Dossier : Éléments visuels
Éléments visuels
- 1873 : Lia Félix à la Gaîté.
- 1887 : Messe de Gounod.
- 1890 : Sarah Bernhardt à la Porte-Saint-Martin.
1873 Lia Félix à la Gaîté.
Portraits de Lia Félix en Jeanne d’Arc (par Gaston Mathieu)


Illustration des sept tableaux
Illustrations parues dans la Comédie du 21 février 1875.
Jeanne d’Arc. — Grand drame lyrique en cinq actes et en vers, par Jules Barbier, musique de Gounod. Représenté au Théâtre de la Gaîté.

Acte I, tableau 1 Domrémy

L’affreuse guerre est fatale aux armées de Charles VII. C’en est fait de la France si une vierge née en Lorraine n’était choisie par Dieu pour sauver la mère-patrie. C’est Jeanne d’Arc, la plus jeune fille d’une pauvre famille de Domrémy, à qui le Seigneur manifeste sa volonté divine.
Voyez : Jeanne est restée seule pour filer le chanvre. Un rayon de lune dont l’éclat devient de plus en plus vif, pénètre par la fenêtre de sa chambre, inondant de sa lumière Jeanne toute pensive qui peu à peu semble écouter.
— Les voix m’appellent ! s’écrie-t-elle.
Et, se jetant à genoux, elle voit apparaître sainte Marguerite et sainte Catherine, qui lui disent ce que Dieu attend de son élue.
Jeanne, enveloppée d’un rayon lumineux, reste prosternée devant ces deux saintes et leur obéit ensuite, malgré le chagrin qu’elle a de quitter ses vieux parents.
Acte II, tableau 2 Chinon

À la Cour de Charles VII, tout est fusion et confusion. Les défaites successives des armées du roi de France l’ont fait surnommer par les Anglais : Le Roi-de-Bourges.
Heureusement le malheureux monarque a appris qu’une jeune fille de Domrémy s’est mise en route pour l’aller trouver en affrontant mille dangers et qu’elle a échappé par miracle aux embuscades des ennemis.
Agnès Sorel, maîtresse du roi, craint une rivale et cherche à empêcher Jeanne d’Arc de voir le roi.
Sa Majesté voulant savoir comment Dieu le fera connaître à celle de son choix, passe son collier royal au cou d’un courtisan et va se tenir au milieu d’un groupe de seigneurs, pendant que Jeanne d’Arc est introduite.
Jeanne promène les yeux autour d’elle, aperçoit le roi, va droit à lui, et s’inclinant, lui dit :
— Dieu vous donne bonheur et longs jours, gentil roi.
La puissance immortelle l’illumine et le cri de la croisade de nos aïeux va faire encore des miracles : Dieu le veut !
Acte III, tableau 3 Orléans

Les remparts de la ville assiégée. — La voix tonnante des couleuvrines se fait entendre.
Jeanne d’Arc visite les fortifications ; pressée de vaincre, elle a hâte de combattre, aussi prie-t-elle les capitaines de se mettre à l’œuvre.
Avant de commencer l’attaque, la vaillante fille prévient encore encore fois les Anglais par une lettre attachée à une flèche, mais ceux-ci déchirent la lettre et la foulent aux pieds.
— Qu’il soit donc fait selon leur volonté… dit Jeanne.
Et après avoir prié, exemple suivie par toute l’armée, Jeanne d’Arc élève son étendard et s’écrie :
— Sus, à l’ennemi !
Tous se précipitent sur ses pas.
Acte IV, tableau 4 Reims

— Hosanna ! s’écrie le peuple Français plein de reconnaissance envers celle dont la main a fait miracle et dont les armes ont été bénies par Dieu.
— C’est l’ange divin lui-même, disent les bonnes gens et c’est à qui touchera à son armure ou fera baptiser son enfant par l’héroïque marraine.
Les seigneurs et les capitaines se sont réunis et se préparent à l’auguste et solennelle cérémonie du sacre. Certains, écoutant cette mauvaise conseillère qui a nom l’envie, cherchent à ne pas donner place à Jeanne dans le cérémonial.
Agnès voyant ces méchancetés, lui offre sa place quand de Thouars annonce à la maîtresse du roi que son royal amant l’exile vers la Loire. Jeanne d’Arc a la bonté d’âme de consoler la pauvre pécheresse que toute la cour abandonne aussitôt la nouvelle de sa disgrâce.
Jeanne, restée seule est en proie à une étrange langueur et a une singulière défaillance. Elle croit entendre une voix lui dire qu’elle sera trahie, vendue et livrée. Heureusement l’arrivée de ses parents lui donne du courage. Quel bonheur de les revoir ! Mais bonheur trop court, car l’arrivée du cortège royal met fin à ces embrassements.
Acte IV, tableau 5 Reims

Charles VII est précédé du sire d’Albert l’épée nue à la main. La reine marche près du roi, suivie de deux dames d’honneur portant la traîne de son manteau. Jeanne s’incline devant sa majesté qui l’arrête en lui disant que c’est grâce à elle qu’il a conquis sa couronne, et il s’engage à faire selon ses désirs.
Jeanne demande simplement à retourner vivre avec ses parents, mais le roi l’en dissuade en la priant d’aller jusqu’au bout. Jeanne se remet donc à côté du roi. Les trois portes de la cathédrale s’ouvrent et on peut admirer la nef splendidement illuminée.
Après avoir gravi les degrés du perron, Jeanne se retourne et jette un dernier adieu à sa famille. Les cloches sonnent à toutes volées ; les trompettes résonnent ; on entend au loin le bruit du canon ; la foule acclame le roi et son héroïne et le sacre a lieu aux cris mille fois répétés de Noël ! Noël !
Acte V, tableau 6 Rouen, prison de Jeanne

La bravoure de Jeanne d’Arc signalée dans chaque combat, alla hélas ! jusqu’à la témérité.
La trahison aidant, elle fut faite prisonnière par les Anglais qui la plongèrent dans une affreuse prison dans laquelle un grabat recouvert de paille lui servait de lit de repos. Son héroïque courage ne l’abandonne pas ; car les deux saintes la visitent et soutiennent sa vaillance.
On vient lire à Jeanne l’acte d’accusation et on cherche par ruse à lui faire signer l’aveu d’être sacrilège, sorcière et autres infamies. Jeanne s’indigne et répond qu’elle a bien peu vécu pour avoir pu commettre tant de crimes.
Le chevalier Warwick, chef anglais, veut flétrir la vierge française de ses baisers soldatesques, mais il est repoussé.
On lit le jugement inique à Jeanne qui l’entend avec stoïcisme. Elle est condamnée à être brûlée vive…
Acte V, tableau 7 Rouen, place du Vieux-Marché

Voici la place du vieux marché de Rouen où Jeanne d’Arc doit subir son supplice. On voit se dresser le bûcher au milieu de la place ; le bourreau impassible attend assis l’arrivée de sa victime. La foule entoure l’échafaud. Une marche funèbre se fait entendre, des voix s’écrient :
— La voilà !
En effet, voici la malheureuse héroïne en robe blanche et appuyant ses pas chancelants sur le bras de son confesseur.
Après la sentence lue de nouveau, les soldats la conduisent au bûcher.
Elle demande une croix, son confesseur la lui donne ; le bourreau attache Jeanne sur ce bûcher impie et y met le feu.
La flamme s’élève vers le ciel.— Un chœur céleste se fait entendre, un immense frissonnement court dans la foule émue qui murmure :
— C’était une sainte !
Ajoutons, nous : Ce fut une française !
1887 Messe de Gounod.
Illustration
Gravure parue dans le Monde illustré du 7 août :

1890 Sarah Bernhardt à la Porte-Saint-Martin.
Portraits de Sarah Bernhardt en Jeanne d’Arc (par Nadar)






Affiches d’Eugène Grasset
Première version :

Elle ne fût pas du goût de Sarah Bernhardt qui demanda au peintre une seconde version :
