Procès de réhabilitation de Jeanne d’Arc

Paul Pontano (~1417–?)

Jurisconsulte italien, auteur de deux mémoires en faveur de Jeanne d’Arc pour sa réhabilitation.
Œuvres en ligne

Chronologie

  • ~1417

  • Naissance de Paul Pontano (ou Pontanus), issu d’une illustre famille originaire de Cerreto (diocèse de Spolète, Ombrie).

    La famille Pontano fournira d’éminents personnages : les jurisconsultes Louis (1409-1439, mort de la peste au concile de Bâle) et Octave Pontano (?-1460, mort en mission pour Pie II), ou l’homme politique et humaniste Jean-Jovien Pontano (1429-1503) qui fit carrière à Naples (l’académie des science de la ville porte encore son nom : Académie pontanienne).

    Note. — la date de naissance de Pontano est déduite de son élection comme avocat consistorial en 1440, et d’une estimation à 23 ans de l’âge d’élection : Francisco Jiménez de Cisneros (né en 1436, élu en 1459 : à 23 ans) ; Prosper de Sainte-Croix (né le 24 septembre 1514 , élu en 1537 : à 23 ans) ; Marcantonio Maffei (né le 29 novembre 1521, élu en septembre 1547 : à 25 ans).

  • 1440

    (23 ans)
  • Pontano est élu avocat consistorial à Rome (cf. Jacobilli).
  • 1447

    (30 ans)
  • fév.
    Mort du pape Eugène IV ; Nicolas V (50 ans) lui succède.
  • 1451

    (34 ans)
  • 1451–1452

    Enquête sur le procès de Jeanne d’Arc.

    À Rome le cardinal d’Estouteville est nommé légat du pape auprès de Charles VII par Nicolas V (14 août 1451), afin de rétablir la paix avec l’Angleterre.

    Il s’adjoint deux jurisconsultes : Paul Pontano (comme secrétaire de la légation) et Théodore de Lellis, et part pour la France. La mission atteint Lyon le 14 décembre, retrouve Charles VII à Tour en février 1452, et arrive à Rouen fin avril.

    Le cardinal y ouvre alors une enquête canonique sur le procès de 1431, avec l’inquisiteur Jean Bréhal. Les témoins sont convoqués (27 avril) ; cinq premiers sont interrogés (2 et 3 mai). Enjoint de se rendre à Paris sans délais, le cardinal confie l’enquête à Philippe de La Rose (6 mai).

    De Paris le 22 mai, Estouteville écrit au roi que Jean Bréhal et Guillaume Bouillé arrivent pour lui remettre le résultat de l’enquête.

  • 1452

    (35 ans)
  • 9 jun.
    De passage à Orléans, le cardinal accorde des indulgences à l’occasion de la fête traditionnelle du 8 mai ; l’acte est signé Paul Pontano.
  • jul.

    Début juillet, Estouteville retrouve Charles VII à Mehun. Il est décidé que Jean Bréhal poursuivra l’examen du procès en allant recueillir les avis de savants, en France et à l’étranger. L’inquisiteur sollicite Pontanus et Lellis qui rédigent chacun une Consultatio sur le procès.

    Voir : Consultatio de Paul Pontano.

  • 1454

    (37 ans)
  • Jean Bréhal se rend à Rome demander la révision du procès de Jeanne d’Arc. C’est sans doute à cette occasion que Pontano et Lellis remettent leur second mémoire sur la question : une Opinio (Pontanus) et un Summarium (Lellis) (Belon et Balme, p. 50).

    Voir : Opinio de Paul Pontano.

  • 1455

    (38 ans)
  • mar.
    Mort de Nicolas V (57 ans) ; Calixte III (76 ans) lui succède.
  • 11 jun.
    Calixte III signe le rescrit déléguant l’examen du procès de Jeanne d’Arc à l’archevêque de Reims, aux évêques de Paris et de Coutances, et à l’inquisiteur Jean Bréhal.
  • 7 nov. 1455–7 jul. 1456
    Procès de réhabilitation de Jeanne d’Arc. — Après huit mois de procédure, l’archevêque de Reims prononce à Rouen la sentence qui annule le procès de Jeanne d’Arc et réhabilite sa mémoire.

Références

Historiens modernes

  • Ayroles, La Vraie Jeanne d’Arc, t. I, p. 241-260, notice et traduction de sa Consultatio. Il n’analyse pas son Opinio, dont il n’eut connaissance qu’après la publication de son ouvrage.
  • Paul Pontanus ne s’est pas contenté d’écrire le sommaire de la cause que l’on vient de lire ; il a composé un mémoire proprement dit, ignoré de l’auteur de ce volume, avant la publication des Mémoires et consultations en faveur de Jeanne d’Arc (p. 260, note).

Premiers historiens

  • Flavio Biondo (~1488-1463, historien et archéologue italien), Italie illustrée (1474) :

    Flavius Blondus, Italia illustrata, Google (1527, p. 117).

    Il popolo di Ponto, chiamati Pontani, tutto che egli habbia da Cereto origine, egli ha ne dinostri havuit dottissimi huomi, traliquali fu Lodovico dottissimo in legge, e Paolo de la medesima casata et proffessione, advocato concistoriale in Roma.

    [La famille de Ponto, appelé les Pontani, bien qu’originaire de Cerreto, a compté parmi ses membres des hommes très savants, parmi lesquels Louis Pontano, éminent docteur en droit, et Paul Pontano, de la même maison et profession, avocat consistorial à Rome.]

  • Louis Gomez (~1484-1543, juriste espagnol, évêque de Sarno), Commentaires (1540), p. XXVII :

    Ludovicus Gomesius, Commentaria, Google.

    Regula de jure quæsito non tollendo. — Questio Decimatertia : Decimotertio quæro, an per commissionem, per quam Papa declarat, mentis sui prædecessoris fuisse gratiam non fuisse subreptitiam per expressionem falsam familiaritatis tollatur jus quæsitum. Solutio. Paulus Pontanus, olim inter advocatos sui temporis excellens, consuluit, regulam hoc casu non habere locum. Quia per talem commissionem non tollitur jus quæsitum. [...] Videns igitur Andreas se per hujusmodi declaratoriam succumbere, excepit de regula ista, super qua cum Rota dubitaret, datum fuit dictum dubium in quo Pontanus unius partis advocatus, ut dixi, tenuit regulæ non esse locum, ex eo, quia per hujusmodi papæ declaratoriam non videbatur inferri præjudicium considerabile.

    [Règle canonique de ne pas léser un droit acquis. — Question treize. […] Paul Pontano, l’un des avocats les plus éminents de son temps, soutint que la règle ne s’appliquait pas dans ce cas-là. […] André, se voyant succomber à cause de cette déclaration, fit valoir cette règle. La Rote hésita, et soumit la question à Pontano, avocat d’une des parties comme mentionné, lequel soutint que la règle ne s’appliquait pas.]

  • Léandre Albert (1479-1552, historien et théologien dominicain de Bologne), Description de toute l’Italie (1550) :

    F. Leandri Alberti Bononiensis, Descriptio totius Italiæ, Google.

    Infra Ceretum Pons Castellanus est oppidum a Ceretanis conditum, quo Ludovicus excellens legum Doctor, et Paulus item Jureconsultus et consistorialis advocatus orti.

    [Sous Cerreto se trouve le château de Ponte, place fondée par les habitants de la ville ; en sont originaires Louis Pontano, éminent docteur en droit, et Paul Pontano, également juriste et avocat consistorial.]

  • Charles Cartari (archiviste pontifical), Syllabus des avocats du Sacré-Collège, vol. I (1656), p. XLI :

    Carolus Cartharius, Advocatorum sacri Consistorii Syllabum, Google.

    Paulus Pontanus Romanus. Et ipse describitur in Constitutionibus Collegii. De eodem scripsit Blondus Flavius in Italia illustrata de Provincia Umbriæ, seu Ducatu Spoletano. Pontani vero (ait) licet a Cereto originem ducant, aliquot viros per ætatem nostra doctissimos habuerunt, inter quos Ludovicus Jureconsultorum consultissimus fuit ; et ex eadem cognatione, ac professione Paulus Rome Consistorialis Advocatus celeber habetur. Nuncupatur a Gomes. in reg. de non toll. iure quæs. q.13. Paulus Pontanus olim inter Advocatos sui temporis excellens.

    [Paul Pontano le Romain. Il est décrit dans les Constitutions du Collège. Flavio Biondo le mentionne dans son Italie illustrée, lorsqu’il évoque la province de l’Ombrie et le duché de Spolète. La famille Pontano, originaire de Cerreto, a fourni de nombreux érudits, à l’instar de Louis, considéré comme l’un des plus éminents juristes de notre époque. Paul, jurisconsulte comme son parent Louis, fut un célèbre avocat consistorial à Rome. Louis Gomez le cite dans sa Règle canonique de ne pas léser un droit acquis, q. 13. Paul Pontano fut l’un des plus grands avocats de son temps.]

  • Louis Jacobilli (1598-1664, hagiographe et historien italien), Bibliothèque d’Ombrie, vol. I (1658), p. 219 :

    Ludovicus Jacobillus, Bibliotheca Umbriæ, Google.

    Paulus Pontanus Ceretanus (ex Biondo in Ital. Illustrat. de Umbria, et aliis) ex eadem professione, cognatione, et Patria supranominati Ludovici Pontani. Fuit Advocatus Consistorialis, electus an 1440. et inter Juris Consultos sui ævi valde excellens, ut referunt Gomes in reg. non tolli jure quæst. q. 13 et Carolus Cartharius in syllabo fol. 41. Reliquit doctissima Consilia.

    [Paul Pontano, de Cerreto, était d’après l’Italie illustrée de Flavio Biondo et d’autres sources, des mêmes profession, parenté et patrie que le susmentionné Louis Pontano. Il fut élu avocat consistorial en 1440. Tant Louis Gomez (Règle canonique de ne pas léser un droit acquis, q. 13) que Charles Cartari (Syllabus des avocats du Sacré Collège, f° 41) le décrivent comme l’un des plus éminents jurisconsultes de son temps. Il laisse d’excellents avis juridiques [consilia].]

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