P. Doncœur  : Documents et recherches (1952-1961)

T. II : Texte (latin / français)

23Texte

2425[Instrument des sentences] Instrument des sentences

177v In nomine Domine Amen. Au nom du Seigneur. Amen.

Universis Christi fidelibus presentes licteras, seu presens publicum instrumentum inspecturis, À tous les fidèles du Christ qui verront les présentes lettres ou le présent Instrument public,

Petrus, miseracione divina Belvacensis episcopus, et frater Johannes Magistri, ordinis fratrum predicatorum, a magne religionis atque circunspeccionis viro, magistro Johanne Graverent, in sacra pagina professore eximio, ejusdem ordinis, inquisitore fidei et heretice pravitatis in toto regno Francie, auctoritate apostolica deputato, in diocesi Rothomagensi, et specialiter quoad presentem processum deputatus et commissus, judices competentes in hac parte, Pierre, par la miséricorde divine évêque de Beauvais, et frère Jean le Maître de l’ordre des Frères Prêcheurs, député et commis dans le diocèse de Rouen et spécialement pour le présent procès, par personne de grande piété et circonspection, maître Jean Graverent, illustre professeur de sacrée théologie, du même ordre, inquisiteur de la foi et de la perversité hérétique, député par autorité apostolique, dans tout le royaume de France, juges compétents en cette partie,

Salutem in Auctore et Consummatore fidei, Domino Nostro Jhesu Christo. Salut dans l’Auteur et le Consommateur de la foi, Notre Seigneur Jésus Christ.

Cum superne providencie placuerit quamdam mulierem, nomine Johannam, que vulgo Puella nuncupatur, infra terminos ac limites diocesis ac jurisdicionis nostre, Episcopi predicti, per inclitos militares viros capi et deprehendi1, fama communi jam multis in locis promulgante mulierem ipsam illius honestatis que muliebrem sexum decet prorsus immemorem, abruptis verecundie frenis, tocius feminei pudoris oblitam, deformes habitus, virili sexui accommodatos, mira et monstruosa dissolucione gerere ; cujus insuper presumpcio in hoc usque evasisse ferebatur, ut, preter et contra fidem catholicam, in lesionem articulorum ejus, plurima dicere et disseminare auderet, atque in hiis rebus, tum in nostra prefata diocesi, tum in ceteris2 plerisque locis regni hujus, non mediocriter deliquisse dicebatur. Comme il a plu à la Providence divine qu’une certaine femme, nommée Jeanne, communément appelée la Pucelle, ait été prise et saisie par d’illustres guerriers, sur le territoire et dans les limites de notre diocèse et juridiction de nous, évêque susdit, la commune renommée ayant déjà proclamé en maints endroits que cette femme, tout à fait oublieuse de cette décence qui convient au sexe féminin, et, rompant les freins de la honte, rejetant toute pudeur féminine, étonnamment et monstrueusement dissolue, portait des habits scandaleux, faits pour le sexe masculin ; dont on disait, de plus, que la présomption s’était déchaînée au point d’oser dire et répandre mille choses étrangères et contraires à la foi catholique, en violation de ses dogmes ; et dont on rapportait qu’en tout cela elle avait gravement délinqué, tant dans notre susdit diocèse qu’en nombre d’autres lieux de ce royaume.

Postquam hec aime Universitati studii Parisiensis3 et fratri Martino Billorini4, vicario generali prefati domini Inquisitoris, cognita fuerunt, continue illustrissimum principem dominum ducem Burgundie atque inclitum dominum Johannem de Luxemburgo, militem, quorum 2627dicioni et potestati prefata mulier eo5 tempore subiciebatur, instantissime requisierunt, adjecta summacione, sub penis juris, per vicarium jam nominatum, ut mulierem prefatam, sicut premictitur, diffamatam et de heresi suspectam, nobis, episcopo predicto, tanquam judici ordinario redderent atque expedirent. Après que ces choses furent connues de la vénérable Université de Paris et de frère Martin Billorin, vicaire général du susdit seigneur inquisiteur, ceux-ci requirent aussitôt très instamment le très illustre prince seigneur duc de Bourgogne et le noble seigneur Jean de Luxembourg, chevalier, aux mains et au pouvoir de qui la susdite femme se trouvait alors soumise, en les faisant sommer par le vicaire susdit, sous les peines de droit, de nous remettre et envoyer ladite femme diffamée, comme il a été dit, et suspecte d’hérésie à nous, évêque susdit, comme juge ordinaire1.

Nos vero, episcopus predictus, prout pastorali nostro incumbit officio, desiderantes exaltacioni ac promocioni fidei Christiane totis viribus intendere, super rebus tantopere divulgatis inquisicionem debitam explere optavimus, et, velut jus atque racio suaderent, ad ea que ulterius incumbere viderentur, cum maturo procedere consilio. Nous, évêque susdit, ainsi qu’il incombe à notre charge pastorale, désireux de travailler de toutes nos forces à l’exaltation et au triomphe de la foi chrétienne, nous avons voulu faire les enquêtes dues, sur des faits si largement divulgués ; et, comme le conseillaient le droit et la raison, procéder après mûre délibération à ce qui paraîtrait devoir être fait ultérieurement.

Cujus rei gracia, prefatum principem atque dictum6 dominum Johannem eciam requisivimus, et, sub penis juris, ut nobis et nostre jurisdicioni spirituali mulierem sepedictam remicterent judicandam ; eosque7 nichilominus serenissimus et christianissimus princeps domi nas noster Francorum et Anglie Rex8 ad eundem finem requisivit. C’est pourquoi nous avons aussi requis ledit prince et ledit seigneur Jean, sous les peines de droit, de remettre à nous et à notre juridiction spirituelle, ladite femme pour la juger2. En outre, le sérénissime et christianissime prince notre seigneur, Roi de France et d’Angleterre, les requit aux mêmes fins3.

Tandem inclitissimus ipse dominus dux Burgundie et prefatus dominus Johannes de Luxemburgo requisicionibus antedictis benigne adquiescentes, et catholicis mentibus cupientes expleri que in fidei reparacionem et augmentum accommoda viderentur, mulierem ipsam eidem domino nostro Regi ac ejus commissis9 reddiderunt, et expediverunt. Enfin le très illustre seigneur duc de Bourgogne, et le susdit seigneur Jean de Luxembourg, acquiesçant de bon gré à ces requêtes, et désirant d’un cœur catholique accomplir ce qui serait à propos, en réparation et accroissement de la foi, livrèrent et envoyèrent cette femme à ce même seigneur notre roi et à ses commissaires.

Deinceps vero, regia providencia in favorem fidei orthodoxe totis accensa desideriis, nobis, episcopo predicto, hanc eandem mulierem tradidit, ut de factis et dictis ejus ad plenum inquireremus10, conformiter ad et11 secundum canonicas sancciones ulterius processuri. Finalement, la sagesse du roi, brûlant de servir la foi orthodoxe, nous remit, à nous, évêque susdit, cette même femme, afin que nous nous enquerrions pleinement de ses faits et de ses dits, et procédions plus outre, conformément aux règles canoniques4.

Quibus sic peractis, territorioque in hac urbe Rothomagensi per celebre Capitulum ecclesie Rothomagensis12, administracionem omnimode jurisdicionis spiritualis, sede archiepiscopali vaccante, obtinens, nobis liberaliter accommodato et concesso, certis informacionibus super dictis et gestis ejusdem mulieris jussu13 nostro per prius in patria nativitatis sue et alibi in pluribus et diversis locis factis, nobisque reportatis, ac illis14 actentis que fama publica et insinuacio15 clamosa, cum gravi scandalo, referebant ; habitisque consilio et matura deliberacione cum pluribus in sacra pagina et jure canonico doctoribus et licenciatis atque peritis, an scilicet in hac materia et qualiter esset procedendum. Ceci fait, territoire nous ayant été concédé gracieusement en cette ville de Rouen par l’illustre chapitre de l’Église de Rouen, détenant pendant la vacance du siège archiépiscopal l’administration de toute juridiction spirituelle5, des informations ayant été faites par notre ordre, sur les dits et gestes de cette femme, d’abord au pays de sa naissance, puis ailleurs, dans un grand nombre de lieux différents, ces informations nous furent remises6. Ayant considéré ce que la renommée publique et la rumeur rapportaient avec grand scandale, nous prîmes conseil et délibérâmes mûrement avec nombre de docteurs et licenciés et experts en sacrée théologie et droit canon sur le point de savoir s’il fallait procéder et comment, en cette matière.

Decrevimus16 per nos, episcopum predictum, in hujusmodi inquisicionis negocio fore procedendum, supradictumque dominum Inquisitorem esse requirendum17, ut se nobiscum adjungere vellet, aut alteri 2829super hoc suas vices commictere, et sepedictam mulierem, tamquam de heresi suspectam in materia fidei fore evocandam et citandam ; prout instante promotore venerabili viro domino Johanne de Estiveto, ecclesiarum Bajocensis et Belvacensis canonico18, quem in causa hujuscemodi pro deduccione et promocione inquisicionis hujusmodi et processus ipsius constituimus et ordinavimus, citata fuit dicta mulier et ad comparendum coram nobis ad certam diem evocata. Nous décidâmes donc que nous, évêque susdit, devions procéder en cette affaire d’inquisition ; et qu’il fallait requérir le susdit seigneur inquisiteur de bien vouloir se joindre à nous, ou déléguer un autre à sa place ; et qu’il fallait assigner et citer la susdite femme, comme suspecte d’hérésie en matière de foi7. Ainsi, à la requête du promoteur, vénérable personne messire Jean d’Estivet, chanoine des Églises de Bayeux et Beauvais, que nous constituâmes et établîmes pour mener et poursuivre l’inquisition en cette affaire et ce procès, ladite femme fut citée et assignée à comparaître devant nous, à jour fixé8.

Qua die adveniente, et ipsis partibus, videlicet dicto promotore nomine promotorio antedicto19 ex una parte, et dicta muliere personaliter pro se ex altera [comparentibus]20, fundatoque sic judicio, ex officio nostro eam de et super aliquibus dictum inquisicionis officium concernentibus duximus interrogandam fore ; et, tam per nos quam per aliquos diversos et famosos doctores, interrogavimus et interrogari fecimus. Ce jour-là les parties elles-mêmes, (à savoir ledit promoteur, en sadite qualité de promoteur d’une part, et ladite femme comparaissant en personne pour elle-même, d’autre part), — le procès étant ainsi constitué, de par notre office, nous décidâmes que cette femme devait être interrogée sur diverses choses qui concernaient cette affaire d’inquisition ; ainsi, tant par nous-mêmes que par divers fameux docteurs, nous l’avons interrogée et fait interroger9.

Interea vero, specialis commissio ad causam presentem 178r nobis fratri Johanni Magistri, vicario antedicto a supradicto domino Inquisitore per ejus licteras patentes transmissa21, extitit. Et exinde nos, episcopus et vicarius prefati, conjunctim in ipso inquisicionis negocio procedentes, omnia perantea22 gesta, facta et agitata in processu unanimiter approbantes, dictis partibus, certam diem assignavimus, videlicet ad tradendum et dandum ex parte dicti promotoris articulos in scriptis contra dictam mulierem, super quibus inquiri volebat, petebat et requirebat, ac ipsis23 per dictam mulierem respondendum. Cependant, nous reçûmes commission spéciale pour frère Jean le Maître, vicaire susdit, en la présente cause, transmise par le susdit seigneur inquisiteur par ses lettres patentes10. Dès lors, nous, évêque et vicaire susdits11, procédâmes conjointement dans cette affaire d’inquisition ; approuvant unanimement tout ce qui avait été auparavant fait et discuté dans le procès, nous assignâmes lesdites parties à jour fixé, afin de remettre et livrer de la part dudit promoteur, les articles consignés par écrit, contre ladite femme, sur lesquels il voulait, demandait et requérait qu’un interrogatoire fut fait, et que ladite femme y répondit12.

Qua die ipsi articuli in judicio coram nobis in scriptis editi, dicte mulieri verbis24 gallicis lucide declarati fuerunt. À jour dit, ces articles nous ayant été présentés par écrit en audience, ils furent clairement exposés à ladite femme13, en français.

Ad quos articulos, lite primitus contestata et jurato de calumpnia hincinde, eadem mulier sigillatim25 respondit. Après la litis contestatio et la prestation de part et d’autre du serment de calumpnia, ladite femme répondit à chacun de ces articles14.

Postmodum vero responsiones ejus, tam ad dictos articulos quam ad alia interrogatoria ex officio nostro sibi facta, ipsos articulos concernancia, et asserciones per eandem mulierem dictas in processu extrahi et sub quodam compendio redigi fecimus in formam que sequitur. Après quoi, nous fîmes extraire et rédiger en bref sous la forme qui suit, les réponses qu’elle fît tant aux dits articles qu’à d’autres questions que nous lui fîmes de par notre office, concernant ces articles15, et les déclarations proférées par cette même femme au cours du procès.

3031 [Duodecim Articuli] [Les XII articles]

[I]

Quedam femina dicit et affirmat quod, dum esset etatis tridecim annorum vel eo26 circa, ipsa suis oculis corporalibus vidit sanctum Michaelem eam consolantem, et quandoque sanctum Gabrielem, in effigie corporali apparentes. Une certaine femme dit et affirme qu’à l’âge de treize ans, ou environ, elle vit des yeux de son corps saint Michel la consolant, et parfois saint Gabriel, lui apparaissant sous forme corporelle. Aliquando eciam vidit angelorum magnam multitudinem, et ex tunc sancte Katherina et Margareta se27 exhibuerunt eidem femine28 corporaliter videndas ; quas eciam cothidie videt et earum voces audit, ac eas quandoque amplexata29 est et osculata, sensibiliter et corporaliter tangendo ; dictorum vero angelorum et sanctarum capita vidit ; de residuis autem partibus earum aut vestimentis nichil dicere voluit ; quodque predicte sancte Katherina et Margareta aliquando eam fuerunt allocute ad fontem [quendam]30, juxta arborem magnam, communiter appellatam l’Arbre des Fees. Elle vit aussi parfois une grande multitude d’anges. Après quoi, les saintes Catherine et Marguerite se montrèrent à cette femme, visibles corporellement. Lesquelles elle voit quotidiennement et entend leurs voix. Parfois elle les a embrassées et baisées, les touchant sensiblement et corporellement. Elle vit la tête desdits anges et saintes ; mais ne voulut rien dire des autres parties de leur corps ni de leurs vêtements. [Elle ajoute] que les susdites saintes Catherine et Marguerite lui parlèrent parfois à une certaine fontaine, près d’un grand arbre, appelé communément l’arbre des fées. De quibus fonte et arbore fama est divulgata quod Fatales Domine ibidem frequentant ; et quod plures febricitantes ad dictos fontem et arborem accedunt, causa recuperande sanitatis, quamvis siti sint in loco prophano31, quas ibi et alibi pluries venerata fuit et eis32 reverenciam exhibuit. La commune renommée dit que ces dames fées fréquentent cette fontaine et cet arbre, et que de nombreux malades, pris des fièvres, viennent à la fontaine et à l’arbre susdits, afin d’y recouvrir la santé, quoiqu’ils soient situés dans un lieu profane. Là et ailleurs, elle les vénéra et leur témoigna révérence plusieurs fois.

Dixit33 insuper quod sancte Katherina et Margareta predicte apparent et se monstrant34 ei, coronatas coronis pulcherrimis et preciosis ; et a tempore predicto ac pluries deinceps dixerunt eidem35 femine de mandato Dei quod opportebat eam accedere ad quemdam principem secularem, promictendo quod, ejusdem femine auxilio et laboribus mediantibus, dictus princeps vi armorum magnum dominium tem porale et honorem mundanum recuperaret, ac victoriam de adversariis suis obtineret ; quodque idem princeps dictam feminam reciperet, et arma cum excercitu armatorum eidem36 assignaret pro execucione premissorum. Elle dit de plus que les saintes Catherine et Marguerite susdites lui apparaissent et se montrent à elle couronnées de couronnes très belles et précieuses ; que, depuis ce temps et très souvent ensuite, elles dirent à cette femme par ordre de Dieu qu’il lui fallait aller à un certain prince séculier, lui promettant que, par l’aide et les labeurs de cette femme, ledit prince, recouvrerait par la force des armes une grande souveraineté temporelle et honneur terrestre, et qu’il remporterait victoire sur ses ennemis ; et que ce prince accueillerait ladite femme et lui donnerait des armes et une armée pour l’accomplissement de ces choses.

Insuper dicte sancte Katherina et Margareta preceperunt eidem femine, de mandato Dei, quod assumeret et portaret habitum viri, quem portavit et adhuc portat precepto hujusmodi obediendo perseveranter ; in tantum quod ipsa femina dixit se malle37 mori quam hujusmodi habitum relinquere ; hoc simpliciter dicendo aliquociens, et aliquando : Nisi hoc esset de mandato Dei. Preelegit eciam non 3233interesse missarum officiis et carere38 sacra communione eucaristie, in tempore per Ecclesiam fidelibus ordinato ad hujusmodi sacramentum recipiendum, quam habitum muliebrem resumere et virilem relinquere. De plus, lesdites saintes Catherine et Marguerite enjoignirent à ladite femme, par ordre de Dieu, qu’elle prît et portât habit d’homme, qu’elle a porté et porte encore, obéissant toujours à ce commandement ; tant et si bien que ladite femme dit qu’elle aimerait mieux mourir que de quitter cet habit. Elle dit cela parfois absolument, et parfois en ajoutant : Sauf si c’était par ordre de Dieu. Elle a même préféré ne pas assister à la messe et être privée de la sainte communion eucharistique, au temps ou l’Église prescrit aux fidèles de recevoir ce sacrement, plutôt que de reprendre habit de femme et laisser l’habit d’homme.

Faventes eciam dicte femine in hoc quod sine scitu et contra paren tum suorum voluntatem, dum esset etatis annorum septemdecim vel [eo]39 circa, domum paternam egressa fuit ac multitudini hominum arma frequencium40 sociata, die nocteque cum eis conversando ; nunquam aut raro aliam mulierem secum habens ; et alia multa dicte sancte dixerunt et preceperunt eidem mulieri ; propter que se dicit missam a Deo celi et Ecclesia victoriosa sanctorum jam beatitudine fruencium, quibus submictit omnia benefacta41 sua ; militanti vero Ecclesie se42 sua facta et dicta submictere distulit et recusavit, pluries super hoc requisita et monita. Dicens quod impossibile est eidem femine facere contrarium illorum que affirmavit in suo processu de mandato Dei43 fecisse ; neque de hiis se referet determinacioni aut judicio cujuscumque viventis ; sed tantummodo judicio Dei ; quodque eidem femine revelaverunt quod ipsa salvabitur in gloria beatorum, et salutem anime sue consequetur, si virginitatem, quam eisdem vovit prima vice qua eas vidit et audivit, servaverit. Occasione cujus revelacionis asserit se certam de salute sua, ac si esset presencialiter et de facto in regno celorum. [Les Saintes] approuvant même cette femme, en ce que, à l’insu et contre la volonté de ses parents, vers l’âge de dix-sept ans, ou environ, elle quitta la maison paternelle, accompagnant une troupe de gens d’armes ; vivant avec eux de jour et de nuit ; n’ayant jamais ou rarement une autre femme avec elle. Et lesdites saintes dirent et ordonnèrent beaucoup d’autres choses à cette femme ; à cause de quoi, elle se dit envoyée par le Dieu du ciel et l’Église triomphante des saints, jouissant déjà de la béatitude, auxquels elle soumet tout ce qu’elle a fait de bien. Par contre, elle a remis et refusé de se soumettre, elle, ses faits et ses paroles, à l’Église militante, quoiqu’elle en eût été fréquemment requise et enjointe. Disant qu’il lui est impossible de faire le contraire de ce qu’elle a affirmé en son procès avoir fait par ordre de Dieu ; et de ces choses, elle ne s’en remettra à l’appréciation et jugement d’homme qui vive, mais seulement au jugement de Dieu ; que [ces saintes] révélèrent aussi à cette femme qu’elle sera sauvée dans la gloire des bienheureux et assurera le salut de son âme, si elle garde la virginité qu’elle leur a vouée la première fois qu’elle les vit et entendit. Et par cette révélation, elle affirme être sûre de son salut, comme si elle était présentement et de fait dans le royaume des cieux.

[II]

Item, dicta femina dicit quod signum quod habuit princeps ad quem mictebatur44, per quod determinatus fuit ad credendum ei de suis revelacionibus, et ad eam recipiendum pro bellis agendis, fuit quod sanctus Michael ad eundem principem accessit, associatus angelorum multitudine, quorum [quidam]45 habebant coronas, et alii habebant alas ; cum quibus erant sancte Katherina et Margareta. Item, ladite femme dit que le signe que reçut le prince vers qui elle était envoyée, par quoi il fut déterminé à la croire sur ses révélations et à la recevoir pour faire la guerre, ce fut que saint Michel se présenta à ce même prince accompagné d’une foule d’anges, dont les uns avaient des couronnes et les autres des ailes ; avec lesquels se trouvaient les saintes Catherine et Marguerite. Qui angelus et femina supra terram per viam gradus et cameram simul longo itinere46 gradiebantur, aliis angelis et predictis sanctis concomitantibus, ac eidem principi coronam preciosissimam de auro purissimo [quidam]47 angelus tradidit ; et coram dicto principe dictus48 angelus se inclinavit, eidem reverenciam exhibendo. Or, l’ange et la femme marchaient sur terre, ensemble, un long chemin, par les escaliers et la chambre, accompagnés des autres anges et desdites saintes ; et un ange donna audit prince une couronne très précieuse d’or très pur ; et devant ledit prince, ledit ange s’inclina, lui témoignant révérence. Et una vice, dicit quod, quando princeps suus habuit signum, ipsa cogitat quod tunc solus erat, quamvis satis prope plures alii interessent ; et alia vice, quod, prout credit, unus archiepiscopus recepit illud signum corone et tradidit 3435prefato principi, presentibus et videntibus pluribus dominis temporalibus. Et une fois elle dit que, quand son prince eut le signe, elle pense qu’alors il était seul, quoique non loin fussent présentes de nombreuses personnes. Et une autre fois, comme elle le croit, un archevêque reçut ce signe de la couronne, et le remit audit prince, au vu et en présence de nombreux seigneurs temporels.

[III]

Item, 178v dicta femina cognovit et certa est quod ille qui eam visitat est sanctus Michael, per bonum consilium, confortacionem et bonam doctrinam quas dictus sanctus Michael eidem femine dedit et fecit ; ac per hoc quod ipse nominavit se, dicendo quod ipse erat Michael ; et similiter sanctas Katherinam et Margaretam cognoscit distincte49 ab invicem, per hoc quod se nommant, et eandem salutant ; propter que de sancto Michaele sibi apparente, credit quod ipse est sanctus Michael, et dicta ejus Michaelis et facta vera sunt50 et bona, eque firmiter, sicut ipsa credit quod Dominus noster Jhesus Christus51 passus fuit et mortuus pro nostra redempcione. Item, ladite femme connût et est certaine que celui qui la visite est saint Michel, en raison du bon conseil, du réconfort et du bon enseignement que ledit saint Michel donna à cette femme ; et aussi par cela qu’il se nomma, disant qu’il était saint Michel ; et de même elle reconnaît distinctement les saintes Catherine et Marguerite l’une de l’autre, parce qu’elles se nomment et la saluent. C’est pourquoi, le saint Michel qui lui apparaît, elle croit qu’il est bien saint Michel, et que les paroles et les faits de ce Michel sont vrais et bons, aussi fermement qu’elle croit que Notre Seigneur Jésus Christ a souffert et est mort pour notre rédemption.

[IV]

Item, dicta femina dicit et affirmat quod ipsa est certa de quibus dam futuris mere contingentibus, quod evenient, sicut ipsa est certa de hiis que actu videt ante se ; et de aliquibus occultis jactat se habere et habuisse noticiam, per revelaciones verbotenus sibi factas per voces sanctarum Katherine et Margarete : puta quod liberabitur a carceribus ; quod Gallici facient pulcrius factum quam unquam fuit factum pro tota christianitate ; quod eciam, nemine demonstrante, per revelacionem, prout dicit, aliquos homines cognovit, quos nunquam ante viderat ; et quod revelavit et manifestavit quemdam ensem absconditum in terra. Item, ladite femme dit et affirme qu’elle est certaine que telles choses futures purement contingentes arriveront, comme elle est certaine des choses qu’elle voit présentement devant elle. Et elle se vante d’avoir et d’avoir eu connaissance de certaines choses cachées, par révélations qui lui furent faites en propre parole par les voix des saintes Catherine et Marguerite, à savoir : qu’elle sera délivrée des prisons, que les Français feront un exploit plus beau qu’il n’en fut jamais fait par toute la Chrétienté. [Elle dit] de plus que, sans que personne ne la renseigne, par révélation, comme elle dit, elle reconnut certains hommes qu’elle n’avait jamais vus auparavant ; et qu’elle révéla et fit trouver une épée cachée en terre.

[V]

Item, dicta femina dicit et affirmat quod, de mandato Dei et ejus beneplacito, assumpsit et portavit ac continue portat et vestit habitum ad usum viri ; et ulterius dicit quod, ex quo habebat de mandato Dei defferre habitum viri, opportebat eam accipere tunicam brevem, cappucium, gipponem, brachas et caligas, cum aguilletis multis, capillis sui capitis super summitates aurium scissis in rotundum ; nichil supra corpus suum relinquendo quod sexum femineum approbet aut demonstret 3637preter ea que natura eidem femine contulit ad feminei sexus discrecionem. Quodque in predicto habitu pluries eucaristiam recepit ; nec voluit aut vult habitum muliebrem resumere, pluries super hoc caritative monita et requisita. Dicens quod mallet mori quam habitum virilem dimictere, aliquociens simpliciter dicendo, et aliquando : Nisi esset de mandato Dei ; et quod52 si in habitu viri esset inter eos53 pro quorum parte alias se armavit et faceret sicut faciebat ante capcionem et detencionem suam, hoc esset unum de maximis bonis quod evenire posset toti regno Francie ; addendo quod, pro nulla re mundi, faceret juramentum de non portando habitum viri et de non armando se ; et in omnibus premissis dicit se bene fecisse et bene facere, obediendo Deo et mandatis ejus54. Item, ladite femme dit et affirme que, par ordre et bon plaisir de Dieu, elle prit, porta, et porte toujours et revêt habit d’homme. Elle ajoute que, puisqu’elle avait ordre de Dieu de porter habit d’homme, elle devait prendre tunique courte, capuche, gipon, braies et chausses avec de nombreuses aiguillettes, les cheveux de sa tête coupés en rond au-dessus des oreilles ; ne laissant rien sur son corps qui révèle et fasse connaître le sexe féminin, sauf ce que la nature a donné à cette femme pour révéler le sexe féminin ; et que dans ledit habit elle reçut souvent l’Eucharistie. Et elle n’a voulu et ne veut reprendre l’habit de femme, quoique souvent elle en fût charitablement pressée et requise ; disant qu’elle préférait mourir que de quitter l’habit masculin ; le disant certaines fois absolument ; et parfois : À moins que ce soit par ordre de Dieu. Et [elle ajoute] que, si en habit d’homme elle se trouvait au milieu de ceux pour le parti de qui elle s’était naguère armée, et agissait comme elle fit avant sa capture et détention, ce serait l’un des plus grands biens qui puissent advenir à tout le royaume de France ; ajoutant que, pour rien au monde, elle ne ferait serment de ne pas porter habit d’homme et de ne pas s’armer. Et en toutes les choses susdites, elle prétend avoir bien fait et bien faire, obéissant à Dieu et à ses ordres.

[VI]

Item, confitetur et asserit dicta femina quod ipsa multas licteras scribi fecit, in quarum quibusdam55 hec nomina Jhesus Maria, cum signo crucis apponebantur. Et aliquociens crucem apponebat ; et tunc nolebat quod fieret illud quod in suis licteris fieri mandabat. In aliis vero scripsit56 quod ipsa interfici faceret eos qui non obedient57 licteris suis aut monicionibus ; et quod ad ictus percipietur quis habeat pocius jus a Deo celi ; et frequenter dicit quod ipsa nichil fecit nisi per revelacionem et mandatum Dei. Item, ladite femme confesse et affirme qu’elle a fait écrire nombre de lettres, en certaines desquelles on mettait les noms Jhesus Maria, avec une croix. Et parfois elle y mettait une croix ; parce qu’alors, elle ne voulait pas que l’on fît ce qu’elle ordonnait dans ses lettres ; tandis qu’en d’autres, elle écrivit qu’elle ferait tuer ceux qui n’obéiraient pas à ses lettres et à ses ordres ; et qu’aux horions verra-t-on qui aura le meilleur droit de Dieu du ciel. Et souvent elle dit qu’elle n’a rien fait que par révélation et ordre de Dieu.

[VII]

Item, dicta femina confitetur et dicit quod, dum esset etatis annorum septemdecim, vel eo58 circa, ipsa spontanee et per revelacionem, prout dicit59, accessit ad quendam scutiferum, quem nunquam ante viderat, relinquendo paternam domum, contra parentum suorum voluntatem. Item, ladite femme confesse et dit que, âgée de dix-sept ans ou environ, spontanément et par révélation, comme elle dit, elle alla trouver un certain écuyer, qu’elle n’avait jamais vu auparavant, quittant la maison paternelle, contre la volonté de ses parents. Qui, quam primum ejus recessum cognoverunt, fuerunt pene dementes facti. Quem quidem scutiferum dicta femina requisivit quatinus eam duceret aut duci faceret ad principem de quo prius dicebatur ; et tunc dictus armiger capitaneus dicte femine tradidit habitum viri, cum uno ense, ad requestam ipsius femine ; et, pro conducendo eam, deputavit et ordinavit60 unum militera, unum scutiferum et quatuor famulos. Lesquels, dès qu’ils surent son départ, en devinrent comme fous. Et ladite femme requit cet écuyer de la conduire ou faire conduire au prince, dont il a été parlé plus haut. Et ledit écuyer capitaine donna à ladite femme un habit d’homme, avec une épée, sur la requête de cette femme. Et pour la conduire, il désigna et commanda un chevalier, un écuyer et quatre serviteurs. Qui dum venissent ad principem antedictum, dicta femina dicit61 eidem principi quod volebat ducere guerram contra 3839adversarios suos, promictendo eidem quod ipsum poneret in magno dominio, et suos inimicos superaret ; et quod ad hoc erat missa a Deo celi ; dicens [quod]62 in premissis bene fecit de mandato Dei et per revelacionem. Quand ils arrivèrent près dudit prince, ladite femme dit audit prince qu’elle voulait mener la guerre contre ses ennemis, lui promettant qu’elle le mettrait en grande puissance et vaincrait ses ennemis ; et qu’elle était envoyée pour cela par le Dieu du ciel ; disant qu’en ces choses elle agit bien par ordre de Dieu et révélation.

[VIII]

Item, dicta femina dicit et confitetur quod ipsa, nemine eam cogente aut impellente, se precipitavit de turri quadam altissima, maliens mori quam tradi in manus adversariorum suorum et quam vivere post destruccionem Compendii. Dicit eciam quod non potuit evitare hujusmodi precipicium ; et tamen sancte Katherina et Margareta predicte eidem63 prohibuerunt ne se precipitaret deorsum ; quas offendere dicit esse magnum peccatum ; sed bene scit quod hujusmodi peccatum fuit sibi dimissum, postquam de hoc confessa64 est ; et de hoc dicit se habuisse revelacionem. Item, ladite femme dit et confesse que, personne ne l’y forçant ou l’y poussant, elle se précipita d’une tour très haute, préférant mourir plutôt que d’être livrée aux mains de ses ennemis, et vivre après la destruction de Compiègne. Elle dit aussi qu’elle ne put s’empêcher de sauter, quoique les saintes Catherine et Marguerite susdites lui aient défendu de se jeter en bas. Elle dit que ce fut un grand péché que de les offenser ; mais elle sait bien que ce péché lui fut pardonné, après qu’elle s’en fut confessée. Et elle dit que de cela elle eut révélation.

[IX]

Item, dicta femina dicit quod predicte sancte Katherina et Margareta promiserunt sibi quod ipse ducerent eam in paradisum, si bene servaret virginitatem quam eis vovit, tam in corpore quam in anima. Item, ladite femme dit que les susdites saintes Catherine et Marguerite lui promirent de la conduire au paradis, si elle gardait bien la virginité qu’elle leur avait vouée, tant en son corps qu’en son âme. Et de hoc dicit se esse ita certam sicut si jam ipsa esset in gloria beatorum. Nec putat se fecisse opera peccati mortalis. Nam, si ipsa esset in peccato mortali, sancte Katherine et Margareta predicte, ut sibi65 videtur, non visitarent eam, sicut cothidie visitant66. Et de cela elle se dit aussi certaine que si elle était déjà dans la gloire des bienheureux. Et elle ne croit pas avoir fait œuvres de péché mortel ; car, si elle était en péché mortel, lesdites saintes Catherine et Marguerite, comme il lui semble, ne la visiteraient pas comme elles la visitent chaque jour.

[X]

Item, dicta femina dicit et affirmat quod Deus diligit quosdam determinates 179r et nominatos adhuc viatores ; et plus eos diligit quam faciat eandem feminam. Et hoc scit per revelacionem sanctarum Katherine et Margarete, que loquuntur ei frequenter gallicum et non anglicum, cum non sint de parte eorum. Et postquam scivit per revelacionem quod voces erant pro principe de quo supra, non dilexit Burgundos. Item, ladite femme dit et affirme que Dieu aime certains hommes déterminés et nommés, encore vivants, et qu’il les aime plus qu’il n’aime cette femme. Et elle le sait par révélation des saintes Catherine et Marguerite, qui lui parlent fréquemment en français et non en anglais, puisqu’elles ne sont pas de leur parti. Et depuis qu’elle sut par révélation que les voix étaient pour le prince, dont il a été question plus haut, elle n’aima pas les Bourguignons.

4041[XI]

Item, dicta femina dicit et confitetur quod vocibus et spiritibus predictis67, quos Michaelem, Gabrielem, Katherinam et Margaretam vocat, ipsa reverenciam pluries exhibuit, caput discoperiendo, genua flectendo68, osculando terrain supra quam gradiebantur, ac eis vovendo virginitatem ; quandoque easdem Katherinam et Margaretam amplexando et osculando ; et tetigit eas corporaliter et sensibiliter ; et peciit ab eis consilium et auxilium, eas quandoque invocando ; quamvis frequenter eam visitent non invocate ; et acquiescit atque obedit earum consiliis et mandatis atque acquievit ab inicio, sine petendo consilium a quocumque, puta a patre vel a matre, curato vel prelato, aut alio quocumque ecclesiastico ; et nichilominus firmiter credit quod voces revelacionis, quas habuit per hujusmodi sanctos et sanctas, veniunt a Deo, et ex69 ejus ordinacione ; et eque firmiter hoc credit sicut fidem christianam, et quod Dominus Noster Jhesus Christus passus fuit mortem pro nobis. Item, ladite femme dit et confesse que, aux voix et esprits susdits, qu’elle appelle Michel, Gabriel, Catherine et Marguerite, elle a souvent manifesté révérence, se découvrant la tête, s’agenouillant, baisant la terre où ils marchaient, et leur vouant virginité ; parfois embrassant et baisant lesdites Catherine et Marguerite ; et elle les a touchées corporellement et sensiblement ; et elle leur a demandé conseil et aide, parfois en les invoquant, quoique souvent elles la visitent sans avoir été invoquées. Et elle acquiesce et obéit à leurs conseils et à leurs ordres ; et elle acquiesça dès l’abord sans demander conseil à personne, ni à son père ou à sa mère, ni au curé ou à un supérieur, ou à quelque ecclésiastique ; et néanmoins elle croit fermement que les voix de révélation, qu’elle eut par ces saints et saintes, viennent de Dieu et par son ordre. Et elle le croit aussi fermement qu’elle croit la foi chrétienne et que Notre Seigneur Jésus Christ a souffert la mort pour nous. Adjungendo quod, si malignus spiritus70 ei appareret, qui se esse sanctum Michaelem fingeret, ipsa bene sciret discernere an esset sanctus Michael an71 non. Dicit eciam eadem femina quod, ad peticionem suam, nullo alio compellente, aut requirente, ipsa juravit sanctis Katherine et Margarete, que sibi apparent, quod non revelaret signum corone quod erat dandum principi ad quem mictebatur. Et in fine dicit quod : Nisi haberet licenciam de revelando. Elle ajoute que, si un esprit malin lui apparaissait, feignant être saint Michel, elle saurait bien elle-même discerner s’il était ou non saint Michel. La même femme dit aussi qu’à sa demande, et nul autre ne la poussant ou requérant, elle jura aux saintes Catherine et Marguerite, qui lui apparaissent, de ne pas révéler le signe de la couronne qui devait être donné au prince vers qui elle était envoyée. Et enfin elle dit : Sauf qu’elle eût licence de le révéler.

[XII]

Item, dicta femina dicit et confitetur quod, si Ecclesia vellet quod ipsa faceret aliquid contrarium precepto, quod dicit sibi fuisse factum a Deo, ipsa non faceret illud pro quacumque re, affirmando quod ipsa bene scit quod ea, que continentur in suo processu, veniunt per preceptum Dei. Quodque eidem esset impossibile facere contrarium eorum, neque de hiis se vult referre ad determinacionem Ecclesie militantis aut quemcumque hominem mundi, sed ad solum Deum Dominum Nostrum, cujus precepta semper faciet, precipue quoad materiam revelacionum et eorum que dicit se fecisse per revelaciones. Et hanc responsionem et alias responsiones dicit se non fecisse innitendo proprio capiti, sed easdem responsiones fecit et dedit de precepto vocum et 4243revelacionum sibi factarum ; quamvis dicte femine per judices et alios ibidem presentes sepius fuerit declaratus articulus fidei qui est : Unam Sanctam Ecclesiam Catholicam ; eidem exprimendo quod quilibet fidelis viator tenetur obedire et facta ac dicta sua submictere Ecclesie militanti, precipue in materia fidei, et que tangit doctrinam sacram et ecclesiasticas sancciones. Item, ladite femme dit et confesse que, si l’Église voulait qu’elle fît quelque chose contraire aux ordres qu’elle prétend lui venir de Dieu, elle ne le ferait pour rien au monde. Affirmant qu’elle sait bien que tout ce qui est contenu dans son procès, vient de l’ordre de Dieu. Et qu’il lui serait impossible de faire le contraire ; et que de cela elle ne veut se référer à la décision de l’Église militante, ni à personne au monde, mais à Dieu seul, Notre Seigneur, dont elle fera toujours les ordres, surtout quant à l’objet de ses révélations et à ce qu’elle dit avoir fait par révélation. Et cette réponse, ainsi que les autres réponses, elle dit qu’elle ne les a pas faites de son propre chef, mais qu’elle fit et donna ces réponses par ordre des voix et révélations qui lui furent faites ; quoique les juges et autres assistants aient très souvent expliqué à ladite femme l’article de foi, qui est : Une sainte Église Catholique ; lui précisant que tout fidèle ici-bas est tenu d’obéir et soumettre ses actes et ses paroles à l’Église militante, surtout en matière de foi, et en ce qui touche la sainte doctrine et les disciplines ecclésiastiques.

Quas siquidem responsiones et asserciones doctoribus et magistris, tam in sacra pagina quam in jure canonico et civili licenciatis Rothomagi et alibi existentibus in multitudine copiosa, ac aime Universitatis studii Parisiensis, ut super hiis suas deliberaciones72 in favorem orthodoxe fidei redderent, transmisimus et communicavimus ; eorumque deliberacionibus habitis, caritative monuimus73 sepedictam mulierem et per diversos doctores ac probos viros frequenter et vicibus repetitis ammoneri fecimus, ut ab illis erroribus recedere in quibus juxta deliberaciones Universitatis prefate74 et aliorum sapiencium incidisse comperiebatur. Or, ces réponses et assertions, nous les avons transmises et communiquées aux docteurs et maîtres tant en sacrée théologie qu’en droit canon et civil, aux licenciés, se trouvant en grand nombre à Rouen ou ailleurs, ainsi qu’à la vénérable Université de Paris, afin qu’ils en donnent leurs avis en faveur de la foi orthodoxe16. Ayant reçu leurs délibérations, nous avons charitablement averti la susdite femme et l’avons fait admonester souvent et à coups répétés par divers docteurs et prudhommes, qu’elle renonçât à ces erreurs dans lesquelles, selon la délibération de ladite Université et autres savants, il était manifeste qu’elle était tombée17.

Quod, cum obstinato animo facere75 recusaret, nolens quoquomodo se submictere judicio domini nostri summi Pontificis, sacrosancti Concilii generalis, seu determinacioni Sancte Matris Ecclesie, sed solius Dei judicio, a quo cuncta habuisse et fecisse inaniter se76 jactando dicebat ; renunciato et concluso in ipsa causa, tandem die jovis vicesima quarta mensis maii presentis, per nos judices predictos eisdem partibus ad audiendum ferri nostram sentenciam diffinitivam assignata, ipsaque muliere rursum in solemni predicacione per unum famosum sacre theologie professorem ammonita et animo illius mulieris in obduracione pristina, spretis salutaribus exhortacionibus et monicionibus jugiter perseverante, sentenciam contra ipsam, velut obstinatam et77 in heresi damnabiliter ac perniciose perseverantem, in sue malicie condempnacionem proferre incepimus, prout jus et justicia suadebant78. Mais comme, d’un cœur obstiné, elle refusait de le faire, ne voulant en nulle façon se soumettre au jugement de notre seigneur le souverain pontife, du sacro-saint concile général ou à la décision de la Sainte Mère Église, mais au seul jugement de Dieu, de qui elle prétendait, se vantant sans raison, avoir reçu et fait toutes choses18 ; la cause étant entendue et conclue le jeudi 24e du présent mois de mai19, jour assigné par nous, juges susdits, aux parties, pour entendre prononcer notre sentence définitive, après que cette femme eut été encore une fois exhortée en une prédication solennelle par un illustre professeur de sacrée théologie, comme le cœur de cette femme, au mépris des exhortations salutaires et des monitions, persévéra toujours dans son premier endurcissement, nous commençâmes, pour condamner sa malice, comme l’indiquaient le droit et la justice, de prononcer contre elle la sentence, comme obstinée et persévérant damnablement et perversement dans l’hérésie.

Verum, priusquam ex integro dicta sentencia lata esset79, converti cepit dicta mulier et ad cor rediens, nostre sancte Matri Ecclesie et judicature nostre se submisit, erroresque suos cum eorum detestacione revocavit et abjuravit, scedulam revocacionis et abjuracionis propria manu subscribens, cujus tenor verbis gallicis sequitur : Mais, avant que ladite sentence eut été entièrement proférée, ladite femme se repentit, et, reprenant conscience, se soumit à notre Mère Sainte Église et à notre jugement ; elle révoqua alors et abjura, en les désavouant, ses erreurs, et souscrivit de sa propre main la cédule de révocation et d’abjuration, dont suit la teneur en français20 :

4445[Cédule d’Abjuration]

Toute personne qui a erré et mespris en la foy chrestienne, et depuis par la grace de Dieu est retournée en lumière de verité et a l’union de Nostre mere Saincte Eglise, se doit moult bien garder que l’ennemy d’anfer ne le reboute et face recheoir en erreur et en dampnacion.

Pour ceste cause, je Jehanne, communément appelée la Pucelle, misérable pecheresse, après ce que j’ay congneu le las d’erreur auquel je estoie tenue, et que, par la grace de Dieu, suis retournee a Nostre Mere Saincte Eglise, affin que on voye que, non pas fainctement mais de bon cueur 179v et de bonne voulenté80 suis retournee a icelle, je confesse que j’ay trés griefvement pechié, en faignant mensongeusement avoir eu revelations et apparitions de par Dieu, par les anges et saincte Katherine et saincte Marguerite ; en seduisant les autres ; en creant folement et legierement ; en faisant superstitieuses divinations ; en blaphemant Dieu, ses sains et ses sainctes ; en trespassant la loy divine, la saincte escripture, les drois canons ; en portant habit dissolu, defforme et deshonneste, contre la decence de nature, et cheveux rongnez en ront, eu guise de homme, contre toute honnesteté de femme ; en portant aussi armeures par grande presumpcion, et desirant creusement81 effusion de sanc humain ; en disant que toutes ces choses j’ay fait par le commandement de Dieu des angles et des sainctes dessusdictes, et que en ces choses j’ay bien fait et n’ay point mespris ; en mesprisant Dieu et ses sacrements ; en faisant seditions ; en82 ydolatrant par adourez83 mauvais esprits et en invocant iceulz. Confesse aussi que j’ay esté scismatique, et par pluseurs manieres ay erré en la foy. Lesquelz crimes et erreurs, de bon cueur et sans fiction, je84, de la grace de Nostre Seigneur retournee a voye de verite par la saincte doctrine et par le bon conseil de vous et des docteurs et maistres que m’avez envoyez, abjure, deteste, regnie et du tout y renonce et m’en depars ; et sur toutes ces choses devantdictes me soubmectz a la correction, disposition, amendement et totale determination de Nostre Mere Saincte Eglise, et de vostre bonne justice.

Aussi je jure, voue85, et promeetz a monseigneur saint Pierre, prince des appostres, a nostre saint Pere le pape de Romme, son vicaire, et a ses successeurs, et a vous, messeigneurs, reverend pere en Dieu monseigneur l’evesque de Beauvais, et religieuse personne frere Jehan le Maistre, vicaire de monseigneur l’inquisiteur de la foy, comme a mes juges, que jamais, par quelque enhortement ou autre maniere, ne 4647retourneray aux erreurs devantdict, desquellez il a plu a Nostre Seigneur moy oster et delivrer ; mais a tousjours demourray en l’union de Nostre Mere Saincte Eglise et en l’obbeissance de Nostre Saint pere le Pape de Romme.

Et cecy, je dis, afferme et jure par Dieu le Tout puissant et par ces sains Euvangiles.

Et, en signe de ce, j’ay signé ceste cedule de mon signe86

Jehanne87

[Traduction en latin]

Item sequitur tenor dicte Abjuracionis in latino translate88 :

Quociens humane mentis oculis, ex caliginosis errorum tenebris, ad limpidam lucem veritatis, Dei aspirante clemencia, regreditur, diligenti providencia elaborandum est ne rursum auctor erroris irruat et reversos ad Sancte Matris Ecclesie unitatem, iterum ad pristinam impietatem depellat.

Idcirco, ego Johanna, vulgariter dicta Puella, misera peccatrix, comperto erroris laqueo, quo implicita detinebar, ad unitatem Sancte Matris Ecclesie, divina gracia ducente, reversa, ne non pura mente et vero corde sed89 simulate ad eamdem unitatem rediisse videar, confiteor90 me gravissime deliquisse appariciones et revelaciones a Deo per angelos et sanctas Katherinam et Margaretam mendose confingendo ; alios seducendo ; leviter et temere credendo ; supersticiose divinando ; blaphemando Deum, sanctos et sanctas ; prevaricando legem divinam, sacram scripturam et canonicas sancciones ; portando habitum dissolutum, deformem91 et inhonestum contra decenciam nature, ac eciam capillos tonsos in rotundum, more hominum, contra omnem honestatem sexus muliebris ; portando eciam arma per magnam presumpcionem, desiderans crudeliter effusionem sanguinis humani ; dicendo quod omnia ista feci per preceptum Dei, angelorum et sanctarum predictarum, et quod in istis bene feci nec in aliquo defeci ; contempnando Deum in suis sacramentis ; sediciones agendo ; ydolatrando et demones invocando ; crimen scismatis incurrendo, et in fide multipliciter errando ; que omnia crimina, corde vero, pura mente et fide non ficta, ad viam veritatis per sanam92 doctrinam et consilium doctorum ac magistrorum, ad me ex vestra ordinacione destinatorum, favente gracia Salvatoris Nostri, reducta, abjuro detestor, et abnego, 4849ab eisque recedo atque de et super omnibus predictis, me disposicioni, correccioni et emendacioni ac omnimode determinacioni Sancte Matris Ecclesie et judicature vestre submicto ; voveoque, juro, spondeo atque promicto beato Petro, apostolorum principi atque sanctissimo domino nostro pape moderno, ejus vicario, successoribus [que]93 suis, et vobis dominis meis, reverendo in Christo patri domino Petro, episcopo Belvacensi, et religioso viro fratri Johanni Magistri, domini Inquisitoris heretice pravitatis vicario, tanquam meis judicibus, me nunquam quorumlibet suasionibus vel quocumque alio modo in hec, a quibus Redemptoris94 Nostri gracia liberante, erepta sum, reversuram ; sed semper me in unitate catholice Ecclesie et communione Romani Pontificis permansuram.

Et hec dico atque juro per Deum omnipotentem et hec sancta Dei evangelia.

Nos quoque judices prefati, post hujusmodi revocacionem et abjuracionem sicut premictitur factas, ipsam mulierem ad misericordiam Ecclesie recipiendam fore duximus, et sentenciam miciorem, prout dicte mulieris 180r tunc apparens penitencia et correccio exposcebant, in dicta causa protulimus modo et forma sequentibus : Nous donc, juges susdits, après cette révocation et abjuration faites, comme il a été dit, nous avons jugé qu’il fallait recevoir cette femme à la miséricorde de l’Église ; et nous avons prononcé en cette cause une sentence plus douce, comme la réclamaient la pénitence et le repentir apparent de cette femme, sous la manière et la forme qui suivent21 :

[Sentence du 24 mai]

In nomine Domine Amen. Au nom du Seigneur. Amen.

Universos Ecclesie pastores, qui fidelem dominici gregis curam gerere exoptant, summa ope niti decet ut, quanto errorum95 perfidiosus sator pluribus dolis virulentisque fraudibus ovile Christi satagit inficere, tanto majori vigilancia et instanciori sollicitudine perniciosis ejus conatibus obsistere laborent, presertim instantibus periculosis temporibus quibus plerosque pheudoprophetas96 introducentes sectas perdicionis et erroris venturos in mundum apostolica sentencia predixit qui97 variis et peregrinis doctrinis fideles Christi abducere possent, nisi sancta Mater Ecclesia sane98 doctrine et sanccionum canonicarum presidiis eorum adinvenciones erroneas diligenciori opera depellere studeret. Il convient que tous les pasteurs de l’Église, qui ont à cœur d’exercer une garde fidèle du troupeau du Seigneur, fassent tous leurs efforts pour que, plus le perfide semeur d’erreurs s’emploie à empoisonner le troupeau du Christ par de multiples et virulents mensonges, plus ils s’efforcent, avec une vigilance plus grande et une sollicitude plus instante, à s’opposer à ses tentatives pernicieuses, surtout quand menacent ces temps dangereux dans lesquels la parole de l’apôtre22 a prédit que viendraient dans le monde de nombreux pseudo-prophètes suscitant des sectes de perdition et d’erreurs, qui pourraient séduire les fidèles du Christ par des doctrines diverses et étrangères, si la sainte mère Église ne s’appliquait, grâce à la saine doctrine et aux sanctions canoniques, à rejeter avec plus de zèle leurs inventions erronées.

Cum itaque coram nobis, Petro, miseracione divina Belvacense episcopo. et fratre Johanne Magistri, vicario in hac civitate et diocesi preclari doctoris magistri Johannis Graverant, Inquisitoris heretice 5051pravitatis in regno Francie, et per eundem ad causam presentem specialiter deputato, judicibus competentibus in hac parte. Ainsi donc, comme devant nous, Pierre, par la miséricorde divine évêque de Beauvais, et frère Jean le Maître, vicaire en cette cité et ce diocèse de l’illustre docteur maître Graverant, inquisiteur de la perversité hérétique au royaume de France, et par le même délégué spécialement à cette présente cause, juges compétents en cette partie,

Tu, Johanna, vulgariter dicta la Pucelle, super quamplurimis perniciosis criminibus delata fueris et in judicium fidei99 evocata. Toi, Jeanne, communément appelée la Pucelle, as été déférée pour de nombreux et pernicieux crimes et citée en jugement de foi.

Hinc est quod visis et diligenter inspectis serie tui processus et omnibus in eodem agitatis, precipue responsionibus, confessionibus et assercionibus per te datis ; En conséquence de quoi, vue et diligemment examinée la suite de ton procès et tout ce qui y a été débattu, particulièrement les réponses, confessions et assertions faites par toi ;

Actentaque percelebri deliberacione magistrorum Facultatum theologie et decretorum in Universitate Parisiensi, ymo eciam et tocius ipsius Universitatis aliorumque insuper prelatorum, doctorum et peritorum, tam in sacra pagina quam100 juribus canonico et civili in hac urbe Rothomagensi existencium et alibi in multitudine copiosa, super qualificacionibus et determinacionibus tuarum assercionum, dictorum et factorum, habitisque concilio et matura deliberacione cum practicis fidei Christiane zelatoribus ; consideratis eciam et actentis per nos circa hoc merito101 actendendis et considerandis, ac que nos et quemlibet recte judicantem [movere]102 potuerunt et debuerunt103. Attendu la solennelle délibération des maîtres des facultés de théologie et de décret de l’Université de Paris, voire de l’Université entière, et, de plus, d’autres prélats, docteurs et savants, tant en sacrée théologie qu’en droit canonique et civil, se trouvant en cette ville de Rouen et ailleurs en grand nombre, sur les qualifications et déterminations de tes assertions, de tes dits et de tes faits, ayant tenu conseil et délibéré mûrement avec des zélateurs de la foi chrétienne expérimentés ; considérées aussi et examinées par nous à ce propos toutes choses à considérer et examiner, ainsi que celles qui purent et durent nous mouvoir et quiconque serait de jugement droit ;

Nos, Christum et honorem fidei orthodoxe pre oculis habentes, ut de vultu Domini judicium nostrum prodeat, dicimus et decernimus te gravissime deliquisse, revelaciones et appariciones divinas mendose confingendo, alios seducendo leviter et temere credendo supersticiose divinando104, blaphemando Deum et sanctas, prevaricando legem et sacram scripturam et canonicas sancciones, contempnendo Deum in suis sacramentis, sediciones moliendo, apostatando, crimen scismatis incurrendo, et in fide catholica multipliciter errando. Nous, ayant devant les yeux le Christ et l’honneur de la foi orthodoxe, afin que notre jugement émane du regard du Seigneur, nous disons et jugeons que tu as délinqué très gravement en feignant mensongèrement avoir eu révélations et apparitions divines ; séduisant autrui ; croyant à la légère et témérairement, faisant des divinations superstitieuses ; blasphémant Dieu et les saintes ; prévariquant la loi, la Sainte Écriture et les règles canoniques ; méprisant Dieu dans ses sacrements ; fomentant des séditions, apostasiant ; te rendant coupable du crime de schisme, et errant sur bien des points en la foi catholique.

Verum, quia sepius caritative monita et diucius expectata, tandem Deo opitulante, ad gremium Sancte Matris Ecclesie rediens105, corde contricto et fide non ficta, tuos errores ore aperto revocasti, ipsis erroribus in publica predicacione propulsatis et per tuum proprium organum, cum omni heresi vive vocis oraculo abjurasti, secundum formam ecclesiasticis sanccionibus congruentem. Mais, parce que, souvent exhortée charitablement, et très longtemps attendue, enfin, grâce à Dieu, revenant au giron de la sainte Mère Église, tu as révoqué d’un cœur contrit et d’une foi non feinte, à haute voix, tes erreurs ; et parce que ces erreurs dénoncées dans une prédication publique, tu les as abjurées de ta propre bouche avec toute hérésie, par ta déclaration de vive voix, dans la forme requise par les règles ecclésiastiques ;

Ab excommunicacionis vinculis, quibus tenebaris astricta, te absolvimus per présentes, si tamen ad Ecclesiam vero corde et fide non ficta redieris, injunctaque tibi et injungenda per nos servaveris. Nous t’absolvons par les présentes des liens d’excommunication dont tu te trouvais enchaînée, si du moins tu es revenue à l’Église d’un cœur sincère et d’une foi non feinte, et si tu gardes ce qui t’a été et te sera enjoint par nous.

Quoniam vero in Deum et sanctam Ecclesiam, ut prefertur, temere deliquisti, ad peragendam salutarem penitenciam, in perpetuum carcerem, cum pane doloris et aqua tristicie, ut ibi commissa defleas et deflenda postea non commictas, gracia et moderacione nostris semper salvis, sentencialiter et diffinitive comdempnamus. Mais, parce que tu as témérairement délinqué, comme il a été dit, contre Dieu et la sainte Église, nous te condamnons par sentence définitive à accomplir une pénitence salutaire en prison perpétuelle, au pain de douleur et à l’eau de tristesse, pour que tu y pleures ce que tu as commis, et pour que tu ne commettes plus ensuite ce qu’il faudrait pleurer ; sauves toujours notre grâce et modération.

5253Hiis rebus sic peractis, nos sepedicti judices, sperantes predictam106 mulierem in viam107 veritatis et salutis, quam ingressa videbatur, assidue permanere, ipsam pro agenda salutari penitencia carceribus duximus mancipari. In quibus, dum pauco tempore perstitisset, habitumque suo sexui congruentem de facto, abjecta veste virili, ex nostra ordinacione sumpsisset, rursus et quasi confestim, celebri clamore et veridica relacione108 intelleximus ipsam mulierem, recepto iterum virili habitu, in priora scelera et pristinos errores incidisse ac esse relapsam. Ces choses ainsi accomplies, nous, juges susdits, espérant que ladite femme demeurerait fidèlement dans la voie de vérité et de salut où elle semblait entrer, nous l’avons voulu tenir en prison pour faire pénitence salutaire. Dans laquelle prison, peu de temps après qu’elle y fut demeurée et qu’elle eût pris de fait, par notre ordre, le vêtement convenable à son sexe, abandonnant l’habit masculin, nous avons presqu’aussitôt appris par la clameur publique et par un rapport véridique que cette femme, ayant repris à nouveau l’habit d’homme, était retombée en ses crimes anciens et ses premières erreurs, et était relapse.

Quam ob causam, ut109 ejus statum et disposicionem ad plenum cognosceremus110 locum sui carceris adivimus, ipsamque mulierem in predicto habitu virili repertam, interrogandam duximus et interrogavimus causam resumpcionis predicti habitus virilis ac ipsius in pristinos errores relapsus. C’est pourquoi, pour connaître exactement ce qu’il en était d’elle et de ses dispositions, nous allâmes au lieu de sa prison et, ayant trouvé cette femme en ce susdit habit d’homme, nous pensâmes qu’il fallait l’interroger ; et nous lui demandâmes pour quelle cause elle avait repris le susdit habit d’homme, et était retombée en ses premières erreurs23.

[Cujus]111 habita responsione112, se videlicet ultro ac proprio motu et voluntate, nemine eam ad hoc cogerite, resumpsisse hujusmodi habitum ; necnon ex suis revelacionibus habuisse, per consensum premissis abjuracioni et revocacioni ab ea datum pro salvacione vite sue corporalis, se grandem in Deum commississe et perpetrasse prodicionem ; nec in eisdem abjuracione et revocacione, nisi solo metu ac113 terrore incendii, se114 alias quicquid peregisse, ymo in dictis factis et per eam assertis in suo processu, velle perseverare, et a Deo ac sanctis cuncta habuisse in ipso processu115 contenta, et per eam confessata ; ejusque ceteris actentis responsionibus et assercionibus antedictis, habito super hiis consilio 180v et matura deliberacione complurium116 doctorum et peritorum virorum, comperimus eandem mulierem a premissis erroribus per eam antea, sicut dictum est, revocatis et abjuratis, ceterisque gravibus delictis et criminibus perperam pluries ac scandalose commissis et perpetratis, nullatenus vere ac mentaliter recessisse, sed in eis cum admirabili duricia cordis perseverasse ac relapsam fuisse. Elle répondit qu’elle avait repris cet habit de plein gré, de son propre mouvement et de sa propre volonté, sans que personne l’y ait contrainte ; et qu’elle avait su par ses révélations qu’elle avait commis et perpétré contre Dieu une grande trahison, en consentant, pour sauver sa vie corporelle, aux susdites abjuration et révocation ; que, dans cette abjuration et révocation, elle n’avait agi que par la seule crainte et effroi du feu ; bien plus, qu’elle entendait persévérer dans lesdits faits et choses affirmés par elle en son procès, et qu’elle avait tenu de Dieu et des saints tout ce qui était contenu dans son procès et qu’elle avait confessé. Attendu ses autres réponses et assertions susdites, nous tînmes conseil sur cela, et, après mûre délibération d’un grand nombre de docteurs et de savantes personnes24, nous avons constaté que cette femme n’avait en aucune façon, vraiment et de cœur, renoncé aux erreurs susdites qu’elle avait, comme il a été dit, révoquées et abjurées auparavant, ainsi qu’aux graves délits et crimes qu’elle avait commis et perpétrés inconsidérément souvent et scandaleusement ; mais qu’elle avait persévéré dans ses crimes avec un étonnant endurcissement de cœur et était relapse.

Hinc est quod, instante dicto promotore ut, non obstante nostra priori sentencia, sepedictam mulierem relapsam, ut premictitur, et hereticam declarare vellemus. C’est pourquoi, ledit promoteur requérant que, nonobstant notre première sentence, nous veuillons déclarer la susdite femme relapse, comme il a été dit et hérétique,

Nos, judices predicti, actentis circa hec merito actendendis, dictis partibus diem mercurii penultimam dicti mensis maii assignavimus, et mulierem ipsam ad audiendum jus et nostram sentenciam eadem die ferendam citari fecimus. Nous, juges susdits, considéré ce qui devait être considéré en ces choses, nous assignâmes lesdites parties au mercredi avant-dernier jour dudit mois de mai ; et nous fîmes citer cette femme pour entendre dire droit25 et porter notre sentence ce même jour.

Qua quidem die adveniente, et ipsis partibus in loco in quo pro tribunali sedebamus comparentibus, videlicet dicto promotore, nomine 5455promotorio predicto, et ipsa Johanna pro se, fundatoque sic judicio, verbo Dei primitus per sollemnem sacre theologie professorem proposito, ad instruccionem et edificacionem populi ibidem in maxima copia existentis, et eorum consciencias serenandas117, quin eciam ad eternam salutem ipsius Johanne procurandam, et eandem ad veram contriccionem et penitenciam inducendam, suis erroribus, in quos lapsa diucius lamentabiliter permanserat et adhuc, inspecta sue confessionis veritate, permanebat ac relapsa erat, et periculis quibus se exposuerat luculenter declaratis, Lequel jour venu, et les parties comparaissant au lieu où nous siégions sur le tribunal, savoir ledit promoteur, en qualité susdite de promoteur, et Jeanne elle-même pour soi, l’instance étant ainsi organisée, la parole de Dieu fut d’abord prêchée par un solennel professeur de sacrée théologie pour instruire et édifier la foule immense rassemblée en ce lieu, et pour rasséréner les consciences, mais aussi pour procurer le salut éternel de cette Jeanne et l’induire à vraie contrition et pénitence, en lui exposant abondamment ses erreurs, dans lesquelles elle était tombée, et était lamentablement demeurée trop longtemps, et dans lesquelles, comme le révèle son aveu formel, elle demeurait encore et était retombée ; ainsi que les dangers qu’elle avait encourus,

Nos, episcopus et vicarius predicti, habito respectu ad premissa, per que constat prefatam mulierem a suis erroribus obstinataque temeritate et nephandis criminibus nusquam veraciter recessisse ; quin ymo diabolicam obstinacionis sue maliciam, in fallaci contricionis, penitencie ac emendacionis caliginosa simulacione, cum sancti divini Nominis parjurio ac ineffabilis sue Majestatis blaphemia, multipliciter dampnabiliorem ostendisse, atque per hec, ut obstinatam, incorrigibilem et hereticam ac in heresim relapsam, omni gracia et communione, per nos in priori sentencia misericorditer oblatis, penitus indignam ; actentisque omnibus et singulisin hacmateria considerandis, de multorum peritorum matura deliberacione et consilio, ad nostram sentenciam diffinitivam decrevimus procedendum et processimus, eamque in scriptis protulimus in hunc modum : Nous, évêque et vicaire susdits, considérant ce qui a été dit, que ladite femme n’a jamais véritablement désavoué ses erreurs, son obstinée témérité, ni ses crimes horribles, qu’elle a au contraire témoigné de la malice diabolique, bien plus damnable que son obstination, par une simulation fallacieuse et ténébreuse de contrition, pénitence et repentir, avec parjure du Saint Nom de Dieu et blasphème de son ineffable Majesté ; et que par là, comme obstinée, incorrigible et hérétique et relapse dans l’hérésie, elle était absolument indigne de toute grâce et communion que nous lui avions miséricordieusement offertes dans notre première sentence ; attendues toutes et chacunes choses à considérer en cette matière, après mûre délibération et conseil de nombreux savants, nous avons résolu de procéder à notre sentence définitive ; et nous y avons procédé, et l’avons proféré en cette manière26 :

[Sentence du 30 mai]

In nomine Domine Amen. Au nom du Seigneur. Amen.

Quociens heresis pestiferum virus uni membrorum Ecclesie pertinaciter inheret atque ipsum in membrum Sathane transfigurat, diligenti studio curandum est ne per [reliquas]118 partes mistici corporis Christi serpere possit hujus perniciose labis nephanda contagio ; sanctorum quoque patrum instituta decreverunt hereticos obduratos pocius separari opportere a medio justorum quam illorum [viperea]119 pernicies in sinu pie Matris Ecclesie, cum ceterorum fidelium gravi periculo, foveretur. Toutes les fois que le virus pestilentiel de l’hérésie imprègne pertinacement un des membres de l’Église et le transfigure en membre de Satan, il faut parer avec un soin attentif à ce que la contagion détestable de cette maladie pernicieuse ne puisse s’insinuer dans les autres parties du corps mystique du Christ ; c’est pourquoi les décrets des saints Pères ont prescrit qu’il fallait séparer du milieu des justes les hérétiques obstinés, plutôt que de nourrir leur venin de vipères dans le sein de notre pieuse Mère l’Église, pour le grand danger des autres fidèles.

Cum itaque, nos, Petrus, miseracione divina Belvacensis episcopus, et frater Johannes Magistri, vicarius preclari doctoris magistri Johannis Graverent, Inquisitoris heretice pravitatis, in regno Francie120 et ad causam istam specialiter ab eodem deputatus, judices competentes in hac parte, Or donc, nous Pierre, par la miséricorde divine, évêque de Beauvais, et frère Jean le Maître, vicaire de l’illustre docteur, maître Jean Graverent, inquisiteur de la perversité hérétique dans le royaume de France, et député spécialement par lui pour cette cause, juges compétents en cette partie ;

5657Te, Johanna121, vulgariter dictam la Pucelle. in varios errores variaque crimina scismatis, ydolatrie, invocacionis demonum, et alia permulta incidisse, justo judicio dcclaraverimus, et nichilominus quoniam Ecclesia non claudit gremium redeunti, Nos, existimantes te pura mente et fide non ficta ab hujuscemodi erroribus et criminibus recessisse, dum certa die illis renunciasti et publice jurasti, vovisti atque promisisti nunquam in ipsos errores aut quamcumque heresim cujuscumque suasu, aut alias122 quomodolibet te fore reversuram, sed pocius in unitate Ecclesie Catholice et communione Romani Pontificis jugiter permensuram, prout in scedula, tua propria manu subscripta, lacius continetur ; deinceps vero, post hujuscemodi tuorum123 errorum abjuracionem, irruente et seducente cor tuum auctore scismatis et heresis, te in eosdem errores et in prefata crimina, ex tuis confessionibus spontaneis et assercionibus, iterum, proth dolor ! incidisse, velut canis ad vomitum reverti solet, sufficienter et manifeste constat, pociusque te, corde ficto quam animo sincero et fideli, tuas adinvenciones erroneas antea verbotenus abnegasse, clarissimis judiciis habuimus comprobatum. Toi, Jeanne, communément dite la Pucelle, nous t’avons déclarée par juste jugement, tombée en diverses erreurs et divers crimes de schisme, idolâtrie, invocation de démons et bien d’autres, néanmoins, parce que l’Église ne ferme pas son sein à qui lui revient, nous avons estimé que, d’un cœur pur et d’une foi non feinte, tu avais répudié ces erreurs et ces crimes, lorsque certain jour tu les as révoqués et as publiquement juré, voué et promis que jamais tu ne retournerais en ces mêmes erreurs ou en quelque hérésie, à l’instigation de qui que ce soit, ou de quelque façon que ce soit ; mais que plutôt tu demeurerais toujours dans l’unité de l’Église Catholique et la Communion du Pontife Romain, ainsi qu’il est plus amplement contenu dans la cédule souscrite de ta propre main ; nous avons eu la preuve manifeste qu’après cette abjuration de tes erreurs, l’auteur du schisme et de l’hérésie envahissant et séduisant ton cœur, tu es retombée, ô douleur, dans ces mêmes erreurs et cesdits crimes, comme le chien a coutume de retourner à son vomissement, ainsi qu’il appert suffisamment et manifestement de tes aveux spontanés et de tes assertions ; et qu’ainsi tu n’as précédemment renié que de bouche, d’un cœur menteur plutôt que d’un esprit sincère et fidèle, tes inventions erronées.

Hinc est quod te, in sentencias excommunicacionis quas primitus incurreras et in errores pristinos reincidisse declarantes, te relapsam et hereticam decrevimus124, et per hanc sentenciam diffinitivam125 nostram quam, pro tribunali sedentes, in126 iis scriptis proferimus et pronunciamus te, tanquam membrum putridum, ne cetera membra pariter inficias ab ipsius Ecclesie unitate reiciendam, ex ejus corpore abscindendam127, necnon potestati seculari 181r relinquendam decrevimus, prout reicimus, abscindimus et relinquimus128, rogantes eandem potestatem secularem quatinus citra mortem et membrorum mutilacionem circa te suum judicium moderetur. Et, si in te vera penitencie signa apparuerint, tibi ministretur penitencie sacramentum. C’est pourquoi, déclarant que tu étais retombée sous les sentences d’excommunication, que tu avais naguère encourues et dans tes anciennes erreurs, nous t’avons décrétée relapse et hérétique ; et par notre présente sentence définitive que, siégeant sur notre tribunal, nous portons en cet écrit et prononçons, nous décrétons que, comme un membre pourri, afin que tu n’infectes pas de même les autres membres, tu dois être rejetée de l’unité de cette Église, retranchée de son corps, et abandonnée au pouvoir séculier. Et donc nous te rejetons, te retranchons et t’abandonnons ; priant ce même pouvoir séculier de modérer envers toi sa sentence en deçà de la mort et de la mutilation des membres. Et, si de vrais signes de pénitence apparaissaient en toi, que le sacrement de pénitence te soit administré.

Prout hec omnia et singula premissa et alia in processu hujusmodi inquisicionis nostre longe lateque declarantur. Selon que toutes et chacunes de ces choses susdites sont exposées au long et au large dans le procès de notre présente inquisition.

In quorum omnium et singulorum fidem et testimonium premissorum presentes licteras in hanc publicam formam per notarios nostros subscriptos redigi fecimus, sigiUisque nostris, una cum signis et subscripcionibus dictorum notariorum nostrorum subscriptorum, jussimus appensione muniri. En foi et témoignage de toutes et chacunes de ces choses susdites, nous avons fait rédiger les présentes lettres, en cette forme publique, par nos notaires soussignés ; et nous avons ordonné qu’elles soient corroborées par l’apposition de nos sceaux avec les seings et souscriptions de nosdits notaires soussignés.

Datum et actum Rhotomagi dictis diebus : videlicet jovis, vicesima quarta [mensis maii]129 in cimiterio abbacie Sancti-Audoeni rothomagensis, ubi prima sentencia lata fuit ; Donné et fait à Rouen lesdits jours, savoir le jeudi 24e [du mois de mai], au cimetière de l’Abbaye de Saint-Ouen de Rouen, où fut portée la première sentence ;

5859et mercurii, penultima dicti mensis maii, in Veteri Foro rothomagensi, prope ecclesiam Sancti Salvatoris, ubi lata fuit nostra sentencia diffinitiva, anno Domini millesimo quadringentesimo tricesimo primo, indicione nona, pontificatus sanctissimi in Christo patris et domini nostri, domini Eugenii, divina providencia, pape quarti130, anno primo. et le mercredi pénultième dudit mois de mai, au Vieux-Marché de Rouen, proche l’église du Saint-Sauveur, où fut portée notre sentence définitive, l’an du Seigneur 1431, neuvième indiction, première année du pontificat de Notre Très Saint Père dans le Christ et Seigneur, le seigneur Eugène, par la divine Providence, pape quatrième.

Presentibus ad hec, dicta die jovis : Présents ledit jeudi27 :

Reverendissimo in Christo patre domino Henrico, permissione divina tituli sancti Eusebii sacrosancte Romane ecclesie presbytero, cardinali131 Anglie vulgariter nuncupato. Révérendissime père et seigneur en Christ, Henry, par la permission divine prêtre de la sacro-sainte Église Romaine, du titre de Saint-Eusèbe, communément appelé Cardinal d’Angleterre ;

Reverendisque in Christo patribus dominis Ludovico Morinensi, Johanne Noviomensi, et Guillelmo Norvicensi episcopis, Révérends pères en Christ, les seigneurs évêques, Louis, de Thérouanne, Jean, de Noyon, et Guillaume, de Norwich ;

Egidio, sancte Trinitatis Fiscampnensis, Nicolao, de Gemeticis, Guillermo, de Cormeliis, abbatibus, Les abbés Gilles, de la Sainte Trinité de Fécamps, Nicolas, de Jumièges, Guillaume, de Cormeilles ;

Necnon venerabilibus circumspectis ac scientificis viris dominis et magistris Petro, priore de Longavilla-Giffardi, Johanne de Castellione, Guillermo Boucherii, Johanne Fabri, Petro Mauricii, doctoribus ; Guillelmo Heton, Nicolao Coppequesne, Thoma de Courcelles, baccalariis in sacra pagina ; Et vénérables, circonspectes et scientifiques personnes, les seigneurs et maîtres : Pierre, prieur de Longueville-Giffard, Jean de Châtillon, Guillaume le Boucher, Jean le Fèvre, Pierre Maurice, docteurs ; Guillaume Haiton, Nicolas Couppequesne, Thomas de Courcelles, bacheliers en sacrée théologie ;

Radulpho Rousselli in utroque ; Johanne Garin, in canonico jure doctoribus ; Nicolao de Venderes, Dyonisio Gastinel, in utroque ; Johanne Pinchon, Roberto Barberii, in canonico ; Andrea Marguerie et Johanne ad ensem, in civili jure licenciatis. Raoul Roussel, in utroque, Jean Garin, en droit canon, docteurs ; Nicolas de Venderès, Denis Gastinel, in utroque ; Jean Pinchon, Robert le Barbier, en droit canon ; André Marguerie et Jean Alespée, en droit civil, licenciés.

Et dicta die mercurii : Et ledit mercredi :

Jam dictis reverendis in Christo patribus dominis et magistris Ludovico, Morinensi, Johanne, Noviomensi, episcopis, Les déjà nommés révérends pères en Christ, les seigneurs et maîtres, évêques, Louis, de Thérouanne, Jean, de Noyon ;

Petro, priore de Longavilla, Johanne de Castellione, Guillermo Boucherii, Johanne Fabri, Petro Mauricii, Guillermo Haiton, Thoma de Courcelles, [Radulpho Rousselli]132, Johanne Garin, Andrea Marguerie, Nicolao de Venderes, Johanne ad ensem, et Dionisio Gastinel133, una cum pluribus aliis in diversis scienciis doctoribus, magistris, licenciatis et baccalariis, in multitudine copiosa, dictis diebus et locis congregatis, testibus ad premissa vocatis specialiter et rogatis. Pierre, prieur de Longueville, Jean de Châtillon, Guillaume le Boucher, Jean le Fèvre, Pierre Maurice, Guillaume Haiton, Thomas de Courcelles, [Raoul Roussel], Jean Garin, André Marguerie, Nicolas de Venderès, Jean Alespée, Denis Gastinel ; avec un grand nombre d’autres docteurs, maîtres, licenciés et bacheliers en diverses sciences, en foule nombreuse, réunis aux jours et lieux dits, témoins spécialement convoqués et requis pour les choses susdites.

[sic signum in margine hujuscemodi processus]134

6061Et ego Guillermus Manchon, presbiter Rothomagensis diocesis, publions apostolica et imperiali auctoritatibus curieque archiepicopalis Rothomagensis juratus notarius, predictarum sentenciarum prolacioni et pronunciacioni, ceterisque premissis omnibus et singulis, dum, sicut premictitur, per ipsos dominos judices et coram eis dicerentur, agerentur et fierent, una cum notariis infra et testibus supra scriptis135, presens fui ; eaque sic fieri, vidi et audivi. Ideo presentibus licteris, sive presenti publico Instrumento, aliena manu fideliter scripto, signum meum solitum, una cum signis et subscripcionibus dictorum notariorum subscriptorum, ac sigillorum predictorum dominorum judicum appensione apposui in fidem et testimonium premissorum requisitus136. Et je, Guillaume Manchon, prêtre du diocèse de Rouen, notaire public par autorité apostolique et impériale, et notaire juré de la cour archiépiscopale de Rouen, fus présent avec les notaires soussignés et les témoins susindiqués, à la prolation et prononciation des sentences susdites, ainsi qu’à toutes et chacunes des choses susdites, alors que, comme il est dit plus haut, elles étaient dites, faites et accomplies par les seigneurs juges eux-mêmes et devant eux. Et ainsi ai-je vu et entendu faire. C’est pourquoi, en ayant été requis, j’ai, en foi et témoignage des choses susdites, apposé mon seing accoutumé aux présentes lettres ou présent instrument public, fidèlement écrit par une autre main, avec les seings et souscriptions desdits notaires souscrits et les sceaux des susdits seigneurs juges.

Sic signum Ainsi signé

G. Manchon137 Guillaume Manchon.

Ego vero Guillermus Colles, alias Boscguillaume, presbiter Rothomagensis diocesis, publicus auctoritate apostolica et in venerabili archiepiscopali curia Rothomagensi notarius juratus, hujusmodi sentenciarum prolacioni et pronunciacioni, ceterisque omnibus et singulis, dum, ut supra, agerentur et fièrent, una cum testibus et notariis supra et infra scriptis, presens fui ; eaque sic fieri vidi et audivi. Ideo présentes licteras inde confectas signo et subscripcione meis, cum dictorum notariorum signis et subscripcionibus, sigillorumque dominorum judicum supra scriptorum appensione, signavi in fidem et testimonium premissorum requisitus. Je, Guillaume Colles, autrement dit Boscguillaume, prêtre du diocèse de Rouen, notaire public par autorité apostolique, et notaire juré en la vénérable curie archiépiscopale de Rouen, fus présent à la prolation et prononciation de ces sentences, ainsi qu’à toutes et chacunes choses, tandis que, comme ci-dessus, elles étaient faites et accomplies, avec les témoins et notaires sus et soussignés. Ainsi ai-je vu et entendu faire. C’est pourquoi, en ayant été requis, j’ai, en foi et témoignage de ces choses susdites, signé de mon seing et de ma souscription les présentes lettres qui en ont été faites, avec les seings et souscriptions desdits notaires et les sceaux des seigneurs juges suscrits.

Sic signum Ainsi signé

G. Colles138 Guillaume Colles.

Ego vero Nicolaus Taquel, presbiter Rothomagensis diocesis, publi cus auctoritate imperiali curieque archiepiscopalis Rothomagensis notarius juratus et ad partem processus predicti seu cause predicte per prefatos dominos conjudices vocatus, predictarum sentenciarum prolacioni et pronunciacioni, una cum notariis supra scriptis presens fui, easque promulgari et pronunciari vidi et audivi. Ideo presentibus licteris, sive presenti publico Instrumento, manu aliena fideliter scripto, signum meum solitum, una cum signis et subscripcionibus prescriptorum notariorum ac sigillorum predictorum dominorum judi cum appensione apposui requisitus. Je, Nicolas Taquel, prêtre du diocèse de Rouen, notaire public par l’autorité impériale, et notaire juré de la curie archiépiscopale de Rouen, et appelé par les susdits seigneurs cojuges à partie du susdit procès ou de la cause susdite28, fus présent à la prolation et prononciation des susdites sentences avec les notaires suscrits, et je les ai vu et entendu promulguer et prononcer. C’est pourquoi, en ayant été requis, j’ai apposé aux présentes lettres ou au présent instrument public, fidèlement écrit par une autre main, mon seing accoutumé avec les seings et souscriptions des notaires suscrits, et les sceaux des susdits seigneurs juges.

Sic signum Ainsi signé

N. Taquel139. Nicolas Taquel

[Et sic est finis. Deo gracias]140 [Et c’est la fin. Deo gratias.]

Notes du texte latin

Rappel des sigles :

  • U : Manuscrit d’Urfé, BnF, lat. 8838
  • S : British Museum Stowe 84
  • R : Manuscrit de la Relation Sommaire, XVe s.
  • B : Manuscrit BnF, lat. 5965
  1. [1]

    R : apprehendi

  2. [2]

    R : certis

  3. [3]

    S : Universitatis Parisiensis

  4. [4]

    R : Villorin

  5. [5]

    S : et

  6. [6]

    S om. : dictum

  7. [7]

    R : et

  8. [8]

    R om. : rex

  9. [9]

    S : commissariis

  10. [10]

    S : inquiremus

  11. [11]

    S : et ad

  12. [12]

    S : Capitulum Rothomagense

  13. [13]

    S : jusso

  14. [14]

    S : aliis

  15. [15]

    S : informacio

  16. [16]

    S : decervimus

  17. [17]

    R om. : procedendum… à requirendum

  18. [18]

    R om. : canonico

  19. [19]

    S : predicto

  20. [20]

    U R S om. : comparentibus

  21. [21]

    S : transmissam

  22. [22]

    R : antea

  23. [23]

    S : ipsius

  24. [24]

    S : verbi

  25. [25]

    S om. : sigillatim

  26. [26]

    S om. : eo

  27. [27]

    S om. : se

  28. [28]

    S : Johanne

  29. [29]

    B : amplexa

  30. [30]

    U : quandam

  31. [31]

    S : orphano

  32. [32]

    S : in

  33. [33]

    S : dicit

  34. [34]

    S : predicte se monstravit

  35. [35]

    S : ei

  36. [36]

    S om. : eidem

  37. [37]

    S : dicit se male

  38. [38]

    S om. : carere

  39. [39]

    U R S om. : eo

  40. [40]

    S : ferencium (?)

  41. [41]

    S : beneficia

  42. [42]

    S om. : se

  43. [43]

    S : domini

  44. [44]

    S : ducebatur

  45. [45]

    U R : quidem

  46. [46]

    S : tempore

  47. [47]

    U R : quidem

  48. [48]

    S om. : dictus

  49. [49]

    S ad. : ab invicte

  50. [50]

    B om. : sunt

  51. [51]

    B om. : Christus

  52. [52]

    S om. : quod

  53. [53]

    S om. : inter eos

  54. [54]

    S : suis

  55. [55]

    B : quidem

  56. [56]

    B : scribi fecit

  57. [57]

    B : obedirent

  58. [58]

    S om. : eo

  59. [59]

    S om. : prout dicit

  60. [60]

    S om. : et ordinavit

  61. [61]

    S : dixit

  62. [62]

    U om. : quod

  63. [63]

    S om. : predicte eidem

  64. [64]

    S : confessata

  65. [65]

    S : supra

  66. [66]

    B : eam non visitent sicut cotidie eam visitant

  67. [67]

    S om. : predictis

  68. [68]

    S : flectando

  69. [69]

    S om. : ex

  70. [70]

    S om. : spiritus

  71. [71]

    S : vel

  72. [72]

    S ad. : caritative

  73. [73]

    S : invenimus

  74. [74]

    S : predicte

  75. [75]

    S om. : facere

  76. [76]

    S om. : se

  77. [77]

    S om. : et

  78. [78]

    S : suadebit

  79. [79]

    S : est

  80. [80]

    S om. : et de bonne voulenté

  81. [81]

    S : curieusement

  82. [82]

    B : et

  83. [83]

    B : aourer

  84. [84]

    R : j’ay

  85. [85]

    B : je vous jure

  86. [86]

    B ad. : ainsi signé

  87. [87]

    S om. : Jehanne

  88. [88]

    B : abjuracionis verbis latinis confecta

  89. [89]

    S : neque

  90. [90]

    S : confiteri

  91. [91]

    B : difformem

  92. [92]

    S : suam

  93. [93]

    U om. : que

  94. [94]

    S : redempeioni

  95. [95]

    S : erroris

  96. [96]

    B : pseudoprophetas

  97. [97]

    S : quem

  98. [98]

    S : sine

  99. [99]

    S om. : fidei

  100. [100]

    B ad. : in

  101. [101]

    S : merita

  102. [102]

    U : monere

  103. [103]

    S : potuerit et debuerit

  104. [104]

    S : diminuando

  105. [105]

    La rédaction de Courcelles dans B ajoute, ce qui est une retouche évidente au texte primitif témoigné par nos mss. : prout credimus

  106. [106]

    S : sepedictam

  107. [107]

    S : in via

  108. [108]

    S : revelacione

  109. [109]

    S : et

  110. [110]

    S : cognoscemus

  111. [111]

    U : cum

  112. [112]

    S : deposicione

  113. [113]

    S : aut

  114. [114]

    S : si

  115. [115]

    S om. : velle… processu

  116. [116]

    S : cum plurium

  117. [117]

    S : servandas

  118. [118]

    U : aliquas

  119. [119]

    US : viperia

  120. [120]

    B om. : in regna Francie

  121. [121]

    B : Johannam

  122. [122]

    R om. : allas

  123. [123]

    S : duorum

  124. [124]

    B : decernimus

  125. [125]

    S om. : declarantes… diffinitivam ; B om. : diffinitivam

  126. [126]

    S om. : in

  127. [127]

    S : abstinendam

  128. [128]

    S : abscondimus et delinquimus

  129. [129]

    U R om. : mensis maii

  130. [130]

    S : tercii

  131. [131]

    S : presbytero in Christo patris et domini nostri cardinale

  132. [132]

    U om. : Radulpho Rousselli

  133. [133]

    R orthographie différemment le nom de plusieurs témoins : Haiton, Coupequesne, Courcellis ; — S également : Castellongne, Brocherii, Haiton, Coppesquesne, Courcellis ; Haillon.

  134. [134]

    U om. : sic signum in margine hujuscemodi processus

  135. [135]

    S : infrascriptis et suprascriptis

  136. [136]

    S : et rogatus

  137. [137]

    S om. : sic… Manchon

  138. [138]

    S om. : sic… Colles

  139. [139]

    S om. : sic… Taquel

  140. [140]

    U S om.

Notes de la traduction française

  1. [1]

    Voir la lettre de Billorin au duc de Bourgogne, 26 mai 1430 (Ch 8). Celles de l’Université au duc de Bourgogne (Ch 5) ; à Jean de Luxembourg, 14 juillet 1430 (Ch 6 ; Minute 69).

  2. [2]

    Voir la sommation de Cauchon, 14 juillet 1430 (Ch 9-11 ; Minute 68 et 72).

  3. [3]

    Cette sommation au duc de Bourgogne n’a pas été transcrite dans l’Instrumentum in forma, bien qu’elle y soit mentionnée comme ici. Elle ne se trouve pas davantage dans le ms. d’Orléans. Par contre, l’Instrumentum in forma reproduit la lettre de sommation adressée plus tard, le 21 novembre, par l’Université de Paris au roi et à l’évêque Cauchon (Ch 11-13) à laquelle il n’est fait ici aucune allusion.

  4. [4]

    Voir la lettre du roi, 3 janvier 1431 (Ch 13 ; Minute 71).

  5. [5]

    Voir la lettre de concession de territoire, 28 décembre 1430 (Ch 15).

  6. [6]

    On sait que les informations ne furent pas consignées dans le procès-verbal. Elles furent lues, le 13 janvier, devant quelques conseillers, qui décidèrent qu’on en tirerait les articles sur lesquels rouleraient les interrogatoires (Ch 20, 21 ; Minute 79). Ces articles furent lus le 23 janvier devant quelques conseillers, qui les approuvèrent (Ch 21, 22).

    Jean d’Estivet devait en mars faire état de tout ce qu’on avait recueilli qui pût être reproché à Jeanne : par exemple la lettre aux Anglais, la lettre au comte d’Armagnac, et des racontars stupides, comme celui qui prêtait à Jeanne la prédiction qu’elle aurait trois enfants, l’un empereur, l’autre pape, le troisième roi (Ch 180).

  7. [7]

    Séances des 19 et 20 février ; lettre à Graverent du 22 février (Ch 23-28).

  8. [8]

    Voir la commission de J. d’Estivet, 9 janvier 1431 (Ch 17) ; la lettre de citation de Jeanne, 20 février (Ch 29-31).

  9. [9]

    Les interrogatoires commencèrent le 21 février (Ch 28 ; Minute 83).

  10. [10]

    Voir les lettres patentes de commission de Graverent, 4 mars 1431 (Ch 96, 97).

  11. [11]

    Le Maître siège comme juge avec Cauchon le 13 mars (Ch 105).

  12. [12]

    Les interrogatoires se poursuivirent jusqu’au 17 mars. Le 18, il fut décidé que, des réponses de Jeanne, seraient extraits des articles sur lesquels elle serait interrogée de nouveau (Ch 154-156). Le 24 mars, fut lu à Jeanne dans sa cellule le registre de ces interrogatoires et de ses réponses en français.

  13. [13]

    Le 26 mars, le procès ordinaire fut ouvert par la lecture devant les conseillers du Libellas remis par J. d’Estivet (Ch 159). Le 27 mars, les conseillers approuvèrent la rédaction des articles (Ch 162-164 ; Minute 203-207).

  14. [14]

    (Ch 164). Voir les réponses de Jeanne aux LXX articles, les 27 et 28 mars (Ch 165-266 ; Minute 207-231). La rédaction de Courcelles date par erreur du 28 les interrogatoires des 27 et 28 mars.

    Du Gange donne comme équivalent à litem contestare : litigare, litem instituere, et traduit : engager une action juridique.

    Par le serment de calumpnia, les deux parties protestent d’agir de bonne foi. Du Gange traduit : actionem legitimam esse sacramento asserere (affirmer par serment que l’action est légitime).

  15. [15]

    Les 2, 3 et 4 avril, les juges et quelques conseillers examinèrent les LXX articles, les interrogatoires et les réponses de Jeanne. Il faut croire qu’ils perçurent combien le Libelle de d’Estivet contenait d’énormités qui ne pouvaient être prises comme base de jugement, aussi décidèrent-ils que l’on en extrairait XII (ou XI) articles sur lesquels seraient consultés les docteurs de Rouen et de Paris (Ch 269). Nous savons que tout au moins deux rédactions furent proposées. L’une est colle qui fut adoptée par Cauchon, qu’il fit insérer dans le procès-verbal (Ch 270-278). Une autre, écrite par le franciscain Jacques de Touraine, fut déposée le 5 juin 1456 dans les mains des juges de la Réhabilitation (Q III, 232). Cette rédaction couvrait cinq feuilles de papier, chargées d’un si grand nombre d’additions et de corrections que les juges déclarèrent que le document ne pouvait être transcrit. Ils notèrent que le texte en était différent du texte adopté par Cauchon sub alia et contraria in multis forma (Q III, 232). Cependant le promoteur demanda que le papier fut inséré dans le registre du procès.

    Le 4 avril, les juges décidèrent que les nouveaux articles seraient envoyés aux docteurs pour en délibérer. Mais les conseillers avaient demandé que les articles fussent corrigés sur plusieurs points, où ils ne concordaient pas avec les réponses de Jeanne. Nous connaissons ces corrections demandées, par un document qui fut produit le 5 juin 1456 au procès de Réhabilitation. C’était une feuille, écrite par Manchon, lequel en reconnut l’authenticité. Les juges de 1456 déclarèrent que lesdites corrections n’avaient pas été faites (ce qui n’est pas entièrement vrai ; nous signalons dans notre édition celles qui furent faites).

    Le 5 avril, Cauchon envoya son texte aux docteurs de Rouen, requis de faire connaître dans les cinq jours, par écrit scellé, ce qu’ils y trouvaient de contraire à la foi, aux Écritures et aux canons de l’Église (Ch 270). Par ailleurs, le document écrit par Manchon portait à son verso que ledit cahier devait être envoyé à Paris, à l’inquisiteur, aux docteurs qui se trouvaient près du duc de Bourgogne, et à tous ceux que l’on pouvait commodément atteindre (Q III, 240). C’est sur ce texte incorrect que les docteurs jugèrent que Jeanne était hérétique, apostate, invocatrice de démons, etc.

    Nous transcrivons en appendice le feuillet reconnu authentique par Manchon, d’après les trois mss. de la Réhabilitation : Bibl. Nat., lat. 17013, fol. 150, et 5970, fol. 101, ainsi que le ms. du British Museum, Stowe 84, fol. 96 v.

  16. [16]

    Voir les réponses des docteurs (Ch 278-304 et 335-351 ; Minute 250-254).

  17. [17]

    Séance du 18 avril (Ch 304-310 ; Minute 233-237).

  18. [18]

    Le 2 mai eut lieu l’admonition publique lue par Jean de Châtillon (Ch 310-325 ; Minute 237-243). Le 9 mai, nouvelles adjurations à Jeanne de se soumettre, sous menace de la torture (Ch 325-328 ; Minute 245). Le 12 mai, délibération des docteurs sur la torture (Ch 328-329 ; Minute 247-249). Le 23 mai, lecture à Jeanne des censures de l’Université et nouvelle monition charitable (Ch 351-362 ; Minute 255-267).

  19. [19]

    Ch 362-372 ; Minute 269-271.

  20. [20]

    Ici et dans l’Instrumentum in forma, Courcelles insère un texte latin et un texte français de l’abjuration que les témoins, interrogés lors de la révision, déclarèrent n’être point celui que Jeanne avait souscrit. (Voir Q III, 52, 65, 132, 156, 197, et 265, 273). Le ms. d’Orléans présente au contraire un texte bref en français, correspondant à la description qu’en ont donnée ces mêmes témoins, et qui pourrait être le texte authentique de l’abjuration. (Voir notre dissertation dans Minute 41-49 et 271).

  21. [21]

    Ch 369-371 ; Minute 273-274.

  22. [22]

    Allusion à de nombreux textes du Nouveau Testament, Matt. 24, 11 et 24, Mc. 13, 22 ; II Petri, 2, 1 et I Joh., 4, 1.

  23. [23]

    Ce fut le lundi 28 mai (Ch 373-377 ; Minute 277-281).

  24. [24]

    Séance du 29 mai (Ch 377-396 ; Minute 281-287).

  25. [25]

    Ch 386-390 ; Minute 285.

  26. [26]

    Ch 390-391 ; Minute 287.

  27. [27]

    Il est remarquable que dans l’Instrumentum in forma, rédigé plus tard, Thomas de Courcelles consigne des listes différentes de celles que Cauchon avait rédigées le jour même des événements.

    Voici ces listes telles que les présente le ms. B (f. 147 v° et 156) :

    Pour le 24 mai :

    Au lieu de presentibus, on lit : assistentibus.

    Puis B omet les prénoms des trois évêques.

    Il désigne comme suit les autres témoins :

    • Abbatibus Sancte Trinitatis Fiscampnensis, Sancti Audoeni Rothomagensis, Gemeticensis, de Beccho Heluini, de Cormeliis, Sancti Michaelis in periculo maris, de Mortuomari, de Pratellis ;
    • Prioribus de Longavilla Giffardi et Sancti Laudi Rothomagensis ; Magistris Johanne de Castellione, Johanne Pulcripatris, Nicolao Midi, Mauricio de Quesneio, Guillermi Boucherii, Johanne Fabri, Petro de Houdenc, Petro Mauricii, Johanne Foucherii, doctoribus ;
    • Guillermo Haiton, Nicolao Coppequesne, Thoma de Courcellis, Radulpho Silvestris, Ricardo de Groucheto, Petro Minerii, Johanne Pigache, baccalariis in sacra theologia ;
    • Radulpho Rousselli, in utroque ; Johanne Garini, in canonico jure doctoribus ; Nicolao de Venderés, Johanne Pinchon, Johanne Dulcis, Roberto Barberii, in canonico ; Andrea Marguerie, Johanne Adensem, in civili ; Auberto Morelli, Johanne Colombelli, Johanne de Quemino, in canonico jure licenciatis ; et quam pluribus aliis…

    Pour le 30 mai :

    • Presentibus et assistentibus reverendis in Christo patribus, dominis episcopis Morinensi et Noviomensi ;
    • Magistris Johanne de Castellione, Andrea Marguerie, Nicolao de Venderés, Radulpho Rousselli, Dionisio Gastinel, Guillermo Bouchier, Johanne Alespee, Petro de Houdenc, Guillermo Haiton, priore de Longavilla, Petro Mauricii, et quam plurimis aliis dominis et magistris ecclesiasticis viris…

    On remarquera que Courcelles allonge de 19 noms la liste des témoins du 24 mai, dont les abbés de Saint-Ouen, Bec-Hellouin, Saint-Michel-en-péril-de-mer, Mortemer, Préaux, le prieur de Saint-Lô. Il réduit par contre celle du 30, et a soin d’omettre son propre nom. Beaupère devait déposer devant Bouillé, en 1450, qu’il avait quitté Rouen le 28 mai, et qu’il ne se trouvait donc pas, le 30, au Vieux-Marché.

  28. [28]

    En effet, N. Taquel ne fut appelé par l’inquisiteur Le Maître que le 14 mars, à participer comme notaire aux séances du procès (Ch 117-118).

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