Manuscrits de Jeanne d’Arc

Manuscrit 518 d’Orléans

Contient, entre autres, la version la plus complète de la minute française des interrogatoires de Jeanne d’Arc.

Description

  • Localisation : Médiathèque d’Orléans
  • Cote : MS 518 (catalogue Cuissard, 1889), IRHT
  • Ancienne cote : 411 (catalogue Septier, 1820)
  • Version numérisée : Médiathèque
  • Datation : vers 1519
  • Descriptions :
  • Contenu :

    (n° de pages, et lien vers l’édition de Doncœur, 1952)

    • p. 1-53 : Compilation des chroniques jusqu’au début du procès
    • p. 53-214 : Minute française des interrogatoires de Jeanne
    • p. 215-222 : Lettre de Henri VI notifiant la condamnation
    • p. 222-279 : Abrégé du procès en nullité, fait d’après l’instrument latin
    • p. 280-284 : blanches
    • p. 285-307 : Complainte du trépas d’Hélène d’Albret

Chronologie

  • ~1519

  • Exécution du ms. 518 d’Orléans, commandé par Louis XII et l’amiral de Graville.

    Outre l’identité de ses commanditaires, le rédacteur indique les sources dont il s’est servies pour rapporter le procès de condamnation de Jeanne d’Arc :

    que j’ay trouvé en deux livres, esquelz est escript le procez de sa condampnacion (f° 53, éd. Doncoeur, 1952, p. 77)

    De là s’affronteront deux thèses :

    • Pour Quicherat (1849) et ses successeurs, les deux livres désignent : d’une part un exemplaire du procès officiel en latin ; d’autre part le manuscrit d’Urfé (qu’il suppose alors détenu par l’amiral de Graville et dont Claude d’Urfé aurait hérité par son mariage avec une petite-fille Graville). Or, selon Quicherat, le manuscrit d’Urfé — qui contient la Minute française des interrogatoires — était déjà mutilé de nombreux feuillets, notamment ceux contenant les premiers interrogatoires de Jeanne, au moment où le rédacteur d’Orléans s’en serait servi. D’où la conséquence historique :

      Orléans n’a pas valeur d’original de la Minute française et ne peut suppléer Urfé pour les séances manquantes.

    • Pour l’abbé Dubois (1821) et ses successeurs jusqu’à Quicherat, puis de nouveau à partir du père Doncœur (1952), le second livre serait soit directement la minute originale, soit une copie complète de cette minute (une source commune à Urfé et à Orléans, ou le manuscrit d’Urfé avant sa mutilation). Dès lors :

      Orléans a valeur d’original et peut suppléer Urfé pour les séances manquantes.

  • ~1522

  • Exécution du ms. Français 18930 de la BnF. Il reproduit une Chronique de Rouen (des origines à 1492), laquelle transcrit sur quarante-six folios (fol. 80v°-103 sur 155), des extraits de la Compilation et de la Minute française.

    BnF : Français 18930 (ancien fonds Saint-Germain français n° 1488).

    Doncœur (1952) décrit la Chronique comme inspirée du manuscrit d’Orléans ou d’un manuscrit très voisin, et date l’exécution du manuscrit de peu après 1522. — Documents, I, 25, n. 2

    Bouzy (2019) édite in extenso les 46 folios, et date la composition de la Chronique de 1492 (année où elle cesse). La source dont elle s’inspire serait donc antérieure au ms. 518 d’Orléans, ce qui ferait de la Chronique le premier témoin connu de cette source commune. — La minute française des interrogatoires de Jeanne : un résumé inédit dans le ms. français 18930 de la BnF

  • 1576

  • À Orléans, l’éditeur Saturnin Hotot publie l’Histoire et discours au vray du siège, de Léon Trippault. À partir de l’édition de 1606, l’ouvrage s’ouvre sur une Histoire de la Pucelle d’Orléans qui n’est autre que la Compilation du ms. 518.

    Note : nous n’avons trouvé que trois éditions numérisées. Celle de 1606 ne contient pas l’Histoire, mais Lanéry d’Arc (Livre d’Or, p. 389) signale une réédition de la même année, qui l’inclut, ainsi que le fontispice de Léonard Gaultier. — Éd. 1606 (ne contient pas l’Histoire, Orléans, Olivier Boynard et Jean Nyon, NumeLyo) ; Éd. 1611, (id., Google) ; Éd. 1621, (Orléans, Robert Hotot, Gallica)

    Introduction (édition de 1611), décrivant le ms. 518 :

    Extraict d’un ancien livre, escrit à la main, et curieusement : contenant le procès de Jehanne d’Arc, dicte la Pucelle d’Orléans. Auquel livre y a quelques fueillets rompus, tellement que le commencement defaut. [...] Lequel procès j’ay extrait par le commandement du Roy Loys XII. de ce nom, et de Monsieur de Graville, Admiral de France.

  • 1580

  • À Rouen, l’éditeur Martin le Mégissier publie une Description du pays et duché de Normandie, extraite de la Chronique de Normandie non encore imprimée du chanoine Jean Nagerel, décédé en 1570. L’ouvrage contient des passages inspirés de la Compilation et de la Minute française.

    Lire : Description du pays et duché de Normandie (Rouen, Martin le Mesgissier, 1580, Gallica, Google)

    L’ouvrage de Jean Nagerel, paru l’année suivante, ne contient pas ces passages.

    Lire : L’Histoire et chronique de Normandie (id., 1581, Gallica). Les victoires de Jeanne, sa prise et son procès sont résumés en quelques lignes (f° 181r-182v).

  • 1713

  • L’horloger orlénais François Morel lègue le manuscrit au chapitre d’Orléans.

    Morel (1654-1713) légua au chapitre d’Orléans l’ensemble de son cabinet composé de livres, d’estampes et de médailles (testament du 13 avril), à la condition qu’il fût ouvert au public deux fois par semaine. Il mourut le 1er décembre, mais sa veuve contesta le legs, et les chanoines n’entrèrent en possession de la collection qu’en 1715 (sentence du 18 mars). (Ils n’accueillirent le public qu’à partir de 1759, pendant deux heures les mardis après-midi.)

  • 1753

  • Lenglet du Fresnoy, dans le tome II de son Histoire de Jeanne d’Arc, décrit quinze manuscrit contenant le procès, et termine par celui d’Orléans, dont il donne le sommaire.

    Ce manuscrit qui est in-folio, écrit sur papier, se conserve dans la bibliothèque du chapitre de l’église cathédrale d’Orléans. Il fut écrit par ordre du roi Louis XII et de l’amiral de Graville (t. II, p. 137)

    L’abbé Dubois (1821) lui reprochera de n’avoir pas mentionné qu’il contenait surtout les questions et réponses des interrogatoires (Dissertation, 1823).

  • 1787

  • Recherches de L’Averdy.

    En 1787, François de L’Averdy, dans le cadre du Comité des manuscrits nouvellement créé par Louis XVI à l’instigation de son principal ministre, le baron de Breteuil, recherche les minutes françaises des procès de Jeanne d’Arc et lance un appel aux érudits du royaume.

    À Orléans, M. Laurent, directeur des vingtièmes (un impôt), signale l’existence d’un manuscrit dans la bibliothèque du chapitre. Breteuil s’adresse au doyen du chapitre, Charles de Loynes d’Auteroche de Talcy qui s’empresse d’en rédiger une notice :

    Pour donner à M. le baron de Breteuil les éclaircissements qu’il demande, j’ai eu besoin d’en prendre une parfaite connaissance. Je l’ai lu tout entier ; et c’est d’après cette lecture que j’ai fait les notes ci-jointes. — (L’Averdy, Notices, 1790, p. 223)

    L’abbé Dubois, nommé chanoine en 1787, révèle que le doyen a en réalité chargé son grand-chantre, Marc-Antoine Moutier, de rédiger la notice :

    Le doyen avait envoyé à M. de Breteuil une notice de ce manuscrit, composée par M. Moutier, grand-chantre ; elle a été communiquée à M. de L’Averdy. — (Dubois, Dissertation, 1823, p. 207)

    Moutier y voit une copie de la minute française du procès de condamnation. En revanche, Laurent, qui possède une copie du procès latin et compare les textes, n’y reconnaît qu’une simple traduction en français d’après le procès latin :

    Le texte français du manuscrit est dans le style naturel, et non dans le style gêné d’un traducteur [...] mais l’examen soigneux du manuscrit prouve qu’il ne contient autre chose qu’une espèce de version historique du latin arrangée au gré de l’auteur. — (L’Averdy, Notices, 1790, p. 227)

    En 1790, paraissent les Notices et extraits de L’Averdy qui se range à l’opinion de Laurent : il ne s’agit pas d’une copie de la minute française.

  • 1789

  • 1789–1793

    Révolution.

    La bibliothèque du chapitre est confisquée et intégrée au Dépôt littéraire.

    Le 27 novembre 1789, l’Assemblée nationale ordonne à tous les établissements religieux de dresser l’inventaire de leurs bibliothèques. Celui du chapitre cathédral d’Orléans est achevé le 17 mars 1790. Le 8 octobre 1790, l’Assemblée dissout les congrégations religieuses et décide de regrouper leurs livres et archives dans un Dépôt littéraire, en vue de créer des bibliothèques départementales. Après la dispersion du chapitre en novembre 1790, sa bibliothèque est transférée en 1793 dans le Dépôt installé à Orléans, dans l’ancienne église des Bénédictins de Bonne-Nouvelle.

  • 1794

  • 1794–1807

    Création de la bibliothèque d’Orléans.

    Le manuscrit d’Orléans passe du Dépôt littéraire à la bibliothèque municipale.

    Le 15 janvier 1794, le département nomme l’abbé Armand Septier (1744-1824) responsable de la garde du Dépôt littéraire, où sont conservés les ouvrages confisqués, dont ceux du chapitre de Sainte-Croix. Le même jour, la ville le désigne comme bibliothécaire de la Bibliothèque publique (ancien fonds Prousteau, constitué en 1714-1715 et distinct du Dépôt). Septier s’emploie à organiser le Dépôt (qui comptera jusqu’à 60.000 volumes) et doit en prévenir le démembrement (en 1804, le ministre de l’Intérieur prélève 2.500 volumes ; en 1806, 20.000 volumes sont bradés).

    Le 25 octobre 1795, le département crée l’École centrale et souhaite y rattacher la bibliothèque publique, projet auquel la municipalité s’oppose. Septier est également nommé bibliothécaire de la bibliothèque de l’École centrale, alimentée par les livres confisqués aux émigrés et par des volumes provenant du Dépôt.

    Lorsque l’École centrale est supprimée, le 3 septembre 1803, la ville récupère sa bibliothèque afin de constituer une future bibliothèque municipale. Le 4 août 1805, le préfet du Loiret obtient du ministre de l’Intérieur l’autorisation d’installer cette bibliothèque dans l’ancien couvent du Bon-Pasteur, spécialement réaménagé. Au début de l’année 1806, Septier est confirmé dans ses fonctions de bibliothécaire. Le 5 novembre, le préfet l’autorise à prélever 20.000 volumes dans le Dépôt pour former le fonds initial.

    À son ouverture au public, le 20 août 1807, la bibliothèque municipale d’Orléans compte 30.000 volumes, dont 900 manuscrits — parmi lesquels figure notre manuscrit d’Orléans.

  • 1820

  • Catalogue Septier. — Le manuscrit reçoit la cote n° 411.

    L’abbé Septier organise le fonds selon un classement par langue (orientaux, grecs, latins, français), subdivisant chaque section linguistique par matière (théologie, jurisprudence, sciences et arts, belles-lettres, histoire), puis en y ordonnant les ouvrages chronologiquement.

    Lire : Notice du ms. 411, qui reprend L’Averdy et le suit sur la minute.

    Il paraît que ce manuscrit n’a pas été fait sur la minute, et qu’il l’a été sur plusieurs copies de ce procès, dans lesquelles il pouvait exister quelques différences.

  • 1821

  • L’abbé Dubois, chanoine titulaire d’Orléans et archiviste de la mairie, fait exécuter une copie du ms. 411 (qui prendra la cote 411 bis).

    Dubois défend avec force la thèse selon laquelle le ms. d’Orléans contient une copie complète de la minute française, et que Moutier ne l’aurait pas abandonnée s’il avait connu le ms. d’Urfé, que L’Averdy a reconnu comme une copie de la minute. Ses arguments sont les suivants :

    • Pour les éléments présents dans Urfé (à partir de la séance du 3 mars) : accord constant entre Orléans et Urfé ; différences attendues par rapport au texte latin ; langage conforme à celui parlé en 1431.
    • Pour les éléments absents à la fois d’Urfé et du procès latin (la réponse de Jeanne sur l’habit d’homme le 22 février) : preuve décisive qu’Orléans dérive d’une minute française complète.

    Lire : Dissertation dans laquelle on prouve que le ms. 411 d’Orléans contient la minute française du procès de la Pucelle

    Il meurt cependant en 1824, avant d’avoir pu publier son texte.

  • 1827

  • L’historien Jean-Alexandre Buchon, qui s’est lancé dans l’édition d’une vaste Collection de chroniques nationales (quarante-sept volumes parus entre 1824 et 1829), se rend à Orléans où il découvre le manuscrit 411.

    Il adhère implicitement à la thèse de Dubois en publiant conjointement le manuscrit et la dissertation de celui-ci dans un volume intitulé Chronique et procès de la Pucelle (tome IX de la sous-collection des Chroniques d’Enguerrand de Monstrelet).

    Voir : Sommaire du volume

    Jusqu’à l’édition du procès par Quicherat (t. I, 1841), son édition du manuscrit demeurera la seule version imprimée complète du procès de condamnation.

  • 1837

  • Les historiens Joseph-François Michaud et Jean-Joseph-François Poujoulat évoquent le manuscrit dans leur Nouvelle collection des mémoires pour servir à l’histoire de France.

    Après avoir mentionné l’édition de Buchon et la Dissertation de Dubois, ils désignent sans ambage les interrogatoires de Jeanne comme la minute française du procès de condamnation.

    Lire : Notice du ms. 411

  • 1841

  • Michelet s’appuie principalement sur le ms. d’Orléans, dans l’édition de Buchon, pour reconstituer le procès de condamnation dans sa Jeanne d’Arc (tome V de l’Histoire de France).

    Lire : Gustave Rudler, Michelet, historien de Jeanne d’Arc, 1925, p. 57

    C’était, vers 1840, la seule publication qui donnât le procès de condamnation. Michelet l’a pratiquée assidûment, surtout pour les interrogatoires. Il lui a donné la préférence sur le manuscrit [copie du procès, cote U 820 des Archives nationales] et sur Le Brun [de Charmettes, Histoire de Jeanne d’Arc, 1817].

  • 1849

  • Quicherat, dans sa Notice des manuscrits du procès de condamnation (Procès, V), consacre un chapitre à la question du manuscrit d’Orléans et réfute catégoriquement l’idée qu’il s’agisse d’une copie de la minute française. Il qualifie son rédacteur d’abréviateur ou de traducteur anonyme.

    Cette opinion a été vulgarisée par un mémoire de M. Dubois, chanoine d’Orléans… Il importe de la réduire à sa juste valeur.

    Lire : D’une ancienne traduction du procès

    Quicherat, d’après l’édition de Buchon (1827), admet que le rédacteur du ms. d’Orléans s’est servi à la fois du procès latin et de la minute française, mais non d’une version complète de celle-ci, contrairement à ce qu’affirme Dubois : il s’agissait plus probablement du ms. d’Urfé déjà mutilé.

    • Pour les éléments manquants à Urfé (séances d’avant le 3 mars), il montre, exemples à l’appui, que le style d’Orléans diffère nettement du reste, et procède d’une simple traduction du procès latin, présentant tous les défauts d’une mauvaise traduction : contre-sens, omission, platitude.
    • Pour les éléments absents à la fois d’Urfé et du procès latin (réponse de Jeanne sur l’habit d’homme), qui faisaient dire à Dubois qu’Orléans dérivait d’une version complète de la minute, Quicherat déclare que le passage provient en réalité d’un autre manuscrit, dit de Saint-Victor n° 285.
  • 1889

  • Catalogue Cuissard. — Le manuscrit prend la cote n° 518.

    Charles Cuissard (1840-1912), historien et bibliothécaire de la ville d’Orléans.

    Lire : Notice du ms. 518

    Dans un ouvrage sur la Bibliothèque d’Orléans paru quelques années plus tard, il signale la thèse de l’abbé Dubois comme ayant été réfutée.

    L’abbé Dubois, s’efforça, mais inutilement, de prouver que ce volume renfermait la minute française authentique du procès de Jeanne d’Arc.

  • 1900

  • L’historien Alexandre Héron publie deux chroniques de Rouen d’après plusieurs manuscrits, dont le ms. Français 18930 de la BnF, une compilation historique du XVe s. dans lequel il reconnaît la copie d’un abrégé du ms. d’Orléans. Se fiant à Quicherat, il n’accorde guère d’importance au texte, et n’en reproduit que quelques passages.

    Lire : Deux chroniques de Rouen

  • 1920

  • L’historien Pierre Champion, dans sa Notice des manuscrits en tête de son édition du procès de condamnation, adhère entièrement à l’opinion de Quicherat (1849) : Orléans copie Urfé lorsque le texte existe, et traduit le procès latin pour les parties manquantes.

    La reproduction des fautes du ms. de d’Urfé surtout ne laisse aucun doute à ce sujet ; et l’usage de ce manuscrit paraîtra même fort naturel si l’on se rappelle que la translation française fut entreprise sur les ordres de l’amiral Mallet de Graville dont hérita Claude d’Urfé.

    Lire : La translation ancienne

  • 1952

  • Le père Doncœur, dans son édition de la Minute française, réfute point par point les objections et conclusions de Quicherat et Champion, auxquels il reproche notamment de s’être appuyés sur l’édition fautive du ms. d’Orléans par Buchon.

    Lire : Étude critique du manuscrit d’Orléans

    Après avoir établi que le ms. d’Orléans dérivait de la minute française, dont il se trouverait être le témoin le plus complet connu, Doncœur conclut qu’en attendant de retrouver l’original de la minute,

    la confrontation du libellus d’Estivet, du ms. de d’Urfé, et du ms. d’Orléans, nous donne la connaissance la plus approchée de la minute française du procès de condamnation.

    Le libellus désigne le réquisitoire rédigé par le promoteur du procès, Jean d’Estivet, en mars 1431 et inséré dans les actes. Il comporte des extraits des interrogatoires de Jeanne utilisés comme preuves, rédigés dans un latin simple calqué sur le français, qui contraste avec le latin savant du reste du procès. Doncœur y voit donc le plus ancien témoin connu et survivant de la minute française.

  • 1953

  • L’historien Pierre Marot, qui sera nommé directeur de l’École des chartes l’année suivante, dans un compte rendu de l’ouvrage de Doncœur publié dans la Revue d’histoire de l’Église de France, adopte sa position et conclut :

    Désormais, le manuscrit d’Orléans devra être utilisé.

    Lire : La minute française du procès de Jeanne d’Arc

  • 1960

  • L’historien Pierre Tisset publie le premier tome de son édition du Procès de condamnation, en collaboration avec Yvonne Lanhers (archiviste aux Archives nationales et collaboratrice de Doncœur). Tout en affirmant ne pas rejeter les conclusions de Quicherat et Champion, il adhère de fait à celles de Doncœur puisqu’il considère le manuscrit d’Orléans copié soit sur celui d’Urfé alors encore complet, soit sur un ancêtre commun également complet.

    Aussi bien avons-nous pris le parti d’utiliser O (Orléans), pour suppléer en quelque mesure au déficit de U (Urfé), dans les premières séances du procès et les premiers interrogatoires. — (Procès, I, 1960, p. XXVI)

  • 2016

  • Les historiens Pierre Bouet et Olivier Desbordes confrontent, à partir de la minute, les deux traductions latines des interrogatoires, en s’appuyant sur les manuscrits d’Urfé et d’Orléans, deux versions presque intégrales de la minute française.

    Lire : Le latin des interrogatoires de Jeanne d’Arc dans De l’hérétique à la sainte, sous la direction de François Neveux

  • 2019

  • L’historien Olivier Bouzy, tombé en octobre 2009 sur l’ouvrage de Héron (1900), s’empressa d’aller consulter le ms. Français 18930 aux archives. Il y reconnut, non pas un abrégé du ms. d’Orléans, mais un abrégé réalisé d’après une source commune à Orléans.

    Dans sa publication de 2019 consacré au ms. 18930, qu’il étudie et édite in extenso (f° 80v° à 103), il le date de l’année 1492, ce qui le rend antérieur à Orléans et en fait donc le premier témoin de la minute française.

    Lire : La minute française des interrogatoires de Jeanne : un résumé inédit dans le ms. français 18930 de la BnF dans Jeanne d’Arc. Histoire et mythes, sous la direction de Jean-Patrice Boudet et Xavier Hélary ; description du ms. Français 18930 (BnF)

    Dans son article, Bouzy suit Doncœur et tient Orléans comme le plus complet manuscrit de la minute française.

Images (1)

Manuscrit 518 d’Orléans (p. 192 et 193) : texte de l’abjuration de Jeanne d’Arc

(Médiathèque d’orléans)

Références

Catalogues

Septier (1820)

Abbé Armand Septier (1744-1824), Manuscrits de la bibliothèque d’Orleans, Orléans, Rouzeau-Montaut, 1820, p. 225-227, Google.

411. Compilation abrégée des grandes et générales Chroniques, — 1 vol. grand in-4°, 306 pages.

Ce manuscrit est un abrégé de l’histoire de Jeanne d’Arc depuis sa naissance jusqu’à la sentence qui, après la révision du jugement qui avait condamné cette illustre victime, rendit une éclatante et trop tardive justice à sa mémoire et à son innocence.

Ce volume, composé par ordre de Louis XII et de l’amiral de Graville, commence par une relation historique de ce qu’était Jeanne d’Arc, de son départ de Vaucouleurs pour se rendre auprès de Charles VII à Chinon, de la manière dont elle fut reçue par le roi et par son conseil, de la confiance qu’elle inspira à ce monarque après qu’elle lui eut découvert des secrets que lui seul connaissait, de son arrivée à Blois et ensuite à Orléans, de ses différens exploits, des sièges des villes devant lesquelles il fallut passer pour arriver à Reims où le roi fut sacré, et de la manière dont elle fut faite prisonnière de guerre devant Compiègne, livrée aux Anglais et conduite à Rouen. Ici commence, dit l’auteur du manuscrit, la déduction du procès fait par Pierre Cauchon, évêque et comte et pair de Beauvais, en matière de foi, contre une femme nommée Jehanne, vulgairement appelée la Pucelle. Quoique les interrogatoires ne soient pas rendus littéralement, ils sont très-longs ; plusieurs sont tronqués ou omis : les réponses de Jeanne d’Arc ne sont rapportées que sommairement. Il paraît que ce manuscrit n’a pas été fait sur la minute, et qu’il l’a été sur plusieurs copies de ce procès, dans lesquelles il pouvait exister quelques différences.

On trouve avant la sentence de condamnation la cédule que, suivant notre manuscrit, l’évêque de Beauvais et les autres juges disent avoir été faite par Jeanne et signée de sa main.

Lenglet-Dufresnoy observe dans son histoire de la Pucelle, qu’elle ne savait ni lire ni écrire, et qu’elle n’a point fait ni signé la cédule dont nous parlons : mais cette pièce finissant par ces mots, tesmoing mon seing manuel, signé Jehanne, une croix, il est probable que la cédule lui fut présentée avec ces mots écrits, tesmoing mon seing manuel, Jehanne, et qu’elle y mit une croix comme signe d’approbation ; ce qui a pu faire dire qu’elle l’avait signée.

On trouve ensuite la lettre du roi d’Angleterre écrite après l’exécution, le 28 juin 1431, à l’évêque de Beauvais et autres prélats, ducs, comtes et nobles du royaume de France. En justifiant la condamnation de Jeanne d’Arc comme sorcière le gouvernement Anglais attaquait Charles VII, qui s’en était servi. L’auteur du manuscrit, en parlant du procès de révision, dit qu’il serait trop long et ennuyeux pour le lecteur de transmettre les dépositions des témoins, et les articles sur lesquels ils ont déposé. La sentence d’absolution termine ce manuscrit du commencement du seizième siècle sur papier, à longues lignes. Il contient l’essentiel des deux procès, quoiqu’incomplets, et rendus dans la forme historique plus que judiciaire. On ignore comment il était parvenu dans la bibliothèque du chapitre de Sainte-Croix. Il paraît qu’il a appartenu à M. Thiballier, avocat du roi au bailliage d’Orléans.

Cuissard (1889)

Charles Cuissard, Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France, t. XII (Orléans), 1889, Google, Archive

518 (411). Procès de Jeanne d’Arc. — Complainte sur la mort d’Hélène d’Albret.

Au haut du premier fol., on lit : Triballier.

Page 1. Compilation abrégée des grandes et générales chroniques où se trouve le procez de la Pucelle ou de Jeanne d’Arc fait en la ville de Rouen pour ses démérites. Je leur répondz qu’elle fut condampnée et exécutée, mais ce fut iniquement et par envie. Lequel procez j’ay extraict par le commandement du roy Loys XIIme de ce nom et de mons. de Graville, admiral de France.

Page 3. (A)prez ce que j’ay veu et leu, toutes les croniques qu’on appelle les grandes croniques de France, de Froissart, de Monstrelet, de Gaguin et autres...

Page 215. Ensuit la teneur des lettres que le roy d’Angleterre escrivit après l’exécution de la dicte Jehanne.

Pages 285-307. Complaincte du trespas de très noble femme et vertueuse damoyselle Hélène d’Alebret, composé par le commandement de haute et puissante princesse madame sa sœur, madame la comtesse de Nevers, avec un prologue et un épilogue. (476 vers.)

Ung jour estant tout a par moy, lorsque plus est l’esperit a servir apprez......ce que par humble demande luy savoyr très bien requérir.

XVIe siècle (entre 1505 et 1515). Papier. 307 pages. 280 sur 200 millim. Réglé en rouge jusqu’au fol. 110. Rel. veau, doré sur tranche.

519 (411 bis). Minute françoise du procès de condamnation de Jeanne d’Arc, copiée sur le manuscrit 411 (précédent), avec des notes par l’abbé Dubois. 1823. On prouve que le manuscrit 411 contient la minute françoise même du procès.

Copie exécutée par Régnier, sous les yeux de l’abbé Dubois. Signé : Petit-Semonville, 1821.

XIXe siècle. Papier. 331 pages. 310 sur 220 millim. Cartonné.

Pellegrin, Bouhot (2010)

Élisabeth Pellegrin et Jean-Paul Bouhot Catalogue des manuscrits médiévaux de la bibliothèque municipale d’Orléans, CNRS, 2010, p. 535-536, Persée

518 (411) Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d’Arc. Complainte du trépas d’Hélène d’Albret

  • XVIe s. (vers 1519). Papier : (premier texte) filigrane Briquet 9084, lettre S couronnée : Saint Denis, 1518 ; var. similaires : Arras, 1521, Rouen, 1522 ; (second texte, p. 117-284) deux lettres liées, la première indéterminée et C, sans équivalent dans Briquet. III ff. + 308 pages + 1 f. ; 281 × 195 mm ; justification 186 × 132 mm ; 30 lignes par page (p. 1-116), 27 à 36 lignes (p. 117-284) ; justification et réglure à l’encre rouge (p. 1-116), cadre de justification à l’encre rouge (p. 117-284) ; le second texte n’est ni justifié, ni réglé ; une seule main.
  • Composition. 3 folios de garde (f. I-III), 110(12 -2) les deux premiers folios ont été coupés (p. 1-20) ; 212-612 (p. 21-146), 712-1212 (p. 147-284), 134 (p. 285-288), 1410 (p. 289-304), 1 folio de garde. Cahiers signés a-q (signatures parfois rognées ; p-q pour le second texte) ; réclames. Pages restées blanches : 2, 256, 280-284.
  • Décoration. Titre rubriqué de 6 lignes (p. 215), titres et premiers mots de chaque partie en écriture de plus gros module ; place réservée pour une initiale (p. 3), initiales à la plume en début de chapitre, initiale à cadeaux, ornée d’une tête d’homme de profil (p. 207), une autre légèrement ornée à la plume (p. 285). Une ou plusieurs lignes ont été laissées en blanc entre chaque chapitre.
  • Reliure. En veau fauve estampé et doré, avec un rectangle à trois filets orné de fleurs de lys aux quatre coins et comprenant à l’intérieur un rectangle plus petit avec la même décoration de fleurs de lys, avec un petit losange au centre du rectangle ; dos décoré de six étoiles à dix branches entre les nerfs ; tranches dorées et ciselées d’un motif de tresses (XVIe s., 2e quart). Reliure restaurée (dos refait) en 1958 à la BnF à Paris.
  • p. 1-279 : [Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d’Arc] (Titre d’une autre main ajouté dans la marge sup.) : Compilation abregee des grandes generales chroniques ou se trouve le procés de la Pucelle ou de Jeanne Darques fait en la ville de Rouen par les Anglois ; inc. || en la ville de Rouen pour ses demerites. Je leur respondz qu’elle fut condampnee et executee mais ce fut iniquement et par envie, ainsy qu’il est monstré clerement par le procez desdites condempnacion et mesmes de son absolution, lequel j’ay voulu cy apprez metre par escript. (…) Lequel procez j’ay extraict par le commandement du roy Loys XIIme de ce nom et de monseigneur de Graville, admiral de France. Je pry a ceulx qui le vouldront lyre que, se ilz y trouvent quelque faulte ou erreur, ilz leur plaise supporter et pardonner a l’escripvain ; des. (p. 279) : A quoy ilz ont failly entierement partout et pluffort est, ont perdu en bref temps ce que ilz avoyent acquis en plusieurs ans et en grand labeur. Tout vienne a bien / Une aultre foys mieulx / Dieu aydant.

    Ce manuscrit avait été rejeté par Jules Quicherat comme par Pierre Champion. Paul Doncoeur, après une nouvelle étude critique du volume, en montre l’intérêt en particulier pour le texte de la cédule d’abjuration. Ce dernier, différent de la version insérée par Pierre Cauchon dans les grosses du procès, serait authentique. Doncoeur justifie donc l’utilisation du manuscrit d’Orléans dont il publie la plus grande partie. Cette partie du manuscrit a été copiée en 1821-1823 par un certain Regnier sous les yeux de l’abbé Dubois et sous le titre de Minute françoise du procès de condamnation de Jeanne d’Arc : c’est le ms. Orléans, BM 519 (411bis).

  • p. 280-284 : blanches
  • p. 285-307 : [Complainte du trépas d’Hélène d’Albret] ; titre : Complaincte du trespas de tres noble femme et vertueuse damoyselle, damoyselle Helene d’Alebret, composee par le commandement de haulte et puissante princesse madame la contesse de Nevers par ung acteur dont ensuit le prologue ; prologue en prose : Prologue. Ung jour estant tout a par moy lorsque plus est l’esperit a sejour, apprez le convenable humain repoz, en memoire me survint la difference d’ung debat par moy aultreffoys apperceu… ; des. (p. 287) : du debat que j’ay cy dessus allegué pour veoir si chose contempcieuse on pourroit ramener a certaineté de concorde ; p. 288-304 : [Dialogue entre la défunte et sa soeur] en décasyllabes à rimes plates ; inc. En triste deul pleine d’affliction / Trop je languys ayant perfection… ; des. : Plus n’est heure demeurer en ce lieu / Je te remetz en la grace de Dieu ; Epilogue en prose de l’acteur, inc. Considerant les humaines mutacions et diversitez mondaines regnantz sans aulcune forme de stabilité… ; des. (p. 307) : En suppliant celuy dont j’ay prochainement parlé que par octroy te weuille donner ce que par humble demande luy sauroys tresbien requerir.

    Hélène d’Albret, née en 1495, est morte le 28 octobre 1519, tandis que sa soeur Marie (1491-1549), comtesse de Nevers, est devenue veuve en 1521. Le texte du débat est donc contemporain de ces dates, tout comme sa copie (voir les filigranes du papier).

  • Notes de lecteur. à l’encre sur les plats supérieur : … roy… Rafran, et inférieur : Pour rendre a Favelles, à rendre ce livre …/ procureur du roy…/ Rafran qui me le prete ; Thiballier (f. I et p. 1, XVIe-XVIIe s. ; nom d’une famille du Montargeois).
  • Cotes anciennes. 145 (contre-plat inférieur) ; Orléans BM 3 (ibidem, étiquette).
  • Bibliographie.
    • CUISSARD, p. 237 : le date par erreur entre 1505 et 1515, année de la mort de Louis XII ; Mss datés, p. 245 : vers 1519 ;
    • J. QUICHERAT, Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d’Arc, dite la Pucelle, Paris, 1841-1849, t. 5, p. 413-418 ;
    • P. CHAMPION, (éd.), Procès de condamnation, Paris, 1920, p. X-XIV ;
    • P. DONCOEUR, S. J., La minute française des interrogatoires de Jeanne la Pucelle d’après le réquisitoire de Jean d’Estivet [B. N., lat. 5965] et les manuscrits de d’Urfé [B. N., lat 8838] et d’Orléans [518], Melun, 1952 (Documents et recherches relatives à Jeanne la Pucelle, 1), p. 29-38 : étude critique du ms. p. 55-77 : éd. des p. 1-53 du ms., soit la Compilation des chroniques, sur les pages impaires 79-267 et 271-291 (éd. des p. 54-191du ms.), 293-297 (éd. des p. 203-222 du ms.). Il laisse ainsi de côté les p. 192-202 et 222-279 d’Orléans ; Reliures d’Orléans, p. 281, fig. 206, 207, 208 (fers).

Documentation

  • Abbé Armand Septier (1744-1824), Manuscrits de la bibliothèque d’Orleans, Orléans, Rouzeau-Montaut, 1820, Google.

    Cf. notice du ms. 411, p. 225-227. Également, p. 211-225 :

    410. Copie de différentes pièces concernant Jeanne d’Arc, - in-4°, 46 pages. [Suivent : un abrégé de la vie de Jeanne d’Arc et une description des pièces dont une longue étude sur la fête du 8 mai à Orléans.]

  • Buchon, Chronique et procès de la Pucelle, Paris, 1827, Google.

    1. Préface, p. I-LXI

      (p. LVI) En recherchant dans la bibliothèque d’Orléans tout ce qui pouvait avoir quelque rapport avec l’héroïne, libératrice de cette ville, je trouvai sous le n° 411, un manuscrit... [Suivent description et sommaire.]

    2. Manuscrit d’Orléans, p. 1-189 ;
    3. Dissertation de l’abbé Dubois, p. 191-220 ;
    4. Chronique de la Pucelle déjà publiée par Godefroy (p. 223-410).
    5. Appendices (lettre de Guy de Laval, lettres d’annoblissement de la famille d’Arc, etc.)
  • Lottin, Recherches historiques sur la ville d’Orléans, part. I, t. II, Orléans, 1836, p. 258, Google.

    1er décembre, 1713. François Morel, horloger d’Orléans, lègue par son testament, au chapitre de Sainte-Croix de cette ville, son cabinet composé d’estampes et de médailles antiques d’argent, de bronze et de terre cuite, à la condition qu’il serait ouvert au public deux fois par semaine : les chanoines y consentirent, et y réunirent même leur bibliothèque où il y avait déjà plus de 3,000 volumes (8-10 21).

  • Michaud et Poujoulat, Nouvelle collection des mémoires pour servir à l’histoire de France, 1e série, t. III, Paris, 1837, Google.

    (p. 181-182) L’Averdy cite ensuite un manuscrit de la bibliothèque du chapitre d’Orléans, qui contient la chronique et le procès de Jeanne d’Arc. Ce manuscrit, auquel il ne paraît pas donner une grande importance, se trouve actuellement à la Bibliothèque d’Orléans, sous le n° 411, grand in-4°. — Il a été légué, en 1824, par l’abbé Dubois, théologal de l’église de cette ville, et il est imprimé en partie dans le 34e vol. de la collection de M. Buchon, avec des notes du savant abbé, et une dissertation dans laquelle il prouve que ce manuscrit contient la minute française du procès de condamnation ; elle n’est cependant pas encore complète (nous en avons donné plus haut un long extrait). Ce manuscrit renferme : 1° une histoire abrégée de la Pucelle jusqu’au sacre de Charles VII ; 2° les préliminaires de son procès ; 3° la minute française de ce procès jusqu’à la deuxième sentence de condamnation inclusivement ; 4° l’information qui a été faite après la mort de la Pucelle, pour justifier sa condamnation ; 5° la lettre du roi d’Angleterre écrite à tous les évêques, ducs, comtes, etc., pour le même objet ; 6° un abrégé du procès de révision; la sentence d’absolution y est entière. Ce manuscrit est sans nom d’auteur, et l’anonyme dit l’avoir écrit par ordre de Louis XII, et à la prière de l’amiral de Graville.

  • Jules Doinel, Inventaire-sommaire des Archives départementales antérieures à 1790, t. II, Orléans, p. 292, Google

    B. 1161. (Liasse) — 43 pièces, papier. 1715. [...] Description des livres, estampes, médailles, tableaux légués au chapitre de Sainte-Croix, par le feu sieur Morel. [...] Extraits du codicille et testament du sieur François Morel, reçu par Reullon et Godeau, notaires au Châtelet d’Orléans, le 13 avril 1713.

  • Charles Cuissard, Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France, t. XII (Orléans), 1889, Google, Archive

    Voir la Notice du ms. 518, et celle de sa copie ms. 519 (p. 237) :

    519 (411 bis). Minute françoise du procès de condamnation de Jeanne d’Arc, copiée sur le manuscrit 411 (précédent), avec des notes par l’abbé Dubois. 1823. On prouve que le manuscrit 411 contient la minute françoise même du procès.

    Copie exécutée par Régnier, sous les yeux de l’abbé Dubois. Signé : Petit-Semonville, 1821.

    XIXe siècle. Papier. 331 pages. 310 sur 220 millim. Cartonné.

    Notice sur l’ancienne bibliothèque du chapitre (p. II) :

    4°. — Chapitre de Sainte-Croix.

    En 1484, les chanoines firent de leurs livres un inventaire qui n’a point été conservé. On voit à la même époque J. Hue, évêque de Beauvais, leur restituer la Somme d’Alexandre de Halès qui lui avait été prêtée, et, en 1490, les religieux de la Madeleine leur empruntent un psautier. Les accroissements successifs que prit la bibliothèque du Chapitre, par suite du legs de Morel, fait en 1696, et des donations de l’évêque Nicolas-Joseph de Paris, qui accorda cent quarante-huit volumes des Mémoires du clergé, rendirent nécessaire la confection d’un catalogue que les chanoines dressèrent en 1730, et dont une copie nous a été conservée.

    Charles Cuissard, La Bibliothèque d’Orléans : son origine, sa formation, son développement, Orléans, Herluison, 1894, Google

    Notice sur l’ancienne bibliothèque du chapitre (p. 56) :

    IV. — Chapitre de Sainte-Croix.

    Le chapitre de Saint-Pierre-en-Pont possédait une bibliothèque qui conservait, en manuscrit, une traduction des grands hommes de Plutarque, à laquelle avait mis la main et consacré plusieurs années de sa vie Luc Lecoq, chanoine de cette maison. [...]

    (p. 59) La librairie du chapitre était donc déjà considérable au commencement du XVIIIe siècle ; elle fut augmentée par la donation de l’horloger Morel. Sa bibliothèque ne comprenait que 352 volumes, presque tous du seizième siècle ; il ne s’y trouva qu’un seul manuscrit, mais il avait une grande valeur. Ce volume, composé par ordre de Louis XII et de l’amiral de Graville, contient une relation historique de ce qu’était Jeanne d’Arc, de son départ de Vaucouleurs pour se rendre auprès de Charles VII à Chinon, et de la manière dont elle fut reçue par le roi et par son conseil, ses interrogatoires, sa condamnation, et la lettre du roi d’Angleterre, écrite, après l’exécution, à l’évêque de Beauvais et aux autres prélats du royaume de France. (Catalogue de la Bibliothèque publique d’Orléans, n° 411.)

    Ce manuscrit fournit à Deloynes de Talsi, vicaire général et doyen du chapitre, l’occasion d’une notice, insérée, en 1790, au tome III des Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (Vergnaud, Histoire d’Orléans, p. 634.) et l’abbé Dubois, s’efforça, mais inutilement, de prouver que ce volume renfermait la minute française authentique du procès de Jeanne d’Arc.

    Ce qui donnait au legs de Morel une importance plus grande encore, c’étaient 82 volumes d’estampes, 18 portefeuilles de gravures, portant chacun une lettre de l’alphabet, et enfin 1141 médailles, entre autres celle frappée à l’occasion du massacre de la Saint-Barthélemy.

    La seule condition, fixée par le donateur, consistait en ce que ces trésors numismatiques et artistiques devaient être déposés dans une chambre particulière [...] Le nom de ce généreux bienfaiteur fut inscrit à juste titre dans le nécrologe de Sainte-Croix, au 1er décembre, avec cette simple mention : Franciscus Morel, civis Aurelianensis. (Anno 1713, die 16 decembris, capitulum decrevit in posterum dici pro remedio animæ D. Franc. Morel, civis Aurel., qui legavit musæum suum bibliothecæ capituli, missam privatam de defunctis prima durante hac die in perpetuum. Ms. H 3145.)

    Cet agrandissement de la librairie avait été rendu nécessaire par les donations de plusieurs chanoines qui léguérent au chapitre un nombre considérable de volumes. Tels furent, en 1712, Guillon, chantre de la cathédrale, Jousset, curé de l’Alleu-Saint-Mesmin ; en 1735, Gabriel de Mareau, doyen de la cathédrale ; en 1754, Roujoux, sous-chantre, et Nicolas Joseph de Paris, évêque d’Orléans. Ce prélat, qui avait une magnifique bibliothèque, abandonna, entre autres volumes précieux, les Mémoires du clergé qui furent complétés, en 1768, par une dépense de 202 livres. M. de Montmorency, évêque d’Orléans, légua toutes les œuvres de Languet, archevêque de Sens, et, en 1772, le chanoine Cordier fit don de ses livres de théologie et de jurisprudence.

    Un catalogue, dressé au commencement du XVIIIe siècle, contient 2,940 volumes ; d’après le manuscrit H 1302, du milieu de ce même siècle, la bibliothèque du chapitre comptait 4,348 volumes et deux manuscrits. Enfin, pour se conformer aux ordres du gouvernement, les chanoines dressèrent un nouvel inventaire, en 1790, et trouvèrent 4,545 volumes, renfermés dans 20 armoires, et environ un millier de médailles.

    Trois ans après, cette bibliothèque venait se fondre dans le dépôt littéraire réuni chez les Bénédictins de Bonne-Nouvelle, tandis que les médailles et les estampes enrichirent plus tard le Musée.

    L’emplacement de la bibliothèque servit, en 1799, aux séances du tribunal de commerce.

    Les derniers bibliothécaires furent les chanoines Loiseau et Foucher.

    En 1759, le chapitre avait arrêté que la bibliothèque s’ouvrirait au public tous les mardis, de une heure après-midi jusqu’à trois heures, en hiver, et depuis quatre heures jusqu’à six, en été.

  • Généalogie de la famille de Loynes, Orléans, Herluison, 1895, p. 82, Google.

    Charles de Loynes d’Autroche de Talcy, écuyer, seigneur de Charbonnière, baptisé à Saint-Michel le 13 décembre 1722. Docteur en théologie de la Faculté de Paris et de la maison et société de Navarre ; pourvu de l’office de conseiller au bailliage et siège présidial d’Orléans par lettres royales du 27 février 1751 enregistrées le 28 mai suivant ; doyen du chapitre de l’église cathédrale d’Orléans, vicaire général du diocèse, official de l’évêché, archidiacre de Pithiviers ; membre de la société royale d’agriculture. Il fut électeur aux États-Généraux de 1789 et présida en cette occasion le corps du clergé orléanais. Le chapitre de l’église d’Orléans le délégua pour assister à la cérémonie de la Fédération générale, le 14 juillet 17901. Il décéda ex-chanoine à l’âge de 74 ans, à Orléans, enceinte du temple de l’être suprême, section J.-J. Rousseau, le 25 ventôse an III (15 mars 1795).

  • Mémoires de la Société archéologique de l’Orléanais, 1919, extrait d’une Notice sur la collection d’estampes du musée de peinture d’Orléans, p. 91, Gallica.

    Sa véritable origine remonte au généreux legs que fit au chapitre de Sainte-Croix, un marchand horloger nommé François Morel établi à Orléans, rue Porte-Bannier, où il mourut le 1er décembre 1713. [Suit le résumé du procès que fit le chapitre à la veuve de Moral pour prendre possession du legs, accordé par sentence (procès-verbal du 18 mars 1715). Le legs incluait une clause obligeant les chanoine à présenter la collection au public], qui n’avait pas été observée car le 14 juillet 1746, [le procureur du Roi dut intervenir et] les trésors légués par Morel ne furent exposés aux regards du public qu’en 1759. [À la Révolution, l’Assemblée exigea qu’on dressa des inventaires. Le chapitre s’exécuta et son catalogue mentionne] fini le 17 mars 1790.

    (p. 95) Mais bientôt un décret du 8 octobre 1790 défend le costumé religieux ; les congrégations et couvents sont supprimés et leurs bibliothèques et collections d’archives sont réunies dans un dépôt central nommé Dépôt littéraire qui à Orléans fut l’ancienne église des Bénédictins de Bonne-Nouvelle ; elles y furent amoncelées, d’après les récits du temps, sans aucune nomenclature et dans le désordre le plus ignominieux. La bibliothèque de Sainte-Croix qui était ouverte au public résista quelque temps et ne fut réunie au Dépôt Littéraire qu’en 1793 ; à cette époque, l’Église, même Constitutionnelle n’existait plus et ne pouvait la défendre. Peut-on sans tristesse se représenter le sort pitoyable de ces richesses en livres. [...] L’institution du Dépôt Littéraire qui dans la pensée de ses créateurs devait constituer la bibliothèque départementale fut éphémère et celui d’Orléans fut dispersé en diverses circonstances dont le récit sortirait du cadre de notre sujet. Qu’il nous suffise d’indiquer que la création d’une bibliothèque pour la ville ayant été décidée en 1803, elle fut autorisée le 10 avril 1808 à y prélever 20.000 volumes qui avec le fonds Guillaume Prousteau, reconnu propriété de la ville, constituèrent la nouvelle bibliothèque.

    Le catalogue de ces vingt-mille volumes a été dressé et bien qu’il ne fasse pas mention d’estampes, il est certain qu’une collection de gravures devait les accompagner. Ceci résulte d’une lettre que Septier, le premier Conservateur de la bibliothèque d’Orléans, écrivait au baron Pieyre, préfet du Loiret dans les derniers jours du Premier Empire : il lui réclame assez durement les cartes de géographie et les gravures détenues indûment, depuis 1806, par la bibliothèque de la Préfecture et il ajoute : sans permettre aucun inventaire [votre secrétaire intime] a fait enlever par sieur Louis votre portier d’alors, tous les objets légués au public par un citoyen d’Orléans, M. Morel, le dernier oncle de M. Villevêque à qui on ne peut pas contester le droit de demander l’exécution d’un legs dont son père aurait hérité sans la volonté du testateur imprimée en 1777. Les revendications de Septier furent couronnées de succès et les gravures furent restituées à la bibliothèque où elles demeurèrent jusqu’à la fin de 1856.

    En appendice, l’Acte de sépulture de François Morel, p. 124, Gallica.

    Paroisse de Saint Pierre-Ensentelée (d’Orléans). — Acte de sépulture de François Morel (Archives Communales 1607 d’Orléans).

    Le samedy deuxième jour de Décembre de l’an mil-sept-cent-treize a été inhumé dans cette église le corps de Monsieur François Morel, marchand horloger, décédé du jour précédent à l’âge de soixante ans, après avoir reçu le Sacrement d’extrême onction seulement, et non ceux de pénitence et d’Eucharistie, à cause du genre de la maladie. | Fait en présence des parents soussignés, | Signé : LUYER, L. LOYSEAU. DORÉ, prêtre et vicaire.

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