Déposition de Aimon de Macy
Interrogé une fois en 1456.
Jeanne à Beaurevoir
Il vit Jeanne lors de sa captivité au château de Beaurevoir, pour et au nom du comte de Ligny. Il la vit plusieurs fois en prison et s’entretint avec elle à plusieurs reprises. Plusieurs fois aussi, en plaisantant, il essaya de lui toucher les seins, mais Jeanne s’indignait et le repoussait autant qu’elle le pouvait ; car elle honnête, en parole comme en action.
Jeanne au Crotoy
Jeanne fut conduite au château du Crotoy, où alors était détenu un prisonnier très important, Nicolas d’Ecqueville, chancelier de l’église d’Amiens. Celui-ci célébrait souvent la messe en prison et souvent Jeanne l’entendait ; il la reçut aussi en confession et témoignait qu’elle était une bonne chrétienne et très pieuse ; et il disait beaucoup de bien d’elle.
Jeanne à Rouen
Jeanne fut conduite au château de Rouen, dans une prison tournée vers la campagne. Un jour, le comte de Ligny [Jean de Luxembourg], qui était arrivé à Rouen accompagné du témoin, voulut voir Jeanne ; il vint vers elle en compagnie du comte de Warwick, du comte de Stafford, du chancelier d’Angleterre [Henri Beaufort], de son frère alors évêque de Thérouanne [Louis de Luxembourg], et du témoin. Ligny lui dit : Jeanne, je suis venu ici pour vous mettre à rançon, à condition que vous promettiez de ne jamais vous armer contre nous.
Elle répondit : En nom Dieu [en français : En nom Dé], vous vous moquez de moi, car je sais bien que vous n’en avez ni le vouloir, ni le pouvoir
; et le répéta car le comte insistait ; puis elle ajouta : Je sais bien que ces Anglais me feront mourir [en français], croyant après ma mort gagner le royaume de France ; mais même s’ils étaient cent mille godons [en français] ou plus, ils n’auraient pas le royaume.
Stafford, indigné, tira sa dague pour la frapper mais Warwick l’en empêcha.
Prédication de Saint-Ouen
Le témoin assista à la prédication de Nicolas Midi, qu’il entendit entre autres dire : Jeanne, nous avons si grande pitié de vous ; rétractez-vous sans quoi nous devrons vous livrer à la justice séculière.
Elle répondit qu’elle n’avait rien fait de mal, qu’elle croyait à tous les articles de foi et à ce que l’Église croyait, et qu’elle s’en remettait à la curie romaine. Mais on continuait à la presser : Vous prenez beaucoup de peine pour me persuader
; enfin, pour éviter le péril, elle consentit à tout ce qu’on voudrait. Laurent Calot, secrétaire du roi d’Angleterre, sortit de sa manche une petite cédule écrite qu’il tendit à Jeanne pour la signer. Elle répondit qu’elle ne savait ni lire, ni écrire ; il insista, et en guise de dérision Jeanne fit une sorte de rond. Aussi lui prit-il la main et, tenant la plume, la fit signer d’une manière dont le témoin ne se souvient pas.