Procès de condamnation de Jeanne d’Arc

Séance du 14 mars (matin) (Procès d’office)

Toutes les séances

(Voir le tableau de toutes les séances du procès.)

Résumé : 5e interrogatoire en prison

(Extrait de l’Abrégé du procès de Jean Gratteloup, 2021.)

Prison de Jeanne. — Lemaître, La Fontaine, et 4 assesseurs.

Interrogatoire
1. Sur son saut de la tour de Beaurevoir

Dit qu’elle préférait mourir que de survivre au massacre de ceux de Compiègne, et que d’être vendue aux Anglais ; nie avoir sauté par commandement des voix ; dit qu’au contraire sainte Catherine le lui défendait, lui assurant que Dieu l’aiderait, et aussi ceux de Compiègne et qu’elle ne serait point délivrée tant qu’elle n’aurait vu le roi des Anglais. Interrogée si elle dit à ses saintes : Dieu laissera-t-il mourir si mauvaisement ces bonnes gens de Compiègne, etc., nie l’utilisation du terme mauvaisement ; dit qu’après le saut elle fut blessée et ne put manger pendant deux ou trois jours ; qu’elle fut réconfortée par sainte Catherine qui l’enjoignit de demander pardon à Dieu, et l’informa que ceux de Compiègne auraient secours avant la Saint-Martin d’hiver33 ; qu’elle fut rapidement guérie ; nie avoir sauté pour se tuer mais pour s’échapper ; dit qu’elle se recommanda toutefois à Dieu ; ne se souvient pas avoir renié Dieu et ses saints lorsqu’elle reprit conscience après le saut, comme il est écrit dans l’information [préparatoire] et assure ne les avoir jamais reniés, ici ou ailleurs, ni n’avoir jamais juré ; dit ne pas s’en rapporter à cette information, mais à Dieu uniquement.

2. Sur ses voix

Dit que saint Catherine lui répond sans délai ; que le bruit dans la prison gêne parfois la compréhension ; que lorsqu’elle interroge ses saintes, celles-ci interrogent Dieu, puis lui donnent la réponse ; qu’elles viennent toujours entourées de lumière ; que leurs visites en prison sont quotidiennes. Interrogée si elle vit de la lumière la fois où elle entendit la voix sans savoir si celle-ci se trouvait dans la même chambre [séance du 24 février], répond ne pas s’en souvenir ni si elle vit sainte Catherine ; déclare avoir demandé à ses voix trois choses : son expédition ; que Dieu aidât les Français et gardât bien les villes de leur obéissance ; le salut de son âme.

3. Sur le procès

Demande un double de ses interrogatoires au cas où on la réinterrogerait à Paris, afin qu’elle ne soit plus travaillée de tant de demandes ; réitère sa mise en garde à Cauchon et aux juges qui se mettent en grand danger : que si Dieu devait les châtier au moins aurait-elle fait son devoir en les avertissant. Interrogée sur la nature du danger, répond que ses voix lui ont annoncé un secours, qu’elle ignore si ce sera sa délivrance ou quelque trouble y menant, mais qu’elle sera délivrée par grande victoire.

4. Sur sa certitude d’aller au Paradis

Ses voix lui ont encore dit : Prends tout en gré, endure ton martyre, — à savoir la peine qu’elle souffre en prison, — tu t’en viendras enfin au royaume de Paradis ; ainsi se dit-elle assurée d’être sauvée et non point damnée en enfer, et croit qu’elle ira au Paradis aussi fermement que si elle y était déjà.

Ses juges soulignent le poids de cette assurance, elle répond la tenir pour un grand trésor. Ils lui demandent si par cette promesse elle se croit à l’abri du péché mortel, elle répond l’ignorer, et s’en remet à Dieu.

Notes

  1. [33]

    Compiègne fut délivrée le 25 octobre 1430, avant la Saint-Martin d’hiver (11 novembre).

Composition du tribunal

(Voir le tableau analytique de tous les juges et assesseurs du procès.)

Accusée

Juge

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