  • Joël Félix, Finances et politique au siècle des Lumières. Le ministère L’Averdy, 1763-1768, 2013, p. 397-421, Persée

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