Bibliographie : 1785-1816 : Jeunesse
Ressources bibliographiques (Presse, livres)
Biographies généralistes (publiées du vivant de Le Brun de Charmettes)
- Biographie nouvelle (1823)
- Biographie universelle et portative (1826) : assez fournie, réputée fiable car contrôlée par les intéressés (quoi qu’on y trouve de nombreuses erreurs ou approximations concernant Le Brun comme l’origine Lorraine de la famille).
- France littéraire (1833)
- Chroniques percheronnes (1840)
- Gazette de France (1848)
- Nouvelle Biographie générale (1859)
1785-1816
Nouvelle bibliothèque des romans (1804)
Parution du Château de Neville, traduction anonyme généralement attribuée à Le Brun du roman épistolaire Neville Castle (1802) des sœurs Purbeck (Elizabeth et Jane).
Source : Nouvelle bibliothèque des romans, etc. ; par une Société de Gens de Lettres. 6e année, t. VIIe, À Paris, au Bureau, chez Demonville, imprimeur-libraire, rue Christine, n° 12 et chez Dentu, imprimeur-libraire, Palais du Tribunat, galeries de bois, no. 240. AN XII. 1804.
(Lien : Google Books.)
Le Château de Neville, roman traduit de l’anglais, par M. R*** de Ch***, en deux volumes in-12 ; à Paris, chez Lenormant, libraire, rue Saint-Germain-l’Auxerrois, n° 24 ; prix de Paris, 3 fr., franc de port par la poste, 4 fr. 23 c.
Recension anglaise de Neville Castle (1802).
The Critical Review, or, Annals of Literature, by a society of gentlemen, vol. XXXVIII. London, Printed by and for S. Hamilton, Falcon-court, Fleet-street. 1803.
(Lien : Google Books.)
Neville Castle ; or, the generous Cambrians. A Novel, in Four Volumes. 12mo. 4s. Boards. Dutton. 1802.
We find ourselves much disposed to bestow commendation on the author of this performance, for having taken the part of an order of society which is generally treated with uncommon rigour and illiberality ; we mean the sisterhood of antiquated virgins. Mrs. Arabella Neville is made a most amiable and engaging woman, although an old maid who had been disappointed of a husband early in life. Of the other characters, we have nothing commendatory to offer : they are neither new nor interesting. […]
[Nota. Sur les sœurs Purbeck, un court article de 1822 paru dans le Gentleman’s Magazine, lire.]
Journal des débats (16 janvier 1805)
Annonce de la traduction des poèmes de Goldsmith et d’Ossian.
(Lien : Retronews.)
Le Village abandonnée, poème d’Olivier Goldsmith ; les chants de Selma et Oithona, poèmes d’Ossian, traduits en vers français par P. A. L***. Un petit vol. in-18, avec fig. Prix 1 fr., et 1 fr. 25 c. par la poste.
À Paris, chez Hénée imprimeur, rue S.-André-des-Arcs, n° 2, ancien logement de feu M. Knapen ; Demoraine, libraire rue du Petit-Pont, n° 97 ; Delaunay, libraire, palais du Tribunat, 2e galerie de bois, n° 243.
Journal de Paris (13 février 1805)
Même annonce.
(Lien : Retronews.)
Le Village abandonné, poème d’Olivier Goldsmith ; les Chants de Selma et Oithona poèmes d’Ossian, traduits en vers français, par P. A. L***, brochure de 69 pag. d’impression. […]
Télégraphe Littéraire (14 février 1805) 25 Pluviôse, an 13.
Même annonce.
(Lien : Google Books.)
Le Village abandonné, poème d’Olivier Goldsmith ; les Chants de Selma et Oithona poèmes d’Ossian, traduits en vers français, par P. A. L***. Chez Hénée…
Journal de Paris (12 mars 1805) Mardi 21 Ventôse, an XIII
Recension positive de la traduction de Goldsmith, moins de celle d’Ossian.
(Lien : Retronews.)
Le Village abandonné. — Les jeunes poètes y font presque tous leur premier pèlerinage. Ce petit poème de Goldsmith est connu en France par une foule de traductions, et gagnerait peut-être à ne l’être que par celle-ci.
On y remarque cependant quelques négligences, comme dans ces vers :
Il fut jadis un temps heureux pour l’Angleterre,
Où l’homme s’attachait a cultiver la terre,
Qui donnait à ses soins légers, mais soutenus,
Les besoins de la vie, et ne donnaient rien plus.
[…]
Pour lui, nul malheureux, nourri de pleurs amers,
Ne descend dans la mine, ou plonge dans les mers.
Je cite des fautes, parce qu’elles font rares, et que l’auteur a montré un vrai talent dans les principaux morceaux de ce poème si remarquable par l’heureuse variété des scènes, la vérité des images, la grâce simple des expressions, la douce mélancolie du sujet, et tous les avantages du but que Goldsmith se proposait, en composant cet ouvrage.
Je n’en dirai pas autant de la traduction des deux morceaux d’Ossian. Au reste, j’ai vu Ossian encore plus maltraité dans quelques traductions nouvelles. Ossian est aussi une victime trop abandonnée aux jeunes poètes. Ossian est, en poète, le Torse antique. Ce qu’on voit, est admiré par les maîtres qui regrettent ce qui est perdu ; mais les élèves se sentent le courage d’imiter ce qui reste, et même de suppléer à ce qui manque. C’est aujourd’hui, plus que jamais, qu’il faut, par une jouit sévérité, faire rentrer chaque genre dans ses bornes ; ce n’est plus la timidité qu’il s’agit d’encourager, c’est la hardiesse que l’on doit éclairer ; l’une arrête le talent, mais l’autre l’égare. Nous avons encore de grandes richesses en littérature ; nous avons tout, excepté de l’ordre. Tout est pêle-mêle aux portes, il est temps d’emménager.
Yorick.
La Clef du cabinet des souverains (31 mai 1805)
Recension de la traduction des poèmes de Goldsmith et d’Ossian. (La Clef du cabinet des souverains était un quotidien fondé en 1797 par Charles-Joseph Panckoucke).
Le critique aurait préféré de la poésie grecque ou romaine plutôt qu’anglaise ; il juge le travail un peu hâtif, mais termine par une note positive :
[M. L***] est jeune, c’est sans doute un premier essai, et l’on peut concevoir d’heureuses espérance.
(Lien : Retronews.)
Le Village abandonné, poème d’Olivier Goldsmith ; les chants de Selma et Oithona ; poèmes d’Ossian, traduits en vers français, par P. A. L***.
Les anciens mythologues racontaient que les oiseaux qui voltigeaient sur le tombeau d’Orphée, y éprouvaient une espèce d’inspiration, et que leurs chants devenaient plus harmonieux : si ces mêmes oiseaux s’étaient arrêtés sur le tombeau de quelque barde écossais, leur chant n’eut été qu’un mélange de sons rauques et de sifflements aigus. Voilà ce qu’il faut rappeler quelquefois à ces jeunes poètes, qui, au lieu d’étudier les anciens, se livrera à l’imitation des poètes anglais.
M. de Kleist, célèbre poète allemand, disait à ses compatriotes : L’Angleterre a produit quelques grands poètes ; mais la Grèce et Rome en ont donné au monde de beaucoup plus grands. Nous mêmes nous nous élèverons, lorsqu’au lieu d’imiter les Anglais, nous imiterons les Romains et les Grecs. Les poètes anglais accumulent les épithètes et les métaphores ; ils expriment des pensées communes en termes emphatiques ; il sont peu fidèles à la nature.
(Des Herrn von Kleist sämtliche Werke, Berlin, 1782, p. 160.)
Je regarde comme un malheur pour M. L*** d’avoir pris Ossian pour l’objet de ses premières imitations : son goût en sera moins pur ; c’est ainsi qu’une première passion influe sur les mœurs de la vie entière. Peut-on regarder comme un morceau de poésie ce fragment d’arbre généalogique, où les noms de Minona, de Colma, d’Ullin, d’Alpin, de Ryno, de Monan, etc., se présentent tour-à-tour et presque toujours à la rime.
D’une voix triste et plaintive,
Ainsi chantait Minona.
Nos cœurs étaient émue, nette oreille attentive,
Nos larmes coulaient pour Colma.
[… Suivent une vingtaine de vers jusqu’à :]
Comme le glaive d’Oscar.
C’est avec raison que Boileau regrettait les cendres poétiques d’Illion, et qu’il voulait en poésie des noms harmonieux. Il aurait dit à Macpherson, comme à Scuderi,
Ô le plaisant projet d’un poète ignorant !
Qui de tant de héros va choisir Childelrand.
M. L*** a choisi un meilleur guide lorsqu’il a traduit le Village abandonné, de Goldsmith : c’est un morceau de poésie extrêmement estimé ; on y retrouve l’élégance et l’harmonie de Popé. Un libraire offrit cent guinées du manuscrit de ce poème : l’auteur refusa de les recevoir : Ce serait, dit-il, cinq schillings par couple de vers, et je n’en connais pas qui vaillent ce prix.
Cependant les éditions de ce poème eurent un débit si rapide, que le libraire, enrichi par leur succès, remit les cent guinées à Goldsmith, et lui dut encore de la reconnaissance.
M. Léonard a donné une imitation du Village abandonné ; M. Delille en a transporté quelques tableaux dans son Homme des Champs : c’était une difficulté de plus ajoutée à celle que le nouveau traducteur avait à vaincre. Il s’est attaché à rendre exactement le sens de son auteur ; sa version est fidèle, mais elle n’est pas toujours aussi poétique que l’original. Goldsmith avait mis deux ans à composer ce poème, qui a quatre cents vers ; peut-être M. L*** aurait-il mieux réussi s’il avait mis plus de temps à le traduire ; mais il est jeune, c’est sans doute un premier essai, et l’on peut concevoir d’heureuses espérance de celui qui a écrit ces vers :
Déjà s’étend partout la dévastation
Et le règne éternel de la destruction ;
[… Suivent une trentaine de vers jusqu’à :]
Prête à la vérité ton aimable langage.
Revue philosophique, littéraire et politique (mars-juin 1805)
Analyse globalement positive et qui se veut encourageante :
Cette traduction n’est qu’un essai ; mais elle peut faire concevoir quelques espérances du talent de l’auteur, lorsqu’il sera mûri par le temps et fortifié par le travail.
Elle se termine pourtant par ce vers caustique :
On fait de l’Ossian quand on veut, et du Virgile quand on peut.
(Lien : Google Books.)
Le Village abandonné, poème d’Olivier Goldsmith ; les Chants de Selma et d’Oithona, poème d’Ossian, traduits en vers français ; par P. A. L*** Petit in-12 de 72 pages d’impression. Chez Hénée, imprimeur, rue Saint André-des-Arcs, n° 2 ; Delaunay, libraire, Palais du Tribunat, aux galeries de bois, n° 243, etc.
Nous avons rendu compte, il y a deux décades, d’une traduction nouvelle de la célèbre Élégie de Gray sur un cimetière de campagne.
Le Village abandonné, petit poème d’Olivier Goldsmith, est aussi connu, et n’a peut-être pas été moins traduit tant en prose qu’en vers. Nous en connaissons au moins quatre traductions, en prose, imprimées.
En vers, nous croyons qu’il n’en a été donné jusqu’à présent que des imitations. La première qui ait paru est une paraphrase par le chevalier de Rutlidge, qui en fit un poème en deux chants, sous le titre du Retour du Philosophe, ou le Village abandonné. C’est un ouvrage assez médiocre, dans lequel l’imitateur a pris la liberté d’ajouter à l’original, sans l’enrichir ; cependant cette imitation fut envoyée par l’auteur à Goldsmith, qui vivait encore [il est mort en 1774], et le poète anglais se crut obligé d’écrire une lettre de remerciement et de félicitation à son imitateur français.
Léonard a tiré de ce poème une idylle qu’il a nommée : Le Village détruit. C’est un petit tableau agréable et touchant dont le fond appartient tout entier à Goldsmith.
M. Monvel fils en a publié, il y a quelques années une imitation (voir la Décade, n° 21, 30 germinal de l’an IX).
M. L*** en donne aujourd’hui une traduction complète et que sans doute il a voulu rendre fidèle.
Il annonce son ouvrage avec beaucoup de modestie, comme un essai de traduction, travail d’un jeune homme qui fait les premiers pas dans la carrière poétique
.
Le poème de Goldsmith est extrêmement connu ; on sait qu’il a pour but de combattre l’excès du luxe, l’amour de l’or, l’esprit de trafic et de commerce ; d’y opposer les avantages de la vie agricole, source des véritables richesses. Cette leçon, qu’il a peut-être exagérée, convient surtout au pays pour lequel le poète écrivait.
La morale et, pour ainsi dire, la substance de son poème se trouve dans ces six vers :
I’ll fares the land, to hast’ning ills a prey
Where wealth accumulates, and men decay ;
Princes and lords may flourish, or may fade ;
A breath can make them, as a breath has made ;
But a bold peasantry, their country’s pride,
When once destroy’d, can never be supply’d.
Voici comme ils sont traduits par M. L*** :
Quand l’homme s’affaiblit dans sa prospérité,
Les champs perdent leur gloire et leur félicité.
Comme ils peuvent tomber, les grands peuvent renaître,
Un souffle les ranime ; il leur a donné l’être ;
Mais une fois détruit, tous nos soins, tous nos vœux
Ne sauraient reproduire ce peuple industrieux.
Cette traduction n’est point assez exacte, et ne rend pas suffisamment le sens de l’auteur. Voici littéralement ce que disent les vers anglais :
Il touche à sa ruine et va devenir la proie de mille maux, le pays où la richesse s’accumule, et où les hommes diminuent ; les princes et les grands peuvent tantôt fleurir et tantôt s’éclipser ; un souffle les a faits ; un souffle peut les refaire ; mais une race vigoureuse de paysans, l’orgueil du pays, détruite une fois, n’est jamais reproduite.
Nous avons vu ces six vers traduits plus exactement, de la manière suivante :
Malheureux le pays, avide de faux biens,
Qui gagne des trésors et perd des citoyens !
Les princes et les grands s’élèvent, disparaissent ;
Un souffle les détruit, et d’un souffle ils renaissent ;
Mais les bons laboureurs, noble appui des États,
Une fois moissonnés, ne refleurissent pas.
Le mérite du poète anglais est d’avoir réuni dans son petit poème des pensées justes et fortes, des sentiments profonds et des détails naïfs, des tableaux enchanteurs par leurs grâces simples et naturelles.
Notre langue se prête difficilement à cette grande simplicité ; par exemple, dans les vers que nous venons de citer, a bold peasantry
, une hardie paysannerie, est une expression trop basse pour notre poésie dédaigneuse. Molière a bien pu faire dire à Georges Dandin : J’eusse mieux fait de m’allier en bonne et franche paysannerie…
Mais ce mot ne passerait jamais dans des vers français, d’un genre un peu élevé.
Voici un petit morceau dans lequel le traducteur nous paraît avoir assez bien réussi à conserver le ton mélancolique et sentimental de son original :
Lorsque les laboureurs revenaient au village,
Errant sur la colline, à travers le feuillage,
J’écoutais du hameau le murmure enchanteur.
Aux sons l’éloignement donnait plus de douceur.
La réponse du pâtre au chant de la laitière,
Des troupeaux rassemblés la voix mâle et guerrière,
Les cris pleins de fierté des cygnes sur les eaux,
Les cris des écoliers libres de leurs travaux,
Les aboiements des chiens au souffle du zéphyr,
Et des joyeux bergers les longs éclats de rire,
Tous ces sons confondus, jusques à moi conduits,
Remplissaient les repos du doux chantre des nuits.
Mais à présent, nul son dans les airs ne s’élance ;
Nulle voix de ces lieux n’interrompt le silence :
Sur les chemins déserts nuls pas de sont tracés ;
De leurs toits paternels les pasteurs sont chassés ;
Tous ont fui. Cette veuve est seule demeurée
Pour dire aux voyageurs les maux de la contrée ;
Mais vivra-t-elle, hélas ! jusqu’au prochain printemps,
Solitaire, forcée, au déclin de ses ans,
Pour apaiser sa faim, d’arracher avec peine
Le cresson que nourrit le bord de la fontaine,
D’assembler quelques bois épars dans le hallier,
Et de chercher le soir un toit hospitalier !
Les portraits du curé et du magister du village sont des morceaux très connus, et que tous les imitateurs n’ont pas manqué de reproduire. M. Delille se les est, en quelque sorte, appropriés par la manière dont il les a imités dans son Homme des Champs. Mais en les embellissant peut être par les ornements qu’il leur a prêtés, il n’a pas conservé, on peut le dire, le charme qui résulte de la simplicité de l’original, qui tantôt s’élève jusqu’au ton sublime, et tantôt redescend à l’enjouement le plus gracieux, et à une légère et innocente raillerie.
Le traducteur avoue que l’idée de traiter ces morceaux après M. Delille l’avait presque découragé. Désespérant de pouvoir atteindre au même degré de talent poétique, il a pris le sage parti de viser au mérite de l’exactitude ; et il a traduit assez fidèlement ces morceaux, si pourtant c’est traduire fidèlement qu’affaiblir presque toujours, et rendre des vers charmants par des vers faciles, mais pâles, dans lesquels il y a peu de chose à reprendre, et peu de chose à louer.
Mais enfin le ton de l’ouvrage est assez égal ; les incorrections n’y sont pas fréquentes ; il y en a cependant, telles que celles-ci :
Pour lui, nul malheureux, nourri de pleurs amers
Ne descend dans la mine ou plonge dans les mers.
Il faudrait pour l’exactitude : ou ne plonge.
Il levait chaque obstacle, écartait chaque doute
Qui repoussaient des cieux dont il montrait la route.
Le verbe repoussaient demande un régime ou complément direct.
Cette traduction n’est qu’un essai ; mais elle peut faire concevoir quelques espérances du talent de l’auteur, lorsqu’il sera mûri par le temps et fortifié par le travail.
Nous croyons qu’il n’a pas choisi un aussi bon modèle que Goldsmith, lorsqu’il a traduit deux morceaux du prétendu Ossian. C’est encore un sujet de dispute en Angleterre, de savoir si cet Ossian a existé ou si les poésies que Macpherson lui a attribuées ne sont pas de Macpherson lui-même. Quel qu’en soit l’auteur, ce genre de poésies, presque toujours amphigourique, gigantesque et faux, ne peut plaire à ceux qui aiment à se nourrir des belles littératures grecque, latine, italienne, française. Nous aimons mieux
Ulysse, Agamemnon, Oreste, Idoménée,
Hélène, Ménélas, Paris, Hector, Énée.
et même
Renaud, Argant, Tancrède et sa maîtresse,
Que Gaul, Oithona, Nuat et Duromath !
Et d’ailleurs les fils de l’Océan, les fils des nuages, les fils des rivages, les fils des forêts, les fils de la douleur nous paraissent former d’assez ridicules familles. Nous ne conseillerons jamais aux jeunes gens de fréquenter les palais de Dunlathmon ni d’aborder l’île de Tromathon ! Il vaut mieux aller
Aux rives du Scamandre
Réveiller d’Ilion la poétique cendre !…
Là tous les noms heureux semblent faits pour les vers.
Ce boursouflage qu’on prend pour de la grandeur, ces tournures forcées qui peuvent étonner quelquefois, mais qui ne touchent jamais, gâtent trop quelques morceaux véritablement beaux qu’on trouve de loin à loin dans ces poésies. De longtemps Gaul, fils de Morni, ne fera tort à Achille, fils de Pélée, ni à Télémaque fils d’Ulysse. Ceux-ci sont plus connus et méritent beaucoup mieux de l’être. Rappelons toujours ce que dit le très-judicieux Voltaire :
On fait de l’Ossian quand on veut, et du Virgile quand on peut.
Almanach des Muses (1806)
Recension des œuvres littéraires de l’année 1805.
(Lien : Google Books.)
Le Village abandonné, poème d’Olivier Goldsmith ; les Chants de Selma et d’Oithona, poème d’Ossian, traduits en vers français ; par P. A. L. Paris, Hénée, […]
Début d’un jeune homme qui paraît avoir de l’oreille et de la sensibilité ; mais qui profiterait plus en traduisant Homère, Virgile et Horace qu’en traduisant Ossian.
Histoire de la révolution de Naples (1807)
Traduction depuis l’italien de l’Histoire de la révolution de Naples de Vincenzo Cuoco (original : Saggio storico sulla rivoluzione di Napoli, à Milan, 1802).
Le nom du traducteur n’est pas donné, mais la Biographie universelle et portative (1826), considérée comme fiable car rédigée autant que possible en collaboration avec l’intéressé, l’attribue à Le Brun, lire.
(Google Books : Éd. française, Éd. italienne.)
Histoire de la révolution de Naples, par l’auteur du Voyage de Platon, en Italie, traduite de l’Italien sur la seconde édition.
Cedo, cur vostram rempublicam tantam perdidistis tam cito ? [Allons, pourquoi votre république a-t-elle péri aussi promptement ?] P. A. p. Cicéron, de Senectute.
Paris, chez Léopold Collin, Libraire, rue Gît-le-cœur, n° 4.
Journal de Paris (5 novembre 1807)
Compte-rendu de l’Histoire de la révolution de Naples.
(Lien : Retronews.)
Nouvelles des sciences, des lettres et des arts. — L’auteur italien d’une Histoire récente de révolution de Naples (un vol, in-8°. Chez Léopold Collin, rue Gît-le-Cœur, n° 4. Prix 5 f., 6 f. 50 c. par la poste) fait sur les révoltions en général des réflexions qui nous ont paru fort sages, et qu’il serait bon de remettre souvent sous les yeux de tous les jeunes écrivains, qui prennent leur zèle pour du talent, et croient qu’on peut écrire l’histoire aussi facilement qu’un article de journal. Nous en citions quelques passages :
Les grandes révolutions politiques occupent dans l’histoire des hommes la même place que tiennent les phénomènes physiques dans l’histoire de la nature. Pendant quelques siècles, les générations se succèdent comme les jours de l’année ; elles offrent les mêmes hommes sous des noms divers, et il suffit d’en connaître une pour les connaître toutes. Un événement extraordinaire vient rompre cette uniformité, et donner une nouvelle vie à ces générations engourdies. De nouveaux objets se présentent à nos regards ; et c’est souvent au milieu du désordre général qui menace de détruire une nation entière, que l’observateur peut juger le mieux de son caractère et de ses mœurs.
Mais une catastrophe physique est ordinairement observée avec plus d’exactitude, et décrite avec plus d’impartialité qu’une catastrophe politique. Dans celle-ci, quand l’esprit veut juger, il est souvent maîtrisé par le cœur ; et le récit d’événement qui intéressaient le genre humain, ne forme plus que la satire ou le panégyrique de quelques hommes. Trop près encore des événements que nous avons à raconter, accablés par le nombre des faits, il nous est difficile d’envisager l’ensemble ; nous ignorons les causes ; nous ne pouvons séparer nos affections de nos jugements ; et croyant écrire pour la postérité, nous n’écrivons que pour notre parti, etc.
Tous les bons esprits ne pensent pas autrement. Aussi les bons esprits témoins malheureux d’une révolution, ne s’occupent qu à recueillir les faits les plus importais, et laissent à la génération suivante le soin de les mettre en ordre, et la peine de les juger. (Nous reparlerons de cet ouvrage.)
Journal de l’Empire (25 avril 1808)
Annonce du Château de Neville.
(Lien : Retronews.)
Le Château de Neville, roman traduit de l’anglais par M. R*** de Chot. Deux vol. in-12. Prit 3 fr., et 4 fr. 25 cent. par la poste. Chez le Normant.
Moniteur universel (28 octobre 1810)
Dix ans avant la première édition de l’Orléanide (1819), le Moniteur publie un premier fragment de ce poème inédit
, signé : L. B. de C.
Les vers n’ont quasiment pas été remaniés pour l’édition de 1819 (les quelques variantes sont indiquées en gris), et, fait remarquable, Le Brun s’est senti obligé d’ajouter des notes historiques (la dernière : Tous ces détails sont historiques.
) qui démontre sa volonté de justifier son poème en l’appuyant sur les faits. Son Histoire de Jeanne d’Arc, qu’il publiera en amont (1817) du poème entier (1819), relève sans doute de la même intention.
(Lien : Retronews.)
Poésie. — Fragment de l’Orléanide, poème inédit.
Neuvième chant.
Assaut du boulevard du fort des Tournelles.
Mais Montague (1) a donné le signal des batailles.
Des Tournelles soudain le hardi boulevard,
Voit sur lui l’ennemi fondre de toute part.
Sur les murs d’Orléans le bronze gronde et tonne.
Par l’orage assailli l’Anglais d’abord s’étonne :
Suffolk, Pôle, Héron, Lancelot, Glacidas,
Raniment par leurs cris l’ardeur de leurs soldats.
Au pied au Boulevard à grands pas ils s’avancent,
Et, d’échelles armés, vers le sommet s’élancent.
Les chevaliers français, se pressant sur le bord,
Des lances à la main en défendent l’abord.
Les Anglais, de leurs coups pour parer la tempête,
D’une main soutenant leur pavois sur leur tête,
De l’autre, s’attachant aux échelons glissants,
À la bouche portaient leurs glaives impuissants :
De pierres et de dards une grêle bruyante
Accable incessamment leur phalange imprudente [ondoyante, dans l’éd. 1819] :
Toujours luttant, toujours à grand bruit repoussés,
Sur l’échelle tremblante ils demeurent pressés :
L’un chancelle et frémit, l’autre tombe ; et le reste
S’obstine, pour subir un destin plus funeste,
Ils parviennent au faite… y touchent un instant…
Malheureux ! des Français la lance vous attend.
À peine ils ont paru, comme frappés du foudre,
Tous ces nouveaux Titans ont roulé dans la poudre.
Audacieux Arthur, d’un fer cruel percé,
Au pied du boulevard le voila renversé !
La pâleur du trépas s’étend sur ton visage.
Ah ! quel démon jaloux pour ce fatal rivage
Te fit abandonner tes forêts, tes champarts ? [Te fit abandonner tes antiques remparts, éd. 1819]
L’œil morne, le front pâle, et les cheveux épars,
Je vois la tendre Emma, chaque jour sut la rive
S’asseoir près d’un rocher, et, d’une voix plaintive,
Redemander aux vents, redemander aux flots,
Son amant, son époux, son appui, son héros :
Sur des bords étrangers dort son amant fidèle ;
Et les flots et les vents gémissent autour d’elle…
Non loin d’Arthur, Cambden, Andrew et Catesby,
L’aimable Cléveland et l’insolent Derby,
Que Thouars [Villars, éd. 1819] et Courras du rempart précipitent,
Mortellement blessés, sur l’arène palpitent,
Et sentent lentement leurs forces s’envoler,
Et leur sang et leur vie ensemble s’écouler,
Tels, par les flots grondants jetés sur le rivage,
Des habitants de l’onde, au pied d’un roc sauvage,
Sur le sable brûlant, au hasard dispersés,
Des traits ardents du jour languissent oppressés.
La lance de Chabannes accable Coverdale,
Le fougueux Cavendish et le beau Lauderdale. [Guitry blessé repousse Argyl et Lauderdale, éd. 1819]
Près de lui, La Chapelle abat Cibber, Atham,
L’ingénieux Cléland et le cruel Bentham.
Mais qui pourrait compter la foule gémissante
Qu’immole de Poton (2) la lance triomphante ! [foudroyante, éd. 1819]
Là, roule Cumberland, frappé d’un coup mortel ;
Dans la visière atteint, l’astrologue Érastel
Tombe, et perd à la fois la lumière et la vie.
À l’aspect de sa chute, Elphinstone s’écrie :
Dans sa bouche béante, en dépit du pavois,
Le fer arrête ensemble et la vie et la voix.
Renversé, le fier Blount à l’échelle tremblante
Reste attaché, les bras et la tête pendante,
Et de ses cris aigus fait retentir les airs.
Le superbe Athelstan, fier enfant des déserts,
Fléchissant sous le poids d’une roche ennemie,
Au pied du boulevard se prosterne en furie.
Des Anglais effrayés l’assaut se ralentit ;
Leur orgueil est dompté, leur ardeur s’amortit,
Montague en frémissant contemple leur défaite.
Il fait au son du cor proclamer la retraite,
Rassemble ses guerriers dans le tumulte épars,
Et les range en bataille à l’aspect des remparts,
À la juste distance où, d’un essor rapide,
Peut atteindre le vol d’une flèche homicide.
Alors sont amenés vingt instruments de mort,
Que l’enfer inventa, que reçut sans remords
Un guerrier [mortel, éd. 1819] affamé de sang et de ruines :
Les courts passe-volants, les longues couleuvrines,
Les bombardes, lançant, vomissant dans les airs [Les bombardes, lançant à grand bruit dans les airs, éd. 1819]
Des chaînes, des carreaux, les rochers des déserts,
Dans la main des guerriers la mèche ardente fume :
Le signal est donné ; le salpêtre s’allume,
De sa sombre prison s’échappe avec fureur,
Et chasse devant lui la mort et la terreur.
Aux tonnerres anglais nos tonnerres répondent ;
Les globes destructeurs se croisent, se confondent ;
Partout tombent les morts l’un sur l’autre entassés.
Sous les murs d’Orléans près du fleuve placés,
Riffard et Montargis (3) font, de l’autre rivage,
Parmi les rangs anglais un horrible ravage.
[12 vers ont été intercalés ici dans l’éd. 1819]
Intrépide Lorrain, qui sus les diriger,
Qui, toujours froid et calme au milieu du danger,
En lançant sur l’Anglais la foudre vengeresse,
Signalas ta valeur en semble et ton adresse,
Mes vers trop dédaigneux, dans un injuste oubli,
Laisseraient-ils son nom languir enseveli ?
Non : quiconque brilla sur les bords de la Loire,
Doit dans mes chants guerriers trouver sa part de gloire ;
Et ton modeste nom, parmi les noms fameux,
À l’immortalité peut-être ira comme eux.
La France à l’humble Jean ne doit pas moins d’hommage
Qu’à ces fiers chevaliers dont les vaines images
De l’ange du trépas semblent braver la faux,
Et commander encor du haut de leurs tombeaux.
Ravie à nos tyrans (4), sa funeste science
Ne fut que l’instrument d’une juste vengeance ;
Sa main fut innocente en s’en armant contre eux ;
Son art était perfide, et son cœur généreux.
Cependant sous les coups, de la foudre ennemie,
Du boulevard tremblant la masse entière plie.
Les pieux, les jeunes troncs [les longs rameaux, éd. 1819] l’un dans l’autre enlacés,
Qui soutenaient le poids des terrains entassés,
Se brisent en éclats, s’écartent, se dispersent,
Sous les pieds des Français s’écroulent, se renversent, [Sous les pieds des Français les vieux troncs se renversent, éd. 1819]
Les entraînent en foule, et retombent [retombant, éd. 1819] sur eux,
Accablent de leur poids ces guerriers généreux.
À demi fracassés quelques-uns se relèvent ;
Les Anglais accourus à grands coups les achèvent.
Leurs lances à travers les débris escarpés
Cherchent les malheureux au trépas échappés.
Ainsi meurent Ambrun, Buzinval et Fougère,
L’inconstant Châtelux et le sage Surgère,
L’intrépide Rhéon [Brezé, éd. 1819], le fougueux Moncelard [Maugiron, éd. 1819],
Charius [Rhéon, éd. 1819], Gomide, Évry, Brésolle, Robersart [Polastron, éd. 1819],
Et Montferrand, l’honneur de l’antique Toulouse, [Et Villèle honoré dans la sainte Toulouse, éd. 1819]
Et Raymond, qu’en bannit sa marâtre jalouse,
Et le joyeux [brillant, éd. 1819] Chevreuse, et le triste Limouts,
Déjà frappé de mort en perdant ses amours.
Montague rend l’essor à sa chevalerie.
Sur la brèche aussitôt s’élancent en furie
Les enfants d’Albion, plus fougueux, plus pressés
que les flots à grand bruit sur nos rives poussés,
Lorsque de l’Océan, qu’un flux nouveau soulève,
La masse toute entière en bouillonnant s’élève.
Tout marche confondu, chevaliers et soldats.
Halsate, Évreux, [Guerrard, Moulins, éd. 1819] Héron, Lancelot, Glacidas,
Gray, Suffolk, Pôle, Escalle, et l’armée à leur suite,
Montent vers les Français… Aucun ne prend la fuite ;
Tous au poste d’honneur ont juré de mourir.
Mais Gaucourt leur prescrit de vivre et de souffrir :
Dans l’enceinte du fort le clairon les rappelle.
Ils cèdent à regret à cette loi cruelle,
Et, trompés dans leur vœux, quittent en gémissant
Ces informes débris arrosés de leur sang.
Des Tournelles sur eux se referment les portes.
Anglais et Bourguignons, invincibles cohortes !
S’écrie alors Montague, achevez, foudroyez,
Renvoyez de ce bord (5) les Français effrayés.
Il n’est point aux vaillants de murs inaccessibles,
Amis, ne laissons pas à ces guerriers terribles
Le temps de revenir de leur étonnement ;
Profitons du désordre et de l’abattement
Où leurs nouveaux revers ont jeté ces rebelles,
Et renversons sur eux ces fatales Tournelles !
Il dit, le téméraire ! et touche à son cercueil,
Ivre d’un vain succès, enflé d’un fol orgueil,
Il néglige le soin, méprise l’avantage
De s’ouvrir par la brèche un facile passage.
Du boulevard conquis, ses bataillons nombreux,
Descendent à-la-fois dans le fossé fangeux,
Le comblent de débris, de sable, de fascines,
De troncs et de rochers trouvés dans les ruines :
Bientôt le boulevard, à grand bruit démoli,
Dans son propre berceau retombe enseveli.
Déjà de tout côtés, au sommet des Tournelles,
S’élèvent à l’envi d’innombrables échelles.
La Chapelle, l’ami du farouche Averton, [La Chapelle s’écrie et le premier accourt :, éd. 1819]
Thouars, Courras, Chabannes, Gaucourt et Poton, [Guitry, Poton, Chabannes, et Couras, et Gaucourt,, éd. 1819]
Reparaissent ensemble au haut de la muraille,
Et sur les assaillant pleut l’horrible mitraille.
[8 vers ont été intercalés ici dans l’éd. 1819]
L’Anglais est repoussé de vingt lieux à la fois.
Ô sexe généreux ! tairai-je tes exploits ?
Non : si mes vers un jour vivent dans la mémoire,
Mes vers à nos neveux parleront de [rappelleront, éd. 1819] ta gloire.
Désertant leurs foyers (6), au sommet des remparts
Les femmes d’Orléans courent de toutes parts :
Les unes, l’arc en main, de mille traits rapides
Accablent d’Albion les brigands homicides ;
D’autres, qu’anime un zèle, un courroux plus bouillant,
À coups de lance, ailleurs, repoussent l’assaillant ;
[Les 6 vers suivants :]
Dans des vases d’airain, sur des flammes ardentes,
D’autres tiennent longtemps des matières mordantes,
S’approchent, et, d’un bras par leur haine affermi,
Épanchent à grands flots, versent sur l’ennemi
Des torrents enflammés de poix et de bitume,
Et l’huile qui dévore, et la chaux qui consume ;
[Sont remplacés par ces 8-là :]
D’autres sur l’ennemi font tout à coup descendre
Des nuages brûlants de chaux vive et de cendre,
Des torrents enflammés d’huile ardente et de poix ;
D’autres sur vingt brasiers allumés à la fois
Font rougir à l’envi de larges fers de lance,
D’épais cercles de fer, qu’aussitôt leur main lance
Jusqu’au milieu des rangs ondoyants et pressés
Qui, descendus en foule en ces vastes fossés,
Ne trouvent sous ces murs, au lieu de palmes vaines,
Que d’horribles douleurs et d’accablantes chaînes.
Celles-ci, d’un front calme, au sommet des remparts
S’avancent à travers les flèches et les dards :
Leurs innocentes mains n’apportent point la guerre :
Ces anges par le ciel envoyés sur la terre,
Des blessés, des mourants apaisent les douleurs,
Leur donnent des secours, des conseils et des pleurs,
Chassent les vains désirs et les craintes frivoles :
Le désespoir s’enfuit au son de leurs paroles,
Et l’homme raffermi par leur dernier adieu, [Et l’âme s’élevant sur des ailes de feu,, éd. 1819]
De leurs vœux entouré, s’élève jusqu’à Dieu. [S’envole consolée au séjour de son Dieu., éd. 1819]
Ô magique pouvoir des vertus, du courage,
Qui vous refuserait un éclatant hommage !
Des Français, abattus par leurs nouveaux malheurs,
Cet exemple sublime a ranimé les cœurs :
Soudain, comme domptés par d’invincibles charmes,
Les monstres de l’enfer laissent tomber leurs armes ;
Des enfants d’Albion les rangs impétueux
Reculent en poussant des cris tumultueux.
Mais l’affreux Glacidas s’écrie : Allez, infâmes !
Allez, femmes sans cœur, fuyez devant des femmes !
Hâtez-vous, et craignez que volant sur vos pas,
Ces vaillants ennemis d’un indigne trépas
Ne fassent aux moins prompts expier leur paresse !…
Lâches ! craignez du moins que ma main vengeresse
Ne venge, en répandant votre sang odieux, [Dans votre indigne sang n’efface sous leurs yeux, éd. 1819]
L’affront que l’Angleterre a reçu dans ces lieux !
Il dit : et reprenant ton audace et sa rage,
L’enfer aux assaillant rend un nouveau courage.
Au pied du mur sanglant ils s’avancent encor :
Et pour les soutenir dans leur rapide essor,
En cent lieux de nouveau les échelles se dressent.
De leur part, sur les murs les assiégés se pressent.
À travers les créneaux vaillamment défendus,
Mille coups sont portés, reçus, parés, rendus.
L’un résiste à l’orage, et plus loin l’autre y cède ;
Dès qu’un assaillant tombe, un autre lui succède ;
Partout pleuvent les morts aussitôt remplacés.
De nombreux ennemis sur l’échelle entassés,
Combattaient, n’écoutant qu’une aveugle furie :
Trop faible, tout à coup l’échelle cède, crie,
Se brise ; et l’un sur l’autre ils tombent à la fois :
Accablés, fracassés, écrasés sous le poids,
Leurs hurlements affreux jusqu’aux cieux retentissent :
Sur eux des assaillants les pas s’appesantissent,
Et leurs corps palpitants, sanglants et déchirés,
Pour monter à l’assaut sont les premiers degrés.
L. B. de. C.
(1) Thomas Montague, comte de Salisbury, général de l’armée anglaise.
(2) Poton de Xaintrailles, qui, selon la chronique du siège, fit en effet des prodiges de valeur en défendant le boulevard et le fort des Tournelles.
(3) Noms de deux pièces d’artillerie qui contribuèrent beaucoup à la défense de la ville.
(4) Les Anglais durent leurs succès dans ce siècle à leurs archers, à l’artillerie, dont ils nous apprirent l’usage, et aux soldats gascons qui formaient le tiers de leurs armée.
(5) Les Anglais attaquaient en ce moment Orléans par le midi, afin de couper les communications avec le roi. Le fort des Tournelles défendait la tête du pont d’Orléans et facilitait ces communications.
(6) Tous ces détails sont historiques.
Moniteur universel (18 août 1815)
Nomination à la sous-préfecture de Saint-Calais.
(Lien : Retronews.)
Louis, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre,
À tous ceux qui ces présentes verront, salut :
Sur le rapport de notre garde-des-sceaux, ministre secrétaire d’État au département de la justice. Avons ordonné et ordonnons ce qui suit :
[Suivent les nomination des nouveaux présidents des cour de Toulouse, Montpellier, Dijon, Amiens.]
Donné à Paris en notre château des Tuileries, le 14 août 1815, et de notre règne le vingt-unième. Signé : Louis. Par le Roi, Le garde-des-sceaux de France […], Signé : Pasquier.
[…] Par ordonnance du 15 août, […] S. M. a nommé M. Lebrun de Charmettes, sous-préfet de l’arrondissement de Saint-Calais, département de la Sarthe.
Journal des débats (18 août 1815)
Nomination à la sous-préfecture de Saint-Calais.
(Lien : Retronews.)
M. Lebrun de Charmettes est nommé sous-préfet de l’arrondissement de Saint-Calais, département de la Sarthe.
O’Donnel ou l’Irlande
(1815)
Parution de O’Donnel ou l’Irlande, histoire nationale, traduction française de O’Donnel : a national tale (1814) de lady Morgan, 3 vol. in-12, chez Le Normant.
O’Donnel ou l’Irlande, histoire nationale, par Miss Owenson, aujourd’hui Lady Morgan, auteur d’Ida l’Athénienne, du Missionnaire, etc., dédiée à sa grâce William Spencer Cavendish, duc de Devonshire, etc., etc., et traduite de l’Anglais par Le Brun de Charmettes. Paris, Le Normant, imprimeur-libraire, 1815.
[Une correspondance entre Lady Morgan et la vicomtesse de Ruolz, 1816-1817, pourrait suggérer que Lady Morgan connaissait Le Brun, du moins qu’ils étaient en contact. Ci-dessous, extrait d’une description de cette correspondance par la Revue des Autographes (1889).]
Titre complet : Revue des autographes, des curiosités de l’histoire et de la biographie, n° 223 (juin 1899).
(Lien : Katabase.)
Très intéressante correspondance. Elle lui propose de traduire ses deux romans qui n’ont point paru en français, St-Clair ou l’Héritière de Desmond et la Novice de St-Dominique. Elle lui adresse sa dernière production, O’Donnel, M. Le Brun de Charmettes va le traduire aux Débats.
[La suite concerne son séjour en France et l’ouvrage qu’elle en tira. Voir ci-après.]
Réflexions sur son voyage à Paris ; le matin, elle conversait avec les boutiquiers de la rue St-Denis ; l’après-dînée, elle prenait le thé à la cour ; le soir, elle était invitée à un dîner constitutionnel, quel contraste avec la situation de l’Irlande : Nous voilà plongé dans un détresse universal et inouï, jusque ce moment ; plus que des murmures contre le gouvernement ; le peuple est enragé.
Elle se rappelle au souvenir de M. de Feletz. Elle se plaint du retard apporté à la traduction de sa Novice de St. Dominique. On a abrégé et mal traduit son voyage en France ; elle craint qu’on n’ouvre et retienne les lettres adressées à son amie ; elle parle, en terminant, du poète anglais Moore, de Manfred, de lord Byron. Les lettres non datées ont été écrites durant le voyage en France de lady Morgan, en 1816 ; elle y parle de lady Hardwich, de Madame de Colbert Chabannes ; des princesses de la Trémoille, de Craon, de Hénin ; de la marquise de Chabanais, du duc d’Orléans (Louis-Philippe).
Bibliographie de la France (14 octobre 1815)
Indexation d’O’Donnel.
(Lien : Gallica.)
2487. O’Donnel, ou l’Irlande, histoire nationale, par miss Owenson, aujourd’hui lady Morgan, auteur d’Ida l’Athénienne, du Missionnaire, etc., traduit de l’anglais, par Lebrun des Charmettes. Trois vol. in-12, ensemble de 45 feuilles. Imprim. de le Normant, à Paris. Prix : 8 fr.
Étrennes lyriques pour l’année 1817 (novembre 1816)
Publication du poème Estelle de Le Brun.
(Lien : Gallica.)
Estelle.
Romance pastorale.
Viens amie
Tant chérie,
Ne suis heureux, qu’arec toi.
Quel rivage,
Quel bocage
Te retiennent loin de moi !
En des terres
Étrangères,
Fuyant un encens trompeur,
Mon Estelle
Pourra-t-elle
Me garder toujours son cœur ?
La fidèle
Pastourelle
Tremble loin de son ami ;
L’imprudente,
Qui s’absente,
Est infidèle à demi.
Reviens vite ;
Quitte, quitte
Ces effroyables climats
Où la rose,
Fraîche éclose,
Languit au sein des frimats.
Lebrun de Charmettes.
[Nota. — la revue de l’année 1816 a publié le poème signé Lebrun : La Vérité dans la solitude. Est-ce le nôtre ?]
La Bibliographie de la France l’indexe dans son numéro du 16 novembre 1816.
(Lien : Gallica.)
3220. Étrennes lyriques (pour l’année 1817, XXXVIe année). In-18 de 6 feuilles. Impr. Richomme, à Paris. À Paris, chez Janet.
Almanach (pour l’année 1816)
Composition de la préfecture du département de la Sarthe.
Ouvrage intéressant qui fournit toutes sortes d’informations : écart entre heure légale et heure solaire ; années depuis la fondation de Rome (2591), la venue de Jésus (1816), l’Hégire des Musulmans (1230 années lunaires) ; date des éclipses (dont une éclipse partielle visible à Paris, le 10 juin) ; calendrier de l’heure du lever et du coucher du soleil et de la lune ; chronologie des rois de France ; nom des princes d’Europe, des cardinaux, des ambassadeurs, des ministres, des membres du gouvernement, etc.
Titre complet : Almanach royal pour l’année bissextile M. DCCC. XVI., présenté à sa majesté par Testu. À Paris, chez Testu et Cie, rue Hautefeuille, n° 13, imprimeur de LL. AA. SS. Mgr le duc d’Orléans et Mgr le prince de Condé.
(Lien : Retronews.)
Département de la Sarthe. — C’est un des quatre que forment le Maine et l’Anjou. […] Sa population est de 410,380 individus ; il est divisé en quatre arrondissements communaux. Ce département, qui a cinq membres à élire à la Chambre des Députés, est compris dans la vingt-et-unième division militaire, la sixième conservation des forêts, le diocèse du Mans, et ressortit à la Cour royale d’Angers.
Préfecture :
M. Jules Pasquier, Préfet, au Mans ; M. Rast-des-Armands, Secrétaire-général ; Conseil de Préfecture, composé de quatre membres : MM. Espaulart, Chesneau-Desportes, Leballeur, Petey.
Arrondissement du Mans. — Pop., 138.657 indiv. ; Chef-lieux des Justices de paix : Ballon, Conlie, Ecommoy, Loué, Mans (le) ; trois Justices de paix : Montfort, Sillé-le-Guillaume, Suze (la).
Sous-Préfectures :
- Arrondissement de la Flèche. — Pop., 84,995 indiv. ; M. de la Bouillerie, Sous-Préfet, à la Flèche. Chef-lieux des Justices de paix : Brulon, Flèche (la), Lude (le), Malicorne, Mayet, Pontvallain, Sablé.
- Arrondissement de Mamers. — Pop., 120,398 indiv. ; M. Contencin fils, Sous-Préfet, à Mamers. Chef-lieux des Justices de paix : Beaumont-sur-Sarthe, Bonnétable, Ferté-Bernard (la), Fresnay, Lafresnaye, Mamers, Marolles-les-Braux, Montmirail, Saint-Paterne, Tuffé.
- Arrondissement de Saint-Calais. — Pop., 66,330 indiv. ; M. Lebrun de Charmettes, Sous-Préfet, à Saint-Calais. Chef-lieux des Justices de paix : Bouloire, Chartre (la), Château-du-Loir, Grand-Lucé (le), Saint-Calais, Vibraye.