Séance du 21 février (Procès d’office)
Résumé : 1er interrogatoire public
(Extrait de l’Abrégé du procès de Jean Gratteloup, 2021.)
- Comparution de Jeanne :
- Le promoteur fait entrer l’accusée
- Elle est amenée en jugement
- Première exhortation
- Elle est requise de prêter serment
- Premier interrogatoire (sur son enfance)
- Défense à Jeanne de sortir de sa prison
Chapelle royale du château de Rouen, 8h du matin. — Cauchon, 42 assesseurs (dont Lemaître et 27 nouveaux).
Lecture est faite de :
- la lettre du roi d’Angleterre sur la livraison de Jeanne [Séance du 9 janvier, annexe 8] ;
- la lettre de l’évêché de Rouen sur la question du territoire [Idem, annexe 9].
Le procureur Me d’Estivet demande à l’huissier de faire citer Jeanne [Annexe 1 et 2].
Annexes
1. Lettre de citation à comparaître (Rouen, 20 février 1431)
Après les salutations d’usage, Cauchon introduit la cause (la capture de Jeanne en son diocèse, sa livraison par le roi de France et d’Angleterre, les soupçons d’hérésie et l’enquête qui l’ont résolu à ouvrir un procès) et demande à ce que Jeanne soit citée à comparaître, sous peine d’excommunication, le lendemain mercredi 21 février à huit heures du matin dans la chapelle royale du château de Rouen.
2. Lettre d’exécution de la citation (20 février 1431)
L’huissier Me Massieu annonce à Cauchon la citation de Jeanne à l’heure et jour dits. Il lui rapporte que l’accusée s’est montrée disposée à coopérer, mais qu’elle souhaiterait que fussent également convoqués des ecclésiastiques des pays tenant le parti de France, tout autant qu’il y en avait d’Angleterre. En outre, qu’elle le suppliait humblement de lui permettre d’entendre la messe avant de comparaître.
Comparution de Jeanne
1. Le promoteur fait entrer l’accusée
Me d’Estivet fait lecture des précédentes lettres et requiert la comparution de Jeanne. Il rapporte qu’après délibération, sa demande de pouvoir entendre la messe lui a été refusée, vu les crimes dont [elle] était diffamée, notamment l’inconvenance de son habillement dans laquelle elle persévérait.
2. Elle est amenée en jugement
Jeanne se voit expliquer la raison de son procès.
3. Première exhortation
Jeanne est assise, on l’invite à faire preuve de bonne volonté.
4. Elle est requise de prêter serment
Jeanne annonce d’emblée : — Je ne sais sur quoi vous me voulez interroger. Par aventure, vous pourriez me demander telles choses que je ne vous dirais pas.
Ces réserves portent sur ses révélations, desquelles elles prévient qu’elle ne dira rien dût-on lui couper la tête, mais saurait avant huit jours […] si elle les devait révéler. Finalement, devant l’insistance de Cauchon, elle accepte de prêter serment les genoux fléchis, les deux mains posées sur le [missel], tout en réitérant qu’elle ne dévoilerait [pas] les révélations à elle faites.
5. Premier interrogatoire
Jeanne est interrogée sur son enfance. Elle raconte qu’on la nommait Jeannette mais qu’elle ne sait rien quant à son surnom ; qu’elle est née à Domrémy, qui fait un avec le village de Greux où est la principale église ; que son père était nommé Jacques d’Arc et sa mère Isabelle ; qu’elle fut baptisée dans l’église de Domrémy (marraines : Agnès, Jeanne, Sibille, et d’autres selon sa mère, parrains : Jean Lingue, Jean Barrey) ; que d’après son souvenir le prêtre s’appelait Jean Minet et vivrait encore ; qu’elle a aujourd’hui 19 ans, comme il lui semble ; que toute sa croyance lui vient de sa mère, qui lui apprit le Pater noster, l’Ave Maria et le Credo. Requise plusieurs fois de dire le Pater noster, elle répond qu’elle le dira volontiers, mais en confession.
6. Défense à Jeanne de sortir de sa prison
Sommée de renoncer à s’évader, elle refuse et se défend d’avoir jamais fait une telle promesse. Lorsqu’elle se plaint d’être incarcérée avec chaînes et entraves de fer, on lui rappelle ses précédentes tentatives d’évasion : — Il est vrai que je l’ai voulu et le voudrais encore, ainsi qu’il est licite à tout détenu ou prisonnier de s’évader.
Sont commis à sa garde trois Anglais, John Grey, John Berwoit et William Talbot, avec l’interdiction formelle de laisser quiconque conférer avec elle sans autorisation. Ils jurent la main sur les saints Évangiles.
Composition du tribunal
(Voir le tableau analytique de tous les juges et assesseurs du procès.)
Accusée
- Jeanne d'Arc
- 1e séance sur 27
- 19 ans
Juge
- Pierre Cauchon
- 60 ans
Lire dans les différentes éditions
- Français :
- Brasillach (1932)
- Champion (1921)
- Fabre (1884)
- O’Reilly (1868)
- Vallet de Viriville (1867)
- Le Brun de Charmettes (1817)
- Richer (1630)