Procès de réhabilitation de Jeanne d’Arc

Théodore de Lellis (1428–1466)

Jurisconsulte et prélat italien, auteur de deux mémoires en faveur de Jeanne d’Arc pour sa réhabilitation.
Œuvres en ligne
  • 1428

  • 9 avr.

    Théodore de Lellis naît dans une famille noble de Térame, province des Abruzzes (Italie méridionale).

    Il est un parent du futur saint Camille de Lellis (1550-1614), canonisé par Benoît XIV en 1746.

  • 1447

    (18 ans)
  • fév.
    Mort du pape Eugène IV ; Nicolas V (50 ans) lui succède.
  • ~1450

    (21 ans)
  • D’abord auditeur, puis bientôt juge au tribunal de la Rote, il s’y acquiert promptement une grande réputation.
  • 1451

    (23 ans)
  • déc.

    Légation du cardinal d’Estouteville.

    Avec Paul Pontano (ou Pontanus), autre jurisconsulte du Saint-Siège, il fait partie de la légation du cardinal d’Estouteville envoyée par Nicolas V auprès de Charles VII pour rétablir la paix avec l’Angleterre.

    Ils atteignent Lyon le 14 décembre, retrouvent Charles VII à Tour en février 1452, et arrivent à Rouen fin avril.

  • 1452

    (23 ans)
  • Enquête sur le procès de Jeanne d’Arc.

    Le cardinal ouvre l’enquête canonique sur le procès de 1431 avec l’inquisiteur Jean Bréhal. Les témoins sont convoqués (27 avril) ; cinq premiers sont interrogés (2 et 3 mai). Enjoint de se rendre à Paris sans délais, le cardinal confie l’enquête à Philippe de La Rose (6 mai).

    Après avoir remis l’enquête au roi, le cardinal obtient que l’inquisiteur puisse poursuivre l’examen du procès en allant recueillir les avis de savants, en France et à l’étranger.

    Bréhal sollicite Lellis et Pontanus qui rédigent chacun une Consultatio sur le procès (entre juillet et décembre, avant leur retour à Rome d’après Belon et Balme). De Lyon, l’inquisiteur expédie à Vienne les deux Consultatio accompagné de son Summarium (un sommaire du procès à l’usage des savants qui seront consultés).

    Voir : Consultatio de Théodore de Lellis.

  • 1454

    (25 ans)
  • Bréhal se rend à Rome demander la révision du procès de Jeanne d’Arc. C’est sans doute à cette occasion que Lellis et Pontanus remettent leur second mémoire sur la question : un Summarium (Lellis) et une Opinio (Pontanus) (Belon et Balme, p. 50).

    Voir : Summarium de Théodore de Lellis.

  • 1455

    (26 ans)
  • mar.
    Mort de Nicolas V (57 ans) ; Calixte III (76 ans) lui succède.
  • 11 jun.
    Calixte III signe le rescrit déléguant l’examen du procès de Jeanne d’Arc à l’archevêque de Reims, aux évêques de Paris et de Coutances, et à l’inquisiteur Jean Bréhal.
  • 7 nov. 1455–7 jul. 1456
    Procès de réhabilitation de Jeanne d’Arc. — Après huit mois de procédure, l’archevêque de Reims prononce à Rouen la sentence qui annule le procès de Jeanne d’Arc et réhabilite sa mémoire.
  • 1458

    (29 ans)
  • mar.
    Mort de Calixte III (79 ans) ; Pie II (52 ans) lui succède.
  • 1462

    (33 ans)
  • 15 fév.
    Pie II nomme Théodore de Lellis, évêque de Feltre.
  • 1464

    (36 ans)
  • aoû.
    Mort de Pie II (58 ans) ; Paul II (47 ans) lui succède.
  • 17 sep.
    Paul II transfère de Lellis à l’évêché de Trévise.
  • 1466

    (37 ans)
  • 31 mar.
    Il décède à Rome et est inhumé en l’église Sainte-Marie-Nouvelle (aujourd’hui basilique Sainte-Françoise-Romaine).

Références

Historiens modernes

  • Ayroles, La Vraie Jeanne d’Arc, t. I, p. 261-270, notice et résumé du mémoire.
  • La carrière de Théodore de Lellis fut courte, mais parfaitement remplie. Il mourut à trente-huit ans, en 1465, avant d’avoir pris possession de la dignité de cardinal, par laquelle Paul II voulait récompenser ses éclatants services...

Premiers historiens

  • Alphonse Chacon (1540-1599, dominicain espagnol), Vies et faits des pontifes romains et des cardinaux de l’Église romaine (1601) :

    Alphonsus Ciacconius, Vitæ et res gestæ pontificum Romanorum et Romanæ ecclesiæ cardinalium, Google.

    Créations de cardinaux (p. 961) :

    Creationes cardinalium. — Prima I. Cardinalis creatio. — Anno D. 1464. pont. primo, Romæ papa Paulus II. primo creavit Cardinalem unum is fuit. I. Theodorus Lælius, Episcopus Tarvisinus, qui obiit ante adeptum pileum.

    L’année du Seigneur 1464, à Rome, première de son pontificat, le pape Paul II créa un premier cardinal, Théodore de Lellis, évêque de Trévise, qui décéda avant d’avoir reçu son chapeau de cardinal.

    Cardinaux décédés sous le pontificat du pape Paul II (p. 964) :

    Cardinales mortui sub pontificatu Pauli Papæ II. — Theodorus Lælius, Episcopus Tarvisinus, persb. Card. obiit Romæ ante adeptum pileum, an. 1464 pont. I. sepultus ad s. Mariam Novam.

    Théodore de Lellis, évêque de Trévise, prêtre cardinal, mourut à Rome avant d’avoir reçu la coiffe, l’année 1464, première du pontificat. Il fut inhumé à Sainte-Marie nouvelle.

  • Abraham Bzowski (1567-1637, dominicain polonais), Annales ecclésiastiques, t. XVII (1625) :

    Abrahamus Bzovius, Annales Ecclesiastici, t. XVII, Google, p. 966.

    Christi 1466. — XI. Obitus Episcopi Tarvisini, Viri doctrina et integritate conspicui. — Dum hæc Pontifici suggereret Papiensis, subinde deflebat mortem Theodori Lælii, Episcopi Tarvisini, ejusque virtutes et res gestas ad cœlum vehebat. Digna lectu est ejus epistola, quam ea de re Cadinali Nicæno scripsit : Miseri quid sumus Nicæne ? ait, aut quo recidunt conatus nostri? Vapori est simile, quod vivimus : floremus mane, et transimus ; vespere decidimus, atque arescimus.

    Décès de l’Évêque de Trévise, homme remarquable par sa doctrine et son intégrité. — Le cardinal de Pavie pleura abondamment la mort de Théodore de Lellis, évêque de Trévise, en louant ses vertus et ses exploits. Sa lettre à Jean Bessarion, cardinal de Nicée, mérite la lecture : Que nous sommes malheureux, Nicée !

  • Ferdinand Ughelli (1595-1670, moine cistercien italien), Italie sacrée, vol. 5 (1653) :

    Ferdinando Ughello, Italia sacra, Google (2e édition, 1720).

    Sur les évêques de Feltre (éd. 1720, col. 375-376) :

    34. Theodorus Lelius f, seu de Lellis nobili familia Interamnæ Aprutinæ natus, juris prudentissimus, Pii II. familiaris et clarus, ita ut illum suam cytharam appellare soleret, ab ipso fuit adlectus Feltrensis Episcopus anno 1462. Indeque illum Paulus II. æque a se dilectum, ad Tarvisi nam transtulit Ecclesiam 1465. quo ipso anno excessit e vivis. De quo infra in Episcopis Tarvisinis. Nostris temporibus pie obiit Pater Camillus de Lellis Theodori gentilis, Patrum Clericorum Regularium, vulgo, del ben morire, institutor, cujus vita scripta extat. Gregorius de Himberg, qui temporibus Pie II. vixit, in Apologia pro Sigismundo Archiduce Austriæ adversus hunc Lelium Episcopum Feltrensem (incompte eum pulsans) argute dixit : O Feltrum grossum Feltrensi populo dignum ! ea adlusione pro feltro pannum grossum, seu tegumentum, e pilis ruditer coactis significans. Ita ex Gerardo Vossio lib. 2. de vitiis serm. ver. feltrum Lucentius.)

    Théodore Lelius ou de Lellis, né dans la noble famille Lelius à Térame, était un jurisconsulte chevronné et célèbre, familier de Pie II qui l’appelait sa lyre. Ce dernier le nomma évêque de Feltre par Pie II en 1462. Paul II, également très attaché à lui, le nomma évêque de Trévise en 1465 ; année où il mourut. (Voir l’article sur les évêques de Trévise.) Le père Camille de Lellis [1550-1614], fondateur de l’Ordre des Clercs réguliers [pour les malades], communément appelé del ben morire (de bien mourir), décédé récemment, est parent de Théodore de Lellis. Grégoire de Heimburg [~1400-1472], contemporain de Pie II, dans son Apologie pour Sigismond, archiduc d’Autriche, et contre l’évêque de Feltre (où il le critique ouvertement), écrit malicieusement : Ô feutre grossier digne du peuple de Feltre ! ; il y joue sur l’homonymie entre Feltrum (feutre : une étoffe ou couverture épaisse faite de poils grossiers) et Feltria (Feltre). Extrait de Gérard Vossius, De vitiis sermonis, livre IV, Google.

    Sur les évêques de Trévise (éd. 1720, col. 564-565) :

    66. Theodorus Lælius b, seu de Lellis, nobilis Interamnensis Aprutinæ provinciæ civis, ex Rom. Rotæ Auditore, Episc. Tarvisinus, sub Pontificibus Pio II. laude prudentiæ, doctrinæque celeberrimus fuit. Itaque sub Pio II. Veneti Senatus justissimam causam egit contra Sigsimundum Ducem Austriæ, usque ad victoriam. Cum Ludovico Galliarum Rege de gravissimis rebus felici conatu transegit : inde Philippum Burgundiæ Ducem compulit, ut Regem Galliæ veneraretur ut Dominum. Hussitas hæreticos domuit, coegitque Georgium Principem Bohemum, Palatinumque Rheni, Sigismundum Austriæ Ducem eorundem ejurare sœdissimos errores. Itaque reversus Romam, a Pio II. omni significatione honoris dicitur fuisse exceptus. Nec deinde minorem gratiam collegit apud Paulum II. Pontificem, qui ut Theodorum, gravissimo morbo tentatum, ægritudine levaret, languenti spem purpuræ injecit, quæ tamen non modo anhelanti non discussit languorem, sed etiam ad præproperum fatum visa est impulisse, repetente scilicet divino Numine a Theodoro poenas, qui Paulum Pontificem in exordio sui Pontificatus suis persuasionibus, quæ pollicitus jurejurando fuerat, adduxerat non præstare : quo ipse celerius Cardinalitiam dignitatem assequeretur, ut Papiensis author est in commentariis. Cæterum si ejus assequendæ dignitatis ardentiori illa siti, ideoque præpostera, Lælius caruisset, futurum erat, ut pro virtutum oraculo haberetur, qui tantum triginta, et octo natus annos adeo consulte Romanæ Aulæ difficiliora negotia expediret. Ejus laudes cum lachrymis, quas verus affectus expresserat, complexus est idem Papiensis in Epistola ad Cardinaleni Nicænum, cum ex ejus obitu a Romana sede acceptum incommodum commemoraret. Inter alia ingenii monumenta, quæ reliquit, Apologia fœderis Venetorum, et Sigismundi Austriæ Ducis habetur præcipua, tum gratulatio pro Pio II. ad Venetorum Ducem. Orationes quinque. Elegantiores plures Epistolæ tum Pauli II. nomine, tum suo scriptæ ad Papiensem Cardinalem, Franciscum Philelphum, et alios. Grammatica etiam, cujus meminit bibliotheca universalis, ac quædam scripta adversus Gregorium Heimbergium. Roma decessit anno 1464 (1466 pridie Kal. Aprilis). sepultusque est apud S. Mariam Novam ad medium Ecclesiæ sub marmorea tabula, ubi hæc inscriptio legitur : Theodoro Lælio Tarvisino Episcopo ; Divini, Humanique juris consultissimo, ac Pauli II. Pontificis Max. Referendario qui vixit ann. XXXVII. mens. XI. die XXII. Gaspar Lælius faciendum curavit M. CD. LXVI. Viget adhuc ejus familia Neapoli, et Theate, quam vulgus de Lellis appellat. Franciscus Baroccius, nobilis Venetus, Bergomensis Canonicus, in Consistorio habito die 17. Aprilis 1466. promotus est ad Tarvisinam Ecclesiam vacantem per obitum Theodori ; cujus etiam testimonium extat in Ciaconiano Opere. Nec deest ejus memoria in Episcopali archivo. Nam liber, cui titulus Hebenus Visitationum, legenda exhibet visitationem per eum factam pagi vulgo dicti Sanbughe x. Kal. Majas anni 1467. De cessit anno 1471. Scottus)

    Théodore Lélius ou de Lellis, issu de la noblesse de Térame, province des Abruzzes, ancien auditeur de la Rote à Rome, évêque de Trévise sous Pie II. Il fut célèbre pour sa sagesse et sa doctrine. Sous Pie II, il plaida devant le Sénat vénitien avec succès contre Sigismond, duc d’Autriche. Il intervint dans les affaires de Louis [XI], roi de France, et obtint que le duc Philippe de Bourgogne le reconnaisse comme son suzerain. Il combatit les hérétiques hussites et contraignit le roi Georges de Bohême, le comte palatin du Rhin et le duc d’Autriche à renoncer à leurs pires erreurs. De retour à Rome, Théodore Lélius aurait été accueilli par Pie II avec tous les honneurs. Il recueillit également les faveurs du pape Paul II ; et lorsque ce dernier le vit gravement malade, il lui laissa entrevoir la pourpre cardinalice. Mais l’espoir de cette élévation, loin de dissiper la maladie, sembla hâter son précoce destin. Le cardinal de Pavie [Jacques Ammanati, 1422-1479], dans ses Commentaires, suggère que sa mort fut le châtiment divin pour avoir réclamé la dignité cardinale à Paul II, au début de son pontificat. Sans cette ambition déplacée, il aurait été considéré comme un oracle de vertus. À seulement trente-huit ans, il traitait avec une sagacité remarquable les affaires les plus complexes de la cour romaine. Au lendemain de sa mort, le cardinal de Pavie lui rendait hommage et pleurait sa perte pour le Saint-Siège dans une lettre au cardinal de Nicée. Parmi les monuments de son génie, ses principaux sont une Apologie de Venise contre le duc d’Autriche et une Éloge de Pie II au duc de Venise. Il est l’auteur de cinq Oraisons ; de plusieurs élégantes épîtres, tant en son nom qu’en celui de Paul II, au cardinal de Pavie, à François Philelphe [1398-1481], etc. ; d’une Grammaire, dont parle la Bibliothèque universelle ; et de quelques écrits contre Grégoire de Heimburg [~1400-1472]. Il mourut à Rome en 1464 (la veille des calendes d’avril 1466 [soit le 31 mars]) et fut enterré en l’église Sainte-Marie nouvelle, sous une dalle de marbre avec l’inscription : Théodore Lélius, évêque de Trévise, éminent juriste en droit canon et civil, référendaire du pape Paul II, qui vécut 37 ans, 11 mois, et 22 jours [d’où une naissance le 9 avril 1428]. Fait par Gaspar Lélius en l’an 1466. Sa famille vit toujours à Naples et à Teate [Chieti], et porte le nom : de Lellis. François Barozzi, noble vénitien, chanoine de Bergame, lui succéda comme évêque de Trévise le 17 avril 1466.

  • Abraham Bzowski (1567-1637, dominicain polonais), Annales ecclésiastiques, t. XVII (1625) :

    Abrahamus Bzovius, Annales Ecclesiastici, t. XVII, Google, p. 966.

    Christi 1466. — XI. Obitus Episcopi Tarvisini, Viri doctrina et integritate conspicui. — Dum hæc Pontifici suggereret Papiensis, subinde deflebat mortem Theodori Lælii, Episcopi Tarvisini, ejusque virtutes et res gestas ad cœlum vehebat. Digna lectu est ejus epistola, quam ea de re Cadinali Nicæno scripsit : Miseri quid sumus Nicæne ? ait, aut quo recidunt conatus nostri? Vapori est simile, quod vivimus : floremus mane, et transimus ; vespere decidimus, atque arescimus.

    Décès de l’Évêque de Trévise, homme remarquable par sa doctrine et son intégrité. — Le cardinal de Pavie pleura abondamment la mort de Théodore de Lellis, évêque de Trévise, en louant ses vertus et ses exploits. Sa lettre à Jean Bessarion, cardinal de Nicée, mérite la lecture : Que nous sommes malheureux, Nicée !

  • Alphonse Chacon (1540-1599) et Augustin Oldoini (1612-1683, son continuateur), Vies et faits des pontifes romains, t. II (1677) :

    Alphonsus Ciacconius, Augustinus Oldoinus, Vitæ et res gestæ pontificum Romanorum, t. II, Google, p. 1115.

    An 1464. — XI. Theodorum Lælium Episcopum Tarvisinum inter Cardinales a Paulo II. renuntiatos recensent Panvinius, et Ciaconius, qui addit, antequam pileum rubrum fuisset adeptus, decessisse, et morti assuisse Paulum, qui piis adhortationibus, et signis charitatis urgentem mali vim temperare conatus.

    Année 1464. XI. Onuphre Panvino (Panvinius) et Alphonse Chacon (Ciaconius) recensent Théodore de Lellis, évêque de Trévise, parmi les cardinaux créés par Paul II ; ils ajoutent que celui-ci mourut avant d’avoir reçu le chapeau rouge, ce qui affliga Paul, qui s’efforça de tempérer sa douleur par de pieuses exhortations et des marques de charité… (Est également reproduite la lettre du cardinal de Pavie à Bessarion.

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