Procès de réhabilitation de Jeanne d’Arc

#Intentions des juges

Guillaume Manchon(principal notaire du procès)

Véridique [affirme par serment que l’article est véridique] ; car l’a entendu et compris par les actes, et cela est notoire.

Sur l’intention des juges s’en remet à leur conscience ; mais ils lui faisaient en l’interrogeant les questions les plus subtiles qu’ils pouvaient trouver.

Si les juges procédaient par haine ou autrement, il s’en rapporte à leur conscience. Croit que si lui-même avait été Anglais, il ne l’aurait pas traitée ni jugée ainsi. [Probable contresens : Croit que si Jeanne avait été anglaise, elle n’aurait pas été traitée ni jugée ainsi. (Ainsi traduit, ce propos se retrouve chez d’autres témoins.)]

Pierre Miget

Véridique et notoire.

Cauchon tenait le parti Anglais.

Martin Lavenu

Cauchon tenait le parti des Anglais et était l’un des conseillers de ce roi.

S’en rapporte au droit ; mais croit qu’ils agirent par haine plus que par charité ; et qu’elle n’aurait pas été jugée ainsi si elle n’avait été contre les Anglais.

On lui posait des questions difficiles, qui ne convenaient pas à une telle femme, si simple. Ignore l’intention de ceux qui l’interrogeaient.

Sait qu’on la tourmentait beaucoup dans les interrogatoires, qui duraient trois heures ou environ, avant le déjeuner et après. Ignore l’intention et les fins de ceux qui l’interrogeaient.

Nicolas de Houppeville

Le croit véridique ; jamais il n’estima que les Anglais agissaient par zèle de foi ou pour ramener Jeanne à une bonne ligne de conduite.

Quant à la crainte et aux pressions, n’y croit pas quant aux juges ; croit au contraire qu’ils ont agi volontairement, surtout l’évêque de Beauvais. Il vit celui-ci revenir, après avoir conduit Jeanne, racontant sa mission au roi et au sire de Warwick, et dire, joyeux et exultant, certaines paroles qu’il ne comprit pas ; ensuite l’évêque parla en secret avec le comte de Warwick, mais ce qu’il dit alors le témoin l’ignore. [La mission au roi est probablement son ambassade auprès du duc de Bourgogne pour obtenir Jeanne. Cauchon s’entretenait directement avec Henri VI.]

Jean Massieu(huissier du procès)

Déclare que les meneurs du procès étaient poussés à suivre la volonté des Anglais plus que la justice ; et les docteurs qui suivaient le procès étaient favorables aux Anglais.

L’abbé de Fécamp procédait plus par haine de Jeanne et partialité en faveur des Anglais que par zèle de justice.

Pierre Cusquel

Croit que les juges et assistants agissaient par faveur envers les Anglais et qu’ils n’auraient pas osé contredire ceux-ci ; mais ne sait rien sur les pressions.

Ce procès fut fait non pour la foi ou la justice, mais par haine et à cause de la crainte qu’inspirait Jeanne aux Anglais. Le tribunal procédait avec partialité et sur les instances des Anglais.

Il entendit toute sorte de bruits au sujet de la reprise de l’habit d’homme. André Marguerie avait déclaré qu’il fallait bien rechercher la vérité sur le changement d’habit mais quelqu’un lui dit de se taire au nom du diable.

Personne n’aurait osé conseiller ou aider Jeanne.

Isambert de La Pierre

Véridique. Certains assistants agissait avec partialité, comme Cauchon ; certains, comme plusieurs docteurs anglais, par méchanceté et vengeance ; certains docteurs de Paris dans l’espoir d’une récompense ; certains, comme Lemaître, par peur.

Croit que la sentence fut rendue par méchanceté et vengeance, plus que par amour de la justice.

Déclare que les juges observaient suffisamment les règles du droit mais qu’ils agissaient avec méchanceté et par vengeance.

André Marguerie

Croit que quelques Anglais, gens de peu, procédaient par haine et crainte ; mais il ne le croit pas des ecclésiastiques notables.

Déclare qu’un chapelain du cardinal d’Angleterre, présent à la première prédication, ayant dit à l’évêque de Beauvais qu’il était trop favorable à Jeanne, cet évêque lui répondit : Vous mentez, car je ne voudrais pas être favorable à quelqu’un dans une telle cause. Et alors ce chapelain fut réprimandé par ledit cardinal d’Angleterre, qui lui dit de se taire.

Jean Tiphaine

Il se rendit à la seconde convocation par crainte des Anglais ; ignore avec quelle passion ils procédaient contre elle.

Guillaume de la Chambre

Sur la passion des juges, s’en rapporte à leur conscience.

Jean Monnet(secrétaire de Jean Beaupère)

Quant à l’ardeur qui poussait les juges, s’en rapporte à leur conscience.

Jean Marcel

On disait que Cauchon la réclama pour faire son procès, mais il ignore par quelle passion fut-il poussé ou comment il procéda.

Guillaume Colles, dit Boisguillaume(second notaire du procès)

Cauchon engagea le procès en alléguant que Jeanne avait été prise dans son diocèse. S’il agit par haine ou autrement, s’en rapporte à sa conscience ; sait que tout se faisait aux frais du roi d’Angleterre et sur poursuite des Anglais, et que Cauchon et les autres obtinrent des lettres de garantie du roi d’Angleterre, car il les vit. On lui montra certaines lettres de garantie ; il reconnût le seing de Laurent Calot et confirma que c’étaient celles qu’il avait vues autrefois.

Jean Lefèvre

Les Anglais procédaient contre elle par haine, car ils la craignaient beaucoup ; mais ignore si les juges procédaient par haine ou par complaisance. Le procès était mené aux frais des Anglais.

Laurent Guesdon(alors lieutenant du bailli de Rouen)

Ignore l’intention des juges, mais croit que si Jeanne avait été du parti anglais, on n’aurait pas procédé pareillement contre elle.

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