#Voyage vers Chinon
17 témoins :
- Louis de Martigny
- Bertrand Lacloppe
- Jean Colin
- Jean de Metz
- Geoffroy de Foug
- Durand Laxart, l’oncle de Jeanne
- Catherine
- Henri Le Royer
- Albert d’Ourches
- Bertrand de Poulengy
- Louis de Coutes, page de Jeanne
- Gobert Thibaut
- Marguerite La Touroulde
- Jean Pasquerel, aumônier de Jeanne
- Simon Charles
- Jean Moreau, habitant de Rouen originaire d’un village proche de Domrémy
- Husson Lemaistre, habitant de Rouen originaire d’un village proche de Domrémy
Louis de Martigny
- Enquête au lieu de naissance de Jeanne (29 janvier 1456)
A entendu dire que, quand elle voulut aller en France, elle alla voir le seigneur bailli de Chaumont [Baudricourt] et ensuite le seigneur duc de Lorraine ; et le seigneur duc lui donna un cheval et de l’argent ; et ensuite les nommés Bertrand de Poulengy, Jean de Metz, Jean de Dieuleward et Colet de Vienne la conduisirent vers le roi.
Bertrand Lacloppe
- Enquête au lieu de naissance de Jeanne (29 janvier 1456)
Un homme de Burey-le-Petit vint au village de Domrémy pour chercher Jeannette, et il la conduisit à Vaucouleurs pour parler au bailli [Baudricourt, bailli de Chaumont]. A entendu dire que ce bailli l’envoya au roi.
Jean Colin
- Enquête au lieu de naissance de Jeanne (30 janvier 1456)
Il vit Jeanne à Vaucouleurs, quand elle voulut aller en France, et la vit monter sur un cheval quand elle se mit en route ; il y avait avec elle Bertrand de Poulengy, Jean de Metz, Colet de Vienne, écuyers et sergents de Robert de Baudricourt.
Jean de Metz
- Enquête au lieu de naissance de Jeanne (31 janvier 1456)
Le témoin et Bertrand de Poulengy la conduisirent au roi à Chinon, à leur frais, avec deux serviteurs, Colet de Vienne, messager royal, et un certain Richard l’Archier.
Ils chevauchèrent 11 jours, parfois de nuit par crainte des Anglais et des Bourguignons.
Chaque nuit Jeanne, Bertrand et lui couchaient côte-à-côte ; Jeanne gardait son pourpoint et ses chausses, mais il la craignait tellement qu’il n’aurait pas osé la solliciter, et n’eut jamais de désir ni de mouvement charnel.
Ainsi voyagèrent-ils le plus secrètement possible. Une fois arrivé à Chinon, ils la présentèrent aux gens du roi et à ses conseillers ; alors elle fut beaucoup interrogée.
Geoffroy de Foug
- Enquête au lieu de naissance de Jeanne (31 janvier 1456)
A entendu Jeanne dire plusieurs fois qu’elle voulait aller en France. Il vit Jean de Metz, Bertrand de Poulengy et Julien, à cheval dire qu’ils allaient conduire Jeanne au roi.
Durand Laxart(l’oncle de Jeanne)
- Enquête au lieu de naissance de Jeanne (31 janvier 1456)
À son retour, les habitants de Vaucouleurs lui achetèrent des vêtements d’homme, et un équipement. Le témoin et Jacques Alain, de Vaucouleurs, lui achetèrent un cheval, douze francs, que lui remboursa Baudricourt.
Elle partit escortée par Jean de Metz, Bertrand de Poulengy, Colet de Vienne, Richard l’Archier, et deux serviteurs desdits Jean et Bertrand. Et, au dire du témoin, il a raconté tout cela au roi.
Catherine
- Enquête au lieu de naissance de Jeanne (31 janvier 1456)
Le témoin assista au départ de Jeanne vers le dauphin, conduite par Jean de Metz, Bertrand de Poulengy, Colet de Vienne avec trois autres, à cheval.
Henri Le Royer
- Enquête au lieu de naissance de Jeanne (31 janvier 1456)
Lorsque Jeanne vint chez lui, elle portait un habit de femme rouge ; lorsqu’elle partit vers le dauphin, elle avait revêtu un habit d’homme, était montée sur un cheval et accompagnée par Jean de Metz, Bertrand de Poulengy, avec leurs serviteurs, Colet de Vienne, Richard l’Archier, comme il les vit tous partir.
Lors de son départ, on l’avertit des gens de guerre présents tout autour ; elle répondit qu’elle ne les craignait pas car sa voie était dégagée ; que s’il s’en trouvait sur le chemin, Dieu lui ouvrirait la route jusqu’au dauphin ; et qu’elle était née pour accomplir cela.
Albert d’Ourches
- Enquête au lieu de naissance de Jeanne (5 février 1456)
Elle demandait à beaucoup de gens de la conduire près du roi, pour le plus grand profit de celui-ci. Elle parlait bien ; et ensuite fut conduite par Bertrand de Poulengy, Jean de Metz et ses serviteurs.
Bertrand de Poulengy
- Enquête au lieu de naissance de Jeanne (6 février 1456)
Vers le début du carême, Jeanne revint à Vaucouleurs afin d’être menée vers le dauphin. Lui-même et Jean de Metz se proposèrent ensemble de l’y conduire.
Ils se mirent en route, avec Julien, serviteur dudit témoin, Jean de Honnecourt, serviteur de Jean de Metz, Colet de Vienne et Richard l’Archier. Le premier jour, craignant les bandes de Bourguignons et d’Anglais, alors tout-puissants, ils marchèrent la nuit.
Jeanne leur disait qu’il serait bon d’entendre la messe, mais ils ne le purent, tant qu’ils furent dans les pays en guerre, pour ne pas être reconnus.
Chaque nuit elle couchait avec lui et Jean de Metz, revêtue de son surcot et ses chausses lacées et fixées. À cette époque il était jeune mais n’eût pourtant ni désir ni quelque envie charnelle, et n’aurait pas osé solliciter Jeanne, à cause de la bonté qu’il voyait en elle.
Le voyage dura onze jours jusqu’au roi. Ils eurent beaucoup d’inquiétudes mais Jeanne leur répétait de ne rien craindre, car une fois arrivés à Chinon, le noble dauphin leur ferait bon visage.
Ils cheminèrent ainsi jusqu’à Chinon. Une fois arrivés ils présentèrent la Pucelle aux nobles et gens du roi, auxquels le témoin s’en rapporte pour les actions de Jeanne.
Louis de Coutes(page de Jeanne)
- Enquête à Paris et à Rouen (4 avril 1456)
Jeanne arriva en compagnie de deux hommes et elle fut conduite au roi. Lui-même la vit plusieurs fois qui allait auprès du roi et en revenait.
Gobert Thibaut
- Enquête à Paris et à Rouen (5 avril 1456)
Le témoin vit ceux qui l’amenèrent : Jean de Metz, Jean Coulon et Bertrand Pollichon [Poulengy], qu’elle tenait en grande familiarité et amitié. Il les entendit dire à l’évêque de Castres, qu’ils avaient traversé la Bourgogne et autres territoires ennemis sans le moindre empêchement, et s’en émerveillaient.
Marguerite La Touroulde
- Enquête à Paris et à Rouen (30 avril 1456)
Ceux qui la conduisirent auprès du roi disaient qu’à première vue ils la crurent folle, et avaient eu l’intention de la faire enfermer. Mais à peine partis, ils furent prêts à tout faire pour elle, désiraient autant qu’elle-même la présenter au roi, et n’auraient pu aller contre sa volonté. Ils eurent au début le désir de la rechercher charnellement, mais au moment de lui en parler avaient tellement honte qu’ils n’osaient le faire ou lui dire une parole.
Jean Pasquerel(aumônier de Jeanne)
- Enquête à Paris et à Rouen (4 mai 1456)
Le témoin entendit parler de Jeanne alors qu’il était au Puy. S’y trouvaient en même temps que lui, la mère de Jeanne et certains qui l’avaient conduite auprès du roi ; et comme ils le connaissaient un peu, ils insistèrent pour l’emmener voir Jeanne à Chinon. Il allèrent donc jusqu’à Chinon, puis de là à Tours, où il était lecteur dans un couvent.
À Tours ils trouvèrent Jeanne, qui logeait chez un bourgeois, Jean Dupuy : Jeanne, nous vous amenons ce bon père ; quand vous le connaîtrez bien, vous l’aimerez beaucoup.
Jeanne répondit qu’elle était bien contente de le voir, qu’elle avait déjà entendu parler de lui, et qu’elle voulait se confesser à lui le lendemain. Le lendemain, il l’entendit en confession et chanta la messe en sa présence ; dès lors le témoin l’a toujours suivie, et l’accompagna jusqu’à la ville de Compiègne, où elle fut prise.
Simon Charles
- Enquête à Paris et à Rouen (7 mai 1456)
L’année où Jeanne vint vers le roi, le témoin avait été envoyé par le roi en ambassade à Venise. Il en revint vers le mois de mars et apprit de Jean de Metz qu’elle était auprès du roi.
Lorsqu’on annonça Jeanne au château de Chinon, le roi hésitait encore à la recevoir. On lui apprit que Robert de Baudricourt avait écrit, que c’est lui qui envoyait Jeanne, laquelle avait traversé des territoires ennemis et passé des rivières presque miraculeusement ; alors il accorda l’audience.
Avant qu’elle n’arrive, le roi s’écarta des autres, mais Jeanne le reconnut bien et lui fit sa révérence. Leur entretient dura longtemps et le roi en sortit joyeux.
Jean Moreau(habitant de Rouen originaire d’un village proche de Domrémy)
- Enquête à Paris et à Rouen (10 mai 1456)
Lui-même est natif de Viéville près de Lamothe en Bassigny, non loin de Domrémy. Il n’a pas connu ni Jeanne, ni ses parents, mais à l’époque où Jeanne se trouvait auprès du roi de France, il apprit de deux marchands chaudronniers Nicolas Saussart et Jean Chando, comment Jeanne avait quitté la Lorraine. Elle s’était rendue à Vaucouleurs afin de convaincre Baudricourt qu’elle devait être conduite au roi de France, tant et si bien qu’il fut content de le faire. Arrivée à Chinon, on lui désigna un autre que le roi, à elle qui ne l’avait jamais vu, mais elle reconnut que ce n’était pas le roi. Enfin, après examen de clercs et de docteurs, elle parla au roi. Il n’en entendit plus parler jusqu’à ce qu’il la vît à deux prédications, à Saint-Ouen et au Vieux Marché.
Husson Lemaistre(habitant de Rouen originaire d’un village proche de Domrémy)
- Enquête à Paris et à Rouen (11 mai 1456)
Se trouvait dans son pays natal, quand Jeanne se rendit à Vaucouleurs demander à Baudricourt d’être conduite au roi ; on disait alors que c’était une grâce de Dieu, et que Jeanne était conduite par l’esprit de Dieu. A entendu dire : qu’elle demanda à Baudricourt des gens pour la conduire auprès du sire dauphin ; qu’elle était réputée bonne et honnête jeune fille ; qu’elle séjourna chez une femme vertueuse, appelée la Rousse, demeurant à Neufchâteau ; qu’elle se confessait volontiers et très souvent et communiait.
A entendu dire que sur le chemin de Vaucouleurs vers le roi, des hommes d’armes de son escorte faisaient semblant d’être du parti adverse pendant que d’autres feignaient de vouloir s’enfuir et qu’elle leur disait : Ne fuyez pas, en nom Dé !
.